A la fois prolongement et opposition...
1) Le prolongement du concept d’Alain Soral de "minorité agissante" serait celui de "majorité adhérente".
Par exemple pour le féminisme : la minorité agissante, ce sont les quelques milliers de militantes descendues dans les rues à différentes époques pour réclamer des droits égaux par rapport aux hommes. Elles ont toujours été minoritaires parmi les femmes et ont maintenant presque disparu.
En revanche, combien de "Françaises du quotidien" seraient d’accord pour se voir retirer les droits réclamés jadis par les militantes (par exemple le droit de vote, d’avoir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari, à la contraception, à l’avortement, de porter des pantalons, des cheveux courts sans fichu sur la tête, etc.) ? Probablement très peu.
On peut sans doute en dire autant pour chaque minorité (homosexuels, handicapés, étrangers, minorités ethniques, culturelles, etc.) : dans chacun de ces groupes, seule une "minorité agissante" s’agite pour réclamer des droits mais une fois ceux-ci obtenus, la plupart des individus du groupe les approuve, constituant une "majorité adhérente".
2) L’opposition à Alain Soral
concerne son affirmation selon laquelle la majorité silencieuse générale n’est pas séduite par le libéralisme libertaire (où l’Etat-Marché accorde des droits et des protections aux moins forts en échange de leur soumission) mais serait plutôt partisane de la loi naturelle (le Droit du plus fort) qui fonde la "Tradition".
Or si aux femmes (50% de la population), qui ont obtenu des droits égaux par rapport aux hommes, on ajoute toutes les minorités auxquelles l’Etat-Marché a accordé des droits égaux par rapport à la majorité correspondante (homosexuels par rapport aux hétérosexuels, handicapés par rapport aux valides, étrangers par rapport aux autochtones, etc...) on finit probablement par obtenir une majorité.
Celle-ci est certes totalement hétérogène donc absolument désunie. Mais l’Etat-Marché peut stimuler un sentiment de solidarité entre ces diverses "majorités adhérentes", en agitant la menace d’un programme politique qui menacerait de retirer certains droits et protections.
C’est bien pourquoi Marine Le Pen ne présente pas un programme moyenâgeux ! Elle sait que la majorité silencieuse est constituée de sous-groupes qui adhèrent à leurs propres droits (même si pas forcément à ceux des autres). On peut penser que là, c’est elle (et non A. Soral) qui fait la bonne évaluation du réel...