Egalité et Réconciliation
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Entretien avec Albert Ali

Nous recevons cette semaine Albert ALI, auteur de Marianne m’a Tuer, qui se définie lui-même comme un écrivain français, patriote et musulman. Il défend un l’idée d’un islam de France, ancré culturellement dans notre pays. Il a accepté de répondre à nos questions et nous l’en remercions vivement.

GENERATION FA8 : Bonjour, serait-il possible que vous vous présentiez à nos lecteurs ?

Je suis français originaire du Nord, un chti donc, mes parents sont algériens, nés pendant l’Algérie française.

Mon grand père est arrivé en France en 1947 et mon père juste après mai 68. J’ai 37 ans père de 4 enfants, DEA d’histoire après une école de commerce. Je vie actuellement à la campagne en Bourgogne depuis 7 ans.

Créateur d’entreprises depuis une dizaine d’années, pour rester libre. Engagement associatif depuis 20 ans dans les milieux culturels et cultuels musulmans, première association crée à l’âge de 17 ans.

Auteur de deux ouvrages, traitant de la relation entre la France et ses musulmans je travaille particulièrement sur la question de la sédentarisation de l’islam et des musulmans en France.

GENERATION FA8 : Dans un article paru dans FLASH n° 29 du 17/12/2009 vous dites « que la présence musulmane récente en Europe et en France soulève des problématiques singulières et uniques » Selon vous, s’agit-il d’un problème relevant du nombre de musulmans en France ou des valeurs et idées véhiculées par l’islam ? N’est-ce pas plutôt les deux ?

La présence des musulmans en France est liée à l’histoire singulière et complexe qu’a entretenue la France avec l’univers musulman à ses frontières géo-historiques, mais aussi la présence multi séculaire de musulmans sur son propre territoire.

Une relation très complexe et ambiguë, emprunte à la fois d’islamophobie historique naturelle - concurrence des monothéismes avec l’Eglise ou laïcisme colonial – mais aussi d’une islamophilie notamment de l’armée – il y eu de nombreuses conversions à l’islam dans l’armée napoléonienne et dans les armées françaises en relation avec le monde musulman, chez les saint simoniens par exemple.

Cette dimension « musulmane » de la France, qu’elle soit en négatif - par construction identitaire contre le « sarrasin » ou en positif à travers l’empreinte laissée dans le vocabulaire, les références culturelles et l’intérêt sincère pour l’islam de personnages importants de l’histoire de France, est très souvent ignorée, voire occultée.

Or la France a été par son histoire - médiévale ou coloniale - la première puissance « musulmane » d’occident, quoi qu’on en dise.

La présence contemporaine, massive d’immigrés majoritairement de confession musulmane et de leurs descendants, dont les cultures les traditions ethnico culturelles se sont subsisté dans certaines villes à la culture dominante « gauloise », par la volonté de ceux là même qui les ont amenés, crée des problématiques classiques des migrations qui engendrent du clivages des altérités, souvent à coloration religieuse en l’espèce.

C’est en ce sens que je considère qu’il y a une singularité dans les questions soulevées par la présence inédite d’une multitude de communautés - issues de l’ex empire colonial - qui par leur volonté de sédentarisation manifestent des expressions publiques ethnico-culturelles et religieuses qui perturbent le paysage français traditionnel.

La singularité réside à la fois dans la quantité qui rend ces expressions insupportables pour le mental français, mais aussi par la complicité volontaire des élites française dans l’organisation de cette arrivée massive d’immigrés depuis 1974.

C’est d’abord avant tout un problème de nombre, il faut oser le dire d’autant plus que je suis le fruit de cette immigration voulue par nos élites, le salut de la France passe par l’arrêt sans condition et immédiat des vagues d’immigrés et le renvoi programmé d’une partie de ceux qui sont arrivés récemment avec le concours des pays d’émigration.

Idéal politique, qui sous entend une collaboration des pays d’origine – qui font de cette immigration une arme politique – doublée d’un arrêt réel de la françafrique.

Double problématique, que nos élites ne sont pas disposées à résoudre il me semble.

GENERATION FA8 : Dans ce même article vous écrivez : « Mieux encore, nos maisons d’Allah seront baptisées par des noms de l’histoire de France. Près de chez moi, une mosquée - usine réhabilitée – dirigée par un jeune musulman, s’appelle déjà : Mosquée Eva de Vitrey » Nous ne comprenons pas vraiment ce que cela change. Une mosquée pourrait s’appeler Charles Martel, Charlemagne, Saint-Louis, ce n’est pas pour cette raison que le christianisme y serait prêché. Ce procédé qui consisterait à donner un nom français, européen ou catholique à une mosquée nous semble une solution qui privilégierait la forme par rapport au fond, sans toutefois apporter de sérieuses réponses quant à ce dernier. Qu’en pensez-vous ?

Je comprends bien votre interrogation, qui part du postulat que la France et l’islam sont réciproquement étrangers. Ma lecture de l’histoire n’est pas celle là. Je suis plutôt en parfaite cohérence avec les écrits d’un encyclopédiste qui a vécu sur les deux siècles précédents, un véritable génie que j’admire beaucoup ; le docteur Gustave le Bon, qui me semble t’il, n’est pas honni au sein de la famille nationale française.

Or que nous enseigne t’il ?

Que la dimension musulmane de la France est une réalité historique sans discontinuité, depuis l’arrivée des musulmans au VIIIème siècle, dans les régions du sud de la France.

Depuis, la France s’est construite aussi, en opposition avec le monde musulman et en relation avec ses propres « envahisseurs musulmans » sur son territoire. Si l’on admet que les peuples barbares, qui ont envahit l’Europe de l’ouest, ont contribué à forger une partie des traditions et des rites constitutifs de la France, je ne vois pas pourquoi les musulmans majoritairement berbères arabisants, qui ont été des adversaires militaires sur le sol national, mais aussi partenaires lors d’alliances locales avec des seigneurs français, dans le cadre des rivalités seigneuriales franco-françaises ne seraient pas au même titre des éléments constitutifs des influences qui ont fait la France !

Sans compter les nombreux mariages des filles de seigneurs ou notables français, avec des émirs locaux arabo berbères et musulmans.

Je vous rappelle aussi, les alliances diplomatiques de Charlemagne et de Haroun Al Rachid ou de François 1er avec Soliman le magnifique dont les armées ont séjourné dans les ports français de la méditerranée, pour protéger la couronne française.

Enfin, le geste politique historique, d’Henri IV au XVIIème qui accueillit les derniers rescapés – presque 150 000 - moresques d’Espagne reconquise par la chrétienté, jusqu’à Napoléon et sa campagne égyptienne ou certains de ses généraux se sont convertit à l’islam comme Jacques Menou, dont la femme se promènera en foulard à Paris au début du XIXème.

Enfin je terminerai par le fait que, les territoires des peuples d’Algérie, ont été intégrés à la France administrative avant les savoyards ou le territoire de Belfort.

En résumé je ne crois pas que l’identité de la France soit exempte d’une dimension musulmane forgée dans la douleur de la guerre mais aussi, dans une influence érudite, plus de 200 mots d’origine arabe dans la langue de Molière, dans les relations sincères et profondes avec des minorités musulmanes sur son territoire et dans son épopée coloniale qui a marqué presque deux siècles post-révolution française.

Je conviens que cette dimension est largement moindre que celle de l’Eglise catholique ou des peuples barbares du Moyen-âge.

Si l’on veut dans ma perspective échapper au conflit, que les mondialistes immigrationistes nous préparent sur notre sol national, il faut que nous autres français récents abandonnions un certains nombre de considérations ethno-culturelles (liens diplomatiques, cultures héritées, haine du gaulois, passif historique etc.) pour embrasser une réelle assimilation de nos enfants et petits enfants.

De même je pense que les divers mouvements natios français, doivent réviser leur lecture essentialiste et souvent affective de l’histoire de France. Comme les mouvements nationalistes post coloniaux maghrébins, qui ont inventé une histoire mythique et souvent chimérique sur leur propre « libération » en Afrique !

Si l’on souhaite construire un avenir commun dans notre France charnelle, il nous faut revisiter nos histoires communes pour fonder une perspective souverainiste et patriotique française sur des fondamentaux indiscutables. L’exemple du mythe de la bataille de Poitiers en est le plus éloquent.

La véritable histoire de la bataille de Poitiers et le rôle qu’elle joue dans le mythe d’une frontière historique hermétique avec le monde de l’islam est faux. Il ne faut pas attendre certains historiens contemporains - souvent gauchistes et islamophile – pour le savoir.

Je vous renvoi encore une fois au génial Gustave le Bon et sa « civilisation des arabes », publiée en 1885, quand la France était le premier empire musulman occidental et qu’elle dominait ses colonies musulmanes.

En somme certains natios pensent qu’il y a eu 732, et une parenthèse sans « bronzés » jusqu’à Giscard et son pervers regroupement familial de 1974, il n’y a rien de plus faux !

Dans cette perspective, après cette longue introduction je dirais que les lieux de cultes musulmans sont un signe de désir de sédentarisation et d’installation nationale et non de colonisation islamique comme le défend G. Faye par exemple.

Car la colonisation est un processus volontaire, fondé sur une idéologie expansionniste et une démarche cohérente. Or les immigrés ne sont pas des divisions conquérantes envoyées par les pays du sud, mais font l’objet de toutes les attentions de nos dirigeants mondialistes depuis que la France a élu un banquier à sa tête après de Gaulle !

Que ces lieux de culte fassent tache dans l’urbanisme et la tradition du clocher français, ou suscite une répulsion j’en conviens et le comprend sincèrement. Mais je vous confirme que de 732 à 1045, non seulement les minarets ont poussé dans le ciel gaulois mais même l’appel à la prière, retentissait dans nos régions du midi, présence musulmane confirmée au point ou le pape légitimait par bulle, la possibilité qu’un sarrasin soit choisit légitimement à la tête de certaines villes françaises du sud !

Aujourd’hui, cette présence soulève une crispation identitaire que je comprends naturellement.

La solution est politique ou militaire il n y a pas d’autres voies !

Ou l’on déracine ces édifices comme l’Eglise et les maires du palais le firent en France, après le départ des armées musulmanes au XIème siècle ou l’on cherche ensemble, entre patriotes sincères des solutions qui nous évitent le choc des civilisations et des cultures et donc la fin de notre France !

GENERATION FA8 : Toujours dans cet article publié dans FLASH, nous pouvons lire : « Le véritable défi – le temps presse, dans dix ans il sera trop tard – est d’ancrer le noyau irréductible de l’Islam en tant que spiritualité et théologie réformée et revivifiée, au sein des terroirs français » Pourquoi dix ans et pas cinq, quinze ou même vingt ans ? De même il sera trop tard, mais trop tard par rapport à quoi exactement ? Etes-vous de ceux qui adhérent à la théorie du choc des civilisations ?

La théorie du choc des civilisations, pour discutable qu’elle soit, est de toute façon en train d’être importée par les néoconservateurs français d’extrême gauche et certaines figures d’extrême droite.

C. Fourest ou Philippe Val, par exemple – la droite nationale ayant quant à elle, peu accès et peu d’influence sur nos médias - travaillent très bien avec Kouchner et consorts à diaboliser médiatiquement l’islam comme étant un élément éternellement exogène et incompatible avec la France, ils rejoignent en cela une lecture répandue chez les natios français, encore ancrée sur le mythe de 732.

Dans cette optique le temps presse effectivement, car les même qui à gauche diabolisent l’islam (loi contre le foulard, caricatures du Prophète, loi contre la « Burka » …), font l’apologie quotidienne du cosmopolitisme et de l’immigration comme projet sociétal et comme seule alternative économique pour notre France.

Double jeu évident, qui consiste à chouchouter l’étranger quitte à lui donner des papiers par pression médiatique et manifestations sans-papieristes surmédiatisées !

L’enjeu des dix ans est lié, à l’accélération des phénomènes de transformation sociale qui s’opèrent à vitesse grand V, due à la globalisation et aux systèmes de communication et donc d’influence et de propagande mondialistes !

Reformer notre compréhension et pratique de l’islam en veillant à accélérer l’acculturation de nos enfants afin de régénérer un certain esprit français et une tradition authentique, à même de résister au seul ennemi valable à mon sens : le mondialisme, comme idéologie néolibérale destructrice des altérités, me semble être la seule voie possible.

Il sera trop tard dans peu de temps, quand la présence migratoire sera irréversible le paysage de la France sera prêt pour un choc des cultures et traditions.

GENERATION FA8 : Tariq Ramadan semble être l’interlocuteur officiel désigné par l’ensemble de la classe médiatico-politique pour parler du vaste sujet de l’islam en France. Comment expliquez-vous ce choix ? Vous semble-t-il parfaitement représentatif des musulmans vivants en France ? Certains le considèrent comme un agent provocateur des mondialistes. Est-ce également votre analyse ?

Je pense Tariq Ramadan – que je connais par ailleurs – sincère dans sa volonté de dialogue et sa démarche d’émancipation des musulmans des tutelles étrangères et des pouvoirs politiques nationaux. Je le pense, aucunement inspiré par une logique internationaliste de nature islamiste, en lien avec les mouvements politico religieux de sa tradition familiale paternelle.

Par contre il souffre de deux tares majeures selon moi.

Il n’est pas français, donc ne peut s’inspirer d’une logique d’enracinement et encore moins du modèle français assimilationniste et d’exception culturelle et politique.

Il ne peut donc que s’inscrire dans un discours européiste – ses fonctions professionnelles aidant – en s’adressant aux musulmans de France avec une échelle européenne, afin de rester cohérant avec son audience qui d’ailleurs est même francophone et internationale.

C’est la raison pour laquelle il s’adresse régulièrement à nous, musulmans de ce pays, sous le vocable de « citoyens » français de confession musulmane. Et sa culture de gauche dominante dans sa compréhension de l’engagement qui en fait un apôtre de l’immigration alors que l’immigration représente le principal danger pour sa propre démarche militante.

Son approche fondée essentiellement sur le lien avec la cité et l’engagement socio politique, qui est donc une réduction de la dimension d’appartenance nationale.

C’est aussi une forme « d’apparition » soudaine du fait musulman par le biais d’un discours égalitariste et revendicateur, dans la logique néo victimaire qui à mon sens est un obstacle à l’échange avec les gaulois. Ceux là même qui ont prit dans la tronche, 40 ans de flux migratoires déstabilisants et subissent une chape de plomb qui leur interdit d’exprimer tout ressentiment légitime. Quand on voit sa voiture bruler et qu’on a peur de protester car la police droitdelhommiste veille à protéger le racisme, SOS racisme comme SOS baleines, on est alors peu prompt à écouter le même Mouloud même barbu et bien habillé – ressemblant pourtant à celui qui a brulé la voiture – qui revendique au nom de sa foi et sa citoyenneté, son engagement contre les injustices etc.

Mon propos est tout autre, je ne souhaite pas m’adresser à mes compatriotes français plus anciens que moi dans ce pays, dans un cadre purement juridique et politique.

Leur assener au quotidien mes attentes égalitaires ou juridiques pendant que d’autres les culpabilisent constamment sur leurs supposées responsabilités dans l’histoire de leurs ancêtres !

Ce qui m’intéresse c’est le lien et la filiation, que portent les gens dans leurs mémoires personnelles avec les générations de français qui nous ont précédés sur ces terres.

Je l’ai beaucoup expérimenté dans les campagnes françaises, quand on discute avec les gens du coin, de leurs traditions culinaires ou qu’on manifeste le désir d’apprendre les vielles techniques abandonnées de tressages des haies de noisetiers, on a plus besoin de parler de racisme ou de discrimination.

On partage alors, une histoire et on crée du lien national et culturel sincère, le reste en devient secondaire, la cité peut exploser demain sous les coup de canon d’un général qui souhaite restaurer l’empire, nous serions alors toujours des français mais surement plus des citoyens si le régime politique venait à être bouleversé.

Enfin pour en revenir à Tariq Ramadan, sa surmédiatisation actuelle m’inquiète véritablement. Le piège médiatique que les élites propriétaires des médias lui tendent, est très difficile à cerner.

Entre la nécessité de passer le message à un nombre impressionnant de téléspectateurs et le piège médiatique de la construction de l’imaginaire islamophobe sur le long terme, nul ne sait si ses prestations télévisées comme celles de n’importe quel musulman d’ailleurs, donneront comme résultats à dix ou vingt ans !

GENERATION FA8 : La charia est-elle compatible avec les valeurs de la République française ? D’ailleurs, comment définiriez-vous les valeurs de la République française ?

Les « valeurs de la république », est la formule préférée de Fadela Amara, sur les plateaux de télé. Elle est capable de l’utiliser plusieurs fois d’affilée.

Leçon bien apprise de ses mentors qui nous rabâchent de la « République » et autres « droits » de l’homme au point d’en faire le catéchisme de leur religion antiraciste.

La République et ses valeurs c’est d’abord la dernière étape d’organisation politique, après les seigneuries et la monarchie de droits divin, de la longue histoire de France.

C’est le modèle post révolutionnaire inventé pour exorciser le modèle monarchique, pourtant la république à été ponctuée de parenthèses politiques importantes, qui furent un retour aux modèles politiques français monarchique et impérial.

Elle n’annonce donc pas un modèle eternel ni la fin de la monarchie. Les valeurs de la république française restent pour l’essentielles des valeurs universelles que l’on retrouve aussi dans la représentation du monde que portent les musulmans.

Le cadre laïque français, est un système qu’il faut préserver à condition que ses militants n’en fasse pas une négation des gens de foi, La Charia constitue d’abord une voie métaphysique et mystique qui mène le croyant dans un cheminement vers dieu, c’est une démarche intime avant tout. Si vous soulevez la question du droit positif musulman et de sa dimension pénale et étatique, il n’est pas question pour nous musulman de France d’en réclamer l’application.

Le caractère minoritaire des musulmans de notre pays doit être préservé, donc arrêt de l’immigration encore une fois.

GENERATION FA8 : Lorsqu’un historien sérieux et objectif pose son regard sur l’Europe catholique et sur les pays musulmans, il ne peut que constater les différences techniques et civilisationnelles entre ces deux grandes entités. L’Europe a dominé et influencé le monde. Elle a donné le « la » durant au moins deux mille ans. D’un autre côté, les pays musulmans n’ont ni dominé ni influencé le monde. Contrairement au judaïsme, l’Islam a donné naissance à une civilisation, qui nous paraît de fait inférieure à la civilisation européenne. Les plus grands penseurs (politiques, philosophes, économistes, scientifiques, etc) sont soit européens ou catholiques, voir les deux. Comment l’expliquez-vous ? De même, le président algérien, qui ne perd jamais une occasion de tirer à vue sur la France, vient se faire soigner dans notre pays car dans le sien il ne pourrait pas bénéficier d’une expertise médicale de qualité. Ce monsieur ne manque-t-il pas de médecins qualifiés et surtout d’honneur ? Enfin, les peuples musulmans viennent en masse en Europe pour bénéficier, entre autres, d’une protection sociale dont ils ne pourraient pas jouir dans leurs pays d’origines. Quel est votre commentaire ?

Vous abordez la question de l’histoire des civilisations et de leur influence sur l’histoire universelle.

Comme vous le savez, l’histoire est une tentative de reconstruire les faits passés.

La rédaction de l’histoire est soumise à l’étude critique des faits par des historiens, qui sont inscrits dans une réalité politique et sociale, leur travail est donc nécessairement sous l’influence de considérations multiples.

En résumé il existe une historie réelle telle qu’elle s’est déroulé, puis une tentative de description à postériori, soumise à nombre de contingences, de déterminations, et d’influences multiples qui nous donne un récit plus ou moins partagé, constitutif d’une mentalité et de représentation d’un peuple. Une histoire parfois identitaire et orientée.

Croire par exemple qu’il y a une hiérarchie entre les civilisations est une prétention à laquelle je ne souscris pas, parce que les civilisations passent par des cycles, certaines se transforment d’autres dominent puis sont dominées à leur tour et enfin certaines disparaissent.

Une civilisation dite « supérieure » est en réalité une civilisation qui possède à un moment de son histoire un « avantage » concurrentiel sur les autres civilisations dans la compétition internationale, innovation politique, religion nouvelle, degré de technicité avancée, puissance militaire supérieure etc. C’est à l’échelle de l’histoire et de leur pérennité que l’on peut qualifier l’influence et l’éventuelle suprématie d’une civilisation par rapport à une autre. La civilisation romaine a dominé par son avancée technique, militaire et administrative et s’est pourtant écroulé tout en léguant à l’Europe des fondamentaux encore influents à ce jour.

Encore une fois relire Gustave le Bon est salutaire, pour comprendre les modalités d’interdépendance et de compétition entre les nations et les aires de grandes civilisations.

Mais encore sortir des lectures identitaires et suprématistes qui n’ont aucun fondement et sont souvent le fruit d’une lecture orientée.

L’exemple le plus récent répandu dans les milieux natios est le livre de Sylvain Gouguenheim : Aristote au mont St Michel.

Relayé médiatiquement comme apportant une réelle nouveauté et postulant l’hellénisme comme continuum civilisationnel ininterrompu.

On y retrouve comme dans votre affirmation suprématiste, le besoin de se délester du rôle des arabo-musulmans dans le savoir universel.

Vieux concept d’une pureté ontologique, historiographiquement orienté qui ne survit pas à une analyse historique sérieuse.

Votre affirmation selon laquelle la civilisation islamique est de fait inférieure à une autre, l’européenne ou pourquoi pas la chinoise, est fondée sur cette appréciation affective de l’histoire.

La civilisation islamique, a ceci de particulier c’est qu’elle est syncrétique, elle n’est pas liée à une ethnie, une nation ou une culture qui elles peuvent disparaître, alors que le phénomène civilisationnel musulman survit. Les principes universels de l’islam fondés sur le monothéisme pur - qui n’a jamais fait de concessions doctrinales depuis sa fondation - s’ancrent dans une culture, une histoire sociale et politique et la foi musulmane est alors portée par le peuple qui l’adopte.

En ce sens il existe une civilisation musulmane portée par des peuples et des nations souvent en opposition au sein même de l’aire musulmane, qui se relaient pour être, la force motrice qui porte le modèle musulman universel en concurrence des autres propositions universalistes.

Les arabes, suivi des berbères, puis les mongols auxquels succèdent les asiatiques et les turcs etc.

En cela elle permet de générer constamment, de la civilisation et une vison du monde.

La suprématie technologique de l’Europe aujourd’hui peut être dépassé dans moins de 50 ans par les avancées chinoises, empire chinois qui à déjà cessé de nous imiter dans de nombreux domaines et innove avec une longueur d’avance.

On ne mesure pas seulement le degré de civilisation à la qualité des infrastructures seulement, je vous rappelle ce qui rend caduque votre assertion, que les musulmans ont dominé scientifiquement et influencé le monde durant de longs siècles au moyen-âge, en assimilant sans idéologie ni à priori les savoirs grecs, perses et asiatiques qu’ils ont ensuite transcendé malgré la thèse approximative de Gouguenheim.

Comparaison pour comparaison, je vous signale seulement qu’il faut attendre 1328, pour que Paris, devienne la citée la plus peuplée d’Europe avec 200 000 habitants.

Cordoue la musulmane d’occident, compte dès l’an 1000, près de 500 000 habitants.

Plus de mille mosquées, 600 bains publics des observatoires et des universités. 600 000 ouvrages sont alors consultables dans la bibliothèque publique de la ville, gérée par une quarantaine de fonctionnaires.

Encore une fois et pour rester dans l’univers des natios, relisons Sigrid Hunke, son le soleil d’Allah brille sur l’Occident, qui pour ceux qui ne le savent pas n’étaient pas une gauchiste dhimmi mais membre du parti NSDAP et identitaire racialiste convaincue.

Elle a largement démontré que la fable d’un occident éternellement dominant et avancé sur les autres nations ne tient pas devant l’extraordinaire épopée scientifique des « sarrasins ».

Résumé par Gustave le Bon cela donne : « L’importance du rôle exercé par les Arabes en Occident ne peut se comprendre qu’en ayant présent à l’esprit l’état de l’Europe à l’époque où ils y introduisirent la civilisation.

Si l’on se reporte aux neuvième et dixième siècles de notre ère, alors que la civilisation musulmane de l’Espagne brillait du plus vif éclat, on voit que les seuls centres intellectuels du reste de l’Occident étaient de massifs donjons habités par des seigneurs demi-sauvages, fiers de ne savoir pas lire. Les personnages les plus instruits de la chrétienté étaient de pauvres moines ignorants passant leur temps à gratter pieusement au fond de leurs monastères les copies des chefs-d’œuvre de l’antiquité pour se procurer le parchemin nécessaire à la transcription d’ouvrages de piété. » G. Le BON, La civilisation des arabes p 451

Quant à l’attitude des dirigeants musulmans aujourd’hui ou à l’état de décadence dans lequel se trouvent les masses musulmanes aujourd’hui, au point de ne rêver que de l’eldorado européen pour émigrer, tout cela n’est qu’une loi céleste que les livres saints décrivent très bien dans de nombreuses paraboles, théorisé par Ibn Khaldoun dans sa théorie cyclique des civilisations. Apogée et décadence, qui mène les descendants des sarrasins à s’agglutiner dans des embarcations de fortune pour venir s’échouer sur les rivages d’Europe en quête d’un peu de pain.

Quant aux dirigeants musulmans ils ne sont le reflet que de cette décadence historique ainsi va le monde. Leurs modèles ne sont plus les califes, Saladin ou l’émir Abdelkader.

ENERATION FA8 : Etes-vous de ceux qui considèrent que la France est née du baptême de Clovis ?

La France fille ainée de l’Eglise commence effectivement avec la conversion comme acte politique fondateur du roi franc salien Clovis. Qui devint ainsi le premier petit fils de l’Eglise après avoir troqué Odin contre le Dieu chrétien.

Acte politique fondateur de la France chrétienne, mais la France c’est aussi une construction politique, une tradition, des modèles politiques et un désir de vivre un destin commun sur la même terre et enfin un modèle assimilationniste efficient jusqu’à ce que nos élites mondialistes avant l’heure, saccage nos grandes institutions d’assimilation (école, armée etc.).

Pour cela il faut réconcilier les histoires communes, et imaginer une collaboration des forces qui aiment la France.

GENERATION FA8 : Pour conclure, pourriez-vous citer vos trois personnages historiques préférés ?

L’émir Abdelkader, Bonaparte et enfin JMLP, mes modèle universels étant bien sur les prophètes et envoyés divins, dont les plus grands, Noé, Abraham, Moise, Jésus et bien sur Mohammed..

Propos recueillis en février 2010.

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