CONFESSION D’ UN DRAGUEUR
Réalisation : Alain Soral 2001
Ce film sous couvert de comédie, bien rythmée, bien menée, se révèle être une chronique sociale amère, à travers la rencontre de deux jeunes hommes dans le Paris du début de notre siècle. Fab, fils d’ immigré,
doté d’ une intelligence instinctive et pétillante va apprendre son art de draguer les filles à Paul, jeune bourgeois, étudiant à science po plutôt fade et lâche. Se succèdent différentes aventures cocasses avec des dialogues savoureux nous permettant des rires juvéniles, de bon cœur
à ce sujet sérieux et drôle pour toujours - comment draguer une fille - Paul apprend mal, mais finalement arrive à mieux mentir que Fab, à taper plus fort et même à trahir son ami dès le moment ou celui ci se livre en toute confiance. Les rapports de classe s’ imposent inexorablement, prémisse de la victoire des filles et fils de... avec son lot de bassesses,
de suffisance et de trahison. L’ éternel jeu dostojievskien de ceux qui s’encanaillent sans jamais perdre leur conscience de caste.
Alain Soral réalise son premier long métrage avec doigté et maîtrise
de la narration, ainsi qu’un certain courage à vouloir traiter un sujet sociologique avec l’ outil cinéma, devenu aujourd’hui lui même un moyen efficace de la séparation des classes par l’argent, réitérant le maintien des avantages et privilèges pour celle qui en possède. Rien de nouveau, tous les coûts et coups sont permis y compris pour draguer les filles. À sa sortie le film fut accueilli par la presse avec un certain mépris, sujet sans doute crispant les esprits. Alain Soral suscite peut-être aussi la jalousie par son passé de dragueur lui même, sujet fantasmatique puissant.
Film misogyne ? Non ! sauf si vraiment on manque d’humour. Ni sexe grossier, ni violence gratuite, à l’humour de La fiancée du pirate et sur les traces de Jean Eustache, en finesse une heure trente de plaisir pour un film fort réussi. Confession d’un dragueur est un film français très apprécié à l’étranger avec dans les rôles principaux Said Taghmaoui et Thomas Dutronc.
Ly Patt