Egalité et Réconciliation
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Enfin toute la vérité sur la Russie !

Romain Bessonnet est un ancien militant communiste et secrétaire de cellule, en charge de la solidarité internationale d’une fédération du mouvement des jeunesses communistes, responsable de ville et membre du collectif national de l’Union des étudiants communistes.

Il a quitté le PCF en 2001, car il était opposé à la résignation de ce parti face à l’Europe fédérale et en colère contre l’abandon des principes républicains qui était « flagrant dans le cadre des Accords de Matignon sur la Corse ».

A cette époque, il rejoint le Mouvement des citoyens (MDC), futur MRC, qu’il n’a pas quitté depuis.

Romain Bessonnet a été responsable de la campagne « jeunesse » de Jean-Pierre Chevènement dans la région Ouest en 2002.

Il présente un cursus universitaire en Droit et Sciences Politiques, ainsi qu’en russe. Passionné par le pays de Pierre le Grand, lassé par la propagande russophobe occidentale, il essaie de combattre les mensonges et les contrevérités qui circulent sans cesse à l’encontre de ce grand pays.

1) Pouvez-vous expliquer brièvement le principe de "démocratie souveraine" défendu par Vladimir Poutine ? Sur quels axes s’articule ce principe ?

La démocratie souveraine est l’un des concepts clefs de la politique du pouvoir russe. Il a été élaboré par le premier adjoint au chef de l’administration présidentielle, Vladislav Surkov. Elaboré et formalisé par deux articles de presse, dont un, fondamental, dans la revue Expert en 2005, intitulé Nationalisation du futur. Ce concept est né après les années 90 qui avaient vu les idées ultralibérales et occidentalistes l’emporter et être portées, avec Boris Eltsine, Egor Gaidar, Anatoly Tchoubaïs, ou Andrey Kozyrev, à la tête du pouvoir, et ce, jusqu’en 1998.

Il traduit une volonté de rupture avec cette époque à partir de plusieurs axes :

  • la fin de l’influence étrangère sur la politique russe (intérieure comme extérieure) : que cette influence vienne de l’Ouest (lobbies de Soros, Radio Free Europe, radio financée par le Congrès des USA qui avait une fréquence FM sur tout le territoire russe …) ou de pays musulmans dans les républiques musulmanes de la Fédération de Russie (certaines organisations « humanitaires » saoudiennes, cachaient en réalité une tentative de mainmise sur les autorités religieuses de l’Ingouchie ou du Daghestan).
  • la fin de la mainmise étrangère sur la politique économique russe : remboursement total de la dette extérieure contractée auprès du FMI, création du fonds de stabilisation (qui a servi lors de la crise de 2008-09) pour ne plus avoir à recourir à cette organisation de sinistre mémoire en Russie (c’était le FMI qui était le principal soutien aux « réformes » sous Eltsine lors de la tragique « thérapie de choc »).
  • rôle d’orientation de l’État dans l’économie, comme garant du long terme : Vladimir Poutine a, dès 1999, finalisé la conception de l’État en matière de privatisations et mis sur pied la loi fédérale de 2002 sur les privatisations, qui prévoit expressément que des secteurs stratégiques, sont exclus du champ des privatisations : gaz, pétrole, industrie militaire et aérienne, …

2) Vladimir Poutine avait évoqué "une dictature de la loi". Ce propos en avait étonné plus d’un en France. Qu’entend-il exactement par là ?

Il entend que la loi doit être appliqué en Russie à tous et partout :

  • plus question que certaines républiques ou régions s’exonèrent de leurs obligations ;
  • plus question que les entreprises échappent au paiement de l’impôt ;
  • plus question d’avoir des zones grises (comme la Tchétchénie par exemple) où prospèrent criminalité et contrebande ; fin de l’anarchie dans le secteur des finances publiques ou des banques.

3) Existe-t-il un risque de voir la Russie frappée par une "révolution Soros" appelée aussi "révolution colorée" ?

Non, ce risque n’existe pas. Car aujourd’hui l’opposition libérale financée par l’étranger n’a aucune prise sur la société russe. Elle n’est présente que dans quelques grands centres urbains.

Seul le parti communiste de la fédération de Russie (KPRF) a une réelle implantation sur tout le territoire et il s’opposera à une telle sédition. Car, il existe un consensus entre les partis au pouvoir (Russie unie et Russie juste) et le parti communiste (17% des voix aux élections générales) sur l’essentiel à savoir l’indépendance nationale et la politique extérieure. Contrairement à l’Ukraine, et la Géorgie, le pouvoir russe a une véritable implantation politique dans la jeunesse (avec des groupes comme les Nachis ou la Jeune Garde notamment). Enfin, Vladimir Poutine a montré à plusieurs reprises qu’il était à l’écoute des mouvements de protestation sociale qui, çà et là, peuvent émerger dans les régions. Comme à Pikalevo par exemple (dans cette usine appartenant à Oleg Deripaska, grand businessman russe, les salaires n’étaient plus versés depuis plusieurs mois), Poutine s’était déplacé après que les habitants avaient barré l’autoroute de la région. Après cet épisode, Deripaska avait été convoqué au Palais du Gouvernement, où après un rappel à l’ordre de Poutine, les arriérés de salaire avaient été intégralement réglés.

4) Que savez-vous des organisations telles que l’Union slave et la DPNI ? Qui sont les hommes qui dirigent ces mouvements ? Qui les financent ?

La DPNI (mouvement contre l’immigration illégale) est une organisation qui date du début des années 2000 et qui, surfant sur la guerre de Tchétchénie, a développé une politique de haine et a fait la promotion d’exactions contre les nationalités non-russes établies dans la partie européenne de la Russie (principalement Moscou et Saint-Petersbourg). Parmi ses chefs on trouve des gens comme Alexandre Potkine (de son vrai nom Alexandre Belov), qui est son éminence grise au niveau national et fondateur de la DPNI. Ce personnage a été l’homme de confiance de Boris Fyodorov, ancien ministre des finances sous Eltsine (1992-1994), quand celui-ci fut candidat libéral aux législatives de décembre 2003, lui-même très proche de Boris Berezovki.

L’Union slave est une organisation dissidente de la RNE (unité nationale russe), auxquels ils reprochaient sa trop grande proximité avec les communistes et son inaction. Ils sont considérés comme les troupes de choc de la DPNI, commettant des assassinats d’étrangers ou de citoyens de confession non-orthodoxe. La biographie de ses chefs et ses financements sont très opaques.

Ces organisations se plaignent de « harcèlement » par les autorités qui les ont classées comme extrémiste. En effet, en faisant monter la haine, à grand renfort de publicité dans les médias étrangers, ils sont utilisés, consciemment, par les ennemis de la Russie comme l’incarnation d’un « peuple russe imbécile et raciste ».

De plus, en interne ils promeuvent une idéologie visant à lâcher le fardeau des républiques non-russes ethniquement pour recentrer le pays sur sa partie européenne jugée « ethniquement pure ». En fait, avec les élites occidentales, ils sont l’autre face de la même médaille : d’un côté on encourage le séparatisme dans les républiques non-russes et de l’autre on finance, on promeut et on tend le micro à ces organisations qui exigent de l’État le retrait de ces territoires. L’ensemble ayant en commun de vouloir démembrer la Fédération de Russie. Ils organisent chaque année, à l’occasion du jour de l’unité des peuples de Russie (sorte de fête nationale), la « marche russe » à Moscou. Ce rassemblement regroupe la plupart de ces organisations nationalistes, et a pour but de faire de l’ombre aux manifestations organisées par le gouvernement et les membres de Russie unie ou Russie juste (partis soutenant Poutine et Medvedev) ainsi que leurs organisations de jeunes. Cette manifestation est couverte largement par la presse occidentale, ainsi que ses mots d’ordre les plus extrémistes. D’ailleurs certaines organisations comme le mouvement eurasiatique d’Alexandre Douguine ou le parti « Rodina » ont quitté cette manifestation quant ils se sont rendu compte de son contenu et des implications politiques qu’elle comporte.

5) La Russie serait touchée par un « hiver démographique ». Qu’en est-il réellement ?

L’année 2008 a été la première où le chiffre des naissances a dépassé celui des décès. La stabilité économique, politique et sociale a beaucoup contribué à ce bon chiffre. Les premières statistiques pour 2009 confirment ce chiffre malgré la crise. Les projets nationaux mis en place et en cours depuis 2006 comportaient une action destinée au redressement démographique (aides aux familles, rénovations de crèches et jardins d’enfants, restaurations de maternités).

6) La corruption est-elle aussi généralisée en Russie qu’on le prétend en Europe de l’ouest ? Les autorités russes tentent-elles de l’endiguer et y parviennent-elles ?

Premièrement, contrairement à ce que l’on dit en France, le pouvoir russe, reconnaît ce problème, son ampleur, et le combat. En 2008 et 2009, toute une série de mesures ont été prises au niveau fédéral :

  • 2 lois sur la lutte contre la corruption ;
  • mise en place d’un comité d’État de lutte contre la corruption ;
  • instauration d’un système de « réserve de cadres » (car le plus grand problème pour les autorités étaient que si on révoquait un cadre pour corruption on ne savait pas qui mettre à la place).
  • Ces mesures connaissent leurs premiers effets : actuellement on limoge un gouverneur tous les mois, pour divers faits de corruption ou pour inefficacité. Au sein du ministère de l’Intérieur, une vaste purge est en cours depuis le mois de septembre 2009 (le ministre de l’Intérieur de l’Ingouchie a été limogé après un attentat contre une caserne de la milice dans cette république).

7) On reproche souvent à Vladimir Poutine d’avoir remis la Russie au centre du jeu en s’appuyant uniquement sur les matières premières et plus particulièrement le gaz. Est-ce une critique justifiée ? La Russie essaie-t-elle d’élargir sa puissance économique à d’autres domaines ?

C’est un reproche infondé. D’abord, depuis septembre 1998 et jusqu’en septembre 2008, la production industrielle a connu une augmentation continue. Dans le domaine agricole, la Russie est autosuffisante en céréales depuis 2006 (ce qui n’était plus le cas depuis 1917) par exemple.

8) Pouvez-vous décrire la teneur des rapports entretenus par la Russie avec le Bélarus, la Chine, l’Inde, l’Iran et le Venezuela ?

Et comment la Russie voit-elle l’Union européenne ? Comme un possible allié ou comme un ennemi ?

Le Bélarus est en voie d’intégration, même si parfois il peut y avoir quelques heurts avec la Russie. Cette intégration a lieu dans tous les domaines : économique (l’union douanière Russie-Kazakhstan-Bélarus sera complètement effective au mois de juillet 2010) ; militaire (800 soldats russes sont stationnés au Bélarus ; le système de DCA des deux pays a été unifié l’an dernier) ; politique (la Russie n’a jamais fait défaut aux Biélorusses dans les difficultés qu’ils ont rencontré avec l’UE ou les USA par exemple). Les épisodes laitiers ou gaziers ne sont que des épiphénomènes face à ces tendances lourdes.

La Chine est un partenaire privilégié pour la Russie dans sa partie asiatique. Dans le cadre de l’Organisation de Coopération de Shanghai, ces deux puissances ont en fait établi une coopération durable et avantageuse pour chacun dans tous les domaines. De plus, ces deux pays ont une convergence réelle de vue sur la plupart des sujets internationaux au Conseil de Sécurité : Iran, Irak... Enfin, la Russie souhaite faire de la Chine un client alternatif aux Etats européens pour ses hydrocarbures.

L’Inde est un partenaire de longue date de la Russie, dans tous les domaines (depuis Nehru et Indira Gandhi) et un grand client de matériel militaire russe. La Russie a engagé des pourparlers avec l’Inde pour envisager une coordination des efforts sur la question afghane (les Russes pensent déjà à l’après-OTAN et comment contenir les risques qui vont naître de cette nouvelle situation).

L’Iran est une puissance avec laquelle les relations ne sont pas simples. Ces deux grands empires se disputent historiquement l’influence en Asie centrale. Pour Moscou, la crise iranienne est un symbole de l’unilatéralisme américain auquel il faut mettre un terme, au profit d’un monde multipolaire. C’est pour cela que la Russie souhaite être le garant d’une solution pacifique et négociée. Toutefois, que ce soit Medvedev ou Poutine, à Moscou on refuse catégoriquement l’arme nucléaire à l’Iran, mais en même temps, la Russie veut s’affirmer dans ce conflit comme grande puissance régionale en Asie mineure que ce soit du point de vue iranien en lui fournissant les moyens de s’équiper en énergie nucléaire et en armement classique, et du point de vue occidental en étant la porte de sortie du conflit à travers le chemin diplomatique (la Russie se verrait bien la garante de l’enrichissement d’uranium sur son territoire).

Le Venezuela est son principal allié stratégique en Amérique latine. Le combat contre l’impérialisme américain et une certaine idée de l’État-Nation ont rapproché ces deux pays, notamment au plan politique (le Venezuela a reconnu le 15 septembre 2009 l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud), militaire (un accord russo-vénézuélien prévoit la possibilité pour l’aviation et la flotte militaire russe d’utiliser librement les installations militaires vénézuéliennes) et économique (par exemple en février 2010 la Russie a signé avec PDVSA un accord pour réaliser un forage pétrolier sur l’Orénoque, avec un investissement de 20 milliards de dollars). Toutefois, il demeure quelques divergences sur la politique extérieure : le soutien inconditionnel du Venezuela à l’Iran et les positions violentes de Chavez vis-à-vis d’Israël font l’objet de discussions parfois orageuses entre les diplomaties de ces deux pays. De plus, le Venezuela poursuit une voie socialiste, face à laquelle une partie du pouvoir russe (autour du ministre des finances Koudrine et du président Medvedev) est pour le moins dubitative.

Pour les Russes l’UE est perçue comme un ensemble faible, aligné sur les États-Unis (notamment via l’OTAN), corsetant les États membres, et ceci étant, agissant souvent contre les propres intérêts des États européens.

Un politologue membre de l’administration présidentielle, Gleb Pavlovski, a confié que les dernières élections au Parlement européen sont un signe inquiétant pour le pouvoir russe. Essentiellement en raison de la forte abstention et de la progression en Europe de l’Est de partis irrédentistes (notamment en Roumanie, Hongrie, Slovaquie) et donc on redoute une implosion de l’UE qui pourrait dégénérer en conflit armée.

9) Quelle est la crainte la plus largement partagée par la population russe aujourd’hui ? Et la plus grande crainte des autorités ?

La population russe craint que la crise économique s’installe et ramène l’instabilité sociale et politique qui caractérisait la période antérieure à la prise de pouvoir de Vladimir Poutine.

Le pouvoir russe craint une montée de la pression sociale sous l’effet conjugué de la mauvaise gestion dans les entreprises privées et dans les administrations en raison de la corruption. Enfin, dans l’équipe de Medvedev on pense à la reprise, pour entamer la modernisation de l’économie.

10) Qu’en est-il des brimades subies par les ressortissants russes en Estonie et en Lettonie ? Simple propagande du Kremlin ? Ou tragique réalité ?

C’est bien une réalité ! Dans ces pays, les russophones ont un statut quasiment unique au monde : ils sont non-citoyens. Ils sont nés et/ou ont habité toute leur vie dans ces républiques (à l’époque soviétique) et du jour au lendemain, ils ont été privés du droit de vote, du droit de travailler (en effet il leur est interdit d’être fonctionnaire, médecin, avocat, notaire...), du droit de faire usage de leur langue, que ce soit dans les administrations, l’enseignement ou au travail (la non-maîtrise de la langue étant considérée comme un motif valable de licenciement par les tribunaux de ces pays).

Et en plus, ces populations sont méprisées dans ce qui constitue le fondement de leur identité : le rapport à la Grande Guerre Patriotique. En effet, des anciens waffen-SS sont députés. Le jour de création de la division waffen-SS lettone est quasiment un jour de fête nationale, avec dépôts de gerbes par les autorités et manifestations dans les rues. Enfin, on met en prison un partisan communiste qui a combattu les nazis (M. Kononov). Je rappelle aux thuriféraires de l’Union européenne, que ces pays défendant prétendument les valeurs démocratiques et antifascistes sont aussi membres de l’UE. UE présentée comme phare de la démocratie !

De plus, du fait de la situation économique, cette population ressent plus fortement encore que les « citoyens » les mesures antisociales de leur gouvernement (diminution des retraites, augmentation de 30% des charges communes dans les logements).

11) D’aucuns jugent le potentiel militaire russe totalement obsolète et leur doctrine militaire dépassée. Une erreur d’appréciation des Occidentaux ou un constat lucide ?

L’opération d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie d’août 2008 a montré les insuffisances de l’armée russe (moyens de transmission obsolètes, mauvaise coordination entre armée de l’air et troupes au sol). Le président Medvedev et le Premier Ministre Poutine ont lancé une grande réforme des forces armées russes en septembre 2008 : diminution du nombre d’officiers supérieurs, concentration des moyens sur l’achat de nouveaux matériels et sur la modernisation de l’aviation militaire et la marine.

12) Eltsine et Gorbatchev sont deux hommes de l’histoire russe contemporaine très appréciés à l’Ouest. Comment les Russes les perçoivent-ils ?

Gorbatchev, était l’homme le plus haï jusque dans les années 2000. Il était considéré comme le liquidateur de l’URSS. Ces dernières années, cette opinion s’est apaisée. Il est devenu un personnage tragique qui n’a pas pu maîtriser les changements positifs qu’il avait initié.

Eltsine quant à lui est vraiment détesté. Il est vu comme celui qui a vendu le pays aux puissances de l’argent et au parti de l’étranger. Toutefois, on lui pardonne cela car il était alcoolique, donc malade, et qu’il a quand même désigné Vladimir Poutine comme son héritier à la présidence.

13) Khodorkovsky et Berezovsky sont présentés par les média occidentaux comme des victimes de la « dictature russe » et comme des résistants à la « tyrannie poutinienne ». Que savez-vous sur ces personnages ? Des informations sont-elles passées sous silence à leur sujet ?

Berezovsky était, dans les années 90, le plus influent et le plus connu des oligarques. Il a édifié sa fortune par la vente de Lada dans le cadre d’une joint-venture avec des investisseurs italiens. Toutefois, avec l’argent de la société il a acheté des actifs dans le secteur pétrolier et a liquidé sa société de voitures, laissant ses investisseurs sur la paille. Grâce à cette affaire il va faire beaucoup d’argent, notamment en fraudant les droits de douanes et les contingents pétroliers à l’exportation en faisant transiter ses hydrocarbures par la Tchétchénie. Il va ensuite fréquenter assidûment le club de tennis du président Eltsine. Lieu où se partage le gâteau des privatisations. Il va se faire privatiser la première chaîne de TV (ORT) et faire assassiner son directeur, Vladislav Listiev. Ce journaliste est un pionnier de la TV de la glasnost avec l’émission de jeunesse « vzglyad » ou « tchas pik », dans laquelle il brocardait politiques ou chefs d’entreprises. Il refusait de recevoir des ordres quant à la « ligne éditoriale » de la chaîne (notamment le montage de vidéos compromettantes, diffusées en « prime time » contre les adversaires politiques du « boss »).

Lors de l’élection présidentielle de 1996, tous les sondages donnent Guennadi Ziouganov, chef du parti communiste russe, vainqueur de l’élection. Boris Berezovsky va exécuter un plan en deux temps : rassembler ses amis oligarques (Goussinsky, Khodorkovsky, Potanine…) avec un mot d’ordre : « Il y a le feu à la baraque et il faut mettre la main au portefeuille. ». Et ses associés entendent bien le discours et vont ouvrir une ligne de crédit illimitée au candidat Eltsine, confiée à Anatoly Tchoubaïs (le père des privatisations) et utiliser (à son corps défendant) le général Lebed, candidat patriotique, pour prendre des voix aux communistes (l’un des bailleurs de fonds de Lebed est à cette époque un certain Gary Kasparov) et ensuite appellera à voter Eltsine en lui donnant le poste de secrétaire du conseil de sécurité de la Fédération de Russie.

Une fois Eltsine réélu, Berezovsky prend, avec ses compères, les rênes du pouvoir. Ils vont continuer à sucer le sang de l’économie russe tels des vampires, en se répartissant les gisements pétroliers et les matières premières. Résultat : krach complet du système financier en août 1998.

Berezovsky, durant cette période de relative paix en Tchétchénie, va financer le chef islamiste le plus dur et « premier ministre » tchétchène Chamil Bassaev. Avec l’aide de ses amis de la mafia locale bien entendu, il perçoit aussi des commissions pour que Moscou ferme les yeux et laisse la frontière ouverte aux trafics divers et variés (armes, drogues, pétrole, métaux précieux...) en cours en Tchétchénie à cette époque. En 1996, il devient adjoint au secrétaire du conseil de sécurité de la Fédération de Russie, où le FSB l’accuse de transmettre des informations sensibles vers des Etats étrangers (en l’occurrence Israël, les USA et la Grande Bretagne) et de désinformer le président Eltsine sur le conflit yougoslave et la situation en Tchétchénie. Il répondra en sortant de son chapeau un certain Lieutenant-colonel du FSB Litvinenko (son « ami » depuis 1994) qui accusera la haute hiérarchie du FSB d’avoir ordonné l’assassinat de l’oligarque, après son éviction de l’institution en 1998.

Le 17 novembre 1998, commence le déclin de l’oligarque. En effet, ce jour-là, celui qui était aussi à cette époque le ministre de l’Intérieur de Russie, Sergueï Stepachine (aujourd’hui président de la Cour des Comptes de Russie), remet en main propre un rapport au Premier Ministre Evgueni Primakov, chevalier de la lutte anti-corruption. Ce document fait état de transferts illicites d’argent liquide vers la Suisse, de son blanchiment et du retour de ces capitaux frauduleux.

Au cœur de ces opérations illégales se trouve : Boris Abramovitch Berezovsky.

Primakov prend une résolution qui ordonne aussitôt une enquête administrative et judiciaire pour transfert illicite de capitaux et fraude fiscale à l’encontre des auteurs. Berezovsky commence alors une campagne contre Primakov et son entourage qui se termine par la destitution de ce Premier Ministre gênant.

Il tombe en disgrâce quand Poutine devient président et réclame le retour à l’État de l’Aeroflot, de sa chaîne ORT et de ses avoirs pétroliers, ainsi que le paiement de ses arriérés d’impôts. Face à cela, Berezovsky se réfugie en Grande-Bretagne. Certaines sources affirment qu’il est agent d’influence de l’Intelligence Service.

Quant à Khodorkovsky, à la fin de l’URSS, il va avec des copains de fac (comme Sergueï Monakhov) piquer la caisse de sa section des jeunesses communistes et avec ces fonds, ils vont faire de la « spéculation » de marchandises d’importations (faux cognac, matériel informatique...) puis vont créer une banque, la Menatep, qui se spécialise dans le blanchiment de l’argent de la mafia moscovite (la bande de Solntsevo) et ouzbèke.

Avec cet argent, ils vont commencer à se lancer dans l’aventure des privatisations, en rachetant pour une bouchée de pain les entreprises les plus rentables de l’économie russe dans divers domaines (matériaux de construction, engrais …), le tout en étant vice-ministre de l’industrie pétrolière en 1992-93.

En 1995, Eltsine et ses ministres de l’Intérieur et de la Défense ont un problème : les caisses sont vides pour mener la guerre en Tchétchénie. Berezovsky et Khodorkovsky vont proposer à Eltsine et son éminence grise Korjakov (chef de la sécurité présidentielle) d’échanger des crédits en dollars gagés sur les entreprises d’État les plus rentables (pétrole, nickel, aluminium...).

Marché conclu ! C’est grâce à ce système diabolique que Khodorkovsky va acquérir la compagnie pétrolière Ioukos.

Avec sa banque, Khodorkovsky, va en plus se servir dans la caisse de l’État russe en plaçant les obligations d’État et en prélevant sur celles-ci des commissions prohibitives, ce qui amènera à la cessation de paiement de la Russie en août 1998. A l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, celui-ci lui demande, en 2002, de remettre la plus grande partie de ses avoirs pétroliers à l’État contre une somme modique. Celui-ci s’y refuse et se met à monter un courant politique libéral en utilisant les ressources de son entreprise et d’autres entrepreneurs pour reprendre le pouvoir perdu en 2000 et refaire le coup de 1996, mais cette fois contre Poutine. Celui-ci a alors laissé tomber la voie amiable et a déclenché des poursuites pour fraude fiscale.

Pour le reste je ne ferai que citer Vladimir Poutine :

« Les propos actuels traitent de délits économiques. Parlons précisément, la liquidation de la compagnie Ioukos a été initiée par des créanciers, des banquiers occidentaux. Et cette liquidation a été effectuée en accord complet avec la législation russe.

« Je n’ai jamais parlé de cela publiquement, mais maintenant je le dis : Les fonds tirés de la vente des actifs de la compagnie Ioukos ont été transférés au Budget de l’État, mais pas juste au Budget. Quand cela s’est produit et que la part principale des fonds a été reçue en 2006, j’ai convaincu mes collègues que nous ne devons pas seulement transférer ces sommes au budget de l’État et les répartir à l’intérieur, ou bien les mettre en réserve, même si ces réserves nous seraient bien utiles, mais s’en servir en direction de situations beaucoup plus critiques.

« Si, il y a quelques temps, cet argent a été volé au peuple, il faut le rendre à ce même peuple. Et en outre, pas juste à une masse indéterminée de gens, mais à des gens concrets – ceux qui se sont retrouvés dans les conditions de vie les plus dures après des événements économiques difficiles, je dirais même tragiques, au début et au milieu des années 90 ; en l’occurrence les catégories les plus défavorisées de citoyens de la Fédération de Russie. A partir de ces fonds, provenant de la réalisation des actifs de la compagnie Ioukos, nous avons créé un fonds pour le service public d’exploitation des logements et des parties communes, que nous avons abondé avec 240 milliards de roubles (6 milliards d’euros, ndt).

« Le résultat du travail tiré de ce fonds a déjà bénéficié à 10 millions de personnes. Nous avons réparé leur maison ou leur habitation, 150 000 personnes ont vu de véritables taudis transformés en logements neufs. Le fonds va continuer à fonctionner. Ces fonds ont aussi été affectés à des œuvres de charité dans les villes et les villages de la Fédération de Russie.

« En ce qui concerne l’autre composante, je veux parler de la bien-nommée composante criminelle, là aussi nous allons opérer strictement dans le cadre de la législation russe.

« Personne ne se rappelle malheureusement qu’en détention il y à aussi un des chefs du service de sécurité de la compagnie Ioukos. Pensez-vous qu’il a agi à sa guise, sous sa seule responsabilité et pris seul ce risque ? Il n’avait pas d’intérêts concrets. Il n’est pas actionnaire principal de la compagnie. C’est clair, qu’il agissait pour les intérêts et sur instruction de ses patrons. Mais comment a-t-il agi ? Là des meurtres sont prouvés : on en dénombre cinq.

« Il leur fallait agrandir leur bureau pour se réunir à Moscou, ils étaient intéressés par le magasin d’à coté appelé « le thé ». Une femme était à la tête de cette petite entreprise commerciale. On l’a appelé, on a exigé d’elle de céder la propriété du magasin. Elle a refusé – le tueur lui a tiré dessus sur le pallier, sous les yeux de son mari.

« Et le maire de la ville de Nefteyougansk, où était implanté une installation industrielle de la compagnie Ioukos, qu’exigeait-il de la compagnie ? Le paiement des impôts. On l’a assassiné pour cela.

« Ces gens, qui étaient utilisés par les chefs du service de sécurité de la compagnie Ioukos pour l’organisation des assassinats, un couple marié, a commencé à les faire chanter, réclamant leur dû pour ce ‘business’. On les a assassinés.

« Ce sont des crimes prouvés, prouvés par des enquêtes judiciaires et reconnus par des décisions de justice. Allons, nous n’allons pas oublier cela. (...) »

Je pense qu’il n’y a rien à ajouter à cela.

14) Berezovsky a accusé le FSB et le Kremlin d’être mêlés aux attentats de 1999. Mensonge de l’oligarque ou vérité dérangeante pour le pouvoir russe ?

Vu la moralité du personnage : corrupteur, assassin, voleur de la propriété d’État et manipulateur, en comparaison de la personnalité de Vladimir Poutine, patriote honnête, qui a redonné à la Russie le rang qui doit être le sien, ainsi que son prestige international, en même temps qu’il a ramené dans l’escarcelle de l’État le patrimoine économique et stratégique qui lui revient de droit, la question ne se pose même pas.

De plus, toutes les dernières enquêtes confirment que ce sont bien des terroristes islamistes qui ont commis ces attentats. Le seul doute qui subsiste concerne une série d’attentats qui a eu lieu en province. On penche de plus en plus pour une « piste extrémiste », liée à l’extrême-droite nationaliste russe. Des allumés qui auraient profité de la situation pour souffler sur les braises.

15) La branche action des services secrets russes est-elle derrière l’empoisonnement de Iouchtchenko (1) ? Si empoisonnement il y a eu ...

Ce qui est bizarre dans cette affaire, c’est que lors de l’hospitalisation de Iouchtchenko à Vienne, la question de l’empoisonnement n’avait pas été retenue par le médecin, puis celui-ci a changé d’avis (2).

Ensuite, en cinq ans de pouvoir orange, aucune preuve n’a été apportée sur cette affaire et aucun suspect n’a été trouvé. Etonnant non ?

Enfin, d’après les experts une réaction aussi soudaine à la prise de dioxine dans l’alimentation est impossible. La seule solution rendant plausible la thèse de l’empoisonnement serait une injection de dioxine et M. Iouchtchenko n’a pas subi d’injection en Ukraine ou en Russie avant cette affaire. Alors à votre humble avis la question du coup monté pour faire plonger la Russie aux yeux de l’opinion publique internationale (à partir d’un scénario pensé à Washington) ne peut-elle vraiment pas se poser ?

16) Quid de Litvinenko ? Utilisation du polonium-210 oui ou non ?

Qui est Alexandre Litvinenko ? Ce personnage est un ancien officier des troupes du ministère de l’Intérieur de l’URSS passé au KGB en 1988.

Il commence sa carrière dans la sécurité d’Etat au contre-espionnage comme lieutenant. En 1991, il passe à la sous-direction centrale de la lutte contre la criminalité organisée. En 1994, alors que le FSB enquête sur la tentative de meurtre dont a été l’objet Boris Berezovsky, il rencontre l’oligarque et se met à son service en parallèle de son travail pour le gouvernement. Le 17 novembre 1998, en compagnie d’autres collègues du FSB, il annonce que l’ordre d’assassiner son ami oligarque leur a été donné. Il est révoqué et passe au service de Berezovsky et des services britanniques du MI-6.

Le Daily mail confirme cette thèse en octobre 2007, en annonçant qu’il était en effet un agent de l’Intelligence Service dès la fin des années 90 et qu’il a été recruté par le directeur du service John Scarlett lui-même.

Ce dernier lui délivre un appointement mensuel de 2000 livres sterling, toujours d’après le Daily Mail mais également Lugovoï.

Il fait l’objet en 1999 de plusieurs mandats d’arrêt notamment pour corruption, abus de pouvoir, passage à tabac d’un homme en garde à vue, vols d’explosifs et vols d’armes. Alors qu’il est libéré sous contrôle judiciaire, en 2000, Litvinenko est exfiltré par le MI-6 vers la Grande-Bretagne.

A Londres, il obtient officiellement l’asile politique puis devient citoyen britannique. Il vit de l’argent que lui verse Boris Berezovsky, via sa fondation (4500 livres sterlings par mois tout d’abord puis seulement 1500).

Il se met alors au service de ses nouveaux maîtres et de l’ami de Berezovsky, le ci-devant représentant de la Tchétchénie indépendante et financier du terrorisme islamiste, j’ai nommé Akhmed Zakaiev.

Il dénigre systématiquement et jusqu’au ridicule Vladimir Poutine. Il a annoncé dans le journal polonais Rzepospolita que le FSB était responsable et avait organisé les attentats du 11 septembre 2001.

Il a aussi annoncé dans une interview accordée au site internet nationaliste tchétchène chechenpress.org que ce sont les services secrets russes qui sont derrière les caricatures publiées au Danemark contre le prophète Mahomet (source : http://www.chechenpress.org/events/...) ! Toutefois, cela n’empêche pas le MI-6 de se servir de lui pour le recrutement de nouveaux agents en Russie.

Il rencontre régulièrement des anciens collègues pour leur proposer de réintégrer les organes de sécurité russes dans le but d’agir pour le compte de la Couronne. C’est ce qu’il propose à Alexeï Lugovoï lors de leur dernière conversation en 2006. Tout d’abord, on ne sait pas aujourd’hui si le polonium est la cause de la mort de Litvinenko (d’après Jaurès Aleksandrovich Medvedev, physicien et dissident très connu, un empoisonnement au polonium 210 est quasiment impossible). De plus, aucune trace de ce polonium n’a été détectée dans aucun aéroport. En effet, la piste hambourgeoise a été refermée par la justice allemande. Certains experts en Russie avancent l’hypothèse que Litvinenko aurait pu être un intermédiaire dans la contrebande de matières fissiles au profit du terrorisme tchétchène comme moyen ultime de pression à l’encontre du pouvoir russe.

Enfin, d’après Lugovoï, Litvinenko, déçu par le manque de reconnaissance de Berezovsky (qui avait diminué la somme d’argent qu’il lui versait) s’apprêtait à rentrer à Moscou pour "tout balancer" sur son ancien ami Boris Abramovitch, et notamment le meurtre du directeur de la chaîne ORT, Vlad Listiev en 1995.

17) On accuse le Kremlin et Kadyrov d’être derrière les meurtres de Politkovskaïa et Estemirova ? Bonne piste ou mauvaise pioche ?

Ce sont des mensonges éhontés. Dans le cas d’Anna Politkovskaïa, les suspects sont en cours de jugement en appel. Regardons ce qui va se passer. Ensuite, via des sources proches de son journal on sait qu’elle enquêtait au moment de son décès sur des trafics impliquant des businessmen tchétchènes proches de la mafia et de Berezovsky et se livrant à toutes sortes de trafics frontaliers en Tchétchénie et à Moscou.

Dans le cas d’Estemirova, plusieurs versions coexistent avec celle, dominante en Occident, qui veut que Kadyrov (et son mentor, Vladimir Poutine) l’aient faites assassiner pour son engagement pour les droits de l’homme. Cette version est battue en brèche par les faits : premièrement Mme Estemirova avait deux fonctions officielles (ce qui est rare pour une opposante !) : experte auprès du représentant plénipotentiaire du président de la Fédération de Russie chargé des droits de l’homme et membre de la commission d’inspection et de vérification des conditions de vie des personnes privées de liberté. De plus, il est somme toute bizarre que Kadyrov fasse assassiner cette défenseur des droits de l’homme, alors que sa popularité est au plus haut dans sa république et qu’il enregistre des réussites dans la reconstruction et en matière économique (la Tchétchénie est devenue autosuffisante en viande en 2009).

Toutefois, on murmure à Moscou, que cet assassinat pourrait être une machination d’officiers du FSB ou du ministère de l’Intérieur pour obtenir la tête du trop directif président tchétchène.

18) Hormis les preneurs d’otages, quels sont les autres responsables et coupables de la tragédie de Beslan ? Qui devrait rendre des comptes aux familles ?

On peut regarder du coté d’Ankara, et de Tbilissi, où on a financé les groupes terroristes tchétchènes pour privilégier leur projet d’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) en affaiblissant la Russie en Tchétchénie.

En août 2004, un mois avant l’opération terroriste sur Beslan, le chef terroriste, organisateur de l’attentat, Chamil Bassaev, rencontre le ministre de l’Intérieur de la Géorgie Okrouachvili. Pourquoi ? L’Ossétie du Nord (République russe où se trouve Beslan) n’a peut-être pas été choisie au hasard. Elle soutient sa cousine du Sud, en conflit avec la Géorgie depuis 1990 (et dont on entendra parler lors du conflit d’août 2008)...

19) Que faut-il penser de Kasparov ?

De son vrai nom Garik Kimovitch Weinstein-Kasparian, ce personnage est plus connu comme « homme politique » en Occident que dans la fédération de Russie où on connaît le joueur d’échecs mais pas « l’opposant ». Il est la marionnette des USA, où il a d’ailleurs vécu.

En effet, il est membre du conseil consultatif du « Center for security policy », organisation néo-conservatrice américaine, et considérée comme un laboratoire d’idées de la CIA. De plus, nous savons aujourd’hui que dès 1989, il était un agent double, travaillant pour le KGB et la CIA et que, sur ordre de l’agence américaine, il va être à l’origine de la création du parti démocratique de Russie en 1990, puis du bloc électoral « choix de la Russie » en 1993, au profit du pouvoir eltsinien.

Il réunit des manifestations interdites comprenant au maximum 700 personnes à Moscou, dont la trop fameuse « marche de ceux qui ne sont pas d’accord », qui regroupent des anarchistes, des libéraux et des membres du parti national-bolchévique. Il n’est donc pas une grande menace pour le gouvernement russe. Même si sa stratégie de la tension vise à provoquer des réactions disproportionnées. Il dit tout, très ouvertement, comme son mentor et bailleur de fonds Berezovsky, qui l’alimente via son entreprise « Kasparov Consulting », fondée à Londres vers 1995-96.

20) Quel regard portez-vous sur l’opposition géorgienne qui fait face à Saakachvili ? Une chance pour la Russie de rétablir des bonnes relations avec son voisin en cas de changement de régime ?

Cette opposition est en grande partie le deuxième fer au feu du conglomérat euro-atlantique. Ses dirigeants, comme Salome Zourabichvili, reprochent juste à Saakachvili d’avoir perdu la guerre, et ce, même si des hommes politiques comme l’ex-président du parlement géorgien Bourdjanadze font régulièrement le voyage à Moscou pour tâter le terrain chez le Grand-Frère. Toutefois, quasiment aucun parti d’opposition en Géorgie ne souhaite revoir les relations avec la Russie sur la base d’une coopération mutuellement avantageuse, au nom du mirage européen et américain. Or, les débouchés économiques de la Géorgie sont en Russie et pas à Paris, Berlin, ou New York. En témoigne les chiffres catastrophiques de l’économie géorgienne depuis le blocus économique imposé aux importations géorgiennes en direction de la Fédération de Russie.

Une partie de l’opposition géorgienne commence à remettre en cause ce dogme. On a pu le constater lors de l’affaire du monument aux morts de la Grande Guerre Patriotique à Koutaïssi. En effet, le « démocrate » Saakachvili a décidé de détruire ce monument dédié aux soldats soviétiques de Géorgie morts durant le combat contre le fascisme. A cette occasion, l’organisation d’opposition « Alliance pour la Géorgie » a nettement pris position contre cette décision du pouvoir géorgien.

21) Selon vous, quels éléments ou quels forces ont provoqué les deux guerres de Tchétchénie ?

Tout d’abord la Grande-Bretagne a dès le début soutenu les bandes armées tchétchènes, ses services secrets sont désignés par le FSB comme les soutiens du terrorisme. La Turquie ensuite a financé les indépendantistes et les terroristes tchétchènes via Movladi Oudougov, un « homme d’affaires » tchétchène établi en Turquie et qui est en fait l’intermédiaire pour le financement des divers groupes et gouvernements tchétchènes. Les Etats-Unis enfin qui ont fourni tous les moyens nécessaires pour le transfert des « moudjahidins » arabes depuis l’Afghanistan vers la Tchétchénie en 1992 notamment.

22) Le prochain président russe : Medvedev ou Poutine ?

Nul ne le sait ! Toutefois Poutine et Medvedev ont décidé de laisser la question ouverte pour la prochaine élection. Même si la logique voudrait que Poutine réintègre son siège de Président de la Fédération de Russie en tant que leader de « Russie Unie », parti majoritaire au parlement et dans les régions. Mais je pense qu’on ne peut pas exclure que la situation actuelle se prolonge. Poutine semble apprécier sa position et a une parole plus libre qu’à l’époque où, chef de l’État, il avait un discours plus mesuré.

( 1 ) Pour bien comprendre ce personnage, il faut savoir qui est sa femme : http://en.wikipedia.org/wiki/Katery...

( 2 ) Le document tentant de démontrer qu’il avait été empoisonné chimiquement est un faux. Et les docteurs qui souhaitaient publiquement affirmer qu’il s’agissait d’une falsification ont été menacés de mort sur leur lieu de travail.