Egalité et Réconciliation
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Infosyrie et Alain Soral : ce que nous avons vu à Damas et Hama (suite)

Voici la deuxième partie du récit d’Alain Soral et de Guy Delorme. Cette fois-ci nous sommes le lundi 21 août, journée consacrée à la visite de Hama, longtemps point fort et sanglant du mouvement de contestation. Mais la situation a quelque peu changé, dans le bon sens… S’il n’y a qu’une chose à retenir de ce témoignage c’est que la Syrie, même en crise, même à Hama, est vraiment très loin de l’Etat policier qu’on nous décrit, il s’en faut de beaucoup.

-Infosyrie : Nous voici arrivés à la deuxième journée de votre mini-périple syrien. Elle est consacrée au voyage à Hama une des trois principales villes syriennes, à 200 kilomètres au nord de Damas. Vous n’éprouvez pas une vague appréhension à l’idée de vous aventurer dans une cité présentée comme LE bastion de l’opposition à Bachar al-Assad, la ville des manifestations – fantasmatiques – de « 500 000 » opposants, et des massacres – bien réels – de policiers ?

-Alain Soral : Non, parce qu’on sait que si on nous amène là-bas, journalistes et personnalités étrangers, c’est que la ville est sécurisée. Encore que ce ne soit pas si vrai : on a eu droit à Hama à une manif’ improvisée de contestataires, sans aucun dispositif policier entre nous et eux, on y reviendra.

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Réunion d’information avec le Gouverneur de la région à l’Hôtel de Ville de Hama

-IS : Dans quelles conditions vous êtes-vous rendus à Hama ?

-Guy Delorme : Dans un des quatre ou cinq bus affrétés pour l’occasion. Aucune escorte policière. Et tout au long de la route, très peu de présence militaire. On a vu quand même à un moment donné une sorte de petite guérite avec un type en uniforme avec une arme automatique et même, plus loin, une autre guérite avec une arme mais pas de soldat ! Sinon pas de concentrations militaires notables tout au long des 200 kilomètres de trajet. Très décontracté, l’Etat répressif et policier syrien !

-IS : Et donc vous arrivez à Hama. Quelle est la première impression : « Peur sur la ville » ? « Etat de siège » ?

-GD : On voit quand même des traces de slogans bombés sur les murs, plus ou moins badigeonnés pour les masquer. On voit aussi des bâtiments incendiés qui témoignent d’une vraie période insurrectionnelle. On connait la version du gouvernement qui affirme que l’armée est entrée dans la ville, fin juillet, à la demande de notables et d’habitants excédés par des semaines d’anarchie. Je n’y étais pas, mais ça me parait fort plausible, et en France, dans un cas de figure semblable, la réaction du pouvoir aurait été bien plus rapide. Les zones de non droit ont vocation à être tôt ou tard « normalisées », sous toutes les latitudes géographiques et idéologiques.

-IS : Et où êtes-vous conduits en premier lieu ?

-GD : On nous conduit à l’hôtel de ville, dans ce qui doit être la salle de délibérations du conseil municipal, un amphithéâtre avec travées et micros sur les pupitres. Là, le gouverneur nous fait un topo, dans une certaine cacophonie, je dois dire, tous les journalistes de tous les pays intervenant tour à tour ou parfois, ce qui est plus ennuyeux, simultanément, qui en arabe, qui en anglais, qui en turc, voire en français. Tout ce monde parle fort, à l’orientale, les questions sont longues, les réponses aussi. On a même eu le sentiment, à un moment, peut-être à tort, d’un différend violent entre Russes et Turcs, sans qu’on sache pourquoi.

-AS : Il faut bien préciser, à ce stade, un point qui nous avait d’abord échappé : ce voyage « officiel » était en fait organisé, non pas par le gouvernement mais par une association d’hommes d’affaires syriens, certes avec l’accord bienveillant du pouvoir, mais sans l’infrastructure, ni l’encadrement policier qu’aurait fourni une implication directe du pouvoir politique syrien. D’où cette persistante impression d’improvisation, à la limite sympathique, mais qui aurait pu avoir de graves conséquences si les groupes armés avaient encore été en mesure de frapper. A contrario, ce manque d’encadrement témoigne d’un sentiment de sécurité retrouvée à Hama.

Bref, concrètement, cette réunion était encadrée, non par des moukhabarat ou des militaires, mais par des businessmen quadragénaires, patriotes soucieux de donner un coup de pouce à leur pays, à son gouvernement et à son économie, et du reste très sympas. Des gamins en chemises de mouvements de jeunesse complétaient l’organisation. Parmi nos entrepreneurs, un descendant de l’illustre émir algérien Abd el-Kader, personnage de l’histoire de France autant que de l’Algérie et qui a vécu la dernière partie de sa vie en exil à Damas, où il a sauvé d’ailleurs des chrétiens lors de massacres intercommunautaires en 1860.

Pour en revenir à Hama et à 2011, on a eu vite une démonstration en temps réel de l’absolue »décontraction » de cette manifestation dite « officielle » : à un moment, une trentaine ou une cinquantaine de jeunes débarqués d’un quartier périphérique, et qui avaient eu vent de la réunion, sont venus scander des slogans anti-Bachar devant l’Hôtel de Ville et les participants. En face, rien, personne, sinon les scouts et UN flic en civil que nos opposants se sont mis à courser sous nos yeux ébahis ! Dans le genre Etat-policier-répressif, on a vu mieux ! On imagine ce qui se serait passé en France !

A ce sujet, il faut bien comprendre une chose : il y a beaucoup de policiers et de militaires en Syrie parce que cela correspond à un reste de société et d’économie « soviétiques » : ça fait du plein emploi. Mais ça ne fait pas des « pros » du maintien de l’ordre : nombre de policiers syriens ne sont pas motivés pour ça, et ont plutôt une mentalité, et un tempérament, de fonctionnaires paisibles et routiniers. Ca peut expliquer, en situation d’affolement, les bavures, mais aussi les pertes subies par ces mêmes policiers face à des activistes armés et résolus.

C’et d’ailleurs en constatant cet état de choses qu’on s’est dit que si des opposants résolus avaient voulu nous causer de graves ennuis, ils avaient vraiment le terrain libre ! Heureusement la contestation semble un peu atone à Hama ces temps-ci.

-IS : Parlez-nous de la réaction du reporter du Figaro à cet incident…

-AS : Malbrunot m’a expliqué gravement que les manifestants en question étaient des partisans de Bachar alors qu’ils scandaient à plein poumon des slogans anti-régime. On m’a dit qu’il était arabophone, si c’est vrai, il ferait bien de prendre des cours de rattrapage ! En tout cas voilà le genre de « pros » qui « informent » le public français… On a eu, pendant ce séjour, des échanges ironiques, pas agressifs : il a même tenu devant moi des propos très nuancés sur la situation en Syrie, qu’on ne retrouve pas dans ses articles.

Quant à la journaliste de FR3, elle a écouté avec attention et, parfois, avec approbation mes arguments sur le sujet. Mais Malbrunot « repassait » toujours derrière moi, pour lui fourguer sa grille d’analyse bien pensante et sarkozyste. On peut résumer d’ailleurs la pensée de M. Malbrunot à cette équation : « On ne voit ni n’entend rien, mais c’est parce que la population est terrorisée » (voir, à ce sujet, notre article « Le Figaro : la révolte « introuvable » à Damas », mis en ligne le 22 août). On peut dire qu’il est complotiste, à sa manière !

-IS : Vous avez pu discuter avec ce groupe de manifestants ?

-GD : C’étaient en majorité des jeunes, très excités, agressifs, qui nous faisaient penser aux « racailles » de nos cités.

-AS : On avait l’impression que comme ceux-ci, ils rêvent d’un consumérisme à l’occidentale, avec un accès au haut-débit internet, belles bagnoles et belles nanas. Pas vraiment des « fous de Dieu », mais une possible « armée de réserve » pour des agitateurs islamistes.

-IS : Combien de temps a duré la « manif’ » en question ?

-GD : Une demi-heure. Les organisateurs étaient un peu emmerdés mais ne pouvaient pas faire grand chose, certains journalistes interrogeaient les jeunes, des discussions s’engageaient en arabe et en « broken english », rien de bien méchant…

-IS : Il n’empêche que la journaliste de FR3 que tu disais si « ouverte » à tes arguments a, dans son reportage diffusé le lendemain soir par sa chaîne, fait un petit développement sur cet incident, montrant des femmes en uniforme tentant d’écarter les caméras, et interrogeant un opposant se disant « terrorisé » par les menaces d’un policier en civil…

-GD : Les types sont repartis tranquillement, en marchant et en hurlant leurs slogans anti-Bachar sans être inquiétés par le moindre policier, en civil ou en tenue, c’est ça la réalité.

-AS : Si l’on met de côté cette péripétie, on a bien senti qu’il y avait à Hama un niveau de contestation supérieur à ce qu’il est partout ailleurs dans le pays, à cause des bâtiments incendiés, des slogans sur les murs… Mais enfin, on est très loin d’une ville vivant sous la loi martiale. Et encore une fois, l’absolue manque de précautions policières autour de notre réunion prouve bien que les organisateurs pensaient qu’il n’y avait plus de risques d’incidents majeurs. Du reste, les manifestants n’étaient qu’une cinquantaine à tout casser. Le niveau de mobilisation anti-pouvoir est bien plus fort dans la moindre des villes anglaises, en ce moment, qu’à Hama !

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Alain Soral devant les ruines du commissariat incendié de Hama

-IS : A l’issue de la conférence de l’Hôtel de Ville, que faites-vous ?

-AS : On nous mène sur le site du commissariat de police pris d’assaut par les émeutiers, dans les derniers jours de juillet. Les murs sont criblés de balles et noircis par l’incendie, tout est détruit à l’intérieur, et il y a quelques voitures calcinées aux abords. Les 16 ou 17 policiers qui se trouvaient à l’intérieur ont été tués et, pour certains d’entre eux, leurs cadavres ont été décapités, et les têtes promenées dans les rues. D’autres cadavres ont été jetés, à la sortie nord-ouest de la ville, dans l’Oronte (voir nos articles « Les massacrés de Hama interdits de télé française« , « Désolés messieurs, c’est bien arrivé à Hama » et « Les opposants pacifiques et démocrates de Hama en peine action« , mis en ligne les 3, 4 et 2 août)

Tout ça s’inscrivait évidemment dans une stratégie de provocation du régime, en s’en prenant à ses policiers et à ses bâtiments officiels. La quantité d’impacts de balles sur les murs prouve que les assaillants étaient armés. C’est le vieux schéma « provocation-répression ». Et il n’est pas mis en route par des opposants « lambda » ou des jeunes paumés comme ceux que nous avons vus : c’est plutôt l’oeuvre d’activistes politisés, entraînés, armés, encadrés. Du genre extrémistes salafistes, peu représentatifs des Syriens, pro ou anti-Bachar. Parce qu’il faut dire que l’Islam syrien, qu’il soit sunnite ou chiite, est vraiment modéré, le ramadan étant à mon avis plus observé dans certains quartiers de Paris qu’à Damas et ailleurs.

-IS : Quand vous êtes tous devant ce bâtiment de police brûlé et criblé de balles, preuve manifeste de l’existence d’une opposition violente et armée, comment réagissent vos compatriotes de FR3 et du Figaro ?

-AS : A un moment donné, des petits gamins, venus de l’immeuble en face, se sont présentés spontanément à nous ; ils avaient assisté à l’attaque et voulaient nous en parler. Tout ça, c’est une femme bilingue qui nous l’explique. J’exclus absolument qu’il s’agisse d’une manipulation des autorités, ces gamins, qui avaient interrompu une partie de foot pour venir nous voir, n’étaient pas « en mission »…

-GD : Vu le haut degré d’improvisation de toute cette expédition à Hama, c’est en effet exclu !

-AS : Et donc, m’étant fait expliquer leurs intentions par l’interprète, je demande à celle-ci d’avertir Mlle FR3 et Georges Malbrunot que ces enfants ont des choses à leur dire sur ce qui s’est passé dans ce commissariat. Et là, les deux refusent d’entendre les gamins, et s’éloignent ostensiblement : pas question pour eux, apparemment, d’écouter une version des faits qui pourrait corroborer celle du pouvoir. Il y a là sans doute la peur de se faire manipuler. Mais plus encore de s’éloigner de la doxa, de la lecture « journalistiquement correcte » des événements de Syrie.

-IS : On s’en rend compte en regardant le reportage que la fille de FR3 a tiré de cette journée : elle montre – assez brièvement – les images d’hommes armés à Hama, les corps de policiers balancés dans le fleuve, tout en assortissant ces images d’un commentaire dubitatif, et en les encadrant d’images et de commentaires bien pensants sur les quelques dizaines de jeunes manifestants anti-Bachar venus frimer devant ses caméras : surtout, écorner le moins possible l’image d’Epinal d’un peuple quasi-unanime dressé contre un tyran et son gang, et évacuer les images et les faits dérangeants à coup de conditionnel et de scepticisme de « pro-à-qui-on-ne-la-fait-pas ». Après la visite du commissariat, où vous conduit-on ?

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Vue prise depuis le désormais tristement célèbre pont de Hama, sur l’Oronte

-AS : On va au pont sur l’Oronte, le fameux pont d’où les insurgés islamistes ont jeté les cadavres des policiers tués dans le commissariat. On se rappelle que les médias français qui n’ont quasiment pas montré – ou avec retard comme FR3 – ces images terribles – au moins un des corps est décapité – ont préféré relayer les mensonges des cyber-opposants selon lesquels tout ceci était un montage gouvernemental, le pont ne se trouvant pas à Hama, ou bien l’Oronte étant à sec en été, etc. Eh bien désolé, on a pu voir le pont – qui se trouve au nord-ouest de la ville – sous tous les angles, et c’est bien celui-ci ; quant au fleuve, il coule !

-IS : Nous avions d’ailleurs diffusé sur le site une vidéo montrant très bien avec des vues aériennes et Google Earth la localisation précise du pont, et même celle des différents endroits et points de vue rencontrés dans la vidéo, de la rambarde d’où l’on jette les corps, aux berges du fleuve (voir notre article « Désolé messieurs, c’est bien arrivé à Hama !« , mis en ligne le 4 août). Ce pont permet à une bretelle d’accès à la grand-route d’Alep d’enjamber le fleuve, dans une zone péri-urbaine au nord-ouest de Hama. Et là, comment réagissent nos journalistes ?

-AS : Ils bredouillent un peu, du genre « oui, bon d’accord, mais… » Toujours cette angoisse d’être obligés de donner raison, fut-ce ponctuellement, aux thèses du pouvoir.

-IS : Que se passe-t-il ensuite ?

-GD : A ce stade on est épuisé : on a dans les jambes 6 heures de bus par 45 degrés, une assez longue réunion à l’Hôtel de Ville, puis la visite des « hauts-lieux » de l’insurrection. Osons dire aussi qu’on digère mal, dans ces conditions climatiques un peu extrême, le repas pantagruélique qu’on nous a servi au grand hôtel Cham de Hama à partir de 15 heures. Bref, on n’en peut plus.

-IS : Combien de temps avez-vous passé à Hama ?

-GD : 3,4 heures je dirais. On a aussi visité deux ou trois hôpitaux de la ville. La presse occidentale, « inspirée » en cela par les bobards de l’OSDH et des cyber-dissidents, avait raconté que l’armée avait pilonné les hôpitaux. Naturellement, c’était faux : les façades des établissements que nous avons visités étaient en parfait état, sans la moindre trace de « replâtrage » hâtif. Les hôpitaux fonctionnent normalement. La seule trace des « événements », ce sont quelques slogans peints sur les murs. En fait, les activistes se sont concentrés sur les bâtiments représentant l’autorité de l’Etat, comme le fameux commissariat.

-AS : On voit, quand même, à certains carrefours, quelques postes militaires avec sacs de sable, avec trois, quatre types en uniforme en train d’écouter une radio ou de somnoler. Pas le moindre blindé. Encore une fois on n’est vraiment pas à Stalingrad ou à Varsovie en 44 !

-IS : Et que font les autres membres de l’expédition pendant tout ce temps ?

- GD : Les gens filment avec des caméras, prennent des photos. Moi je rivalise d’ironie avec Malbrunot qui joue toujours les « dessalés » pas dupes. Mais moi je ne suis pas dupe d’un type comme lui, journaliste du Figaro, « spécialiste » du monde arabe ou du Proche-Orient, et donc en mission. Je sais qu’il n’est pas là pour dire ou rapporter la vérité, parce que cette vérité n’est pas bonne à dire pour ses employeurs. Et puis je sais d’expérience que mes propos sont déformés par ce genre de « pros » des médias français, et qu’une conversation « sympa » peut devenir une pièce à charge dans un procès en sorcellerie médiatique. Donc, je vanne Malbrunot – on a eu notamment un amusant échange sur les lobbies en France -, quitte à être plus sérieux avec la dame de FR3. On avait d’ailleurs averti les sympathiques organisateurs de la visite qu’il ne fallait pas compter sur un Malbrunot pour faire un compte-rendu un tant soit peu objectif. Il y a chez eux, mais c’est normal compte tenu du fait qu’il s’agissait de personnes issues de la société civile, une certaine naïveté quant à l’honnêteté de « nos » journalistes.

-IS : Comment se termine pour vous cette journée de lundi ?

-AS : On rentre dans nos bus, pour se taper les 200 kilomètres du retour à Damas. Il y a toujours le contraste éprouvant entre les 26 degrés de la climatisation du bus et les pointes à 48 degrés de l’extérieur. Quand tu sors du bus, tu es vraiment « assommé » par la chaleur. La chaleur, c’était l’ennemi ce jour-là à Hama, beaucoup plus que les Frères musulmans ! Et puis, on est rentré se faire une santé et une beauté à l’hôtel Cham de Damas. On repris l’avion le lendemain mardi.

-IS : Alors quelle est l’impression générale ? Les délégations sur le tristement célèbre pont de Hama, sur l’Oronte

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Les délégations sur le pont de Hama

-AS : Même si elle pouvait servir le gouvernement syrien, cette opération, il faut le redire, a été montée par des hommes d’affaires syriens, patriotes et soucieux de monter que, malgré tout ce que racontent les médias étrangers, la société syrienne fonctionne, même à Hama. Et oui, elle fonctionne apparemment, et cet équilibre repose sur la famille Bachar. Ce qu’on a du mal à comprendre en France, mais qui ne surprendra pas quiconque s’intéresse au fonctionnement des sociétés arabes ou orientales. Je vais revenir à ma comparaison avec de Gaulle : il avait réussi à réunir un temps sur son nom la bourgeoisie conservatrice et les communistes. Eh bien les Assad ont garanti l’unité d’une société plurielle. Et c’est ce que voudraient détruire les Américains et leurs très nombreux collabos, qui ne supportent pas les nations indépendantes et sourdes à leurs mots d’ordre. Ce sont ceux qui ont détruit l’Irak, qui cherchent à diviser le Liban et ont exacerbé la guerre civile en Libye, qui s’engagent à présent pour la « démocratie » en Syrie et manipulent à tout va.

Par rapport à ce voyage, je retiens aussi la naïveté en termes de communication. Au fond, les organisateurs du voyage ne soupçonnent pas la « malignité », la perversité des méthodes de communication occidentale à l’anglo-américaine. J’avais d’ailleurs déjà constaté ce décalage lors d’un voyage en Serbie, une autre grande nation victime du mensonge occidental organisé.

Bien sûr, et je l’ai dit dans cet entretien, tout n’est pas parfait dans cette société syrienne qui a longtemps vécu selon les codes soviétiques. Il y a une aspiration à un climat moins étouffant, notamment chez la jeunesse bobo locale, naïve et manipulée. Il y a aussi, on a pu le voir à Hama, un sous-prolétariat qui n’a rien à perdre, et qui prête une oreille aux mots d’ordre des activistes plus ou moins islamistes. Mais j’affirme que le niveau de tension – sociale ou ethnique – constaté en Syrie n’est pas supérieur à celui qu’on connaît en France ou en Angleterre. J’ajoute que le niveau de présence policière que j’ai pu constater, y compris à Hama, est bien inférieur à celui de Paris, et nettement plus débonnaire ou décontracté. Et l’équipement policier qu’on a pu voir était de niveau « amateur », sans comparaison avec celui de nos CRS ou gardes mobiles transformés en « ninjas » à la moindre manif. Pareil pour les contrôles à l’aéroport de Damas : on vous palpe à peine, c’est tout juste si les douaniers vous regardent, occupés qu’ils sont à discuter entre eux. Et tout ça dans un pays soit disant en état de siège !

Au fait, en parlant de tensions sociales ou ethniques, je ne sache pas que Bachar al-Assad ait demandé, après les récentes émeutes urbaines anglaises, l’abdication de la reine Elisabeth, alors que Cameron a exigé le départ de Bachar !

-GD : Moi je voudrais souligner le côté vraiment « bon enfant » de toute cette opération, à des années-lumière de l’impeccable et implacable organisation de nos opérations de « com », et qui ne se situe d’ailleurs pas non plus dans un schéma de propagande à la soviétique. Précisons que nous n’avons reçu aucun argent de nos hôtes, même si, bien sûr, nos frais sur place étaient payés. Lundi soir, au moment des adieux, on nous a offert… une boîte de loukoums. On n’était pas chez les Saoudiens, grands amis de la démocratie et de l’Amérique.

-AS : Le problème d’un pays comme la Syrie, c’est que la manière dont il fonctionne, depuis toujours, le rend assez vulnérable aux infiltrations et aux subversions téléguidées de l’extérieur. Face aux experts de la CIA et à ses dollars, il est relativement désarmé. Mais il a quand même pour lui sa fierté nationale, son goût de l’indépendance et une assez claire conscience des mensonges de la propagande adverse – il n’y a qu’à regarder l’Irak voisin pour voir à quoi mènent les mots d’ordre américains dans la région. C’est, pour ce que j’ai pu en voir, un peuple sympathique et un pays magnifique. on ne regrette pas notre voyage et on continuera à défendre ce pays et ce peuple.

-IS : Alain Soral et Guy Delorme, nous vous remercions.

Propos recueillis par Louis Denghien

 
 

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