Les faits se rient des hommes : Quinze mois d’omniprésence de furie et de vindicte populaires ne parviennent pas à faire chuter la présidence de l’actionnariat spéculatif, de l’optimisation fiscale et du démantèlement des fleurons historiques de la France, cependant que quinze heures de présence virtuelle d’une vidéo grivoise suffisent à mettre un terme au parasitisme d’un dernier venu incompétent, vile, veule, immature, perclus d’orgueil et insincère. Comment expliquer qu’un tremblement de terre ne renverse pas la montagne, tandis qu’un coup de plumeau fait chavirer un homme ? Pourquoi les grandes causes produisent-elles de si petits effets lorsque les causes mineures engendrent des cataclysmes majeurs ?
Les hommes se rient des faits : Le fait qu’une poignée de costards et un pénis qui fleure la fin de règne puissent réduire à néant une destinée politique, nous indique que l’axiologie populaire ne plébiscite guère l’efficacité dans l’action publique mais le degré de conformité de la conduite privée à un archétype moral. La conscience collective situe paradoxalement l’acte politique sur l’abscisse de la déontologie, plutôt que sur l’ordonnée de la praxéologie. François Fillon et le petit zizi du Benji ont été sortis du jeu pour des raisons éthiques et non pragmatiques. Partant de ce postulat, ce ne sont pas les mutilations infligées à la population qui menacent le poste de Macron ; c’est bien la gay party de l’Elysée et le caressage éhonté de torses ethniques à Saint-Martin qui ont failli avoir sa peau. Ce n’est donc pas le bilan mais la morale qui détermine la longévité en politique. Déclencher une guerre et mettre à mort dix mille enfants d’Irak vaudra une réélection à son auteur. Par contre, enjamber le tourniquet du métro sans payer son ticket est passible d’extermination sociale.
J’observe cette réalité de l’anthropologie politique sans pouvoir me l’expliquer. Des suggestions, camarades ?