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Histoire et morale : la dangereuse tentation du jugement rétroactif

Il est toujours dramatique d’être assassiné pour ses idées, quelles qu’elles soient. Et d’autant plus aux États-Unis, où la liberté d’expression totale et illimitée fait partie des amendements fondamentaux de la Constitution. On ne peut donc que condamner le meurtre de la contre-manifestante de Charlottesville. Mais ce terrible événement qui est venu clôturer une journée agitée ne doit pas nous faire oublier les raisons de cette manifestation.

Il s’agissait pour l’extrême droite américaine de s’opposer à la décision du conseil municipal de Charlottesville de déboulonner une statue du général Lee. Cette décision s’intègre dans une dynamique régionale aussi récente que préoccupante : il s’agit pour la gauche américaine d’effacer toutes traces (noms de rue, monuments, statues...) de l’héritage confédéré du Sud. Cela au prétexte que les États sécessionnistes – dont le Général Lee dirigeait les armées pendant la guerre de Sécession – étaient favorables à l’esclavage.

Les historiens ont assez démontré que la guerre de Sécession ne se résumait pas à un conflit entre gentils progressistes et méchants esclavagistes, mais plutôt à un ensemble d’oppositions sur des questions relevant du fédéralisme, de l’économie, de la religion et dont le point culminant fut la décision de Lincoln d’abolir l’esclavage. Et s’il serait inexact de dire que le général Lee était un abolitionniste, il est tout aussi incorrect de déclarer qu’il fut le chef de file acharné d’un mouvement esclavagiste. Militaire ayant le sens du devoir, excessivement progressiste comparé à beaucoup de notables de son époque, il rejoignit l’armée de sa terre de naissance.

Ce soucis de la réalité historique, le respect de l’héritage des aînés voudrait donc que l’on cesse de s’acharner sur les traces de cette époque révolue et sur la statue d’un général exemplaire en bien des points. Autre temps, autres mœurs, autres préoccupations, autres problématiques. Et pourtant…

Peu soucieuse d’œuvrer à l’union et à l’apaisement d’un pays divisé, la gauche américaine continue de réclamer le retrait de tous les monuments confédérés. Elle applique en effet un principe propre aux nouveaux progressistes : le jugement rétroactif.

Quand il étudie une période de l’histoire, l’historien essaye de rendre compte du contexte de celle-ci et d’en situer les acteurs au regard des problématiques d’alors. Par exemple, au lendemain de la Révolution française, les partisans d’une monarchie constitutionnelle à l’anglaise représentaient la gauche, quand les partisans du statu quo étaient classés à droite. Alors qu’aujourd’hui tous les monarchistes sont classés à l’extrême droite. De même, face aux mesures de Charles X, la gauche militait pour le statu quo, quand la droite entendait renforcer le pouvoir du clergé. Ici, la question de la laïcité n’aurait pu être un marqueur politique, elle ne se posait pas encore.

Pour classer les acteurs d’une époque, il faut donc les situer dans celle-ci. Cela est d’autant plus vrai sur les questions politiques. La suffragette de 1920 ne réclamait « que » le droit de vote des femmes ; l’afro-féministe misandre de 2017 réclame l’ouverture de la PMA ou de la GPA à tous et la fin du « Blantriarcat ». Est-ce à dire que l’une est moins féministe ou moins préoccupée par le rôle des femmes que l’autre ? Peut-on reprocher aux suffragettes de ne pas avoir pris en compte les questions d’avortement, de salaire, de contraception ?

Joseph Overton l’a prouvé, dans les démocraties occidentales le facteur temps est central. Sous la pression de groupements militants, le débat politique glisse peu à peu vers des sujets qui étaient jusque-là ignorés. Mais ce glissement se fait par étapes : il aurait été inconcevable ne serait-ce que d’évoquer la possibilité de la laïcité au XIIe siècle. Ce glissement est le principe même du progressisme, l’idée que l’histoire suit une progression linaire vers des « lendemains qui chantent », vers « la fin de l’Histoire » – ou si l’on est plus sceptique, vers le Dernier Homme nietzschéen.

Ce principe tiré de l’eschatologie abrahamique est très contestable d’un point de vue politique et doctrinal. Mais il est depuis le XIXe siècle accepté unanimement par les gouvernants occidentaux. Aussi les partis de gauche font-ils une critique constante de leur temps, essayant de l’améliorer en fondant leur raisonnement et leurs jugements sur des principes transcendants (la Bible pour les chrétiens-démocrates ou les protestants, les Droits de l’Homme pour les laïcs), principes messianiques devant supposément permettre d’atteindre une sorte d’harmonie universelle. Face à cela, les partis conservateurs ne peuvent que « temporiser », ralentir la croissance progressiste sans pour autant y mettre un terme.

Cette dialectique repose sur une négation puis un dépassement des valeurs du temps présent au nom de la recherche d’un idéal futur. Dans ce système de pensée, les temps passés sont ignorés ou considérés avec une indifférence teintée de dédain. On jugera évidemment d’un mauvais œil les aïeux qui n’auraient pas respecté les valeurs du temps. Mais ce jugement n’est pas rétroactif : si le catholique jugera durement les hérétiques cathares ou les protestants, il ne pourra évidemment pas condamner Platon pour n’avoir pas suivi les enseignements du Christ, né cinq cents ans plus tard.

Le principe de non-rétroactivité est un principe fondamental de la moralité humaine. En droit, sauf exceptions, les lois ne peuvent être rétroactives : on ne peut condamner un individu pour une action commise avant qu’une loi rende cette dite action illégale. Par exemple si l’Assemblée votait en 2018 une loi interdisant d’écouter du Wagner, on ne pourra évidemment pas condamner Jean Dupont pour avoir assisté à l’un de ses opéras en 2010. La loi et ses sanctions s’appliquent uniquement à partir de la date à laquelle celle-ci est votée.

Dès lors, si nous pouvons avoir un avis sur le passé, si l’on peut juger du positionnement d’un individu vis à vis de ses contemporains, il est en revanche absurde de juger du passé avec pour seul étalon les valeurs du présent. C’est pourtant bien ce qui arrive depuis plusieurs années.

En 1945, le monde est abasourdi. Pour condamner les événements de la Seconde Guerre mondiale, le tribunal de Nuremberg a besoin de rendre un jugement particulièrement symbolique et exemplaire. Pour cela, il lui faut condamner les responsables des atrocités nazies en rendant un jugement inédit. Ainsi est créé le principe nouveau de « crime contre l’humanité ».

Mais comment condamner des individus pour des actions dont la gravité et l’illégalité furent fixées a posteriori ? En reniant le principe de non-rétroactivité. Ainsi, le tribunal de Nuremberg, estimant que les dignitaires nazis ne pouvaient pas ignorer qu’ils faisaient le mal, va considérer que certains principes sont universellement et fondamentalement acceptés comme bons. Par exemple le respect de la personne humaine, de sa dignité, de ses droits, etc. Celui qui a failli à respecter ces principes, peut et doit donc être condamné. Qu’il ait fauté en -3000 av. J.C, ou en 2010 ne change rien. Ce n’est plus l’illégalité (relative à un principe temporel) d’une action qui est jugée, mais son immoralité...

Cette décision, si on peut la comprendre, a cependant eu pour effet d’ouvrir les brèches qui sapent aujourd’hui l’avenir de l’Occident. En effet, en établissant l’existence d’une moralité universelle, qui serait innée et n’aurait pas à être révélée (par un prophète, un juriste, un sage) le tribunal de Nuremberg a involontairement validé le principe d’une morale intemporelle ignorant le réel, aveugle aux circonstances, aux contextes. Ce qui est mal est mal en tout temps, en tout lieu.

Voilà donc le droit – normalement défini par les seuls critères d’utilité sociale – relié à un principe moral. Voilà donc le droit, l’État, autorisés à condamner le passé au nom de principes supposément intemporels. Or cela revient à nier le concept de « civilisation », dont le suffixe [-ation] prouve bien qu’il s’agit d’une aventure partagée n’ignorant pas la temporalité. La civilisation, c’est l’épanouissement au présent de l’héritage du passé.

C’est en tout cas au nom de ce principe rétroactif d’une morale universelle et intemporelle que la gauche américaine juge de ses illustres aïeux avec tant de mépris. Le général Lee avait beau être l’un des plus progressistes de son temps et de son camp, il a failli, en ne s’engageant pas aux côtés des Noirs et des abolitionnistes. « Il ne s’est pas non plus engagé contre eux », répondront certains. Mais là n’est pas la question. Si le principe de « Bien » est inné, alors la neutralité n’est pas tolérable. Ou l’on agit de façon à accorder son époque à la morale intemporelle, et on est alors un progressiste. Ou bien l’on est un ennemi du progrès. En somme, ou l’on est un « Juste parmi les nations », ou l’on est un collaborateur. Le choix de la passivité ou de l’indifférence est impossible.

Le problème de ce mode de raisonnement, fondé sur l’idée d’une moralité universelle et intemporelle, c’est justement que la portée de cette « moralité » est indéfinie. Où s’arrête-t-elle ? Qu’est ce qui porte atteinte à la dignité humaine ? La déportation, la torture ? Le refus d’utiliser une orthographe inclusive et non-genrée ? La négation de la GPA comme étant un droit fondamental ?

Bien que sacrée dans la société droits de l’homme, cette forme de moralité ne repose sur aucune base religieuse ou aucune révélation qui lui offrirait ses contours et ses limites. Potentiellement, tout individu peut affirmer être la victime d’une atteinte à ses droits humains. Un homosexuel peut ainsi réclamer son droit au mariage ; et si l’État accepte, le mariage homosexuel est de facto inscrit comme un droit naturel universel et intemporel dont la négation serait une atteinte à la dignité humaine. Si un pays voisin refuse d’accorder ce droit à la communauté LGBT, il sera pointé du doigt. Et rétroactivité oblige, si une civilisation déchue trois mille ans plus tôt refusait d’accorder ce droit, elle sera pointée du doigt… Car ce qui est vrai ici et aujourd’hui, doit être vrai partout, doit être vrai tout le temps.

« Où cela mène-t-il ? » se demandera-t-on ? Au rejet de la totalité de notre Histoire et de 99 % des hommes que nous considérons comme des héros, des artistes, des sages ou des précurseurs. C’est ce qu’à fait remarquer Donald Trump, en déclarant que si on retirait les statues du général Lee au prétexte qu’il n’était pas assez abolitionniste, il faudrait aussi retirer les statues et les bustes d’une vingtaine de présidents américains – dont George Washington et Thomas Jefferson – qui ont possédé des esclaves. Ce raisonnement par l’absurde devait faire comprendre aux démocrates que le fait de juger l’histoire avec pour seul étalon la morale présente ne pouvait que conduire à des extrêmes ridicules et destructeurs. Les démocrates l’ont-ils compris ? Non, ils ont répondu qu’effectivement, après s’être occupé du « cas Lee » il faudrait veiller à s’occuper des autres.

Les autres, tous ceux qui ont agi contre les Droits de l’Homme ; ou plutôt tous ceux qui n’ont pas agi pour. Car il ne s’agit pas seulement de nier l’humanité de ceux qui étaient contre un principe ; mais aussi et surtout de nier celle de ceux qui, pouvant œuvrer pour le progrès, ne l’ont pas fait. Voici donc un petit florilèges des hommes que l’on devra effacer de notre histoire en appliquant ce principe :

- Nelson Mandela, pour n’avoir pas pris en compte la souffrance des musulmans en Afrique du Sud ; islamophobie, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Gandhi, pour avoir porté atteinte à la communauté obèse avec sa grève de la faim ; grossophobie, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Socrate, pour n’avoir pas suffisamment œuvré dans l’intérêt de la communauté Queer non-binaire polysexuelle de la Grèce antique ; transophobie, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Jesse Owens, pour n’avoir pas compris que ses performances aux jeux Olympiques pouvaient être vécus comme un traumatisme par certains handicapés ; handiphobie, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Jeanne d’Arc, pour n’avoir pas suffisamment œuvré contre le « plafond de verre » et le patriarcat ; misogynie, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Le prophète Mohammed, pour n’avoir pas utilisé l’écriture inclusive dans la rédaction du Coran ; misogynie, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Jean-Jacques Rousseau, pour n’avoir pas pris en compte les problématiques anti-spécistes et véganes dans ses ouvrages ; spécisme, atteinte aux droits des animaux.

- Louis XIV pour n’avoir pas pris de mesure contre les « micro-agressions » et la « culture du viol » au sein du Royaume ; misogynie, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Jules César, pour n’avoir pas offert la citoyenneté romaine à toute l’humanité ; xénophobie, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Emmanuel Kant, pour n’avoir pas évoqué les problématiques climatiques dans son œuvre ; climato-scepticisme, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Karl Marx, pour n’avoir pas pris conscience de la souffrance des ouvriers intolérants au gluten dans l’Allemagne du XIXe siècle ; mépris de classe, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Napoléon Bonaparte, pour n’avoir pas appliqué la parité femmes-hommes au sein de la Grande Armée ; sexisme, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

- Jean Jaurès, pour n’avoir pas ouvert le débat sur le mariage pour tous ; homophobie, atteinte aux droits de l’homme et à la dignité humaine.

De beaux autodafés se préparent donc puisque tous les hommes, même ceux qui furent en avance sur leur temps, sont rétroactivement coupables de n’avoir pu se conformer à cette morale universelle, intemporelle et sans limites. Sans limites, parce que les progressistes, ne trouvant aucune résistance à leur désir de transgression, vont sans cesse imposer de nouvelles problématiques et donc l’ouverture de nouveaux droits. Donc, par définition, les plus grands esprits de notre époque, y compris les plus à gauche, sont d’avance coupables de n’avoir pas pris en compte les problématiques de demain. Que les désabusés du camp national se rassurent donc : la gauche d’aujourd’hui sera rangée dans la même case que nous par les progressistes de demain, celle des réactionnaires. Les Indigènes de la République, les (anti)fascistes, la Cimade, l’UNEF, seront vus demain comme des mouvements d’ultra-droite.

Le monde qui vient, si l’on ne met pas un terme à ce principe de rétroactivité, nous laissera donc deux choix : le suicide, ou la collaboration. Le suicide pour les plus faibles, ceux qui n’arriveront pas à supporter l’idée d’être coupables par avance d’un crime qu’ils ne peuvent de toute façon pas éviter de commettre. La collaboration pour les autres, ceux qui accepteront cette culpabilité et feront tout pour l’expier, se vouant corps et âme à la destruction du passé et à la construction de la société idéale.

Le monde qui vient, s’il reste fondé sur le principe de rétroactivité, est donc un monde où l’on pissera sur les tombes des anciens, ou l’on brisera les vieilles icônes, où l’on brûlera les vieux livres. Et mêmes les nouveaux d’ailleurs : puisqu’ils finiront de toute façon par être considérés comme réactionnaires plus tard, autant gagner du temps en les brûlant maintenant. Et faisons pareil avec les hommes, puisqu’ils ne peuvent qu’être coupables au regard des valeurs du futur, autant les condamner dès maintenant. Et autant rendre illégale la procréation, qui ne permet que de donner naissance à des êtres coupables par nature. Coupables de ne pas parvenir à s’accorder à la supposée morale innée que Nuremberg a défini.

Ce monde qui vient, ou qui est peut-être déjà là, c’est le monde de l’éternel recommencement. Coupés de leurs passés, les hommes y sont condamnés à l’éternelle redécouverte. Gangrené par un principe mortifère, il est la négation de la force vive et de la vitalité des hommes. Il est la négation de cette volonté de puissance qui brille et nous élève, mais qui ne peut s’exprimer sans donner lieu à quelques égarements.

Voilà pourquoi certains défendent la statue du général Lee ; ils refusent de laisser s’ouvrir la brèche qui emportera notre civilisation. Le débat dépasse bien largement la guerre de Sécession, la condition des Noirs dans les États du Sud ou l’esclavage. Il s’agit ici de défendre le droit des hommes à vivre dans leur temps ; il s’agit de défendre le droit des hommes à l’imperfection. L’omniscience et l’omnipotence sont les qualités des dieux, nous en demander autant c’est jeter l’humanité dans un abîme dont elle ne peut être sauvée que par la mort.

Comment donc répondre à ces pratiques orwelliennes et destructrices de sens ? Comment lutter contre cette déconstruction folle qui risque bien de faire de l’homme un orphelin en sa maison ?

Par l’humilité. Par cette humilité profonde bienveillante qui nous permet de comprendre le passé dans toute sa complexité. Par cette humilité bienveillante de l’héritier qui saisit les torts de ses pères mais accepte aussi les grandeurs de leur legs. Napoléon conféra à la France un prestige légendaire, mais il rétablit l’esclavage à Haïti ; devrions nous pour autant raser l’Arc de Triomphe ou saccager son tombeaux aux Invalides ? Louis XIV sacralisa le pouvoir de l’État et offrit une unité politique à la France ; mais son absolutisme justifierait-t-il que nous dynamitions Versailles ? Pétain sauva la France à Verdun, mais l’a salie à Compiègne ; devons nous pour autant honnir son nom à jamais ? Charles de Gaulle sauva l’honneur à Londres mais sombra à Alger ; devrions-nous pour autant débaptiser ses avenues ?

Notre héritage nous écrase de son poids ; parfois glorieux, parfois noir, souvent intimidant, toujours complexe… Nous ne pouvons le renier. Certes, nous devons mener un libre examen du passé, nous devons juger des hommes à leurs actions, à leurs prises de positions, à leur place en leur temps. Car c’est là le devoir sacré et nécessaire des civilisations qui veulent perdurer. Mais nous devons nous garder de mépriser ces hommes, de les haïr ou de détruire leur mémoire.

À la manière des Grecs qui fondèrent la civilisation occidentale, réaffirmons donc cette humilité de l’homme-débiteur qui sait ne devoir sa condition qu’à ceux qui le précédèrent, qui sait s’élever dans le sillon de leurs vertus et qui sait s’éloigner des écueils qui furent les leurs.

Nos monuments, nos hommes illustres, nos livres sont comme un murmure monté du fond des âges qui viendrait nous rappeler que le monde est avant tout cyclique. Exit donc l’idée d’un axe temporel, d’un sens de l’histoire messianique, d’un happy end demain qui légitimerait que l’on fasse les pires exactions aujourd’hui. Ce qui trouble nos âmes et agite nos Cités, nos aïeux y ont déjà été confrontés ; si nous sommes encore là pour en parler, c’est qu’ils en avaient trouvé le remède ; et si nous ne sommes pas capable de nous en souvenir, c’est que nous ne valons pas mieux que ceux que nous jugeons hautainement...

La seule morale intemporelle et immuable qui puisse exister est donc une morale de la transmission. Entre eux, et nous. Puis entre nous et nos descendants. L’Histoire a infiniment plus à nous apprendre que nous le pensons, encore faut-il que nous écoutions. Et si nous ignorons la complainte silencieuse des Anciens, alors cette génération qui naît aujourd’hui dans le fracas des statues que l’on abat sera la dernière de toutes. Déraciné, privé de tout et de tous, le Dernier Homme ne meurt pas, il se suicide. Ainsi disparaissent les civilisations.

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