Egalité et Réconciliation
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L’accord secret de Baden-Baden

Comment de Gaulle et les soviétiques ont mis fin à Mai 68

Quelles furent les raisons du voyage du général de Gaulle à Baden-Baden le 29 mai 1968 ? Dans un ouvrage extrêmement fouillé, le journaliste et historien Henri-Christian Giraud présente ses conclusions. Contre toute attente, il retient la thèse extraordinaire d’un soutien soviétique au régime français, contre les événements de Mai 68.

Adresse directe du fichier MP3 : http://www.canalacademie.com/emissi... Emission disponible via ER Radio.

Au mois de mai 2008, l’émission "Un jour dans l’Histoire" recevait l’historien Jean-François Sirinelli, auteur d’un remarquable ouvrage sur Mai 68, un ouvrage qui a souhaité sortir du mythe en présentant un événement bien plus complexe qu’on ne le croit généralement, « multiforme dans ses modalités comme dans sa signification ». Même si cet ouvrage donnait la part belle à la chronologie, il s’agissait davantage de discerner les grands mouvements sociologiques, culturels et intellectuels qui ont fait Mai 68, ceci sur le temps long. Canal Académie vous propose aujourd’hui de s’arrêter plus précisément sur un moment de Mai 68.

L’histoire est remplie de ces moments où tout peut basculer dans un sens ou dans un autre. Nous le savons, la fatalité n’existe pas en histoire et ce sont bien les hommes qui agissent sur les événements.

Le voyage du général de Gaulle à Baden-Baden fait partie de ces moments clés du XXe siècle où tout aurait pu précisément basculer. Pourquoi le général de Gaulle s’est-il rendu le 29 mai 1968 à Baden Baden, siège du commandement en chef des Forces Françaises en Allemagne, pour y rencontrer le général Massu ? Pourquoi d’abord Baden-Baden et pourquoi Massu ? Que se sont-ils dit au cours de cette fameuse journée ? Mais avant cela, quel fut l’état d’esprit du général pendant les événements de Mai ? Quelle relation entretint-il avec son entourage et quelle image donna-t-il de lui ? « On n’a pas fini d’interpréter mon voyage à Baden-Baden !... » disait l’ancien président de la République. Comment peut on donc interpréter cet événement. C’est ce que cette émission "Un jour dans l’Histoire" vous propose de découvrir avec Henri-Christian Giraud.

Présentation de l’éditeur.

Le 29 mai 1968, au plus fort de la tourmente, prétextant une journée de repos à Colombey-les-deux-Eglises, de Gaulle quitte l’Elysée en fin de matinée et disparaît... laissant son proche entourage atterré et son Premier ministre, Georges Pompidou, seul, face à la colère de la rue, abandonné de la plupart de ses ministres effrayés par un possible coup de force communiste.

Programmée par le parti, une manifestation de la CGT doit se dérouler dans l’après-midi de la Bastille à la Gare Saint-Lazare –et donc frôler les ministères- aux cris de « de Gaulle démission », et de « gouvernement populaire ». Elle s’annonce gigantesque et redoutable. L’ombre de la Commune plane sur la capitale. Chez les gaullistes, c’est la panique.

On apprendra par la suite que le chef de l’Etat s’est rendu auprès de Massu, à Baden-Baden, au siège des Forces françaises d’Allemagne. De cet événement -qui s’apparente historiquement à la fuite à Varennes -, journalistes et historiens ont donné des versions parfois très différentes les unes des autres en raison du manque de précision horaire des témoignages, qui souffrent, par ailleurs, de multiples défauts amplifiés par les fantasmes divers et variés propres aux situations révolutionnaires. Témoignages oh combien revélateurs du désordre des esprits, y compris chez les plus hauts responsables politiques.

A partir du 27 mai, devant l’ampleur de l’agitation (due à l’échec des accords de Grenelle), devant l’effondrement de l’Etat et son impuissance à contrôler le gouvernement, de Gaulle, comme il l’a dit publiquement, le 7 juin, à la télévision, a envisagé « toutes les éventualités sans exception » : le retrait du pouvoir, l’exil, la résistance.

La dramaturgie gaullienne jouant à plein, les explications livrées au fil des ans (parfois de façon contrainte) par les principaux acteurs et témoins de cette journée historique ont donné naissance à différentes thèses : la thèse de la défaillance, celle de la manœuvre guerrière en douce, celle de l’opération psychologique ou encore celle de la prise de distance. Thèses à visées politiques, parfois hargneuses, destinées souvent à se combattre, voire à s’annuler, mais toutes légitimes car, toutes, fondées sur des confidences et des attitudes successives du chef de l’Etat : confidences et attitudes parfaitement, délibérément, contradictoires, mais adaptées à chaque interlocuteur. De façon à obtenir le brouillage maximal d’une opération relevant, en réalité, de la diplomatie secrète de Charles de Gaulle au croisement de la politique politicienne et de l’invasion soviétique en Tchécoslovaquie. Un brouillage qui, quarante ans après, dure toujours.

« Chef d’œuvre d’intoxication » (selon l’expression de Raymond Aron) de celui qui s’est fait dans son livre Vers l’armée de métier, le théoricien de la surprise -qu’il faut organiser « par la dissimulation des préparatifs, mais aussi sous le couvert d’un voile épais de tromperie » visant à embrouiller l’adversaire, et aussi les siens que l’« on égare à dessein » et qu’on utilise « pour répandre de trompeuses hypothèses »- jusqu’à en faire un des beaux-arts du gouvernement des hommes. « On n’a pas fini d’interpréter mon voyage à Baden-Baden et d’imaginer les propos que nous avons échangés, Massu et moi !... », a dit de Gaulle, peu de temps avant sa mort, au colonel d’Escrienne, son dernier aide de camp.

Reprenant le fil des événements qui précèdent cette journée décisive, en privilégiant l’axe des rapports, fondamentaux et ambigus, entre de Gaulle et les communistes, jusqu’au faux face-à-face final sur fond de crise internationale, Henri-Christian Giraud démonte ces thèses les unes après les autres, révélant au passage les efforts désespérés de certains zélateurs pour camoufler des vérités dérangeantes pouvant attenter à la légende gaulliste.

 






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