Egalité et Réconciliation
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Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

AteliER
Article initialement publié dans l'atelier E&R

« C’est ici que tout se ramène à la seule loi du plus fort et par conséquent à un nouvel état de nature différent de celui par lequel nous avons commencé, en ce que l’un était l’état de nature dans sa pureté, et que ce dernier est le fruit d’un excès de corruption. »

Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (1755)

 

En France, la mise en spectacle politico-médiatique de la question du mariage entre personnes de même sexe a vu émerger deux camps que tout semble a priori opposer. D’un côté le camp du « progrès », de la « gauche », les pro-mariage pour tous ; de l’autre les conservateurs et les réactionnaires, « la droite » et « l’extrême droite », partisans d’une conception archaïque du mariage comme étant l’union sacrée d’un homme et d’une femme. Face à « l’ouverture des droits » et « l’égalité », « la tradition » et « la morale ». À première vue, cette binarité peut paraître une évidence, en face de laquelle il n’y aurait qu’à choisir son camp. Pourtant, l’analyse dialectique et historique fait apparaître ces catégories comme une inversion stratégique, un formidable brouillage visant à assurer l’inéluctabilité des évolutions sociétales commandées par le développement de la modernité capitaliste. Car le mariage monogamique exogamique hétérosexuel (MMEH) est porteur d’un potentiel révolutionnaire inédit dans l’histoire de l’humanité, face auquel le mariage homosexuel et ses suites s’avèrent une réaction de nature contre-révolutionnaire.
Ce texte se veut une modeste contribution, par l’application de concepts forgés par d’autres à un problème actuel, à la compréhension de la stratégie perverse qui est celle de la modernité capitaliste. Si cette dernière use sans complexe du fouet dans un certain nombre de pays (« tiers monde »), en Occident elle offre souvent aux opinions publiques la carotte du « progrès ». Carotte pourrie qui s’avère en fait un poison. Mais c’est l’abandon en rase campagne, par le camp autoproclamé du « progrès », des penseurs de la modernité et de leurs concepts, qui permet ce retournement et non ces penseurs eux-mêmes comme certains veulent le faire croire en brandissant à leur encontre le « complot franc-maçon », participant ainsi de la décadence de la Raison.
La compréhension du phénomène sociétal en cours par la mobilisation des concepts de la pensée progressiste (l’axe Rousseau-Hegel-Marx) permet de démasquer la véritable stratégie du pouvoir : empêcher l’émergence d’une contestation du mariage homosexuel et de ses suites (PMA, GPA…) sur le terrain (prétendu) de l’adversaire, celui de la Raison et du Progrès (véritables).

Car le mariage monogamique exogamique hétérosexuel est bien le rejeton de ces deux parents, c’est-à-dire de l’Histoire. N’en déplaise aux traditionnalistes catholiques ou non (qui par ailleurs ont pu courageusement le défendre dans la rue), il est tout sauf naturel. Et c’est donc bien par la compréhension de son origine anti naturelle qu’il peut et doit être le plus pertinemment défendu.
La famille composée du père, de la mère et des enfants n’existe pas dans l’état de nature, où les petits ne restent attachés à l’un des deux géniteurs (le plus souvent la femelle) que le temps nécessaire à leur indépendance [1]. La famille monogamique exogamique hétérosexuelle (un papa-une maman) est donc une construction culturelle. Par cette dernière, l’Homme dépasse la détermination purement biologique qui préside à la perpétuation de l’espèce en la reproduisant sur le plan social et institutionnel. Un plan que l’Homme ne doit qu’à lui-même. Évidemment dans la nature, c’est bien l’accouplement d’un individu mâle et d’un individu femelle qui permet la reproduction. Mais le MMEH est en quelque sorte une sublimation de la loi naturelle par une dialectique culturelle (celle de l’homme et de la femme), dont la synthèse serait l’enfant. Il est donc progrès objectif en tant que tentative d’émancipation de l’Homme d’un déterminisme naturel, sur le terrain de ce qui à première vue est le plus lié au biologique chez lui : la reproduction [2].
Cette forme institutionnelle du mariage n’est pas inventée un beau jour par hasard. C’est un certain degré de développement des forces productives (« l’aiguillon de la nécessité » comme le dira Rousseau), qui autorise l’Homme à proposer le MMEH. En Occident, ce dernier a succédé au système de parenté clanique (lui-même déjà construction sociale) par la nécessité du passage d’une économie tribale au mode de production féodale, puis capitaliste. Progrès sur la nature, le MMEH est aussi un formidable saut qualitatif par rapport aux systèmes de parentés qui l’ont précédé. De par leur caractère endogamique (union au sein du groupe tribal), les systèmes de parenté antérieurs étaient encore un conditionnement de l’Homme par une réalité extérieure à lui-même, un déjà-là (un totem, un tabou). Cette loi du sang permettait le conservatisme familial commandé par l’économie pré-féodale. La nécessité du passage de la société de clan à la société de classe implique l’abandon de l’endogamie pour l’exogamie (l’union à l’extérieur du clan) [3]. En émancipant le mariage de la consanguinité, le MMEH autorise l’accession à l’autre (autre sexuel, autre de classe), c’est-à-dire à l’universel. C’est le moment de la plus grande conscience de soi jamais atteinte par l’Humanité. L’Homme émancipé des déterminismes naturels, puis tribaux, peut (enfin) produire intégralement les conditions de la reproduction de l’espèce comme il crée celles de ses moyens d’existence. C’est le choix (possible) de l’autre contre la loi du même.

De la nature, aux lois du sang, à l’universel. C’est le sens la liberté de l’Homme en tant que de plus en plus maître de ses déterminations. Tout le travail du capital, devenu hégémonique dans la société de classe, sera de détourner ce formidable potentiel qu’il a lui-même engendré, en nouvelle répétition entropique, nouvelle endogamie à l’intérieur de la classe sociale pour un éternel recommencement de l’ordre établi (par le capital). D’où le mariage bourgeois, puis le mariage homosexuel présenté fallacieusement aujourd’hui comme une continuité progressiste.
Cette récupération sera essentiellement possible grâce au discours sur la libération du désir porté par le consensus libéral-libertaire à partir de 68 [4]. En essentialisant l’amour comme chose en soi, en en faisant l’origine du mariage, ce dernier n’a plus qu’à plier devant la toute puissance de l’Eros. Le social (l’institution) érigé par la volonté générale, doit céder devant les subjectivités particulières (le désir du plus fort ou du plus riche) au nom de l’interdiction libertaire de contraindre le désir, qui doit à tout prix être « libéré ».
Et c’est bien au nom de « l’amour » qu’est partout vendu le mariage homosexuel. « Droit à l’amour », « désir » procédant du seul choix individuel, îlot par excellence de la subjectivité, échappant par essence aux rapports de classe. Or ce n’est que par l’abandon de la compréhension du désir comme étant engendré par un certain mode de production, que ce marketing sociétal est rendu possible. Autrement dit, et contrairement aux torrents de mensonges médiatiques et politiques sur la question, l’amour (le désir) des homosexuels n’est pas cette force intrinsèquement progressiste qui aurait poussé jusqu’à faire tomber les obstacles au mariage des personnes de même sexe. C’est au contraire la soumission du mariage comme institution culturelle arrachée à la loi du plus fort et productrice d’un espace de gratuité et d’amour aux nécessités du développement du capital, qui crée le désir homosexuel du mariage. Désir que toute l’idéologie soixante-huitarde prétendra force de vie alors qu’en tant que désir de quelque chose, il est désir de consommation, c’est-à-dire en dernière instance, de destruction [5].
Cette destruction déploie actuellement toute sa puissance sur le mariage bourgeois (déjà lui-même récupération par l’endogamie sociale du potentiel révolutionnaire de l’exogamie monogamique) dont les « acquis » n’étaient pas seulement d’ordre théorique ou symbolique. En sortant la reproduction de la nature pour la confier à la société, le MMEH avait du même coup érigé des digues protectrices très concrètes autour des sujets de cette reproduction que sont la femme et l’enfant. Digues sociales et juridiques contre le règne de la force pure. Or c’est bien à la loi du plus fort que nous ramènent sans ambages les évolutions sociétales récentes. Car qu’est ce que la loi de l’argent mue par des désirs/pulsions sans limite (je veux/peux acheter l’amour, la mère, l’enfant), sinon la loi du plus fort dans toute sa splendeur ? La GPA, dernière trouvaille de la guerre du Capital contre l’Homme, en rétablissant la filiation directe d’individu à individu, permet la négation totale de l’autre, la réduction de la mère dans le processus de reproduction à sa seule fonction biologique, soit l’humanité réduite à un esclave, un objet, un ventre à vendre.

Il faut cependant reconnaître à ces forces obscures d’avoir réalisé un coup de maître. En sécrétant médiatiquement une opposition au mariage homosexuel sur la base quasi exclusive de la loi naturelle et/ou divine, le gouvernement faisait mathématiquement passer les partisans de ce dernier pour des progressistes. Et le tour était joué ! Il s’agit d’une stratégie désormais éculée mais toujours fonctionnelle de la modernité capitaliste qui consiste à faire passer son action politique pour une éternelle opposition voir une résistance à l’ordre établi, alors même que toutes les manettes du pouvoir sont entre ses mains. La « gauche » capitaliste (PS, EELV, Front de Gauche…) est à cet égard une machine de guerre politique en ce qu’elle intègre en son sein les deux termes de la contradiction du système libéral-libertaire : le répressif et le permissif, l’institutionnel et le contestataire, la participation au gouvernement et l’opposition. En évacuant la critique progressiste du mariage homosexuel au profit d’épouvantails type Frigide Barjot ou Civitas, repoussoirs à destination de l’opinion, l’idéologie dominante pouvait enfermer le débat dans une opposition entre réactionnaires honnêtes et réactionnaires masqués, opposition qui devait aboutir par un pourrissement entropique à la loi Taubira.
Contre cette stratégie, l’analyse dialectique et historique permet de reconstituer l’ordre véritable des matériaux en présence et de proposer la synthèse qui permet de dépasser l’éternelle opposition de la thèse et de l’antithèse.
Sur la question du mariage homosexuel nous avons bien :

1. Thèse : la loi (Taubira), c’est-à-dire l’expression du pouvoir, l’interdit, mais camouflé en deuxième terme, en antithèse, comme progrès qui combattrait l’ordre établi réactionnaire.

2. Antithèse : la transgression de la loi (manif pour tous, Civitas…), mais sur la base du même, c’est-à-dire d’une essentialisation de la sexualité et du mariage bourgeois comme phénomènes naturels (un papa – une maman : c’est la nature !).

Cette opposition s’engendre réciproquement et ne peut que répéter le statu quo (ou plutôt sa dégénérescence) s’il n’est pas dépassé par la :

3. Synthèse, c’est-à-dire :
- la compréhension des deux premiers termes comme dualité de complémentarité engendrant ce nouvel état de nature au sein duquel règne le désir du plus riche (l’analyse dialectique) ;
- l’opposition au mariage homosexuel sur la base du Progrès et de la Raison en refus d’une ontologisation de l’amour et du mariage.

Le mariage homosexuel est bien le fruit d’un processus de récupération du progrès contenu dans le MMEH, par la bourgeoisie d’abord puis l’hyperclasse mondialiste aujourd’hui. Cette récupération est rendue possible grâce à l’essentialisation de catégories historiques (c’est-à-dire produites par l’histoire) telles que le désir (côté mariage pour tous) ou le mariage (côté manif pour tous). Ce n’est ni une suite logique, ni une extension à de nouvelles personnes de « droits » abstraits et hors-sol que le MMEH réservait par égoïsme à certains.
À travers son œuvre, Rousseau nous enseigne que l’état de nature n’est pas l’origine lointaine et oubliée d’une humanité primitive, bonne ou mauvaise selon les interprétations. C’est un état latent, toujours prêt à refaire surface s’il n’est pas contenu par la société. Resurgissement d’autant plus dévastateur que l’environnement qui l’accueille est technologiquement développé. Le combat contre les adaptations sociétales à la modernité capitaliste est donc bien en dernière instance un combat du Bien contre le Mal, mais sans qu’aucune doctrine surnaturaliste ne soit indispensable à cette conclusion. Le mécanisme en est rationnellement saisissable. Les attaques contre cet édifice social de toute beauté que constitue le mariage monogamique exogamique hétérosexuel sont bien une réaction antiprogressiste, objectivement maléfique (la loi de l’argent qui permet la toute puissance du désir pulsionnel, du caprice) contre le progrès du Bien (la société qui protège chacun de ses membres par la force de tous les autres).
Et les Pierre Bergé, Belkacem, Taubira et consorts, pourfendeurs des « forces conservatrices » opposées à ces réjouissantes évolutions, d’apparaître bien pour ce qu’ils sont, soit les pires réactionnaires, partisans d’un retour à un ordre ancien mais qui, par une loi générale de l’entropie, nous place finalement en dessous même de l’état de bête.

Notes

[1] Rousseau montre bien dans le Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes que cet état de nature peut aussi bien n’avoir jamais existé pour l’homme. Il n’est qu’un postulat philosophique sur lequel l’auteur s’appui pour montrer que l’homme est cet animal social qui en tant qu’il produit son environnement, trouve l’origine de tout ses maux dans la société.

[2] Jusqu’à cet Himalaya de la pensée contemporaine qu’est l’écologie politique, le progrès a toujours consisté en une victoire contre la nature. Ainsi Descartes, initiateur de la philosophie moderne, proposait-il aux hommes de se rendre « maîtres et possesseurs de la nature ».

[3] Voir Michel Clouscard, Traité de l’amour fou, aux éditions Kontre Kulture.

[4] Voir Michel Clouscard, Néofascisme et idéologie du désir, aux éditions Delga.

[5] À cet égard il faut noter que le débat sur les récentes évolutions sociétales qui touchent bon an mal an l’ensemble ou presque des pays post-industriels, va bien au-delà de la question de l’homosexualité en tant que telle. Cette dernière est une problématique finalement marginale et il se peut même fort bien que « les » homosexuels aient été idiots utiles d’un projet qu’il est nécessaire d’analyser sous l’angle des rapports de classes. C’est bien une hyper classe mondiale, indépendamment de sa sexualité, qui sera la grande bénéficiaire de l’ouverture du marché au ventre de la femme et à l’enfant, désormais devenus marchandises « comme les autres ».

Voir aussi, sur E&R :

 

Sur les avancées sociétales reflets de la logique du Capital :

 
 






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27 Commentaires

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  • #1283993
    Le 4 octobre 2015 à 15:45 par polonio
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    Le Capital et ses relais ,(ici le socialisme capitaliste : PS , ELEV, Front de Gauche ) impose la loi de la force pure , celle de l ’argent .Mais les réactionnaires sont masqués et toute leur habileté consiste à faire passer leurs réformes pour une résistance à l ’ordre établi ; ça été encore le cas pour le mariage "gay" imposé au nom de la Raison et du Progrès , obligeant les catholiques à se défendre sur la base du droit naturel et à passer ainsi pour des conservateurs . Ils ont bien réussi les vrais réactionnaires ! réussi à faire oublier que l ’institution du mariage n ’avait rien de naturel et que protégeant la femme ,l ’enfant ,la famille elle était toute du côté du vrai Progrès ; et réussi à imposer la tyrannie du désir , de la consommation - déstruction , celle du soi - disant "droit à l ’amour " qui n ’est jamais que le droit du riche à acheter -consomer les femmes et les enfants des plus pauvres qu ’eux .

     

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  • #1284001
    Le 4 octobre 2015 à 16:08 par Miville
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    Vos propos sont philosophiquement justes mais d’un ordre encore beaucoup trop élevé par rapport aux motivations de ces gens que vous dénoncez. Le mariage homo n’a pas pour but en soi le déchaînement des forces du plaisir, la preuve étant que les homos eux-mêmes ont dû se faire encadrer et enrigimenter assez malgré eux pour qu’on demande une telle absurdité en leur nom. S’il ne s’était agi que de plaisir et d’argent le simple abandon généralisé de toute forme de mariage pour ne laisser que des relations amant-maîtresse ou amant-maître ou amante-maîtresse leur eût convenu bien davantage comme à tous les enfants de 68.

    Le but du mariage homo est de servir d’avant-étape juridique et pratique à l’atteinte de la dernière qui est l’officialisation de la pédophilie comme rapport humain tenu pour le plus noble, et comme mode d’accès officiel unique offert aux fils les plus méritants du peuple pour accéder à l’élite.

    Une fois que la pédophilie officielle en tant que mode de reproduction des élites sera réinstituée comme elle l’était dans l’Ancienne Athènes démocratique (demos = classe, non pas peuple, BHL et Attali sont très clairs à ce sujet : beaucoup de juifs sont convaincus que la judéité vraie se transmet par initiation pédophile et sont convaincus aussi que c’est eux qui formèrent l’Athènes ancienne et civilisèrent la Grèce de cette manière), la permissivité sexuelle sera abolie, les mariages redeviendront très stricts, cette fois-ci en tant que purs contrats commerciaux, les chansons d’amour exaltant les rapports amant-maîtresse seront prohibées, à ceci près qu’au-dessus des couples reproducteurs prolétaires il y aura certains couples homosexuels formés uniquement pour accéder aux sphères du pouvoir, du genre Hadrien et Antinoüs, et des initiations pédophiles pour l’accès aux très grandes écoles, et pas avec n’importe qui, seulement avec des gens préposés par le pouvoir : une infidélité à son mentor sera aussi sévèrement punie que l’adultère en Islam.

     

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  • #1284018
    Le 4 octobre 2015 à 16:33 par Diomède
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    Révolutionnaire ? Contre-révolutionnaire ?
    Progressiste / réactionnaire

    Cette dialectique vaut bien : nature / contre-nature, ou : divin / satanique.

    Mais il fallait défendre le MMEH pour son potentiel révolutionnaire ?

    Un bon matérialiste historique sait bien que le MMEH est apparu pour consolider la forme d’exploitation foncière du capitalisme. Il sait aussi que ce MMEH n’est plus nécessaire à l’économie monétaire, d’autant qu’elle s’est émancipée des nécessités biologiques.

    S’il croit à la raison dans l’histoire, il devrait trouver d’autres arguments pour le défendre que la nostalgie du capitalisme foncier, et de son progrès depuis l’âge tribal. Il devrait louer la révolution qui vient parce qu’elle approche de la société sans classes ; ou nous expliquer pourquoi elle nous en éloigne pour la condamner (sans essayer de nous faire croire qu’alors que les conditions de production auraient si radicalement changé depuis, nous pourrions revenir à un état de nature où elles étaient si différentes).

    Mais il nous dit qu’elle est réactionnaire parce qu’elle renverse une révolution dépassée.

    Serait-ce que toute révolution ne devrait jamais être révolutionnée ?

     

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  • #1284062
    Le 4 octobre 2015 à 17:31 par dixi
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    Quant on voit cette photo on se dit ,la boucle est bouclée.
    On voit de suite à qui on a à faire

     

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  • #1284269
    Le 5 octobre 2015 à 01:12 par PL
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    Le mariage monogamique hétérosexuel et viager est beaucoup plus ancien en France que ne le dit l’auteur, il est d’ailleurs antérieur au Christianisme.

    Les Gaulois (et plus généralement les Celtes) connaissaient déjà le régime dotal, donc le mariage d’un homme avec une femme qui entrait dans la famille de son mari avec sa part dans le patrimoine héréditaire de sa famille. Ayant un patrimoine en propre, la femme gauloise avait une capacité juridique équivalente d’un homme, devenue veuve, elle exerçait toutes les prérogative de chef de famille.

    Notre système d’alliance n’est d’ailleurs pas exogamique, il est aussi endogamique : on se mariait en dehors de la famille proche, mais aussi dans la parentèle élargie, à peu près entre cousins issus, issus de germain. L’existence de familles dites nucléaires (de deux ou trois générations) n’est d’ailleurs pas exclusive d’une organisation clanique : voir par exemple les clans écossais ou les gens dans la République de Gêne.

    Ce système est complètement différent du mariage sémitique dans lequel la femme n’apporte pas une dot mais se trouve vendue par sa famille, dans un système polygame où elle ne donne pas son consentement, où elle n’a aucune capacité juridique civile et où elle peut être répudiée unilatéralement. Le Christianisme n’a pas apporté l’organisation et les valeurs de la famille sémitique, pas plus qu’il n’a imposé son système culinaire (interdiction du port et du vin), ni vestimentaire (les Gaulois portaient un pantalon, pas une toge, les Gauloises étaient coquettes, sans voile, avec des parures et des bijoux).

    Ces principes de la famille ont été conservés par l’église qui a insisté sur le consentement DES époux, sur l’indissobulité du mariage, et lutté contre la coutume immémoriale qu’avaient les princes et les nobles d’avoir des concubines en plus de leur épouse (et non plusieurs épouses).

    Cette analyse progressiste, évolutionniste et utilitariste est fausse. Les systèmes matrimoniaux sont très différents d’une nation à l’autre, celui des Gaulois qui a donné à la femme un rôle très important dans la société celtique puis française (ou italienne) a été un facteur très important de développement de notre civiliosation qui comporte un très grand nombre de grandes personnalités féminines : Galla Placida, Eleonore d’Aquitaine, Jeanne d’Arc, Jeanne Hachette, Elisabeth Vigée-Lebrun, Charlotte Corday, Louise Michel, et mille autres noms, n’ont pas d’équivalent dans beaucoup d’autres aires culturelles.

     

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    • #1284972
      Le Octobre 2015 à 23:13 par golgot
      Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

      Superbe commentaire.

      Je rajouterai d’une façon plus terre à terre, que la tournure qu’a pris le combat contre le "mariage" pour tous en ne le représentant que comme un combat de religieux m’a profondément déçu (même si l’article de ER apporte autre chose, merci à lui).

      Je suis athée, je me fous complètement de la religion "moderne" (monothéiste) qui n’a fait que reprendre comme vous le soulignez fort justement des mode de pensée et de vie plus ancien qu’elle. (ici en exemple celui du mode de vie des gaulois et du mariage)

      Et malgré le fait que je sois athée, cela ne m’empêche pas d’être complètement opposé au "mariage pour tous". Pour les raisons fort simple suivantes et que chacun pourra facilement constater :

      _Le mariage c’est l’Union d’un homme et d’une femme
      _Un homme c’est différent d’une femme
      _Par conséquent l’union de 2 femmes ou de 2 hommes n’est pas la même chose que l’union d’un homme et d’une femme.
      Et donc il est vain et inapproprié d’appeler ça un "mariage", puisque ce n’en est pas un.

      Je suis opposé au "mariage pour tous", car il nie ma condition d’homme, et la condition de femme de ma femme.

      Je suis un homme merde ! Quand même ! Et il n’existe qu’un seul mariage.
      Libre à eux d’appeler leur machin autrement.

      (et bien sûr, j’ai bien compris toute la marchandisation GPA et compagnie a venir contre laquelle je suis contre, ainsi que tous les problèmes comportementaux qui sont engendrés par "l’éducation" donnée par des responsables juridiques de même sexe -on ne va pas appeler ça des parents, mais ce n’est pas le point de départ de mon opposition).

      Accessoirement, Le Discours sur l’inégalité des hommes de Rousseau est un outil limpide et efficace pour lutter contre la mode de l’homosexualité, et n’a pas besoin de discours tarabiscoté façon marxisme. On peut lui additionner "Pornocratie" de Proudhon et nous avons de quoi réconcilier n’importe qui avec le mariage et avec la famille... encore faut-il bien vouloir lire ces livres, et les lire en entier.

       
    • #1285260
      Le Octobre 2015 à 10:57 par Giustizia
      Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

      Bien que votre commentaire soit très bien étalé, je vais faire court en vous disant que c’est pourtant bien ici que le droit de vote a mis des siècles à s’instaurer pour les femmes, au 20e ! Que cette monogamie théorique, dans les faits, s’est caractérisée par d’incalculables tromperies, double vies, divorces plus récemment, et toutes les misères qui accompagnent. Si vous voulez vous cultiver historiquement parlant, vous découvrirez que sous d’autres cieux les femmes votent depuis toujours, n’ont pas eu besoin de lois d’égalité, etc.

       
    • #1286236
      Le Octobre 2015 à 15:50 par ferrailleur
      Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

      Très beau morceau d’histoire. Cela fait toujours plaisir d’apprendre des faits aussi intéressants par des commentaires étayés et éclairés. Soyons fiers du passé de nos ancêtres et détournons nous des ces personnages immondes qui veulent raser notre passé comme le font les imposteurs qui ont usurpé les fonctions étatiques.

      @Giustizia, le suffrage universel n’existe que depuis 1848 pour les hommes et les femmes ont accédé au droit de vote en 1944 soit 96 ans après. Ceci pour dire que vous n’êtes pas trop bien renseigné sur l’histoire de France et que le droit de vote n’existe pas en France "depuis des siècles".

       
    • #1286340
      Le Octobre 2015 à 18:24 par Giustizia
      Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

      @ ferrailleur : justement, nombre de pays permettent le vote depuis des lustres, bien avant 1848 !

       
  • #1284331
    Le 5 octobre 2015 à 09:11 par Orcinus Orca
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    Très bon article.

    Attention cependant aux surprises que nous réservent la Nature.

    L’union monogamique, exogamique et hétérosexuelle existe chez de rares mammifères, marins pour la plupart. Cette union s’accompagne d’une fidélité à toute épreuve, ainsi que d’un partage des tâches au sein du "pod", ou clan.
    Surveillance et protection des petits, apprentissage des techniques de chasse, partage intégral des ressources alimentaires... On trouve même un système de nursery chez les orques, où les femelles plus âgées cessent de se reproduire au moment exact où leurs progénitures donnent naissance à des petits, et jouent le rôle de grand-mère auprès des plus jeunes. Si on ajoute à cela l’absence totale de rivalité et de combat entre les mâles...
    Bref, parenthèse éthologique et clin d’œil à notre civilisation évoluée qui ferait bien de s’inspirer de la perfection naturelle qui l’entoure.

     

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  • #1284395
    Le 5 octobre 2015 à 11:44 par Pegeen Mike
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    En ce qui concerne la manif pour tous, l’auteur oublie de citer l’UMP très présente dans cette manif, c’est plutôt ce parti qui représente le "mariage bourgeois" dénoncé à juste titre par l’auteur de cet article, c’est à dire un mariage ne faisant qu’instituer une relation entre un homme et une femme visant à reproduire des familles exerçant le pouvoir sur le reste de la société et engendrer des "héritiers", héritiers de plus en plus visibles dans les médias via les fils et filles de, dans la bourgeoisie d’affaire mais aussi chez les artistes subventionnés par le système.

    Quant au rôle de l’église catholique, elle en est en effet réduite dans cette affaire, à "accompagner" la bourgeoisie mais tout simplement parce que le catholicisme du petit peuple a été éradiqué en France, mais sinon la symbolique du mariage catholique rejoint votre analyse sur le côté révolutionnaire et émancipateur du MMEH, le mariage unit dans l’idéal un homme et une femme qui s’aiment mais qui les amène à élaborer une relation durable et constructive, c’est à dire à dépasser la passion amoureuse initiale pour la rendre "civilisée’

    Je pense personnellement que la vision divine du mariage n’est pas incompatible, au contraire, avec les réflexions de philosophes comme Jean-Claude Michéa et Claude Levi Strauss (qui n’ont pas du tout de postulat de base religieux) dont les réflexions rejoignent les votres. Autrement dit, la foi et la raison marchent main dans la main pour lutter contre la barbarie.

     

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  • #1285029
    Le 6 octobre 2015 à 00:31 par The Shoavengers à la NSA
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    Merci pour cette analyse qui rappellera à beaucoup qu’E&R est d’abord un "think tank", pas une machine à déblatérer des idées toutes faites, ce que reflète hélas une majorité des commentaires, chacun y allant de son petit mantra personnel.
    Les questions soulevées ici sont très intéressantes et méritent qu’on y réfléchisse, car elles permettent, je crois, de sortir du débat biaisé dans lequel tous les gens qui ont critiqué l’article sont tombés, prouvant qu’ils n’ont rien compris ou tout simplement pas lu au delà du titre.
    Pourtant le "Soralisme", c’est justement le dépassement de cette opposition binaire voulu par le Système grâce à l’analyse dialectique et la maîtrise du Logos.
    Va falloir faire des leçons de rattrapage pour les nouveaux….

     

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  • #1290855
    Le 12 octobre 2015 à 23:02 par peket7
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    Bel article, qui renverse l’appréhension habituelle. Je vais le diffuser (tweet et FB) ; merci.

     

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  • #1293755
    Le 16 octobre 2015 à 08:12 par anonyme
    Le mariage homosexuel : une infamie réactionnaire

    "Entre le mouvement des femmes pour l’égalité, les revendications gays, et un vrai fond d’évolution sociétale, le féminin et le masculin sont remis en question. Il y a des masculinités, des féminités, et même un espace pour une forme d’androgynie. Et avec les grands drames de l’histoire moderne : l’esclavage, la Seconde Guerre mondiale, l’aryanisation..., on ne peut plus penser un peuple en fonction de son apparence physique" affirme Elisabeth Azoulay.
    http://www.neonmag.fr/devenir-beau-...

     

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