Egalité et Réconciliation
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Ron Paul : the last hope ?

Ron Paul n’ira finalement pas à la Convention du Parti républicain. Il a jeté l’éponge le 13 juin dernier. Mais "la révolution ne fait que commencer", avertit le Washington Post qui s’est enfin décidé à parler du Dr No... La campagne présidentielle n’était que la "première phase" du processus, selon son porte-parole.
Dans sa lettre à ses partisans diffusée sur son site web, Ron Paul dit vouloir promouvoir une nouvelle organisation à but non lucratif, pour les Américains n’approuvant pas le système politique de leur pays.

Pour les Français qui n’ont jamais entendu parler de ce gynécologue obstétricien, nous vous proposons cette version légèrement réactualisée d’un article de Maurice Gendre publié en février dernier sur le site de Fabrice Trochet
.


A quoi reconnaît-on qu’un homme politique français porte des idées intéressantes, originales voire subversives ?
Réponse : à son absence totale ou quasi-totale d’exposition médiatique.
La preuve par Daniel Gluckstein, Jacques Cheminade ou encore François Asselineau.
Et à quoi reconnaît-on qu’un candidat à la présidentielle américaine porte des idées intéressantes, originales voire subversives ?
Réponse : à son absence totale ou quasi-totale d’exposition médiatique.
La preuve par Ron Paul.
D’un côté ou de l’autre de l’Atlantique : les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Ce gynécologue obstétricien, épiscopalien, membre du Parti républicain, élu puis réélu à neuf reprises au Congrès depuis 1976, qui s’était déjà présenté en 1988 sous l’étiquette du Parti libertarien (tout en restant adhérent du Grand Old Party) , présente un programme pour le moins décapant, qui, si il avait la moindre chance de l’emporter changerait durablement et de manière extrêmement profonde le visage de l’Amérique et par conséquent du Monde.

Quelles propositions révolutionnaires sont défendues par Ron Paul ?
Rien de moins que la sortie des Etats-Unis de grandes organisations internationales et supranationales comme l’ONU, l’OTAN, l’ALENA, l’OMC, le FMI, ou la Banque mondiale.
Mais ce n’est pas tout. Ce non-interventionniste s’oppose aux expéditions punitives américaines (il a voté contre la guerre en Irak en 2003), prône la fermeture des bases militaires US à travers la planète, souhaite en finir avec les subventions accordées à l’Etat hébreu, plaide pour une suppression de la CIA et la levée de l’embargo sur l’île de Cuba.

Sur le plan économique, il propose un retour à un dollar fort avec garantie-or et fustige dès que l’occasion se présente la FED (de nombreux accrochages avec Bernanke et Greenspan sont à signaler).
Il refuse aussi catégoriquement le projet d’Union nord américaine (Canada, Etats-Unis, Mexique) et la monnaie unique (Amero) qui pourrait accompagner ce grand dessein.
Ron Paul n’a jamais masqué non plus son hostilité et sa méfiance à l’égard de sociétés secrètes et para-gouvernementales comme le CFR, le Bilderberg ou la commission Trilatérale suspectées de vouloir instaurer à terme un gouvernement mondial (Jacques Attali dans ses récents écrits ne fait d’ailleurs pas mystère de ce projet, NDLR).

Mais comment se déroule la campagne de Ron Paul ? Il compte en premier lieu sur les nombreux blogs, qui par leur activisme débordant, tentent de compenser la censure invisible orchestrée par les grands Networks et dont Ron Paul est la principale victime.
Lors du caucus du Nevada, Ron Paul a terminé deuxième derrière l’inénarrable mormon Mitt Romney.
Et il a réuni jusqu’à 25% des suffrages lors du caucus du Montana le 5 février dernier. Ce qui est exceptionnel pour un candidat évincé des média mainstream (MSM) et dont près de 47% des contributions proviennent uniquement de donations individuelles de moins de 200 dollars chacune !
La grande inconnue est celle-ci : pourra-t-il tenir jusqu’à la Convention ? Si tel est le cas, alors les "grands réseaux médiatiques" ne pourront plus passer sous silence sa participation à cette élection. Car aussi incroyable que cela puisse paraître, très nombreux sont les Américains qui ignorent encore jusqu’à son existence.

Que faut-il désormais espérer pour l’après-campagne ? De plus en plus de soutiens du "Dr No" (le surnom de Ron Paul), très actifs sur le Net, avancent l’idée d’une alliance avec un autre "atypique", lui aussi très attaché au respect de la Constitution et aux libertés fondamentales, l’écologiste et avocat des consommateurs américains : Ralph Nader. Ce dernier ne cache pas son admiration pour Ron Paul et ne semble pas si opposé que cela à une entente avec le Congressman texan.
Preuve qu’aux Etats-Unis, gauche et droite peuvent s’entendre lorsqu’elles estiment que la maison brûle. A bon entendeur...

Autre question importante : comment expliquer que ni la gauche ni la droite française n’émettent un avis sur le "cas" Ron Paul ?

Outre le fait que nombre d’hommes politiques n’ont jamais entendu parler de lui, Ron Paul bouscule trop les schémas classiques pour ne pas déstabiliser une classe politique française encore persuadée (ou qui s’auto-persuade) que le débat se concentre uniquement entre les trois baudruches du système Clinton, MacCain et Obama (1).
Trois candidats qui sont d’accord sur l’essentiel et qui n’entraveront nullement les penchants impérialistes des Etats-Unis.
Le fait que le PS par exemple ne parle jamais de Ron Paul s’explique aussi (et peut-être surtout) en raison de sa dénonciation de l’avortement, de son refus de l’euthanasie (2), de ses critiques sur le principe du droit du sol, et de sa volonté d’abolir - en bon partisan d’un Etat fédéral minimal - l’Internal revenue service (l’impôt sur le revenu).
Si les sarkozystes n’évoquent pas plus sa participation, c’est en raison de sa condamnation des choix du clan néo-conservateur (clan qui est très apprécié par de nombreux membres de l’UMP), de ses attaques véhémentes contre le liberticide Patriot Act (qui a inspiré en France les lois Perben), sans oublier son insoumission à l’égard du complexe militaro-industriel et de la grande banque.

Enfin, pour dresser un tableau complet de la situation, il faut mentionner que Ron Paul est un des rares hommes politiques américains à réunir sur son nom des hommes et des femmes d’horizons extrêmement divers.
En effet, parmi ses plus fervents supporteurs, on recense des juifs, des catholiques, des vétérans, des pacifistes, des isolationnistes, des Noirs (3)...

Un personnage à suivre donc de près en espérant que Ron Paul ne soit pas abattu par un tireur "fou" ou ne décède dans un accident de la circulation dans les mois ou les années qui viennent...

Maurice Gendre


Notes

(1) Obama est soutenu par des personnages aussi peu recommandables que Brzezinski (membre du CFR), Dan Shapiro (qui entretient des relations très étroites avec le très influent lobby AIPAC) ou encore Dennis Ross dont le jeu trouble au Proche-Orient n’est plus à démontrer.
Clinton, elle, cette va-t’en-guerre incurable, était favorable au renversement du régime de Saddam et MacCain, lui, ne rêve que d’en découdre avec les mollahs iraniens.

(2) Cependant, bien qu’à titre personnel Ron Paul soit opposé à ces pratiques, là encore, il se prononce en faveur d’un choix des Etats fédérés. Même chose pour la légalisation des drogues. Il y est personnellement favorable mais souhaite laisser toute latitude aux Etats fédérés.

(3) Avec ces derniers, les rapports ont été parfois compliqués en raison de quelques déclarations de Ron Paul jugées "racistes" par ses détracteurs et les instances de la communauté afro-américaine.