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Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

À défaut de lire Rousseau, on aime le caricaturer. Ce doux rêveur aux illusions champêtres ne serait bon qu’à susciter des ferveurs prépubères. Au mieux, il serait un préromantique dont l’œuvre désuète moisit dans les rayons des bibliothèques. Au pire, un illuminé, un écorché vif, un psychopathe dont les principes funestes auraient engendré le totalitarisme. Vilipender ce manant, ce paria de la philosophie égaré dans un siècle de jouisseurs fortunés remonte à une longue tradition.

 

Perspicace, Henri Guillemin soulignait la profonde solitude de Jean-Jacques à l’ombre des Lumières.

« Rousseau, au XVIIIème siècle, c’est l’homme qui dit, ouvertement, sur la société telle qu’elle est, tout ce qu’on ne doit pas dire lorsqu’on est bien élevé et qu’on veut faire carrière. Il ne se contente pas d’exaspérer les Encyclopédistes avec ses propos sur l’âme, sur Dieu, sur la fin de l’homme, mais il les horrifie, en outre, et les épouvante, en parlant sans respect des grands et des riches. On n’est pas très porté, du côté philosophique, à des considérations de cette espèce. La secte, dira Robespierre, déclamait quelque fois contre le despotisme, mais ses membres s’employaient au mieux à se faire pensionner par les despotes. D’Holbach, Helvétius, appartiennent à la haute bourgeoisie financière ».

Les Encyclopédistes poursuivaient Rousseau de leur mépris. Mais Voltaire n’est pas en reste. « Il s’est glissé par ses spéculations, écrit Guillemin, dans la classe entretenue et n’entend pas qu’on touche au système. Pour lui, ouvriers et paysans constituent la populace, et le premier devoir des travailleurs est de rester muet dans cette servitude laborieuse qui nourrit les nantis ».

« Rousseau ? Pour Voltaire, c’est un gueux qui voudrait que les riches fussent volés par les pauvres. Ce que la bourgeoisie déteste, en lui, « c’est l’homme du Discours sur l’inégalité et du Contrat social, ce livre, écrit Mallet du Pan, qui fut le Coran des discoureurs de 1789. Il n’y a pas d’écrivain plus propre à rendre le pauvre superbe, note Joubert le 15 avril 1815. Et Brunetière d’insister, avec une grimace de dégoût, sur le pedigree nauséeux de Rousseau : les parents de Rousseau étaient peuple, au sens le plus fâcheux du mot ; la vulgarité de ses origines, c’est le premier trait de son caractère. Au point culminant de la réaction bourgeoise, après ces Journées de Juin 1848 qui l’ont jeté « dans des tremblements », Sainte-Beuve accable Rousseau de son mépris de classe. « Rousseau a été laquais, dit-il, et il ajoute finement : On s’en aperçoit. Taine, au lendemain de la Commune, ne voit dans toute la pensée de Rousseau qu’une rancune de plébéien, pauvre, aigri, et qui, entrant dans le monde, a trouvé la place prise et n’a pas su s’y faire la sienne ; il n’échappe à l’envie que par le dénigrement. » (Henri Gullemin, Du contrat social, Présentation, UGE, 1973)

Et si cette haine pour Rousseau témoignait en faveur de sa philosophie, montrant qu’il n’avait pas seulement une longueur d’avance sur son temps, mais aussi sur le nôtre, et qu’il ne pouvait échapper à son destin solitaire en attaquant l’injustice sur tous les fronts ? Ce n’est pas seulement sa psychologie singulière qui dressait Rousseau contre une société vermoulue, mais sa pensée profonde, son système philosophique. Il détestait la bourgeoisie pour son égoïsme rapace, pour ses mœurs dépravées : elle le haïssait, elle, pour ses idées. Son époque, il la définissait dans une lettre au Mercure comme « un siècle de charlatanerie où les plus grands fripons ont toujours l’intérêt public à la bouche ». Et dans l’Emile, il lançait cet avertissement : « Vous vous fiez à l’ordre actuel de la société sans songer que cet ordre est sujet à des révolutions inévitables ». Sa philosophie, on le sait, préfigurait la Révolution française. Mais prenons garde à ne pas arrimer Rousseau au port de la bourgeoisie ascendante. La rigueur de sa pensée emportait le philosophe-paria fort loin de ces rivages rassurants. Et s’il a nourri de ses idées le processus révolutionnaire, il a surtout anticipé son usurpation par la bourgeoisie.

 

Une philosophie de la liberté

Quelle est sa philosophie ? Un principe en donne la ligne directrice : qu’il s’agisse d’éducation ou de gouvernement, il condamne comme contraire à la nature tout ce qui porte atteinte à la liberté humaine. La liberté est en effet la qualité native de l’homme, elle fait « la dignité de son être ». C’est encore ce qu’il veut dire lorsqu’il affirme dans le Contrat social que l’homme est « né libre » ou lorsqu’il écrit dans le Discours sur l’inégalité : « Ce n’est pas tant l’entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l’homme que sa qualité d’agent libre ». Mais commençons par le commencement. Découvrons l’homme de la nature enfoui sous l’homme de l’homme. Pour remonter au véritable état de nature, il faut faire abstraction de l’homme social, il faut se représenter l’homme dans son état natif, sorti des mains de la nature, nimbé de son innocence originelle. S’abandonnant à l’anthropologie-fiction, il faut imaginer les hommes dispersés, épars dans les forêts. Cet état d’isolement est une fiction, mais on ne peut s’en passer si l’on veut « bien juger de notre état présent ». Dans cet état d’isolement, l’homme jouit de l’indépendance la plus complète car il se suffit à lui-même. Rien ni personne ne saurait l’asservir. Aucun lien de dépendance ne lie l’homme à l’homme dans l’état de nature, et c’est dans ce sens que cet état est exemplaire.

Il faut bien comprendre que la fiction philosophique de l’état de nature ne décrit pas un état antérieur de l’humanité. Elle a pour fonction théorique de souligner la liberté naturelle : aucun homme n’est naturellement fait pour commander ou obéir. L’oppression qui caractérise les sociétés inégalitaires n’est pas une fatalité, mais un phénomène contingent. Que des hommes soumettent d’autres hommes est un fait historique, et non une nécessité propre à l’espèce. La description de l’état de nature souligne donc la servitude propre à l’état social. Mais l’homme civil n’est pas seulement soumis à la volonté d’autres hommes, le pauvre à la volonté du riche, l’esclave à celle du maître. Il y a en outre dans l’état civil une servitude morale, la soumission à l’opinion et au préjugé. Bien loin de juger par lui-même, l’homme civil n’a plus qu’une préoccupation, celle de se conformer à l’opinion des autres. Au sens strict du terme, l’état civil est synonyme d’aliénation : c’est du regard des autres, ce ferment de corruption, que l’individu tire le sentiment de sa propre existence.

C’est pourquoi le passage de l’état de nature à l’état civil se solde par la perte de la liberté. Ce passage de l’état naturel à l’état social n’était pas inéluctable, mais il est irréversible. Contrairement à ce qu’on dit parfois, il n’y a aucune nostalgie d’un âge d’or perdu chez Rousseau. Il sait bien que la culture a enveloppé la nature et que cette transformation a arraché l’humanité à l’animalité. En revanche, la perte de la liberté qui est la conséquence de l’état social n’est pas inéluctable. Si cette perte était définitive, ce serait une condamnation sans appel de la société civile. Mais société et liberté ne s’excluent pas irrémédiablement l’une l’autre. L’œuvre politique de Rousseau montre au contraire que l’homme, par des institutions appropriées, peut gagner l’équivalent de ce qu’il perd en quittant l’état de nature. Il peut s’unir à ses semblables sans faire le sacrifice de sa liberté, puisqu’il peut trouver dans la société l’équivalent civil de sa liberté native.

 

Le règne de la loi

Le problème posé par le contrat social est précisément d’instituer l’autorité politique sans que cette institution se fasse au préjudice de la liberté humaine. L’homme devenu citoyen doit rester « aussi libre qu’auparavant », dit Rousseau. Est-ce possible ? Oui, « si chacun fait par le pacte social l’échange de sa liberté naturelle contre la liberté civile et la liberté morale » (Contrat social, I, 8). Or ces deux formes de liberté sont forgées par l’éducation et la culture, ce sont des libertés reconquises à travers une forme de soumission. Pour Rousseau, la liberté n’est pas le caprice : elle n’est pas une fonction du désir, mais un effet de la loi, elle est exigence et non pas jouissance. Si la philosophie de Rousseau déplaît aux bourgeois, c’est parce qu’elle n’est pas libérale : la seule liberté qui nous soit accessible est celle du citoyen, et non de l’individu. Elle passe par la soumission à la loi commune, et non à l’intérêt privé. La liberté est une conquête de l’homme sur lui-même : elle met en œuvre ses plus nobles facultés et l’élève à la vertu.

Mais comment peut-on rester libre en obéissant à la volonté générale ? Ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit d’une soumission volontaire ou consentie. « Tout homme étant né libre est maître de lui-même, nul ne peut sous quelque prétexte que ce puisse être, l’assujettir sans son aveu ». C’est aussi – et surtout – parce que l’obéissance à la volonté générale garantit le citoyen de toute dépendance particulière. La loi libère le faible de la domination du puissant, elle interdit toute sujétion de l’homme par l’homme. « La liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui ». Dans l’état civil légitime, le citoyen « n’obéit qu’aux lois, et c’est par la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes ». Obéir à un homme, c’est avoir un maître, tandis qu’en obéissant à la volonté générale on se soumet à une autorité impersonnelle qui ne saurait supprimer la liberté.

Mais ne confondons pas le fait et le droit. « Dans les faits, les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n’ont rien », rappelle Rousseau. L’histoire enseigne que les lois sont faites par les riches. Malédiction de l’état social, cette inégalité est-elle définitive ? Non, puisque, dans le Contrat social, Rousseau indique les conditions sous lesquelles la loi est vraiment la loi, c’est-à-dire l’expression de la volonté générale. La loi ainsi entendue est un idéal, bien entendu, dont les lois existantes sont des parodies grotesques. Mais la philosophie politique de Rousseau n’aurait aucun sens si elle n’envisageait la possibilité d’une autre société. Dans l’état civil légitime – qui reste à construire – la loi n’est plus l’instrument du riche : elle émane du peuple, elle incarne l’intérêt commun. En obéissant à la volonté générale, le citoyen n’obéit qu’à lui-même. Car la volonté générale n’est pas pour lui une volonté étrangère, mais sa propre volonté, sinon comme homme du moins comme citoyen, c’est-à-dire comme partie d’un tout. « La volonté constante de tous les membres de l’État est la volonté générale, c’est par elle qu’ils sont citoyens et libres » (Contrat social, IV, 2).

 

La loi du peuple

Mais pour que la loi soit une vraie loi, c’est-à-dire l’expression de l’intérêt commun, que faut-il faire ? La réponse de Rousseau est simple : il faut que le peuple fasse la loi.

« La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée, elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point (..) Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde. » (Contrat social, III, 15).

La volonté générale est l’exercice même de la souveraineté, et c’est ce qui en interdit la représentation. Car que signifierait en réalité « représenter » la volonté ? Ce serait admettre que quelqu’un pourrait vouloir pour un autre. Or c’est philosophiquement impossible : la volonté est ce qui en tout homme n’appartient qu’à lui, elle est la manifestation irréductible de sa liberté. « Le principe de toute action est dans la volonté d’un être libre, on ne saurait remonter au-delà » (Emile, IV).

Le raisonnement est imparable : la souveraineté étant une volonté, et la volonté étant par essence irreprésentable, la souveraineté ne saurait légitimement être représentée. Soit le peuple veut, soit il ne veut pas, mais il n’y a pas de demi-mesure. Si des représentants pouvaient s’exprimer en son nom, cette représentation déformerait la volonté populaire. Elle introduirait des nuances qui en altéreraient la pureté, conformément à tel ou tel intérêt particulier. En réalité, la volonté des représentants se substituerait à celle des représentés. Mais si la souveraineté est irreprésentable, c’est aussi parce que la volonté est générale. Parce qu’elle est une volonté générale, la souveraineté dit la loi, mais ne l’applique pas. Pur vouloir, la volonté générale ne se délègue pas. Seul le pouvoir exécutif, chargé de l’exécution des lois, se délègue, car il détermine les conditions d’application de la loi aux cas particuliers.

C’est pourquoi les « députés du peuple », autrement dit ses représentants, ne peuvent être que « ses commissaires », des exécutants investis d’une mission strictement définie. « Ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi ». Seul le peuple est souverain, puisque la volonté générale est celle de tous les citoyens visant l’intérêt commun. Les représentants ne sauraient se substituer au peuple dans l’exercice d’une souveraineté dont il est le détenteur légitime. Mais s’il est exclu qu’ils aient le dernier mot, Rousseau suggère néanmoins qu’ils puissent participer à l’élaboration de la loi. Il ne dit pas, en effet, que toute loi que le peuple n’a pas votée est nulle. Il emploie au contraire le terme de « ratification » pour désigner l’acte souverain par lequel le peuple approuve une proposition de loi. Cette ratification, toutefois, est absolument requise. Une loi que le peuple entier n’a pas approuvée explicitement ne mérite pas ce nom. Toute législation sur laquelle chaque citoyen ne s’est pas personnellement prononcé est illégitime. Traduisons : une loi qui n’a pas été approuvée par référendum ne vaut rien.

Bruno Guigue

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  • #2110166
    Le 27 décembre 2018 à 18:34 par MP
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    Jean-Jacques Rousseau amène évidemment l’idée de l’injustice en comparant la vie enchaînée par le travail (économie) et la Vie en rapport avec la Nature (prospérité). Il a à son époque planté une graine importante, une base de réflexion essentielle, sans pour autant avoir les moyens de faire émerger ’’un système plus juste et vraiment égalitaire’’ au sein de la Société. Pourquoi ? Quel était son plus grand manque en tant qu’ensemenceur ? Nous pouvons le constater actuellement dans cette répétition de révolte... Cependant, la situation aujourd’hui est différente. Les évènements vont nous obliger à aller encore plus loin dans nos réflexions sur la Vie et ses Lois. Lois qu’il va falloir définir et mettre réellement en application, car elles représentent l’unique socle de la Conscience du Collectif.

     

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  • #2110396
    Le 28 décembre 2018 à 08:13 par Marion Sigaut
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    Jean-Jacques Rousseau, le "Gilet jaune" criminel.
    Pour ceux qui doutent encore, un travail sérieux et sourcé :
    http://www.espace-rousseau.ch/pdf/F...
    Désolée, les Gilets jaunes sont la plupart du temps parents ou grand-parents qui se battent pour leur progéniture.

     

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    • #2110468
      Le Décembre 2018 à 11:55 par Pitchou
      Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

      Marion Sigaut
      Merci pour ce rappel madame,
      je suis gilet jaune, j’ai occupé un rond point(ça sonne con dit comme ça) pour des raisons claires et simples.
      Rendre le pouvoir usurpé par la finance au peuple et ne plus être escroquer par des soi disant représentant à tous les étages. Cette exigence n’a pour but qu’une France libérée source d’ un avenir prometteur pour nos enfants.
      Rousseau a quitté ses enfants pour une raison x ou y, peu importe. De nos jours il existe de par ce monde de nombreux parents qui se saignent pour élever au mieux leurs enfants, un devoir qui élève à une dignité en soi, pour certains, ils sont analphabète. Et je ne pense pas que la conjoncture ou l’époque serait à elle seule justifier l’abandon à autrui de son enfant, inconcevable. A mon sens, abandonner l’être dont vous êtes responsable de sa venue au monde par la grâce de Dieu est la plus grande des lâcheté, après on émet les concept que l’on veut...
      Je préfère des parents qui se trompent, à ceux qui abandonnent.

       
    • #2111210
      Le Décembre 2018 à 15:14 par Paule C.
      Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

      Mme Sigaut
      Effectivement, Rousseau a abandonné ses 5 enfants à la naissance en obligeant sa femme Thérèse , malgré ses plaintes, à les déposer au bureau des Enfants Trouvés où ils étaient voués à une mort certaine.
      Voilà donc l’auteur du traité sur l’éducation, le théoricien de la nouvelle pédagogie, l’apôtre de l’allaitement maternel (P. Yonnet) qui refuse même l’adoption de ses propres enfants par ses proches ! Quel magnifique exemple d’individualisme et de cynisme qui m’interdit de succomber à ses belles théories de liberté et d’épanouissement de l’individu grâce à la nature.

       
  • #2110404
    Le 28 décembre 2018 à 09:07 par goy pride
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    L’état naturel de l’homme est purement mythique et n’a jamais existé. Ce qui pourrait s’en rapprocher ce sont les sociétés pré-agricoles de faible densité humaine. Et encore ! L’humain est si vulnérable qu’il ne peut survivre qu’en communautés solidaires avec forcément ses lois, tabous, coutumes...régissant et garantissant la survie de l’organisme social.

    L’agriculture et ses corollaires inévitables que sont l’accumulation de richesses et l’augmentation sensible des densités humaines rendent nécessaire les systèmes d’organisations sociale hiérarchisés ainsi que la spécialisation des fonctions. Au départ une société agricole primitive disposant de vastes espaces peut se contenter d’un système d’organisation simple où chacun est libre et souverain un peu comme au début de Rome où chaque paysan était aussi un guerrier souverain et responsable de sa propre sécurité. Mais ensuite les espaces vitaux claniques finissent par s’étendre, se rapprocher des uns et des autres...et puis face l’augmentation numériques des membres du clan le besoin d’agrandir son espace vital se fait ressentir et là commence les emmerdes ! On va empiéter sur le territoire des autres...de plus en plus de gens se retrouvent sans terre...ces gens sans terre peuvent devenir des prédateurs...pour faire court l’augmentation des densités humaines dans un monde fini impose la nécessité d’une organisation sociale plus coercitive où chacun pourra y trouver sa place et vivre pour éviter massacres continuels et chaos mais à la condition d’accepter certaines règles.
    On notera aussi que l’accumulation des richesses inhérent aux sociétés agricoles attire les convoitises des peuples des régions aux conditions climatiques peu favorables au développement humain. Face à ces attaques, razzia de peuples barbares les sociétés agricoles finissent par produire une caste spécialisée de guerriers, or ces guerriers qui sont prêt à sacrifier leur vie pour la communauté ne le font pas sans contre-partie, ils prennent une position de plus en plus dominante dans la société...et puis vient le commerçant, l’intermédiaire nécessaire mais qui très tôt devient le parasite par excellence et qui une fois délivrée des tabous de la morale traditionnelle et du contrôle qu’ont sur lui les oratores et bellatores...devient le maître du monde. Et enfin, au stade final du pourrissement, le commerçant déguise sa cupidité maladive sous des oripeaux messianiques et philosophiques délirants menant le monde et la civilisation à la ruine.

     

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  • #2110456
    Le 28 décembre 2018 à 11:35 par Ifuckcharlie
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    Je ne suis pas du tout d’accord avec Rousseau , le concept de l’homme "né libre " est une vue de l’esprit , dans la réalité tous les êtres sont conditionnés . Ensuite l’idée d’égalité est un non sens , rien n’est égal a rien , toutes les formes de vie sont variées et c’est par opposition que tout fonctionne , la différence entre les choses et les êtres est plus marquée et évidente que la ressemblance , grace a Dieu . La naissance est déterminante, le contexte , la richesse , les tares héréditaires, la religion, la culture etc . La division de la société en castes avec des doits et des devoirs spécifiques est nécessaire et souhaitable , si cette société est centrée sur Dieu et que tous y puissent progresser spirituellement . Certainement pas en faisant de la politique . Le devoir premier du dirigeant est d’assurer la sécurité des biens et des personnes , et la sécurité alimentaire , pour le reste il faut de la democratie au niveau local , et quand aux grandes lignes de la nation surtout pour le sociétal, la population doit être consultée par référendum et son avis suivi , mais on ne peut pas transférer le pouvoir au peuple , il en sera vite dégoutté , les gens se battront , le communautarisme , les clans , etc , pour en arriver toujours au principe des partis politiques et du lobbysme inhérent a la démocratie , peut être pas dans le concept , mais dans les faits., sauf dans un cadre restreint et local . A 50 c’est facile, mais a 60 millions la democratie est un non sens .

     

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    • #2110593
      Le Décembre 2018 à 14:11 par Aymard de Chartres
      Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

      Lorsque Rousseau affirme que "l’homme est né libre et que partout il est dans les fers", il n’entend pas autre chose que de soutenir la simultanéité d’un fait contradictoire en apparence et qui pourtant est exact quand on juxtapose le plan de la nature à celui de la société. L’homme est effectivement libre à la naissance (l est tout neuf, sans rien sur lui, hormis ses besoins naturels de l’ordre du primitif), puis les pesanteurs de la société dans laquelle il est né projetteront sur lui toutes sortes de croyances, de pensées, de besoins, de désirs et de répressions serviles, à tel point qu’il en deviendra prisonnier ou dépendant. Cette citation est à la fois juste, vraie et admirable.

       
    • #2111206
      Le Décembre 2018 à 15:07 par lincredule2
      Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

      Parfaitement, très bien dit !

      Merci pour ce commentaire plein de bon sens, et sans compromis (compromis induit compromission, donc dénaturation).

       
  • #2110461
    Le 28 décembre 2018 à 11:44 par L’après Macron
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    "Vous connaîtrez la Vérité, et la Vérité vous libérera".

    Or, la Vérité comprend la notion de pêché originel, c’est-à-dire que l’homme ne naît pas libre mais emprisonné dans le pêché, que seule une pratique spirituelle peut aider à comprendre et à combattre. Plus précisément : on n’est jamais libre lorsqu’on vit sous l’emprise de ses passions, de ses défauts ou de ses bas instincts. Et l’homme a besoin de Dieu pour réaliser cela, comprendre les conséquences des choix de vie qu’il fait sur lui-même et sur les autres, et lui donner la force nécessaire de s’élever. Tout comme il a besoin de Lui pour comprendre sa propre nature et accéder à la Connaissance : on ne peut être libre lorsqu’on vit dans l’ignorance, le mensonge ou l’illusion.

    En postulant de manière utopique et idéologique que l’homme naîtrait libre, Rousseau a littéralement flingué le rapport de l’homme à Dieu et le rapport que l’homme entretenait avec lui-même, promouvant ainsi l’ignorance, le mensonge et la méconnaissance du genre humain, tout en introduisant de manière féroce le mythe égalitariste dans les esprits, mythe qui justifie aujourd’hui la mort lente mais certaine de notre pays, par l’égalité homme-femme, l’égalité parent-enfant, l’égalité français-étranger et même l’égalité homme-animal pour les plus extravagants.

    Et on retrouve, bien sûr, ce mythe à la source même du principe de l’élection républicaine, où le vote d’un étudiant de dix huit ans sans expérience équivaut au vote d’un salarié de cinquante ans, où tout le monde décide du sort de tout le monde sans rien véritablement connaitre des sujets concernés, à savoir, la politique, l’économie, la défense, car la connaissance s’acquière également par l’expérience dans ces domaines.
    Et comme des votes fondés sur l’inexpérience et l’ignorance ne sauraient déboucher sur des choix éclairés, nous ne cessons de nous embourber dans les mêmes problèmes, que nous traitons en suivant les recommandations de Rousseau : l’homme est bon, la société corrompt, la société seule est donc à réformer, comme si celle-ci au final n’émanait pas directement des choix et comportements des hommes qui la composent...

    Marcher sur la tête, voilà tout ce que nous aura appris à faire cet homme.

    Combien de temps nous faudra-t-il encore boire de ce poison pour en comprendre la nocivité ? Nous faudra-t-il donc en crever ?

     

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    • #2110491
      Le Décembre 2018 à 12:20 par gratounette
      Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

      Un très grand merci pour votre message salutaire.

      Amicalement

       
    • #2110922
      Le Décembre 2018 à 23:17 par Crux Fidelis
      Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

      Je ne le dirai jamais assez, vous êtes génial ! Et le fil de commentaires aussi !
      Vous me rappellez toujours la profondeur et la simplicité des Pères de l’église, des Saints Prêtres que la terre a porté. Immense dans les écrits et qu’un jeune enfant peut aisément comprendre.
      En plus, je sais que nous avons un peu le même parcours.
      L’abbé Lemann explique bien cette sensation dans son magnifique livre : " La religion de combat " avec l’allégorie de Platon et des prisonniers de la caverne. Comme la pensée des rationalistes et des incrédules. Raison solitaire, raison froide ! Ils peuvent être des très grands savants mais seront toujours incomplets.
      On le voit avec les rousseauistes des commentaires, très cultivés et en même temps si profondément dans l’erreur. Puis élitistes et vite insultants.
      Que Dieu vous bénisse !

       
  • #2110474
    Le 28 décembre 2018 à 11:59 par Adolfo Stalini
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    Plutôt que de chercher à voter des lois, que ce soit directement ou indirectement (par l’intermédiaire de représentants élus), ne vaudrait-il pas mieux procéder de façon scientifique ? Non pas voter des lois mais démontrer scientifiquement la validité de ces lois quant à leur utilité pratique sur le plan social, économique, politique voire géopolitique, en procédant de la même façon que les scientifiques procèdent pour mettre en évidence et démontrer les lois de la nature. Etant donné la difficulté de la tâche, ne pourrait-on pas, en attendant, supprimer les lois en leur substituant une jurisprudence au sens large : les juges seraient alors élus pour mettons trois ans et seraient tenus de prononcer leurs jugements en les accompagnant de motivations se basant sur une jurisprudence quelconque, n’importe quelle jurisprudence du moment que celle-ci est clairement mentionnée. Ces motivations devraient être claires, sincères et exhaustives. Je veux dire par là que les juges devraient mentionner tous les arguments et tous les raisonnements qui les ont conduit à poser une conclusion. Ceci dans un esprit de franchise (on dit tout ce qu’on pense), mais aussi dans un esprit de sincérité (on pense tout ce qu’on dit) et enfin dans un esprit d’honnêteté (dans un respect absolu de la vérité). Etant donné que le juge peux se tromper, il devrait indiquer les sources d’erreurs possibles, mentionner ses moindres doutes et ne pas hésiter à se déclarer incompétent lorsque les faits portés à sa connaissance ne lui permettraient pas de conclure d’une façon susceptible de satisfaire aux conditions mentionnées plus haut. Quant à l’Etat, il pourrait établir des réglementations administratives qui n’auraient pas valeur de loi, c’est à dire qu’il serait toujours loisible à l’individu de s’opposer ) une réglementation en portant l’affaire devant la justice. Par exemple, ayant grillé un feu rouge à trois heures du matin, je pourrais faire valoir auprès d’un tribunal le fait que la circulation étant nulle à cette heure tardive, la réglementation perdait beaucoup de son intérêt social.

     

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  • #2110554
    Le 28 décembre 2018 à 13:25 par ac
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    Sacré Jean-Jacques. 250 ans, bientôt, après sa mort. Il agite toujours autant les passions !

     

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  • #2110697
    Le 28 décembre 2018 à 17:23 par Politzer
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    Rousseau fut un grd penseur utopique, c est pourquoi nul part on a pu appliquer avec succès ses théories, y compris ds la minuscule Suisse où le pouvoir, qui corrompt les masses grâce à son statut de refuge à fric, les laisse jouer à la démocratie.
    Pour Voltaire représentant littéraire de la bourgeoisie révolutionnaire, son réalisme froid lui a fait déclarer :" je me méfie de la démocratie, car il faut une plume pour 300 bras". En dépit de ce que ses détracteurs considèrent ce jugement plutôt cynique,je ne suis pas sûr qu il fut moins important que Rousseau ds l avênement de 89.
    Cela dit Rousseau est très actuel quand il ecrit
    _ :"Défiez-vous de ces cosmopolites ....Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins." N est ce pas messieurs les immigrationistes ? De ce point de vue Guigue a raison , Rousseau est gilet jaune.

     

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  • #2110984
    Le 29 décembre 2018 à 03:31 par Michelly58
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    Il suffit de régarder qui l’éducation nationale ne fait pas l’éloge pour voir qui étaient les vrais révolutionnaires.

     

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  • #2111087
    Le 29 décembre 2018 à 12:01 par Gu
    Pourquoi Rousseau était un Gilet Jaune

    « C’est pourquoi les “députés du peuple”, autrement dit ses représentants, ne peuvent être que “ses commissaires”, des exécutants investis d’une mission strictement définie. Ils ne peuvent rien conclure définitivement. »

    C’est précisément ce qu’étaient les députés des États Généraux sous l’Ancien Régime, avec leurs cahiers de doléance auxquels ils étaient strictement attachés.

    Une fois encore, la Monarchie reposait sur une philosophie politique bien plus saine !

     

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