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Guerre de l’eau en Irak : la menace d’un nouveau Déluge

Il ne s’agit pas de faire du catastrophisme, mais les combats qui se déroulent en ce moment autour de deux barrages irakiens ont de quoi inquiéter.

Daash (ÉIIL devenu État Islamique – EI – depuis la proclamation du califat), qui s’est emparé de celui de Falloujah et du lac Tharthar [1], assiège maintenant le barrage hydroélectrique de Haditha sur l’Euphrate, deuxième plus grand barrage d’Irak. Des combats trop proches pourraient en détériorer les vannes ou ébranler sa structure. Si les djihadistes s’en emparent, ils disposeront de l’énorme lac de retenue Qadissiya – du nom de la bataille victorieuse des Arabes musulmans contre les Perses vers 636 – et pourront menacer d’inondation les régions chiites du sud ou les assoiffer. En arrêtant les turbines, ils provoqueraient de graves perturbations dans l’alimentation en électricité de Bagdad. La façon dont Daash gère les barrages en sa possession en Syrie – Tichrin et de Tabqa (ou Thawra) – est plutôt rassurante [2]. Mais, qu’arrivera-t-il lorsque Bachar al-Assad ordonnera à ses troupes d’en reprendre le contrôle ?

Une vague de 10 à 20 mètres atteindrait Mossoul en 3 à 4 heures

Le point noir, c’est le barrage Saddam – rebaptisé Chambarakat (photo ci-dessus) – situé sur le Tigre à 40 km au nord de Mossoul. En 2006, il était considéré par le Corps des ingénieurs de l’armée américaine comme le « barrage le plus dangereux du monde ».

Construit sur du gypse dans les années 80, son fonctionnement nécessite le renforcement permanent de ses fondations. Des spécialistes disent que s’il cédait, suite à des combats ou à un entretien laissant trop à désirer, une vague de 10 à 20 mètres atteindrait Mossoul en 3 à 4 heures, à une vitesse d’environ 2 m/seconde. Une grande partie de la ville serait détruite. Les villages et les terrains agricoles bordant les rives du Tigre seraient ravagés et des quartiers de Bagdad se retrouveraient sous 3 à 5 m d’eau dans les trois jours. Selon des estimations, un demi-million d’Irakiens mourraient noyés [3].

En 2004, Athel al-Nujafi, gouverneur de Mossoul, avait ordonné à la garnison de peshmerga qui assurait la « protection » du barrage Saddam de quitter les lieux et demandé aux troupes américaines de la remplacer. En 2007, David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, avait conseillé à Nouri al-Maliki d’en faire consolider les fondations et les États-Unis avaient accordé 27 millions de dollars pour le réparer, une somme insignifiante vu l’état du barrage et qui, de plus, avait été en partie détournée. Un mur de béton, enfoncé jusqu’à 67 m dans le sol, a été construit depuis autour des fondations : mais pas sûr qu’il retienne les 12,5 milliards de mètres cubes d’eau accumulés dans le lac de retenue.

Depuis la prise de Mossoul par la résistance irakienne et Daash en juin dernier, le barrage Saddam (Chambarakat) est situé à la limite du territoire contrôlé par les nouveaux dirigeants de la province de Ninive. Que se passera-t-il si les Kurdes décident de s’en emparer ? On préfère ne pas y penser.

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