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l’inventeur du LSD, Albert Hofmann toujours vivant à 101 ans

Bâle, Suisse – Lorsque Kevin Herbert rencontre un problème de programmation particulièrement compliqué, ou lorsqu’il doit prendre une décision importante pour sa carrière, il a recours à un puissant produit stimulant pour l’esprit – le LSD-25.

(Article traduit de l’anglais par E&R)

« Ca doit probablement altérer dans mon cerveau une partie de la communication interne. Quelque soit la zone de mon cerveau qui traite la résolution des problèmes, elle fonctionne différemment, ou bien peut-être que d’autres zones sont activées par le produit, » a expliqué Herbert, 42 ans, un ancien employé de Cysco Systems, qui dit avoir résolu ses problèmes techniques les plus ardus alors qu’il planait sur des solos de batterie des Grateful Dead – artistes qui, comme beaucoup d’autres, trouvèrent leur inspiration dans le LSD.

« Quand je suis sous LSD et que j’écoute quelque chose de très rythmé, je pars dans un autre monde et pénètre un état où la réflexion cède sa place au savoir immédiat, » a-t-il dit. Herbert est intervenu contre les contrôles de détection de l’usage des drogues sur les techniciens de Cisco Systems.

Herbert, qui vit à Santa Cruz, en Californie, s’est joint à 2000 autres chercheurs, scientifiques, artistes et historiens réunis ici pour le week end pour célébrer l’anniversaire de Albert Hofmann, le chimiste suisse qui a découvert le LSD ici même en 1938. Le centenaire a reçu une lettre pour son anniversaire de la part du président suisse, des roses, et le baiser spontané d’une jeune fille présente dans le foule.

D’une certaine manière, la conférence – « LSD : enfant problématique et drogue des merveilles, symposium international à l’occasion du centième anniversaire d’Albert Hoffman » - fut un « coming-out » scientifique en faveur de la drogue que Hofmann a créée.

« Le LSD avait quelque chose à me révéler, a dit Hofmann le vendredi, lors de la rencontre. Il m’a apporté une certaine joie intérieure, une ouverture d’esprit, une connaissance sensible des miracles de la création, il m’a ouvert les yeux. »

Affaibli par les années, mais toujours éloquent, Hofmann a dit espérer que le symposium impulsera à nouveau l’usage thérapeutique et spirituel encadré du LSD.

L’acide lysergique diéthylamide, un dérivé de l’acide lysergique contenu dans les alcaloïdes de l’ergot de seigle, est resté illégal à travers le monde depuis le milieu des années 60, et suscite toujours les controverses. Le samedi, un groupe séparatiste scientologue opposé à la drogue a manifesté contre la conférence.

La légende qui veut que le LSD soit un produit stimulant pour l’esprit est née cinq ans après la découverte du LSD-25 par Hofmann, quand il a eu ce qu’il décrit comme « un sentiment étrange » et qui l’a incité à resynthétiser la drogue. Sans ingérer de produit, Hofmann en a accidentellement absorbé suffisamment pour en éprouver les effets. Lors d’un second « voyage », intentionné cette fois, Hofmann a dit avoir eu une expérience effrayante qui a finalement cédé à des sensations de renaissance.

Dans les années 50 et 60, on pensait que le LSD était un produit prometteur dans les domaines de la psychiatrie et de la psychothérapie, et la drogue fut examinée par la CIA comme pouvant potentiellement être utilisée lors des interrogatoires. Le LSD est devenu illégal quand, sorti du laboratoire, il a été largement adopté par la jeunesse.

Hofmann a dit que des millions de gens avaient déjà pris du LSD, mais que certains avaient subi de mauvais effets car ils avaient absorbé des LSD contrefaits. Il aimerait voir un Eleusis des temps modernes, le site grec antique où se tinrent les rituels des Mystères d’Eleusis pendant deux mille ans à partir de l’an 1500 avant JC. Pendant le symposium sur le LSD, le mythologue Carl P. Ruck et le chimiste Peter Webster ont présenté leurs travaux de recherche : ils émettent l’hypothèse que la préparation à l’ergot aurait été l’ingrédient actif du Kikeon, breuvage utilisé lors des rituels.

« En créant le LSD à partir du produit chimique, Hofmann a découvert un secret vieux de 4000 ans, » a dit Ruck, l’auteur de « Road to Eleusis ».

En 1958, Hofmann fut le premier à extraire les substances psychoactives de la psilocybine et de la psilocine des champignons hallucinogènes mexicains (psilocybe mexicana), l’une des nombreuses plantes sacrées utilisées à travers le monde qui procurent une extase spirituelle.

La Cour Suprême des Etats-Unis est en train de considérer un appel pourvu par le chapitre du Uniao do Vegetal au Nouveau Mexique, ou UDV, qui utilise l’ayahuasca, breuvage illégal, lors de ses cérémonies, et qui considère les Mystères d’Eleusis comme un précédent pour l’eucharistie psychoactive.

Lors du symposium, la présentation de musique trance et de l’art psychédélique du peintre Alex Grey a amené les participants à méditer et les a conduits à une réflexion spirituelle – surtout ceux qui étaient dans un état de conscience altéré.

Les participants désireux de décrire leurs expériences spirituelles sous LSD, propres à l’époque actuelle, furent encouragés à contribuer à la bibliothèque internet de la drogue sur le site Erowid. Earth and Fire Erowid, les « webmasters », ont présenté des extraits de commentaires durant la conférence, et ont apporté des informations sur les quelques décès connus (deux à cinq) qui ont été mis en relation avec le LSD.

Geri Beil, de Cologne, en Allemagne, qui était présent à la conférence, s’est rappelé ses propres extases sous LSD sur une plage en Inde, le premier jour de ce millénaire : « Je pleurais de joie, de gratitude pour mes parents qui m’avaient donné la vie, a-t-il expliqué. Cette expérience n’a pas disparu, ses effets persistent sur moi. »

Comme Herbert, beaucoup de scientifiques et d’ingénieurs témoignent également d’une créativité accentuée sous les effets du LSD. Lors d’une conférence de presse le vendredi, Hofmann a révélé que le chimiste Kary Mullis, qui a remporté le prix Nobel, lui a dit que le LSD l’avait aidé à développer la réaction en chaîne par polymérase, qui facilite l’amplification d’une séquence ADN connue.

Ann Harrison

source : http://www.wired.com