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Villepin lance son parti et endosse son costume de présidentiable

Réquisitoire contre la politique de Nicolas Sarkozy, création d’un mouvement politique et esquisse d’un programme de gouvernement : Dominique de Villepin a endossé jeudi son costume de présidentiable.

Mondialement célèbre pour avoir dit non à la guerre d’Irak à la tribune de l’ONU en 2003, et pour son combat acharné contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire Clearstream, l’ex-Premier ministre suscite l’intérêt des médias : quelque 200 journalistes du monde entier assistaient à la mise sur orbite du candidat de moins en moins virtuel à l’Elysée et à l’annonce du lancement de son parti, déflorée les jours précédents par certains proches.

"J’ai décidé de créer un mouvement politique, un mouvement libre et indépendant, ouvert à tous (...) au dessus des clivages partisans, qui pourra rassembler toutes les bonnes volontés", a-t-il annoncé.

"Servir la République, servir la France, c’est pour moi la clé de l’engagement politique" et "avec tous ceux qui nous rejoindrons, nous porterons sur les fonts baptismaux ce mouvement politique le 19 juin à Paris", a-t-il ajouté.

"L’UMP est une force réductrice. Nous ne cherchons pas à diviser notre camp mais à additionner", a décrypté en coulisses le député François Goulard pour qui "la création d’un parti était une nécessité" pour la collecte de fonds en vue d’une éventuelle campagne.

"Notre parti s’identifie à la France qui n’est ni de droite ni de gauche", a assuré Jean-Pierre Grand, présent comme tous les députés villepinistes, à l’exception du nouveau secrétaire d’Etat Georges Tron.

Pour M. de Villepin, le ralliement de ce fidèle au gouvernement Sarkozy "est un choix personnel. Ce n’est pas le mien, mais je lui garde toute mon amitié".

Seul à la tribune du Press Club, l’ex-Premier ministre, costume noir, a dressé un réquisitoire implacable de la politique sarkozyste.

Comme le président, il dit avoir entendu le message des régionales, "message de défiance pour les abstentionnistes, d’exaspération pour les électeurs du FN et de sanction pour l’UMP".

"C’est l’échec d’une stratégie, le parti unique, mais aussi d’une politique", a-t-il résumé.

"Aujourd’hui, tout devient division, comme si la politique était une sorte d’accordéon. On appuie sur des touches, burqa, sécurité, et hop ! on voit les sondages monter. Mais aucun parti politique ne peut gagner si la France perd. A un moment, il faut dire : la République, ce n’est pas cela. Assez des jeux, assez des combinaisons, assez des calculs", a-t-il lancé.

L’idée du "mouvement" n’est pas de proposer un programme, "mais des pistes", a expliqué l’ex-Premier ministre avant de détailler un catalogue de mesures, à la façon d’un discours de politique générale d’un chef de gouvernement.

"Il faut revenir au fondement de la France, de la nation, de l’Etat. Notre mot d’ordre, c’est une république solidaire", a-t-il lancé, en fixant "trois priorités" : emploi, innovation, réduction des déficits.

Il propose de "suspendre le bouclier fiscal", "d’augmenter la plus haute tranche de l’impôt sur le revenu, à 45%" et "une surcote pour l’impôt des plus grandes sociétés, de 10 à 15%".

Défenseur de l’Etat, il rejette le remplacement d’un fonctionnaire sur deux : "La politique du rabot n’est jamais, en ce qui concerne l’Etat, une bonne politique".

Il propose "une charte sur les salaires pour réduire l’écart entre les revenus", une "participation" de la base aux décisions.

Interrogé sur sa filiation gaulliste et chiraquienne, M. de Villepin tranche : "Je ne revendique aucune forme de paternité, mais des héritages".