Egalité et Réconciliation
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La crise a renforcé le glissement du pouvoir mondial

Jamais, dans l’histoire du World Economic Forum (WEF), l’économie n’a aussi clairement déterminé l’agenda politique et les rapports de pouvoir. La perception brutale de l’affaiblissement intérieur de Barack Obama, après la perte de sa super-majorité au Sénat et son discours sur l’état de l’Union, ajoute à la sensation d’un leadership fragmenté, en voie de recomposition durable.

Davos, cette année, compte les absents. Les États-Unis n’ont envoyé aucune personnalité de premier plan- Pour l’Europe, Nicolas Sarkozy à fait le spectacle, mais les autres grands de l’Union. Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, sont restés à la maison. Le Vieux Monde, en convalescence fragile de la crise qui l’a particulièrement touché, est à ses affaire intérieures.

La Chine a envoyé à Davos la plus grosse délégation de son histoire. Le vice-premier ministre, Li Keqiang, a fait sa première apparition publique dans une enceint d’un tel niveau. Il a été écouté comme un oracle, évoquant le large éventail de thèmes sur lesquels la position chinoise désormais compte : climat, changes, commerce, propriété intellectuelle, croissance, régulation financière. L’assurance de son discours, vantant les performances économiques du pays, aura finalement constitué le point fort du Forum. Parce qu’il illustre ce « power shift », ce glissement du pouvoir mondial que la crise a renforcé, et qui est la formule du moment.

Alors que la Chine, l’Inde ou le Brésil, presque épargnés par le tsunami financier, expliquent comment ils vont investir leurs nouveaux millions, les États-Unis et les pays européens se demandent à quel rythme ils devront économiser ceux qu’ils ont versés dans leurs plans de relance. Et à quel prix cette dette monstrueuse sera résorbée : inflation, augmentation des impôts, coupes dans les budgets publics ?

Plan de déstabilisation de la Grèce

La situation de la Grèce a dominé les discussions au WEF vendredi, sur fond de rumeurs persistantes d’un plan de sauvetage européen.

Konstantine Gatsios, professeur d’économie à l’Athens University of economics and business, reconnait que la situation est critique. Athènes doit emprunter cette année entre 50 et 60 milliards d’euros pour financer sa dette. Mais il s’étonne qu’on fasse de son pays un exemple alors que l’économie grecque est moins puissante que les économies espagnole et italienne, qui sont toute deux en grande difficulté et dont l’impact sur l’euro est beaucoup plus important. Le feu continu d’attaques révèle, a-t-on l’impression, un agenda caché. Les Allemands auraient un intérêt dans la crise qui secoue la zone euro. Car celle-ci est susceptible d’affaiblir la monnaie unique et de favoriser les exportations allemandes.

Directeur des archives historiques de la Banque de Grèce, Gerassimos Notaras pense même qu’en cherchant à affaiblir la Grèce, les Britanniques et les Américains cherchent à faire plier Athènes à leur vision de de la politique étrangère par rapport à Chypre, l’Afghanistan ou l’Irak.

Face aux pressions extérieurs, Savas Robolis, directeur de l’institut du travail met en garde : « En Grèce, 14% des salariés sont des working poor (7% dans l’UE). 64% des 2,4 millions de retraités touchent moins de 600 euros par mois. Baisser les salaires et les pensions serait le chemin direct vers une grave crise sociale ».

Projet d’« Union asiatique »

Le premier ministre japonnais, Yukio Hatoyama, a proposé de partager la prospérité avec l’Asie, la nouvelle « frontière » que le japon doit « explorer ».

Lors d’un long discours de politique générale, M. Hatoyama a évoqué son projet de communauté asiatique, sur le modèle de l’Union européenne. « L‘Asie est la frontière que le Japon doit explorer en tant qu’arène pour nos actions au sein de l’économie mondiale« , a-t-il dit.

« Nous devons partager la prospérité. Cela devrait créer une nouvelle demande dans la région et contribuer à soutenir la croissance économique« , a-t-il ajouté.