Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

La Grèce et le piège des liquidités

Les négociations en cours entre les autorités européennes, qu’il s’agisse de l’UE ou de l’Eurogroupe et le gouvernement grec se font tous les jours dans un climat de plus en plus délétère.

Après « l’incident » de la vidéo de Varoufakis, largement diffusée depuis Bruxelles, dans laquelle il faisait un « doigt d’honneur » aux institutions, vidéo datant en réalité de 2013 et entièrement sortie de son contexte, il y a eu l’opposition de l’Eurogroupe aux lois anti-pauvreté que souhaite prendre le gouvernement grec.

Cela démontre une volonté politique de la part des institutions européennes de « casser » un gouvernement nouvellement élu. Voici qui en dit long sur le respect de la « démocratie » telle qu’on l’entend à Bruxelles. Tout ceci était néanmoins prévisible. Nous savons à quoi nous en tenir sur la « démocratie » de l’Union européenne. Mais, cela montre que le conflit est inévitable et a probablement atteint le point de non-retour. Il faut alors examiner la situation de la Grèce dans ce contexte.

La question des liquidités.

Cette question est aujourd’hui centrale. Les banques grecques sont confrontées à une fuite de leurs dépôts. Les épargnants retirant l’argent soit pout le mettre à l’étranger, soit pour le thésauriser, soit enfin pour faire des achats spéculatifs. Les montants sont calculables par les demandes faites par la Banque Centrale de Grèce au système TARGET-2 qui gère les comptes à l’échelle de la zone Euro. Il semble que 27 milliards soient sortis en janvier 2015 (donc largement avant l’élection de Syriza), mais encore 15 milliards au mois de février. La Banque Centrale Européenne a réduit largement les moyens de refinancement des banques grecques et a plafonné l’aide à la liquidité d’urgence ou ELA. Ces mouvements de capitaux ont deux significations distinctes, mais la seconde pourrait peser dramatiquement sur l’économie grecque.

Il y a tout d’abord une dimension « fuite des capitaux », spectaculaire mais qui ne constitue pas le problème principal. D’ores et déjà des sommes importantes ont été sorties de Grèce par la grande bourgeoisie et l’oligarchie locale. Ce comportement était à attendre. La dimension fiscale de ce comportement doit être prise en compte néanmoins, car ces sommes qui sortent ne peuvent plus être soumises à l’impôt.

Il y a ensuite, et c’est de loin le plus important, un assèchement des liquidités disponibles dans l’économie. Cela perturbe fortement le fonctionnement des entreprises, qui ne peuvent ainsi plus emprunter pour faire face à des problèmes de trésorerie. Ceci risque de paralyser rapidement l’économie et d’aggraver de manière très spectaculaire la crise.

En fait, le calcul des dirigeants européens consiste à penser que ce risque obligera le gouvernement Tsypras à venir à Canossa. Si les dirigeants de l’Eurogroupe ont fait un geste par rapport à la première dimension du problème, en évoquant la possibilité pour la Grèce d’introduire un contrôle des capitaux tout comme cela fut le cas à Chypre au printemps 2013, il faut ici signaler que ce contrôle des changes ne résoudrait nullement le second problème auquel est confronté le gouvernement grec. Même si un contrôle des capitaux était introduit, cela ne réglerait pas l’assèchement des liquidités dans l’économie. En fait, la politique européenne vise à créer une dépendance de la Grèce aux mesures de la BCE afin de la faire plier politiquement.

Lire la suite de l’article sur russeurope.hypotheses.org

Voir aussi, sur E&R :

Sur la situation sociale en Grèce, chez Kontre Kulture :

 
 






Alerter

6 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

  • #1143878
    Le 19 mars 2015 à 13:02 par quo
    La Grèce et le piège des liquidités

    La question est finalement ; qu’est-ce qu’un billet de banque doit représenter ? L’argent vrai, l’argent dette, les deux ? On sent bien que ce ’poumon’ de billets de banque doit ’évoluer’ selon les fluctuations de valeur absolu d’un endroit spécifique du Monde. Dans la mesure où une dette se matérialise concrètement, cette matérialisation doit engendrer une valeur à l’identique en billets de banque (des signes). L’emprunteur en difficulté, la banque recouvre tout, plus, ou partie de son prêt par l’encan ; la différence doit se traduire par addition ou soustraction de signes. On ne peut pas se cantonner à un métal étalon sans prendre le risque de se trouver dans un endroit du monde sans aucune valeur au milieu duquel trône un stock démesuré de métal référence (une banque cernée par des cimetières) ’Richesse’ inutile. Inutile bien sûr d’imprimer tant de signes, mais il est absolument indispensable d’en fournir autant que nécessaire quand besoin est. Il est vital également de ne pas outrepasser la valeur vraie de l’endroit du monde en imprimant une surabondance de signes qui dans ce cas ne font que perdre leur valeur vraie. On sent bien que la gestion de ce poumon de signes doit obéir a des règles universelles et strictement respectées(il n’y a pas deux façons de gérer cela). Mais est-ce que ça n’est pas justement cette absence de respect qui est la cause du marasme perpétuel ?

     

    Répondre à ce message

  • #1143906
    Le 19 mars 2015 à 13:27 par Philippe de Macédoine
    La Grèce et le piège des liquidités

    Monsieur Jacques Sapir pourrait-il nous dire si les Grecs se sont mis à payer leurs impôts et la TVA ?... Ca serait gentil de sa part...

     

    Répondre à ce message

    • #1144235
      Le Mars 2015 à 19:01 par Drago
      La Grèce et le piège des liquidités

      Les seuls qui pouvaient en payer... sont partis. Ne reste que les ruinés, les chômeurs, les retraités et les cas sociaux dont il faut payer l’électricité et le gaz pour qu’ils puissent se faire à manger et pas crever de froid. Où avez vous vu qu’on pouvait prélever un quelconque impôt dans un pays totalement dévasté ?

       
    • #1145800
      Le Mars 2015 à 18:54 par paramesh
      La Grèce et le piège des liquidités

      mais puisque le monsieur te dit que la fuite des capitaux anihile toute rentrée fiscale (puisque l’europe interdit tout contrôle étatique à la circulation des capitaux). paie déjà tes impôts avec le sourire puisque ça t’excite tant et reviens ensuite tenter de comprendre le problème. quant à ta question, Sapir y a déjà répondu dans un article précédent, (il faut écouter) oui les grecs du quotidien eux paient leurs impôts et plutôt bien (enfin "bien" ça veut en fait dire trop quand t’as plus rien)

       
  • #1144255
    Le 19 mars 2015 à 19:14 par Drago
    La Grèce et le piège des liquidités

    Peut-être que la Grèce devrait bombarder quelques pays africains ou arabes pour en voler également les richesses.... où déclencher des révolutions de couleur. C’est pas du mouron pour leur serin apparemment.

     

    Répondre à ce message

  • #1144268
    Le 19 mars 2015 à 19:28 par tapir
    La Grèce et le piège des liquidités

    Je vis en Allemagne et je peux deja vous dire que la requisition de la banque centrale grecque par le gouvernement ne sera jamais acceptee ici. Ce serait comme si un invite pissait sur votre tapis.

     

    Répondre à ce message