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Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

« S’il est faux de dire que l’homme descend du singe, c’est tout simplement parce que l’homme est un singe », affirme la paléoanthropologie contemporaine. Or ce propos n’a rien de burlesque. Le discours scientifique est fondé à affirmer, preuves à l’appui, que nous appartenons à la même famille que nos cousins arboricoles. Mais que signifie exactement cette parenté biologique ? Et faut-il vraiment jeter aux orties, même sur le mode métaphorique, notre « différence spécifique » ?

 

L’homme et le singe : une parenté biologique

Rappelons d’abord que l’argument qui fonde une telle affirmation est emprunté à la classification des espèces, c’est-à-dire à la phylogénétique. Les hommes, comme les grands singes africains (gorilles, chimpanzés et bonobos), appartiennent à une même famille : les hominidés. Les hommes et les chimpanzés, en particulier, ont un degré de parenté biologique estimé à 97 %. C’est un fait avéré, et la science moderne l’affirme : nous partageons avec les singes africains l’essentiel de notre patrimoine génétique.

Conformément à la théorie néo-darwinienne, cette parenté est le fruit d’une évolution biologique qui entraîne les espèces vivantes, sans dérogation possible, depuis l’apparition de la vie. Notre espèce actuelle, « homo sapiens », appartient à une lignée évolutive dont la paléoanthropologie tente péniblement de reconstituer l’arbre phylogénétique. À l’instar des autres espèces, la nôtre est donc issue, par mutation génétique, d’un substrat très ancien que nous partageons partiellement avec d’autres espèces, dont les singes actuels.

Restituer précisément les étapes de notre lignée, toutefois, est devenu un exercice de haute voltige. Car les nombreuses découvertes d’espèces fossiles, depuis vingt ans, ont brouillé les pistes. La première espèce appartenant au genre « homo » serait « homo ergaster », apparu il y a 1,8 million d’années. Mais nous avons une idée très vague du processus par lequel cette espèce a émergé pour donner naissance à ce qui deviendra ultérieurement « homo sapiens ». Qui plus est, les frontières du genre « homo » lui-même, avant et après cette apparition mystérieuse, sont extrêmement floues.

La station debout, la locomotion bipède, la main différenciée et l’importance du volume crânien sont les caractères classiquement attribués à « homo ». Mais on constate qu’ils préexistent, à des degrés divers, dans une vingtaine d’espèces dont la parenté avec la nôtre, entre 8 et 2 millions d’années, demeure assez obscure. Certaines espèces antérieures à l’apparition de « homo », par exemple, utilisent diverses formes de bipédie. De même, le volume crânien ne permet plus de classer les espèces, les plus archaïques n’ayant pas nécessairement un encéphale moins développé que les plus récentes.

La science nous invite à faire notre deuil, par conséquent, du schéma linéaire d’une hominisation triomphante, fondée sur la conquête de la bipédie et l’accroissement du volume cérébral. Avant que l’homme actuel ne voie le jour, il y a 200 000 ans, un foisonnement d’espèces aujourd’hui disparues a jalonné notre lignée évolutive. Du coup, la classification y perd son latin : au gré des découvertes, telle ou telle espèce se voit élevée à la dignité générique de « homo », puis précipitée dans une obscure « pré-humanité ». « Homo abilis » (entre 2,4 et 1,6 millions d’années), par exemple, était-il humain ? Son anatomie crânienne plaide en sa faveur, mais pas son squelette locomoteur. Pour d’autres espèces, c’est l’inverse.

 

Les frontières culturelles de l’humanité

Mais il y a plus. La paléoanthropologie s’est également nourrie des recherches sur l’éthologie des grands singes africains. Notre parenté avec ces mammifères arboricoles, affirme-t-elle, ne serait pas seulement anatomique, mais comportementale. Dans cet effondrement généralisé des certitudes anthropologiques, le flou qui caractérise les frontières de la nature semble alors se propager, par contagion, aux frontières de la culture. Et tout se passe comme si la science, après avoir dissous les repères classiques de notre définition naturelle, entendait nous dépouiller, au profit de nos cousins éloignés, des attributs ordinaires de notre définition culturelle.

Après la locomotion bipède et la capacité cérébrale, en effet, voici venu le tour de l’outil : faut-il également abdiquer ce privilège anthropologique ? « La vision progressiste, qui associe une bipédie de plus en plus perfectionnée, un cerveau de plus en plus grand, des mains de plus en plus habiles et des outils de plus en plus diversifiés, vole en éclats ». [1] Puisque les singes cassent des noix avec des pierres, comment affirmer que l’outil est le propre de l’homme ? « L’utilisation d’outils comme l’invention de la pierre taillée précède l’émergence du genre « homo », affirme le paléoanthropologue Pascal Picq. L’outil ne fait donc pas l’homme, mais ce sont des hominidés qui font des outils ».

Or les termes mêmes de cette affirmation ne vont pas de soi et ils se heurtent au moins à deux objections.

La première, c’est que « l’utilisation d’outils » et « l’invention de la pierre taillée » ne sont pas des phénomènes du même ordre. L’animal utilise des éléments empruntés au milieu naturel, il les adapte de manière sommaire à leur usage, mais il ne les fabrique pas. Certains chimpanzés cassent des noix avec des pierres, mais ils ne taillent pas les pierres. Le propre du geste technique, c’est non seulement sa capacité à transformer le donné naturel, mais à cumuler le bénéfice de ces transformations. Comme le dit Bergson, l’homme devrait être nommé « homo faber » plutôt qu’« homo sapiens » : n’est-il pas le seul être capable de « faire des outils à faire des outils » ?

La seconde objection contre l’idée que l’outil précède l’homme, c’est qu’elle invalide la généalogie, pourtant admise, qui fait précisément de « homo ergaster » (l’homme artisan) la première espèce humaine. Or il faut choisir. Soit l’outil est le propre du genre « homo » dont l’espèce « homo ergaster » signe l’avènement évolutif. Soit l’outil précède le genre « homo » et il n’y a aucune raison de dater l’avènement de l’homme en le reliant à l’avènement de l’outil. Faute de tirer les conséquences de cette affirmation, la paléoanthropologie oscille entre deux points de vue, comme si l’outil pouvait être à la fois le propre de « l’homme » et du « pré-homme ».

 

Un homme-singe ?

Cette ambiguïté du discours sur la culture redouble celle, précédemment analysée, sur notre nature biologique. Nos incertitudes progressant au même rythme que nos connaissances, la prolifération déconcertante des squelettes anthropoïdes paraît dissoudre les limites naturelles du genre « homo ». Mais la paléoanthropologie contemporaine va beaucoup plus loin : elle affirme qu’il en est de même de ses limites culturelles. Pas plus que les caractères anatomiques ou les répertoires locomoteurs, les conduites culturelles ne détermineraient plus, nous dit-on, les frontières de l’humanité.

Pourquoi ne pas admettre, demande Pascal Picq, que les singes, comme nous, « font de la politique » et connaissent « la distinction entre le bien et le mal » ? Et si, en faisant de l’homme un singe, on faisait du singe un homme ? Corollaire de l’animalisation de l’homme, cette humanisation du singe repose sur un flou conceptuel impressionnant. Si les singes font de la politique, sait-on à quelles règles obéit cette activité ? Par quel symbolisme s’effectue leur appropriation consciente par les individus ? Que le mâle dominant d’une communauté de chimpanzés noue des alliances en vue de conserver son hégémonie dans la compétition sexuelle, soit. Mais est-ce de la politique ?

Mieux encore, cet anthropomorphisme par extrapolation, étrangement, déborde aussi sur la sphère morale lorsqu’on attribue aux chimpanzés la « conscience du bien et du mal ». Mais parce que les grands singes sont des animaux sociaux, faut-il vraiment les considérer comme des êtres moraux ? Que faudrait-il penser, si c’était le cas, de la moralité des fourmis, dont l’organisation sociale est au moins aussi complexe que celle des chimpanzés ? Sauf à nier l’évidence, les comportements sexuels ou affectifs de ces primates supérieurs ne témoignent d’aucun sens moral, classiquement entendu comme la distinction consciente entre le permis et le défendu.

Certes, les grands singes africains manifestent des dispositions qui ont été longtemps ignorées de leurs cousins biologiques. Dans le milieu naturel, les jeunes chimpanzés réalisent des acquisitions complexes qui attestent d’une véritable plasticité du comportement. Au contact des hommes, les tentatives d’apprentissage du langage ont parfois abouti au maniement de signes conventionnels non iconiques ou de gestes empruntés au langage des sourds-muets. Mais il faut admettre que ces acquisitions hâtivement qualifiées de « linguistiques » sont un maigre tribut payé à notre parenté génétique. Et il est clair qu’elles ne franchissent jamais certaines limites.

Ignorant l’interrogation et l’injonction, elles se cantonnent à l’usage rudimentaire d’un nombre déterminé de « symboles » correspondant à des situations stéréotypées. Toujours assortis de récompenses alimentaires, fondés sur la reconnaissance de signaux et non sur la compréhension de signes, ces apprentissages ne sont-ils pas une forme élaborée de dressage ? En réalité, nous aurions davantage à apprendre des grands singes si nous étions capables de comprendre comment ils communiquent en notre absence. « Depuis quelques décennies, on s’efforce d’enseigner différentes formes de langage à des grands singes. Mais que peuvent-ils nous dire d’autre que ce que nous attendons d’eux ? ». [2]

La parenté biologique entre l’homme et le singe, en réalité, n’exclut pas la différence spécifique qui permet de les distinguer. La reconnaissance de notre origine animale nous permet de savoir à peu près d’où nous venons, elle nous situe dans le vaste courant de l’évolution. Conscients de cet ancrage naturel, nous ne perdons pas de vue, pour autant, que nous sommes dotés d’une étonnante faculté d’expression symbolique. Nous avons la possibilité de nommer ce qui n’existe pas, de nous interroger, de fixer des règles et de les modifier. Les singes, eux, ne l’ont pas. Car « l’homme invente et comprend des symboles, l’animal non. Tout découle de là ». [3]

On a beau montrer la continuité entre nous et les espèces actuelles ou fossiles dont nous sommes proches, nous sommes ce que nous sommes en vertu d’une différence qui nous singularise au sein de notre famille d’origine. Or quelle est cette singularité ? La principale énigme, en ce qui nous concerne, n’est pas tant de savoir à quelle lignée évolutive nous empruntons nos caractères anatomiques. C’est plutôt de savoir pourquoi nous avons substitué, en guise d’adaptation au milieu, la culture à la nature, l’éthique au biologique, la règle à l’instinct. Le plus important, c’est de savoir pourquoi, mentalement, nous ne sommes pas des singes.

Bruno Guigue

Notes

[1] Pascal Picq, « Au commencement était l’homme », Odile Jacob, 2013, p.11.

[2] Dominique Lestel, « Sommes-nous assez intelligents pour comprendre l’intelligence des singes ? », dans « Aux origines de l’humanité II, Le propre de l’homme », Fayard, 2001.

[3] Emile Benveniste, « Problèmes de linguistique générale », Gallimard, 1966, p. 27.

Approfondir le sujet avec Kontre Kulture :

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  • #2029019
    Le 23 août 2018 à 12:32 par Antoine
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    Cher Bruno Guigue, connaissez vous la "Stoned Ape Theory" ? C’est la théorie la plus avancée ,la plus logique et la plus simple existant aujourd’hui. Elle (la théorie) est largement rejeté par les conservateurs, et on le comprend ; mais je vous assure qu’elle vaut le coup d’être sérieusement envisagée. Respectueusement.

     

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  • #2029061
    Le 23 août 2018 à 13:51 par Le Malicieux
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    echanges passionnant, il faut le dire.

    une chose me chicote par contre : plusieurs nous expliquent comment vivaient nos ancetres, la date de la domestication du feu, celle ou l’on s’est mis a manger de la viande, leurs comportements... euh, c’est basé sur quoi tout ca ?

    ce ne sont la que speculations, a la base invérifiables.

     

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    • #2029360
      Le Août 2018 à 20:59 par JP
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      @Malicieux
      Et voila le problème du rejet systématique ?

      Y’a un juste milieu.

      Il est évident, même pour moi, indécrottable Darwiniste, qu’on voit trop souvent des théories diverses affirmées à partir de données, d’interprétations de ces données et de déductions qui me paraissent très critiquables. Car les spécialistes, c’est presque inévitable, ne possèdent pas une culture générale suffisamment étendue. La conséquence en est qu’ils ne sont pas conscients d’une bonne part des critiques opposables à leur théorie.

      Dans l’idéal, il faudrait que les anthropologues maîtrisent l’ensemble des sciences humaines.... avant de pouvoir être affirmatif sur ces histoires de viande, par exemple.

      Mais d’un autre coté, il y a aussi des théories qui me paraissent très vraisemblables, parce que je ne vois pas de contre-argument sérieux.

      Mon principe, c’est :
      il ne faut être affirmatif que si la théorie a survécu a une critique énergique et compétente. Si elle n’y a même pas vraiment été soumise, alors ce n’est qu’une hypothèse ou une spéculation.

       
  • #2029102
    Le 23 août 2018 à 14:50 par Jojoyoyo
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    "Les hommes et les chimpanzés, en particulier, ont un degré de parenté biologique estimé à 97 %"

    Faites deux gateaux au yaourt.

    D’un côté vous utlisez 100g de sucre.
    De l’autre, 97g de sucre et 3g d’héroine pure.

    Cuisinez, mangez, appréciez la différence.

     

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    • #2029602
      Le Août 2018 à 11:38 par Globul
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      Image intéressante à creuser : es 3 g d’un psychotrope “hard”, d’où viendraient-ils ?

      Les 1,23 % de différence (Alain Prochiantz, “Le mythe des 1,23% - La place de sapiens dans l’évolution”, Collège de France, 2 oct. 2017) touchent à des gènes, sans doute “architectes”, ou “de développement”.
      En quoi ces gènes seraient-ils “psychotropes” ? Sans doute en jouant sur des hétérochronies dans le développement de certaines structures neuroblastiques, d’ailleurs plutôt autour de la naissance : on sait le retard de développement de notre genre Homo par rapport à tous nos cousins, non seulement simiens mais mammifères, “pour que” (une terrible sélection naturelle a-t-elle joué dans cette “finalité” ?) la méga-tête au gros cerveau du bébé humain “passe” sans trop de mal (pour l’enfant et la mère) la voie utéro-vaginale.

      Le caractère “psychotrope” du genre Homo semble d’ailleurs corrélé à ce moment crucial, individuel et spécifique. Le psychiatre S. Grof a montré (en continuité avec les travaux de Jung et du groupe ERANOS) que les religions tendent à évoquer, centralement (Nativité, Apocalypse de Jean...) un accouchement éminent (mère désignée-inspirée et fils-sauveur) mais très risqué et crucial (à cause d’un Dragon maléfique, voire d’un massacre de bébés innocents), etc.
      Bien d’autres exemples peuvent être évoqués, cependant moins évidents car moins connus de nous, qui sommes plus ou moins culturellement christianisés.

      Le “sale-propre de l’homme” (“Homo sapiens-demens” selon Edgar Morin), à l’imaginaire ancré dans le souci du salut (l’“imaginal” d’H. Corbin, ou d’autres formes sotériologiques de par le monde et le temps), pourrait ainsi s’orginer - plus que s’expliquer encore véritablement - au minimum par des hétérochronies de gènes de développement contemporaines de la période de mise-bas - accouchement (donc, pour notre genre, ± 9è mois après la conception).

      S’ouvriraient alors deux grandes voies d’approche de ce mixte d’imaginaire-réalité très profond :
      - la mise en évidence des gènes architectes neuro- donc psychotropes, dont l’activité concernerait largement la période périnatale
      - l’analyse des mythes et des représentations artéfactuelles touchant à l’imaginal, en quête d’éventuels invariants anthropologiques.
      Alors, entre les résultats de chacune de ces approches : la génétique d’“evo-devo” et l’anthropologie de l’imaginaire profond, une corrélation pourrait-elle être décelée, sans doute fort intéressante ?

       
  • #2029141
    Le 23 août 2018 à 16:07 par Deusinadj
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    La solution est beaucoup plus simple : homme ou singe, nous avons le même Créateur.

     

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    • #2029398
      Le Août 2018 à 22:09 par aldébaran
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      des preuves s’il vous plaît, autres que votre cœur où votre "cerveau". Merci

       
    • #2029491
      Le Août 2018 à 01:57 par Le Malicieux
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      @ aldeberan.

      l’adn prouve hors de tout doute qu’il y a bien un créateur.

       
    • #2029698
      Le Août 2018 à 15:00 par Pelagia
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      "l’adn prouve hors de tout doute qu’il y a bien un créateur"

      Je me suis esclaffé ! merci !

      1. Je crois en un dieu créateur… et l’ADN, le pauvre, n’a aucun pouvoir magique qui puisse nous mener rationnellement vers la certitude de l’existence d’un tel créateur. La croyance en un créateur est ainsi un acte de foi, point. DONC, les raisons pour lesquelles il est légitime de croire en un créateur ne se trouvent pas dans le monde empirique, ni dans l’ADN ni dans une abeille, ni dans le centre de la terre, ni dans le centre des étoiles, ni dans la plus éloignée des galaxies. Aucun élément empirique ne porte en lui une quelconque preuve d’être une création.

      2. Nous naissons dans la séquence chronologique du monde alors même que la séquence est déjà en cours. Autrement dit, l’humanité a loupé le coche du mystère des origines. Si le monde est éternel ou s’il a eu un début, nous ne pouvons le savoir... car s’il a eu un début, nous n’avons pas assisté à ce début, et s’il existe de toute éternité, par principe nous n’avons pas les moyens de constater de manière synoptique une quelconque cause créatrice. Le moteur immobile d’Aristote est une théorie fascinante, intéressante… mais c’est une théorie, un pari de la raison. Encore un acte de foi.

      3. DONC, le monde nous est donné déjà constitué : espace, temps, matière, lois physiques, lois morales, ADN, etc... et qu’il y ait eu un créateur ou pas, ces choses ne peuvent pas nous mettre en contact rationnel ou logique avec lui. Et si certains argumentent que les évolutionnistes n’ont en réalité jamais assisté à une quelconque spéciation… qu’ils reconnaissent que eux non plus n’ont pas eu l’expérience d’assister à une quelconque création du monde, qu’ils reconnaissent qu’ils n’ont pas la connaissance direct de dieu. Le bureau ovale à Washington a peut-être un téléphone en ligne directe avec le Vatican mais le Vatican n’a pas de ligne directe avec dieu. La question de dieu est mille fois plus importante et plus profonde que ce à quoi la réduisent les créationnistes littéralistes. Elle est d’un autre ordre que celui qui affecte les questions empiriques abordées par les sciences de la nature. Si toutes ces questions, les scientifiques et les théologiques, étaient bien comprises, mes congénères humains auraient constaté depuis longtemps qu’il n’y a ni conflit entre religion et science, ni conflit entre l’idée d’un dieu créateur et l’idée d’une évolution des espèces. Il est donc temps de passer à autre chose.

       
    • #2030259
      Le Août 2018 à 18:16 par ole
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      L’ADN étant une molécule codante, son rôle au sein de la cellule n’est pas le fait de ses propriétés physico-chimiques mais de ce qu’elle contient de l’information.
      Et l’information ne peut avoir pour origine qu’une intelligence, un esprit. L’ADN est donc un signe que les êtres vivants ont une origine intelligente.

      Le fidéisme est une proposition condamnée par l’Église. Le concile du Vatican I a établi comme certitude de foi que l’existence de Dieu est démontrable par la raison, notamment par les preuves aristotélico-thomistes. Le "premier moteur" n’est pas une théorie, c’est un raisonnement logique rigoureux. Les philosophes modernes l’ont caricaturé et nié, mais jamais démenti.

      L’Écriture Sainte et les pères de l’Église déclarent insensé l’homme qui nie Dieu, car l’existence du Créateur peut être déduit de l’observation de la créature.

      Je vous rejoins sur la vanité de prétendre établir toute la vérité sur les origines, et c’est pourquoi je pense l’évolutionnisme excessif dans ses prétentions et dangereux dans ses retombées spirituelles.

      Mais alors, pourquoi mettez-vous tant d’énergie à le défendre ?
      Ne feriez-vous pas une fausse dichotomie évolution<>littéralisme ?

      Vous accordez trop de crédit à ce qui n’est que de la pseudo-science, et essayez avec beaucoup d’efforts de l’accorder aux vérités de foi tout en reprochant à ceux qui ne font pas comme vous d’être des littéralistes idiots-utiles.

      Mais on peut rejeter l’idée transformiste, tout en concevant que Dieu déroule sa création dans le temps. On peut invoquer le ministère des anges ou les "raisons séminales", plutôt que des mutations successives transformant un poisson en mammifère.

       
  • #2029212
    Le 23 août 2018 à 18:01 par Auri
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    Bon tout cela était très très intéressant mais il est temps de conclure le débat définitivement :

    Seuls les êtres humains pratiquent le sacrifice de leurs semblables, voilà c’est dit, je crois que c’est sans appel. Personne n’y avait pensé à ça ! Sauf moi bien sûr...

    Je crois que là nous voilà définitivement hors de portée de ces animaux mangeurs de cacahouètes, ils ne sont pas près de faire ça ces idiots...

     

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  • #2029400
    Le 23 août 2018 à 22:12 par kalki
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    On gaspille des torrents d’intelligence pour escamoter l’essentiel et pour prouver brillamment l’absurde, à savoir que l’esprit a fini par surgir d’un monceau de terre - ou disons d’une substance inerte - à travers des milliards d’années dont la quantité, au regard du résultat supposé, est dérisoire et ne prouve rien. Il y a là une perte du sens commun et une perversion de l’imagination qui, à rigoureusement parler, n’ont plus rien d’humain, et qui ne peuvent s’expliquer que par le parti pris scientiste bien connu de tout interpréter par le bas ; d’échafauder n’importe quelle hypothèse, pourvu qu’elle exclue les causes réelles, lesquelles sont transcendantes et non matérielles.
    Et à propos du Progrès, c’est-à-dire l’évolutionnisme appliqué au seul "homo sapiens", passé de "primitif" à Moderne : Si l’humanité a été stupide pendant des millénaires, on se s’explique pas comment elle a pu cesser de l’être, d’autant que ce fut dans un laps de temps relativement très court ; et on se l’explique d’autant moins quand on observe avec quelle intelligence et quel héroïsme elle a été stupide pendant si longtemps et avec quelle myopie philosophique et quelle décadence morale elle est devenue enfin "lucide" et "adulte" (F. Schuon)

     

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    • #2029458
      Le Août 2018 à 00:11 par JP
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      Supposons donc que le sens commun soit compétent pour juger de l’affaire (ca reste à démontrer, mais bon).

      Le sens commun, par définition, se fonde sur l’expérience commune, non ?
      Or, Est-ce que cela ne fait pas partie de l’expérience commune, que de s’être déjà retrouvé, parfois, dans une situation absurde ?

      Et oui, lorsqu’on admet la théorie de l’Evolution, la Vie parait dépourvue de finalité ultime et de cause première. L’Humanité est dans une situation absurde, qui n’a pas de sens.
      Et alors ? C’est pas parce que la situation est pénible qu’on doit décréter que ce n’est pas la réalité. Puisque le sens commun, fondé sur l’expérience commune, nous a appris que "les situations absurdes, c’est comme les complots, ça existe !".

       
    • #2029605
      Le Août 2018 à 11:57 par el vago
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      Je ne vois pas pourquoi il faut accepter la théorie de l’évolution parce que tout le monde l’accepte alors qu’elle crée énormément de problèmes, sachant que nous constatons très simplement que les espèces sont parfaitement stables, que les mutations ne génèrent en rien de nouvelles espèces pas plus que la sélection naturelle, et que selon une toute dernière étude faite sur l’ADN mitochondriale, 90 % des espèces actuelles datent de 100 000 à 200 000 ans, il n’y a donc pas apparition progressive mais plutôt instantanée, ou alors il y aurait eu un effacement des espèces inconnues par une cause catastrophique (on revient donc à la théorie du catastrophisme qui existait avant Darwin), mais surtout chose très importante :

      En analysant cet ADN mitochondrial, les chercheurs se sont rendus compte que la distance entre les espèces est similaire non pas à la distance qui sépare les étoiles entre elles, mais bien plutôt les galaxies entre elles, une galaxie d’étoiles représentant les variations possibles au sein d’une même espèce, selon cette analogie, on est vraiment pas prêt de trouver un premier chaînon manquant, et si on ne trouve pas de chaînon manquant ...

      La théorie de l’évolution ne s’appuie plus que sur le rêve et l’espérance des scientifiques athées de trouver l’introuvable : "un jour on le trouvera ces informations qui nous manquent et on crucifiera tous ces religieux une bonne fois pour toute !", cela tient au fait aussi qu’on peut tenir beaucoup de faux raisonnements à partir d’une théorie séduisante mais fausse à savoir la macro-évolution et cette idée que nous avons des ancêtres communs, que nous sommes en fait des singes évolués. Dès qu’on sort de cette théorie, c’est fou comme les choses deviennent beaucoup plus claires, et qu’on évite bien des biais cognitifs.

       
  • #2029532
    Le 24 août 2018 à 08:30 par NoHope
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    J’ai beau retourner la question, il me semble que l’homme est au départ un singe avec comme unique particularité l’invention d’un langage articulé, rendu possible par sa physiologie, qui lui permet d’intégrer l’abstraction dans son processus mental. Cela est un élément clef. Un peu comme la différence entre savoir compter des objets et savoir utiliser des variables pour gérer des quantités génériques.

    La question est souvent mal perçue parce que quand on entend dire que l’homme est un singe, on peut comprendre que le but de l’affirmation consiste à dire que l’homme n’est qu’un singe. Ce qui n’a pas de sens puisque ’singe’ est trop générique pour qualifier une espèce parmi la multitude d’animaux issus de cette famille.

    Le ouistiti est un petit singe qui lance ses petites boulettes de merde contre celui qui ne lui plaît pas. Sommes-nous pareils ? Bon ... Mauvais exemple ...

    Le bonobo baise pour apaiser les tension sociales. Sommes-nous ... pareils ? Ouais bon ...

    Le paresseux ... Non plus ...

    Pour la faire courte, l’homme est un singe qui peut s’élever s’il le souhaite et que l’occasion lui est donnée, contrairement à d’autres espèces, primates ou non d’ailleurs, plus prisonnières du moment présent.

     

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    • #2029534
      Le Août 2018 à 08:35 par Titus
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      il me semble que l’homme est au départ un singe avec comme unique particularité l’invention d’un langage articulé, rendu possible par sa physiologie




      Un singe et un homme ont de grandes différences anatomiques (par ex. les singes ont quatre mains) et ne peuvent pas se reproduire entre eux. Voilà les faits.

       
    • #2029789
      Le Août 2018 à 17:56 par Mind is a Myth
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      pour No Hope, No Way Out UG Krishnamurti a lire UG l’homme qui a dit la verite si jamais ils ya une...

       
  • #2030080
    Le 25 août 2018 à 11:14 par Dudul
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    Si l’évolutionnisme est une idéologie pour autant l’évolution est bien une réalité sinon la réalité.
    Minéral, végétal, animal + Homme, puis l’évolution de celui-ci au moyen de ce que nous nommons l’histoire où la maîtrise de la pierre (outils, feu premier, armes) l’eau (bateau), air (avion), feu (atome).
    Ce qui retient notre attention ici est le passage de l’animal à l’Homme. Il convient de voir le singe comme le maillon le plus élevé du règne animal puisque pourvu de doigts articulés permettant l’usage d’une main primitive mais néanmoins capable de cueillir et même concevoir l’aube des outils
    sans pour autant être capable de concevoir et maîtriser le feu premier (chaleur, cuisson, défense).
    Mais s’il faut parler du singe il faut bien distinguer les primates des hominidés. Nous n’avons plus trace des hominidés de l’époque de cette distinction, les grands singes que nous connaissons nous en rappelant qu’un bref et bien incomplé souvenir puisque c’est notre branche qui s’est distinguée par élimination de nos concurrents qui, je me répète, n’étaient pas plus que nous des singes tel que nous le concevons aujourd’hui mes des hominidés soit une branche déviante positivement, une évolution des primates qui n’en sont aujourd’hui que le caput-mortuum. Alors comment s’est opérée cette mutation ? c’est bien évidemment une histoire d’évolution interne, mais nous n’allons pas ici rentrer dans des explications de l’alchimie planétaire cependant que l’Agent rédempteur, inconcevable au plan de l’évolutionnisme exclusivement horizontal, est bien le maître du Jeu, l’heure qu’il est dans les Architectures terrestres. Si l’Homme est un animal par son corps, par son horizontal, il est avant tout et après tout une créature métaphysique par sa vertical ; Ici tout le symbole de la croix prend sa valeur situant l’Homme au carrefour des deux, au cœur d’un combat que seul il connaît et devant le mener à la surhumanité (qui n’est pas transhumanisme loin s’en faut, pâle reflet), dernier étage de la fusée spirituelle ascensionnelle du corps et assomptionnelle de l’esprit.

     

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  • #2031057
    Le 27 août 2018 à 11:07 par Pelagia
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    Chers "ole" et "JP", j’ai maintenant jusqu’à huit de vos commentaires à répondre, et je n’arrive plus à suivre la vitesse des échanges. J’aime bien É&R mais je ne peux pas y passer ma journée ! (cela dit j’apprends beaucoup à votre contact, et je vous suis reconnaissant).

    Bref, je vais essayer de synthétiser :

    Bruno Guigue est un bon p’tit gars à qui le système tape constamment sur les doigts (parce qu’il dénonce la soumission de la France à Israël, entre autre). Je n’ai donc rien contre lui. Tout ce que je dis c’est qu’avec cette histoire prétendument "scientifique" que l’homme est un singe… une chose lui a échappée, une subtilité qu’il n’a pas su voir car manifestement il ne s’est pas suffisamment penché sur la question de la classification des espèces.

    Je m’explique :

    Dans les milieux scientifiques le critère de classification qui a fini par s’imposer depuis les années 1980 est celui proposé par l’allemand Willi Hennig en 1950 (la classification phylogénétique)… mais cela ne veut pas dire que l’homme est un singe. Bruno Guigue n’avait pas besoin de rentrer dans toutes ces considérations qu’il développe dans son article s’il avait compris une chose : pour savoir si au regard de la classification phylogénétique l’homme est un singe, ce qu’il faut faire c’est comprendre la méthode appliquée par ladite classification. Si on applique la méthode et que le verdict est que l’homme n’est pas un singe… c’est que la phrase "l’homme est un singe" est une supercherie, une proposition que l’on fait dire à la science mais que la science ne dit pas. Des scientifiques le disent ? ils font ce qu’ils veulent, à eux de decider à qui ils se soumettent, si aux agendas des puissances matérielles qui régissent leur époque... ou si à une réelle autonomie d’action et de production de discours de la science. Et, oh !, la science n’arrête pas de revendiquer une telle autonomie...

    De par sa méthode révolutionnaire la classification phylogénétique applique un critère qui permet d’affirmer rationnellement que les sardines ne sont pas des poissons, que les crocodiles ne sont pas des reptiles, que les fougères ne sont pas des gymnospermes... mais que les chevaux sont des mammifères, que les cigognes sont des oiseaux, que les marguerites sont des gymnospermes.

    L’ingénierie sociale a senti qu’on pouvait y mettre le nez et faire dire à cette classification que l’homme est un singe. Or, les singes sont par définition les simiiformes non-humains. PAR-DÉ-FI-NI-TION.

     

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    • #2031073
      Le Août 2018 à 11:53 par Pelagia
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      "que les marguerites sont des gymnospermes"

      Pardon, c’est une coquille. J’ai bien sûr voulu dire que les marguerites sont des angiospermes.

       
    • #2031604
      Le Août 2018 à 10:43 par ole
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      Merci pour vos efforts et votre courtoisie.

      Je continue néanmoins à distinguer deux problèmes dans ce que vous exposez :

      - C’est prendre la phylogénétique pour argent comptant, c’est à dire signer un chèque en blanc à l’idée (peut-être vraie, mais peut-être fausse) que les espèces naissent les unes des autres par filiation. Il me semble d’ailleurs qu’au détour d’un commentaire vous admettiez que les exemples de spéciation offerts jusqu’à présent étaient plus hypothétiques que certains.

      - C’est affirmer de façon arbitraire qu’un groupe tel que "mammifère" n’évoluera plus au-delà de ses caractéristiques présentes, tandis que les "poissons" et les "reptiles" l’ont fait. Si l’évolutionnisme dit vrai et que la vie est mouvement et changement perpétuel, je ne vois vraiment pas comment on peut affirmer telle chose.

      Tout cela étant dit, en effet l’homme n’est pas un singe. Mais on peut l’affirmer sans recourir à la phylogénétique, qui est une pétition de principe.

      Quand Karl Popper dit que la théorie de l’évolution n’est pas une théorie scientifique, mais un programme métaphysique de recherche, il a raison.
      Il ne dit pas que l’évolutionnisme est faux (lui-même y adhérait), mais que c’est un cadre posé apriori pour conduire la recherche (car il en faut bien un).

      Ce que beaucoup semblent oublier ou ignorer, c’est que le cadre étant posé apriori, toutes les observations et déductions seront orientées par lui et ne pourront par définition pas en déborder.
      Les mêmes observations pourraient trouver une explication plausible dans d’autres cadres, qu’ils puissent s’expliquer dans tel ou tel cadre ne valide pas le cadre en question.

      Et donc, ce n’est pas à l’intérieur du cadre, que le cadre peut être validé ou réfuté.
      S’il doit être jugé, c’est de l’extérieur, par une réflexion métaphysique puisque telle est sa nature.

       
    • #2031721
      Le Août 2018 à 13:26 par Pelagia
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      Merci, "ole", je te réponds en deux parties.

      (1e partie)

      "C’est prendre la phylogénétique pour argent comptant"

      La classification phylogénétique n’est qu’un critère de classification. Il y en a d’autres, aussi bien créationnistes qu’évolutionnistes. Ce que tu as voulu dire, "ole", c’est que la classification phylogénétique prend la sélection naturelle et la descendance avec modification pour argent comptant. Mais il est plus juste de dire, à la place de "prendre pour argent comptant", que la sélection naturelle et la descendance avec modification "sont les axiomes de base" sur lesquels repose la classification phylogénétique. Tout ce qui vous gêne à vous, antiévolutionnistes, c’est que vous ne croyez pas en la descendance avec modification comme conséquence de la sélection naturelle. Pour vous le débat de fond est encore bloqué en 1859 alors que pour les évolutionnistes 1859 est loin d’être un blocage, ils perçoivent "L’Origine des espèces" comme l’ouvrage qui a soulagé la biologie de bien de ses problèmes.

      Je le sais tout ça, c’est pourquoi, dans l’ordre chronologique des débats, les questions de la sélection naturelle et de l’évolution doivent être réglées avant ces autres questions qui en émanent, comme par exemple la classification phylogénétique, corolaire du fait que l’on donne pour bonne la théorie de Darwin. Et c’est pourquoi, au moment de classer les espèces selon la classification phylogénétique, il ne faut pas se défaire d’un revers de la main d’un antiévolutionniste qui dirait "oui mais la théorie de base qui permet cette classification est fausse". Il faut toujours revenir aux principes de bases, et toujours les remettre en question. On le fait même avec les mathématiques, alors d’autant plus le faire avec les sciences empiriques.

       
    • #2031722
      Le Août 2018 à 13:29 par Pelagia
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      À "ole" (2e partie) :

      "C’est affirmer de façon arbitraire qu’un groupe tel que "mammifère" n’évoluera plus au-delà de ses caractéristiques présentes, tandis que les "poissons" et les "reptiles" l’ont fait. Si l’évolutionnisme dit vrai et que la vie est mouvement et changement perpétuel, je ne vois vraiment pas comment on peut affirmer telle chose."

      Ce que dit la classification phylogénétique ce n’est pas que les poissons et les reptiles ont évolué et que les mammifères n’ont pas évolué. Elle dit que les poissons et les reptiles n’existent tout simplement pas, alors que les mammifères elle constate qu’ils existent. Les saumons et les serpents existent mais en termes de classification phylogénétique cladiste nous ne pouvons plus dire qu’ils sont des poissons ou des reptiles. Pourquoi ? Parce qu’un taxon est validé par la classification si le groupe est constitué par un ancêtre hypothétique (l’identité ne peut pas être connue) et tous ses descendants. Des poissons à nageoire charnues (non-rayonnées) ont évolué vers les tétrapodes (les grenouilles, les poules, et même nous). Donc, en termes de classification cladiste il n’y a pas de poisson ancêtre n’ayant laissé que des poissons dans sa descendance. Les tétrapodes parce qu’évolués à partir de poissons INVALIDENT le taxon des poissons. Les oiseaux, les mammifères, les plantes à fleurs et les champignons n’ont pas ce problème (ils sont validés par la classification phylogénétique). Les poissons, les reptiles, les plantes à graines et les invertébrés ONT ce problème (ils ne sont pas validés par la classification phylogénétique).

      S’il te plaît, lis l’introduction de "Classification phylogénétique du vivant", de Lecointre et Le Guyader. L’édition la plus récente est la quatrième, constitués de deux volumes (deux tomes). L’introduction est sur le primer tome. Une bibliothèque publique devrait suffire pour que tu trouves cet ouvrage, et cette introduction se lit en deux après-midis (et encore, peut-être que toi tu la liras en un rien de temps).

       
    • #2033745
      Le Août 2018 à 09:01 par JP
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      @ole
      Pas besoin de réflexion métaphysique pour vos histoires de "cadre de réflexion".
      Le questionnement que vous faîtes là est très loin d’être idiot. Mais vous vous trompez de boutique lorsque vous cherchez les réponses.
      Procurez vous "La structure des révolutions scientifiques". Vous y trouverez toutes les analyses d’un sociologue de la recherche scientifique, Thomas Kuhn. Le "cadre" dont vous parlez y est parfaitement décrit, avec tous ses effets parasites (dont ceux que vous avez décrit). En plus, ça vous réjouira à certains passages, puisque Kuhn n’a pas peur de prendre des exemples dans l’histoire des Sciences, qui ne sont pas toujours glorieux.

      Votre "cadre", il le nomme "paradigme", mais à part ça vous devriez retrouver votre questionnement. Il parle beaucoup de la théorie de la dérive des continents dont le problème est le même que celui qui vous passionne : personne n’a jamais vu un continent en train de se promener.

      C’est le premier bouquin de référence sur la question. Cela dit, il montre aussi que si la science réelle ne fonctionne pas exactement selon le modèle idéal conçu par Popper, et bien malgré tout, elle avance tant bien que mal. Elle est capable de changer de "cadre". C’est une "Révolution Scientifique". Il étudie la structure de ce changement. D’où le titre du livre.

      L’autre référence, c’est Imre Lakatos, qui est le complément inévitable de Kuhn. Il montre comment le paradigme tente de résister au changement. J’ai pas de référence bibliographique en mémoire, mais ses principales idées sont dispo sur le net.

       
  • #2032731
    Le 29 août 2018 à 18:07 par Pelagia
    Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

    Comme promis je réponds à JP au sujet de Michel Drac : en voyant les vidéos j’ai été d’accord ! Avant JP je te demandais de t’en tenir à la classification phylogénétique parce que toute la question était là telle qu’annoncée par l’article. Cela ne veut pas dire qu’on ne puisse pas parler de ces moments de l’histoire qui ré-articulent les paradigmes cosmologiques (ce que Drac appelle le codage).

    La révolution copernicienne a eu lieu en concomitance avec la découverte de l’Amérique et l’avènement d’une économie monde. Ensuite, les sciences empiriques du XIXe siècle (dont le darwinisme) adviennent après les révolutions bourgeoises (1640 en Angleterre, 1775 aux États-Unis, 1789 en France) et ce n’est pas un hasard. Drac a raison, l’articulation ayant permi ce changement de machine sémantique est celui de l’abandon de dieu comme code de base, en échange de la solitude de l’homme dans le cosmos servant à "coder" les justifications de l’économie monde. C’est pourquoi je suis partiellement d’accord avec tous ces cathos tradis qui partout ne voient que la gnose, le satanisme luciférien, la franc-maçonnerie, l’athéisme, l’anticléricalisme, etc. Partiellement parce que Darwin et compagnie ne sont que des scientifiques : ils parlent de la biologie de l’homme, pas de l’homme dans sa totalité physique ET métaphysique. Le codage post-révolution bourgeoise permet au banquier de faire son beurre et à Darwin de lancer la science dans un nouveau paradigme. Mais en termes de sens une chose n’a rien à voir avec l’autre : le banquier est le but même du changement de machine sémantique, pas Darwin qui n’en est qu’une retombée bénéfique pour les sciences empiriques. C’est Anaxagore que l’ont condamne par impiété, pas Darwin. Donc, une certaine autonomie des sciences a été obtenue grâce au nouveau codage dont parle Drac. Mais le codage est plus fort... et cette autonomie ne pouvait durer : advient la classification phylogénétique (en elle-même une avancée) et on fini par lui faire dire que l’homme est un singe au lieu de lui faire dire que les singes sont paraphylétiques, comme par exemple les poissons le sont. "L’homme est un singe" est donc une imposture scientifique. Dans la machine sémantique qui se passe de dieu, "L’homme est un singe" ce n’est plus de la science. C’est le codage qui code sur du codage. Jusqu’en 2030 ou au-delà... mais le néant est déjà là. Tu dis que Drac se trompe sur le moment où le nouveau codage adviendra, mais nous sommes tous d’accord sur le fond.

     

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    • #2033774
      Le Août 2018 à 10:21 par JP
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      Tu dis que Drac se trompe
      Pas exactement. Je dis que je diverges, je dis pas qu’il se trompe.

      Je crois pas le surestimer en pensant que mes arguments, il est capable d’y avoir déjà pensé, mais il aurait aussi des contre-arguments. Et il aurait simplement choisi de ne pas parler de tout ça.

      Ensuite sa formulation de la machine sémantique n’est pas aisée à saisir. Je supposes qu’il a voulu éviter l’emploi de mots trop connotés (trop liés à une machine sémantique particulière ?) qui auraient induits des malentendus. Résultat : "la machine". On a échappé à "le bidule avec un machin, qui disent des trucs dans la tête des gens", mais on est pas si loin de ça. J’ai fini par sortir du brouillard lorsque j’ai réalisé que sa machine ressemblait à des idées que j’avais déjà ruminées. Mais je ne suis pas certain que nos machines respectives soient complètement semblables. Donc peut-être que nous ne parlions pas exactement de la même chose, en réalité.

      Bon, c’était un point de détail, mais c’était l’occasion de signaler que je n’avais pas laissé tomber notre conversation. Sur le reste, c’est plus compliqué, je reviendrai lorsque j’aurai plus de temps et de neurones disponibles.

       
    • #2034215
      Le Septembre 2018 à 01:59 par Pelagia
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      Merci pour ces nouveaux apports, JP.

      "Tu dis que Drac se trompe"

      "Pas exactement. Je dis que je diverges, je dis pas qu’il se trompe."

      Corrigeons donc le tir. Effectivement ce que Drac dit vraiment dans sa vidéo c’est que lui, il y a une dizaine d’années, n’osait pas avancer une date mais que LES SPÉCIALISTES (donc pas Drac lui-même) prétendraient qu’un effondrement du baratin dominant devrait se produire entre 2030 et 2050. C’est d’après ces dates que Drac pense que s’il meurt vers 2045 à l’âge de 75 ans il verra le début de l’effondrement mais pas le début de la renaissance (ce sont ces mots). Et c’est sur ce point que tu n’es pas d’accord avec lui : rappelle-toi ton commentaire du 23 août à 10:57 sur l’autre entrée, celle avec les vidéos de Drac. Pour toi, si j’ai bien compris ta position, le déni de réalité permettant de donner continuité au "codage" en cours, peut encore durer beaucoup plus longtemps, en allant au delà de l’effondrement lui-même. C’est là où je serais prêt à te rejoindre. Ce que tu dis est parfaitement possible, pourquoi pas, mais il ne faut pas oublier non plus que le retour au réel finit toujours par se produire qu’on le veuille ou pas et que donc un nouveau "codage" finit toujours par être nécessaire. En 2045 ou en 2145... mais les plugs anaux géants et les vagins de la reine à Versailles, les gosses de 11 ans qui deviennent des drag queens, les scientifiques qui affirment au premier degré que nous sommes des singes (etc.), tout ça ne peut que trouver, à mon entendement, que deux issues qui s’excluent l’une l’autre :

      1. Les élites dominantes ayant lancé tous ces processus obtiennent gain de cause et installent durablement à l’avenir toutes ces inversions de réalité. La masse populaire, l’esprit violé, accepte docilement et même dans la joie tout ce qu’on lui impose, et même qu’elle le demande au quotidien. Les fondamentaux anthropologiques ayant sautés en mille morceaux... c’est parti pour 3500 ans de stabilité.

      2. Les élites dominantes ayant lancé tous ces processus, ayant ou n’ayant pas à subir une révolution, finissent par accepter un juste milieu, un compromis. Les fondamentaux anthropologiques restent plus ou moins en place... et c’est parti pour 3500 ans de stabilité.

      Je pense que, en tant que prédiction d’avenir, c’est plutôt la deuxième hypothèse qui se produira. La première relève davantage de la science-fiction… quoique parfois c’est la science-fiction qui l’emporte...

       
    • #2035502
      Le Septembre 2018 à 10:23 par JP
      Peut-on dire que "l’homme est un singe" ?

      @Pelagia

      Je dois préciser que je n’ai regardé que la vidéo la plus courte, Qui a suscité en moi surtout des "Meskeskidi ?". Alors je n’ai réellement réfléchi qu’à partir de la transcription faite dans les com par Sam Wang.
      Donc je n’ai pas remarqué ces histoires de prédiction par des "spécialistes". Vous me l’apprenez, et je me demande comment on peut faire cette prédiction.

      Ensuite je me suis interrogé sur le choix de ce chiffre de 3500 ans. Mais l’air de rien, si on considère l’Histoire grecque qui vous est chère, et bien, 3500 ans plus tôt, ça nous amène à ses débuts, les Mycéniens, auxquels succédèrent plusieurs siècle d’une période obscure qui accoucha de la Grèce Antique. Et notre civilisation européenne qui en est issue, elle a encore eu sa période obscure après la chute de Rome. Tout ça pour dire que 3500 ans de stabilité, ce n’est pas une évidence suggérée par l’Histoire.
      En même temps, l’Histoire me semble indiquer quelques principes intéressants que vous capterez facilement (mes services d’espionnage ont déterminé avec une certitude absolue que vous aviez quelques notions de l’œuvre de Mr. Darwin).
      Le remplacement des Mycéniens semble corrélé avec une importante mutation technologique, l’apparition du fer au lieu du bronze. C’est une modification des conditions de vie qui entraine une évolution.
      Inversement, si Rome avec Auguste se fige dans un moment Souslovien qui va durer quatre siècles, cette durée n’est possible, à mon avis, que parce que Rome n’a alors plus de compétiteur (sauf les Parthes, mais ils sont trop loin pour être réellement une menace).

      En résumé : le rôle important des modifications des conditions et/ou de la concurrence. Et voilà comment le code mute.

      Donc nous pourrions imaginer que notre moment Souslovien s’interrompe dans pas si longtemps, lorsque Notre Dame de Paris sera réutilisée pour le Christianisme Orthodoxe (et les Champs Elysées pour, enfin, y faire défiler les chars russes).

      Par contre, si par malheur la planète se dotait d’un gouvernement mondial fort, aucune mutation technologique ne sera autorisée si elle constitue un risque de changement, et aucune invasion ne viendra nous délivrer. Et on en prendra pour des milliers d’années Sousloviens : une masse abrutie dirigée par des malades. Selon moi, c’est le plus terrible des dangers du projet mondialiste.

       
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