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Valls, la démission ou la crise

La manifestation du 23 juin aura finalement lieu : c’est une victoire contre l’entêtement malsain du gouvernement, contre sa dérive autoritaire et anti-démocratique. C’est une victoire de la liberté d’expression. Mais son parcours – de la Bastille à l’Arsenal et retour – accumule les risques de heurts violents avec la police. La décision prise par le préfet de police est donc grosse de risques. Le gouvernement prend la responsabilité de désordres dont les conséquences sont potentiellement graves. Il sera donc pleinement et totalement responsable du déroulement de cette manifestation.

 

Une gestion calamiteuse

Ce gouvernement a géré de manière particulièrement lamentable ce problème. On aurait pu comprendre, dans une situation tendue et avec un risque terroriste élevé, que TOUTES les manifestations publiques, et ceci inclut aussi les compétitions sportives, soient interdites. Cela impliquait néanmoins que ce gouvernement ait été en mesure de prouver qu’existait un risque grave, immédiat, et particulier sur ces manifestations. Mais l’interdiction des seules manifestations syndicales révèle à ce point la volonté cachée du gouvernement, imposer à tout prix le vote de la loi El Khomri, qu’elle en devient odieuse et constitue une atteinte évidente à la liberté de manifester.

La décision initialement prise mardi après-midi était bien l’interdiction. Ce geste inouï était sans équivalent depuis la guerre d’Algérie. Devant la fronde justifiée des organisations syndicales, les protestations de la Ligue des Droits de l’Homme, et la condamnation d’une large part de la classe politique, ce gouvernent a dû reculer. Il l’a fait dans la honte et la dissimulation, en se refusant d’assumer ses propres décisions et en en faisant porter la responsabilité au seul Préfet. Quel spectacle donc nous donne ce gouvernement et ce Président qui se déchargent de leurs responsabilités sur un simple exécutant. La politique du lampiste a certes des précédents dans notre pays. Du moins était-elle jusqu’à présent usée à posteriori. La création d’un lampiste a-priori est une innovation dont on aurait aimé se passer tant elle est honteuse.

 

Souveraineté et crise de nerf

Alors que les sondages confirment qu’une majorité de français rejette cette loi El Khomri, le gouvernement s’entête. Au-delà les postures, les attitudes caractérielles et les crises de nerf, cela révèle un problème évident : ce gouvernement n’a aucune marge de manœuvre. Il « veut » cette loi car elle est exigée par l’Union européenne qui n’aura de cesse que d’imposer son système de normes et son austérité. Il « veut » cette loi car il espère en échange obtenir un accommodement quant à l’ampleur du déficit public de la part de la commission de Bruxelles. Il « veut » cette loi car il n’est, en cette occurrence que le simple exécutant de mesures décidées à l’étranger et que cela ferait mauvais genre s’il devait expliquer à ses maîtres qu’il est dans l’incapacité de tenir ce à quoi il s’est engagé.

Nous sommes effectivement tombés bien bas. La déclaration des Droits de l’Homme de 1789 stipule que la « souveraineté réside principalement dans la Nation ». Il est cruel qu’elle ait été gravée sur les murs de l’hôtel Matignon, résidence du Premier-ministre. Ce dernier a donc en permanence sous les yeux le rappel de son indignité. Dans Le Roi s’amuse, Victor Hugo fait dire à Triboulet, « quand on n’a plus d’honneur, on n’a plus de famille ». Nous constatons, quant à nous que quand on n’a plus de souveraineté, la démocratie se défait. Les comportements les plus autoritaires se donnent libre cours quand on n’a plus d’autorité.

 

Une démission nécessaire

La leçon que l’on peut tirer de tout cela, et en formant les espoirs les plus vifs pour qu’aucun incident grave ne vienne marquer la manifestation de demain, c’est que Manuel Valls doit démissionner. S’il ne lui restait au sein de son ambition et de sa folie du pouvoir qu’une once d’honneur et de raison, il aurait déjà dû le faire. Il aurait dû prendre acte du fait que sa politique est minoritaire et que les méthodes qu’il emploie divisent profondément les français. Dans ces conditions, on ne peut plus gouverner. Mais, puisque chez lui l’hubrys de l’ambition a tout recouvert, il doit être rappelé à la raison, sous peine d’entraîner dans sa chute l’ensemble du gouvernement et le Président, et au-delà la Nation toute entière. Nous sommes aujourd’hui dans une crise sociale et politique grave. Nous pourrions être, dès demain, dans une crise de régime.

 

Jacques Sapir

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10 Commentaires

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  • #1494093
    Le 23 juin 2016 à 09:57 par Popaul
    Valls, la démission ou la crise

    Ils se foutent de la gueule des manifestants en les faisant tourner en rond autour du bassin de l’Arsenal, comme des prisonniers dans la cour d’une prison .

     

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  • #1494097
    Le 23 juin 2016 à 10:03 par Bébert
    Valls, la démission ou la crise

    Si j’étais propriétaire d’un des petits bateauxx amarrés quai de l’Arsenal j’achèterai d’urgence un extincteur...

     

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  • #1494099
    Le 23 juin 2016 à 10:12 par brestois
    Valls, la démission ou la crise

    La "loi-travail" c’est l’esclavage pour tous, les patrons sionistes sont impatients de l’appliquer .

     

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  • #1494107
    Le 23 juin 2016 à 10:31 par Jerome
    Valls, la démission ou la crise

    Hubris et hybris existent, et sont deux syntaxes du même mot, comme clef et clé. Pas hubrys.

     

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  • #1494244
    Le 23 juin 2016 à 13:08 par Marthe
    Valls, la démission ou la crise

    Perso, je ne trouve pas que ce soit une victoire, les manifestants sont parqués comme du bétail sur un parcours limité, ultra surveillé, c’est une autorisation de manifester, juste pour que l’on puisse se dégourdir les jambes, ça m’écœure de voir à quel point ils se jouent de nous. Et les syndicats qui parlent d’une victoire pour la démocratie. Voilà alors on se contente du peu et on est tous très contant.

     

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    • #1494698
      Le Juin 2016 à 22:14 par gwen
      Valls, la démission ou la crise

      "En France on a le droit de pas être content, il suffit de le demander gentiment"

       
  • #1494250
    Le 23 juin 2016 à 13:17 par Josh
    Valls, la démission ou la crise

    Pour démissionner, Mr Sapir, il faut avoir un semblant d’honneur or, Valls et Holland nous ont prouvé y’a bien longtemps qu’ils en étaient dépourvus, qu’ils en ont sans doute jamais eu, sinon comment rester en place avec moins de 15% d’opinion favorable depuis des années ?

     

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  • #1494314
    Le 23 juin 2016 à 14:53 par Eric
    Valls, la démission ou la crise

    "La déclaration des Droits de l’Homme de 1789 stipule que la « souveraineté réside principalement dans la Nation ».

    La Nation, M. Sapir, ce n’est pas quelques centaines d’oligarques grassement payés, mais TOUS les Français. Vous aurez beau feindre de prendre le parti du peuple, je sais que votre devise est : "Il faut que tout change pour que rien ne change."

     

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  • #1494567
    Le 23 juin 2016 à 20:04 par dixi
    Valls, la démission ou la crise

    Je lui propose la démission ,avec le reste de la bande ,ce qui va très certainement soulager les Français et leur abréger la souffrance.Des élections anticipées et Basta !!!!!!

     

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  • #1494581
    Le 23 juin 2016 à 20:13 par messas
    Valls, la démission ou la crise

    "Ce gouvernement a géré de manière particulièrement lamentable ce problème. On aurait pu comprendre, dans une situation tendue et avec un risque terroriste élevé, que TOUTES les manifestations publiques, et ceci inclut aussi les compétitions sportives, soient interdites."
    tout le monde devrait comprendre qu’il n’y aura pas "d’attentat" pendant l’euro car les sionistes sont en train de faire du business et gagner gros de "thune". les "terroristes" sont armés , manipulés par ces derniers et frappent quand on leur donne l’ordre de mission. arrêtons d’être trop con à souhait.

     

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