Egalité et Réconciliation
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Débat sur l’islam comme arme de résistance au mondialisme

Ci-dessous, une tribune libre de David L’Epée (Unité Populaire, la section suisse d’E&R) publiée sur VoxNR, suivi du point de vue de Michel Drac, également membre d’E&R, pour Scriptoblog.



L’ISLAM : UNE ALTERNATIVE À QUOI ?


Si un bilan devait être dressé de ces premières années du XXIe siècle, nul doute – les historiens du futur en attesteront certainement – que la question de l’Islam occuperait une place centrale dans les sujets les plus marquants de la période que nous traversons. Cette période, qui débute à la chute de l’empire soviétique, sera vraisemblablement considérée avec le recul comme une parenthèse géopolitique, quelques décennies durant lesquelles, brièvement, aura triomphé l’unilatéralisme, le pouvoir d’une seule puissance : la puissance nord-américaine. Parenthèse, dis-je, car tout semble à l’œuvre un peu partout dans le monde pour nous ramener à plus ou moins brève échéance à une période de multipolarité, dans une sorte d’accélération de l’histoire qui se manifeste par des signes aussi éloquents que la remise sur pieds de la Fédération de Russie, la montée en puissance de la Chine, la régénération politique d’une partie importante de l’Amérique du Sud, le réveil du monde arabe, et, de manière générale, un regain d’agitation dans les zones contrôlées par l’empire étasunien (guerre d’usure en Irak, refus à l’Est des boucliers anti-missiles de l’OTAN, exaspération au Japon et en Corée du Sud face à la présence militaire américaine, tensions sécessionnistes au cœur même de l’empire, etc.). Je ne vais pas me prêter ici au jeu des perspectives et des paris quant à la forme que prendra demain le nouvel ordre mondial désaméricanisé mais je vais me pencher plutôt sur la période que nous traversons en ce moment, une parenthèse qui n’a rien d’une stagnation.

De l’actuel leadership étasunien on ne doit pas déduire que tout autre modèle alternatif a cessé d’exister depuis la chute de l’URSS. Le communisme est moribond, certes, mais l’histoire a horreur du vide et à un mouvement international d’opposition de masse ne pouvait que succéder un autre mouvement international d’opposition de masse. Cette opposition, nous le savons tous, a aujourd’hui le visage de l’Islam.

De Moscou à Téhéran, de la moustache du petit père des peuples à la barbe du prophète, les convergences sont frappantes. Les médias occidentaux ne s’y trompent pas, d’ailleurs, puisqu’ils réservent bien souvent aux musulmans le même traitement diabolisant et discriminatoire qu’ils réservaient hier aux activistes communistes. Même chasse aux sorcières, mêmes amalgames calomnieux, même stigmatisation, mêmes accusations délirantes de terrorisme et de subversion, et, bien sûr, même peur d’une infiltration massive de cette subversion au cœur même du monde occidental. Les conversions, l’influence idéologique de l’Islam déstabilisent l’establishment au même titre qu’hier l’adhésion des travailleurs au Parti ou aux syndicats rouges. La comparaison s’arrête là mais c’est déjà beaucoup.

Cette "prolifération" fait d’autant plus peur qu’elle est grandement favorisée par le contexte démographique. Pour des raisons culturelles et économiques qui ne sont un secret pour personne, les pays occidentaux à forte immigration musulmane sont aujourd’hui le théâtre de ce que nous pourrions appeler une substitution progressive de peuplement. L’équation en est simple : immigration musulmane massive + regroupement familial + démographie explosive de cette immigration + dénatalité indigène = substitution ethno-culturelle d’un peuplement à un autre sur un territoire donné. La question de savoir s’il faut le déplorer ou s’en réjouir n’entre pas en ligne de compte dans cette analyse, il s’agit de faits et de faits indiscutables. Une certaine gauche applaudit au nom de l’idéologie multiculturaliste et xénophile tandis qu’une certaine droite vitupère au nom des vieilles chimères ethnocentristes et racialistes, mais, une fois de plus, les extrémistes des deux bords ont un train de retard et l’histoire ne les a pas attendus. Relevons tout de même qu’en dépit du discours cosmopolisant véhiculé par les médias du système, les immigrés migrent très rarement par choix ou par amour de leur terre d’accueil et les musulmans sont loin, c’est le moins qu’on puisse dire, d’être des fanas du métissage généralisé…

La question se complique encore – et devient plus intéressante – quand on sait qu’en plus de ses atouts démographiques, l’Islam peut compter, de plus en plus, sur un pouvoir de séduction qui va grandissant. Un exemple paru dans la presse il y a quelques mois m’avait particulièrement frappé. Un groupuscule islamiste qui fomentait des attentats en Allemagne avait été démantelé et ses membres arrêtés. Le seul hic de l’affaire, qui lassa les forces de l’ordre dubitatives, c’est qu’un nombre important des membres de ce groupe armé n’étaient ni des migrants arabo-musulmans ni des fils d’immigrés mais de jeunes Allemands de souche ! Doit-on vraiment s’en étonner ? L’Europe de l’Ouest, tout comme les Etats-Unis, n’est-elle pas un terrain particulièrement propice aux menées du prosélytisme islamiste ? Deux des plus grands "idéaux de masse" de notre histoire – le christianisme et le socialisme – ayant quasiment tiré leur révérence ou étant sur le point de le faire (ce constat s’applique particulièrement à notre coin d’Europe), il se trouve que nous n’avons rien de crédible à opposer à cette formidable espérance que représente l’Islam pour des millions et des millions d’individus à travers le monde. L’histoire a horreur du vide, je l’ai dit, et une place délaissée ne reste jamais longtemps vacante. Ceux qui, chez nous, s’étonnent du nombre croissant de conversions de nos compatriotes à la foi musulmane n’ont vraisemblablement pas compris que l’homme ne vit pas que de fêtes et de shopping, comme ils n’ont de toute évidence pas compris non plus que si nous n’avons à opposer à l’Islam que notre économie de marché et notre consumérisme hédoniste, alors c’est que nous avons déjà perdu.

La séduction de l’Islam s’exerce avant tout dans nos quartiers les plus défavorisés, de par la forte présence d’immigrés arabo-musulmans bien sûr, mais aussi pour des raisons beaucoup plus profondes. Ces raisons tiennent en grande partie à ce que nous appellerons les "convergences morales" qui existent entre certaines valeurs de l’Islam et les valeurs propres aux classes populaires de notre société. Ces valeurs recoupent en gros ce que Georges Orwell appelait la comon decency, soit un ensemble d’idées très précises de « ce qui se fait » et « ce qui ne se fait pas », un certain sens de l’honneur, de la famille, une certaine fierté identitaire et une virilité exacerbée. Virilité que beaucoup de jeunes travailleurs font leur, parce qu’elle correspond à l’image qu’ils souhaitent donner d’eux-mêmes et parce que les bas salaires qu’ils touchent (quand ce n’est pas l’absence pure et simple d’un emploi) sont au contraire ressentis par eux comme des facteurs humiliants de dévirilisation. Compensant ainsi leur faible pouvoir d’achat et leur impuissance à exercer une influence réelle sur la société qui les entourent, ils se laissent souvent séduire par un Islam viril – machiste, diront certains – qui leur enseigne le respect des aînés, de la mère notamment, et qui leur apprend à se prémunir physiquement contre tout affront les visant ou attentant aux valeurs que nous venons de mentionner (1). En un autre temps, ces jeunes Européens, à la recherche de valeurs du même type, se seraient identifiés à une expression européenne, culturellement enracinée, de ces valeurs – le catholicisme, le scoutisme, telle ou telle mouvance philosophique ou culturelle ou que sais-je encore – mais le fait est que l’Europe moderne ne propose plus aucune de ces alternatives. Comme l’explique l’essayiste Guillaume Faye (auteur à prendre avec des pincettes mais qui a parfois des éclairs de lucidité), « le surgissement de l’Islam radical est le contrecoup des excès du cosmopolitisme de la modernité qui voulut imposer au monde entier le modèle de l’individualisme athée, le culte de la marchandise, la déspiritualisation des valeurs et la dictature du spectacle. » (2) Le choix de l’Islam par certains de nos compatriotes n’est tout de même pas qu’un choix par défaut, certes, mais on ne voit guère en même temps quelle autre offre morale et spirituelle pourrait lui faire concurrence.

Ceux parmi nous qui, sous l’influence débilitante des médias à discours unique, voient l’Islam banlieusard comme un univers barbare où les mosquées côtoient les caves à tournantes, sont donc bien loin de la réalité. Le fait est que ces médias cherchent sciemment, à chaque manifestation d’incivilité des jeunes immigrés arabo-musulmans (ou de ceux qui les côtoient) à mettre lesdites incivilités sur le compte de l’influence pernicieuse de l’Islam, comme si le Coran préconisait à ses lecteurs de dealer des stupéfiants, d’agresser les chauffeurs de bus, de brûler les voitures et de violer des femmes en bande. On présente les voyous en Lacoste et en casquette de base-ball comme des sectateurs de Mahomet alors que nous savons pertinemment que ces gens-là ont été allaités au rap américain, aux vidéos porno, à la culture bling-bling de MTV et au fantasme de l’argent facile entretenu par la pensée ultralibérale. Rien de commun avec l’Islam, on en conviendra. Rien de commun entre ce lumpenprolétariat acculturé et hyper-consumériste et la République islamique d’Iran, par exemple, qui développe jusque dans le domaine de la publicité une méfiance soutenue face aux écueils de la société de consommation (3). Rien de commun entre ces ados décérébrés accros aux sites X et les activistes musulmans du Maghreb en guerre contre Canal+ et son Journal du Hard (4) . Ceux que d’aucuns appellent les "racailles" ne sont en définitive pas des musulmans en puissance – ce sont des Américains en puissance.

Serions-nous donc pris en tenaille entre deux modèles antagonistes de société (le musulman et l’étasunien) dont aucun n’est vraiment le nôtre ? Serions-nous donc déjà hors de la course, sommés de choisir entre deux conceptions de la vie dont aucune n’est européenne ? Je me souviens d’un slogan identitaire qui avait circulé en Suisse il y a quelques années sous forme de graffitis sur les murs et qui disait "ni McDo ni kebab". Une certaine conception de la neutralité suisse, dira-t-on… Ce type de slogans, construit sur le vieux modèle du célèbre "ni trust ni soviet" de la guerre froide, ne va certes pas chercher bien loin mais il met en exergue cette question du retour de la bipolarité mondiale que j’évoquais au début de cet article et l’abyssale absence de l’Europe dans le nouveau jeu géopolitique et idéologique qui est en train de se dessiner. Si nous ne parvenons pas sur le moyen terme à régénérer ce que nous pourrions appeler une vraie pensée européenne (et je me permets de ne pas être très optimiste sur ce point), il viendra immanquablement un moment où il nous faudra affronter ce choix difficile et prendre parti, au moins à titre individuel, pour un des deux camps en présence. Lequel ?

En pleine guerre froide, Alain de Benoist, éminent intellectuel français, s’était, sur le même modèle, élevé au dessus des préjugés anticommunistes en cours dans les milieux qu’il fréquentait (la "nouvelle droite") et il avait écrit, s’attirant la foudre de nombreux de ses camarades : « Certains ne se résignent pas à la pensée d’avoir un jour à porter la casquette de l’Armée Rouge. De fait, ce n’est pas une perspective agréable. Nous, nous ne supportons pas l’idée d’avoir un jour à passer ce qui nous reste à vivre en mangeant des hamburgers du côté de Brooklyn. » (5) En remplaçant la casquette de l’Armée Rouge par le keffieh palestinien, nous aurions, je crois, un énoncé clair du dilemme qui est aujourd’hui le nôtre, à nous jeunes Européens.

J’étais, il y a quelques jours, assis dans le bus à côté d’une femme voilée entourée de trois ou quatre enfants en bas âge et je feuilletais Le Matin Bleu. Il était question, dans la brève que je lisais (car il n’y a que des brèves dans Le Matin Bleu) d’une jeune Italienne qui participait en ce moment à une émission de télévision où elle avait mis aux enchères sa virginité ; elle espérait au moins empocher un million et demi d’euros. Le journaliste expliquait que ce nouveau concept à la mode nous venait d’outre-Atlantique (allons donc !) où l’hymen d’une jeune Américaine avait trouvé acquéreur sur Internet pour la somme faramineuse d’1,2 millions de dollars. Et la jeune fille d’expliquer : « Je n’ai pas de dilemme moral, nous vivons dans une société capitaliste. » Ecœuré, j’ai refermé mon journal et je me suis surpris, sans y penser, à observer cette mère de famille voilée en train de parler à ses enfants. J’ai alors réalisé l’abîme incommensurable qui séparait ces deux mondes, celui – fait de droiture et de préceptes stricts – de l’Islam, et celui, jouisseur et cynique, d’un Occident abandonné aux ravages du libéralisme apatride. Ces deux sphères idéologiques sont résolument inconciliables.

S’il fallait vraiment choisir – et quant à moi, je ne le ferais pas de bon cœur car ce combat n’est pas le mien – alors il faudrait peut-être se poser une question très simple : préféreriez-vous que votre fille se convertisse à l’Islam ou qu’elle mette sa virginité aux enchères sur Internet ? Quant à moi, je n’hésiterais pas une seconde.

David L’Epée

Source
 : http://www.voxnr.com


Notes

1 - J’ai voulu mettre l’accent sur cette question de la virilité parce qu’aux dires de nombreux musulmans (et on ne peut pas entièrement leur donner tort), c’est précisément ce qui ferait défaut à notre actuelle conception de la vie. Je ne parle pas de la conception européenne en tant que telle mais de ce qu’elle est devenue depuis quelques décennies sous l’influence de certaines idées libérales et de la religion dite des "droits de l’homme". Il faut bien avouer que convertis comme nous le sommes à l’auto-masochisme, au reniement permanent de nos origines et au mépris de toutes les manifestations morales ou physiques de la force (à laquelle nous préférons maintenant des valeurs plus "féminines" telles que la douceur, les concessions, la tolérance), nous ne sommes plus vraiment de taille à tenir tête lors d’un hypothétique choc des civilisations. Evolution positive ou dommageable ? Je me permets de suspendre mon jugement.

2 - Guillaume Faye, "L’Archéofuturisme", éditions de l’Aencre, 1998

« L’Iran a interdit aux vedettes du cinéma et du sport de faire de la publicité, affirmant que les célébrités ne devaient pas promouvoir la culture de la consommation. "L’utilisation de l’image des artistes, des sportifs et des personnalités culturelles est interdite dans les publicités commerciales" a déclaré Ali Reza Karimi, directeur général du Ministère de la culture en charge de la publicité. Il a ajouté que les artistes et les célébrités "doivent promouvoir la culture des notions chevaleresques plutôt que celle de la consommation". » (AFP, 9 juillet 2008)

3 - « Le parquet antiterroriste de Paris a ouvert une enquête préliminaire après des menaces proférées à l’encontre de Canal+ exigeant que la chaîne cryptée cesse la diffusion de films pornographiques vers le Maghreb. La chaîne avait déposé plainte après avoir reçu un courrier anonyme fin juin. Son ou ses auteurs, qui se présentent comme musulmans, menacent de "faire sauter le siège" de la chaîne, situé au sud-ouest de Paris, si elle ne met pas fin à la diffusion chaque premier samedi du mois de son film pornographique, diffusé aux abonnés du Maghreb et du Moyen-Orient grâce au satellite Hotbird. » (AFP, 8 juillet 2008) Ce communiqué m’a rappelé un texte du libre penseur français Marc-Edouard Nabe, sympathisant anarchisant de la cause musulmane, qui écrivait dans son journal La Vérité (n°1, novembre 2003) : « La pudeur manque. Il ne faut pas s’étonner que ce soit à coups de bombes que certains cherchent à l’imposer. Oui, chaque attentat est non pas un attentat à la pudeur, mais pour la pudeur ! »

4 - Alain de Benoist, in. Eléments n°41, mars-avril 1981




RÉPONSE À UN CAMARADE

David L’Épée, un de mes camarades, vient de publier une tribune sur le site VOXNR – « L’Islam : une alternative à quoi ? »

Cette tribune pose un certain nombre de constats, qui sont parfaitement fondés. Que la question de l’islam soit devenue centrale en Europe occidentale, c’est l’évidence. Que le temps de l’unilatéralisme triomphant soit clos pour les USA, là encore, c’est l’évidence. Et s’il est hélas moins certain que la fin du mythe américain sonne le glas du mondialisme, c’est en tout cas possible.

En revanche, dire que l’opposition au mondialisme doit prendre la forme de l’islam, c’est, je crois, commettre plusieurs erreurs d’analyse. Me voilà donc contraint de répondre à mon camarade.

Pluralité de la résistance

Première erreur : énoncer que l’opposition doit prendre une forme donnée. C’est faux : il y a plusieurs résistances au mondialisme américanomorphe. L’islam politique est une de ces résistances, mais ce n’est ni la seule, ni même la plus importante. Ce n’est évidemment pas au nom de l’islam que Vladimir Poutine a rendu sa souveraineté à la Russie. C’est au contraire au nom de la souveraineté politique de la Russie que Moscou a écrasé les islamistes tchétchènes, dont beaucoup obéissaient, sans le savoir, à des agents américains. Ce n’est pas davantage au nom de l’islam que la Chine prépare méthodiquement une situation de parité stratégique avec les Etats-Unis. Et quant aux Américains en lutte contre leur propre classe dirigeante (il y en a de plus en plus), ils sont dans leur majorité islamo-incompatibles.

La question musulmane est religieuse. Elle n’est politique que si on décide de mêler religion et politique – et cela, c’est précisément ce que nous ne voulons pas. Hugo Chavez n’est pas musulman, et s’il a passé récemment des accords avec la République Islamique d’Iran, ce n’est pas au nom de l’islam, mais bien dans le cadre d’une coopération entre nations souveraines. Selon toute probabilité, la question islamique préoccupe peu ce sud-américain catholique, et c’est très bien comme ça : en coopérant avec l’Iran musulman, le catholique Chavez montre qu’un homme d’Etat fait de la politique, puisqu’il ne s’occupe pas de religion.

Enoncer la nécessité d’une unicité de la résistance au mondialisme néolibéral, c’est nier la possibilité de cette démarche pragmatique, authentiquement et purement politique : tu ne me ressembles pas, mais nous allons nous défendre ensemble. Or, nier cette démarche, c’est tuer la possibilité des résistances réelles. La résistance à une entreprise d’uniformisation ne saurait consister en la promotion d’une uniformisation contraire. La résistance au mondialisme, faux universalisme niveleur, réside justement dans ce constat : nous sommes divers, et cependant nous allons coopérer.

Tout le jeu des petits soldats de l’Empire consiste à mêler politique et religion jusqu’à les confondre. Ce n’est pas un hasard si, depuis des siècles, les impérialistes, partout, confondent construction identitaire et construction politique. Sous couvert de défendre une conception ethniciste de la politique, ils veulent en réalité tuer la politique – car la politique, précisément, consiste à sauvegarder la paix, qui est le souverain bien, en dépassant l’ethnicisme.

Résister à cette entreprise confusionniste par un confusionnisme inverse, c’est donc préparer le terrain aux agents de l’Empire.

Nous devons admettre qu’il y a plusieurs résistances, et qu’elles sont toutes légitimes. Les musulmans refusent la destruction de leur modèle anthropologique et de leur système de référence culturel au nom de ce qu’ils sont : eh bien, ils ont raison. Les Russes refusent de s’aplatir servilement devant les forces du mondialisme, et ils le font au nom de leurs valeurs à eux, patriotisme, orthodoxie – et eux aussi, ils ont raison. On a toujours raison de vouloir devenir ce que l’on est. Ce qui donne sa légitimité à la résistance contre l’imposition forcée du modèle mondialiste étatsunien, ce n’est pas la promotion d’un modèle opposé, mais le refus de se soumettre à tout modèle, à tout programme, à toute détermination contrainte.

Il est faux de dire qu’à un mouvement international d’opposition de masse ne peut que succéder un autre mouvement international d’opposition de masse. Dans la lutte contre l’impérialisme, à l’ancien mouvement international d’opposition représenté par le communisme succède aujourd’hui une alliance de mouvements nationaux et civilisationnels, qui n’ont pas à se fondre en un mouvement unique, mais doivent tout simplement coopérer. Le reste, c’est-à-dire le mythe du grand méchant loup islamique : simple jeu d’acteurs – si les islamistes ont pignon sur rue à Londres, c’est parce que les mondialistes les voient comme leurs meilleurs ennemis.

Complexité du fait musulman

Deuxième erreur : sous-entendre que l’islam est un monolithe, et que des phénomènes aussi divers que l’immigration de populations de culture musulmane, la présence de musulmans pratiquants et l’implantation de réseaux islamistes constituent un continuum direct et simple.

Pas d’accord : il y a l’islam des musulmans « ordinaires », plus ou moins pratiquants, et dont le nombre très important implique par endroit une substitution de population. Et il y a par ailleurs l’islamisme des convertis adeptes de la « diplomatie des bombes » - très peu nombreux, en Allemagne ou ailleurs. Dire « l’islam » pour parler à la fois du wahhabisme rigoriste et rétrograde et des traditions plus ouvertes, mêler dans le même englobant attrape-tout la bourgeoise franco-tunisienne, le paysan pachtoun et le jeune « de souche » converti, faire croire que ce monde divers et divisé constitue une puissance redoutable, irrésistible presque, c’est exactement ce que font les agents de l’Empire – et ce n’est pas un hasard.

A l’opposé de ce confusionnisme et de ce simplisme, nous devons impérativement établir une distinction très nette entre l’islam en tant que religion et l’islam en tant que doctrine politico-religieuse. Si la distinction entre temporel et spirituel n’existe pas en Islam, alors il faudra que les musulmans d’Europe l’inventent. Hors de cela, point de salut. Exactement comme la réponse géostratégique au mondialisme repose sur une émancipation de la politique internationale à l’égard du civilisationnel, la réponse locale à la balkanisation latente de l’Europe occidentale ne peut résider que dans l’émancipation de la politique intérieure à l’égard du religieux. Il faut bien comprendre ceci : on ne sortira du piège identitaire que par la réhabilitation du politique.

Nous touchons au fond du problème. Les choses étant ce qu’elles sont, il n’y a plus aujourd’hui, en Europe occidentale et particulièrement en France, que deux possibilités : ou le retour à un modèle politique capable de maintenir la paix dans une population diverse, ou la guerre civile. Or, ce modèle politique existe : c’est la laïcité. Mais parce que la laïcité n’est possible que dans le cadre d’une stricte séparation du temporel et du spirituel, sur le chemin de la paix civile, aujourd’hui, en Europe, il y a l’islam.

A partir de là, le destin de l’Europe est entre les mains des musulmans qui y vivent, toujours plus nombreux. S’ils construisent un islam européen, différent de celui qui règne en Dar-el-Islam en cela qu’il séparera spirituel et temporel, alors nous aurons la paix. Mais s’ils n’y parviennent pas, alors tôt ou tard, nous aurons la guerre. C’est inéluctable, parce que, devenus localement majoritaires, ils voudront appliquer le droit coranique sur notre sol – et cela, c’est précisément ce qu’on appelle une balkanisation.

C’est pourquoi, à l’inverse de la position de renoncement de notre camarade David, nous devons « mettre la pression » aux musulmans d’Europe. Il serait criminel de notre part de ne pas affirmer notre identité face à la leur, de ne pas affirmer notre droit à l’imposer comme l’identité centrale sur notre terre. Nous devons obliger les musulmans à inventer l’islam d’Europe ou à repartir en Dar-el-Islam, c’est notre responsabilité historique. Nous sommes l’obstacle qu’ils doivent rencontrer pour s’élever jusqu’à une conception sécularisée du fait politique. Il ne s’agit pas de les agresser, il s’agit de leur mettre en main un marché clair : « Vous, si vous ne vous adaptez pas, vous pouvez retourner en Dal-el-Islam. Mais nous, nous sommes chez nous, le dos au mur, et ici, notre substance n’est pas négociable. »

La refondation nécessaire

Troisième erreur : considérer que le vide sidéral qui nous tient lieu de culture inversée devra être comblé par une force étrangère. C’est prendre le problème par le mauvais bout. La question n’est pas de savoir si notre refondation est possible : il faut qu’elle le soit, et c’est justement notre boulot de faire en sorte qu’elle le soit.

Soyons clair : nous, européens, avions jadis construit la plus haute culture de l’humanité. Le monde musulman a plusieurs siècles de retard sur nous. Depuis la fin des guerres de religion, en Europe, nous avons fait un progrès décisif : les hommes ont appris qu’ils doivent vivre avec le doute. Et ce progrès, pour l’instant, n’a pas été fait dans la plus grande partie du Dar-el-Islam. Là-bas, la Raison n’est licite que si elle sert le dogme.

C’est notre responsabilité que ce progrès ne soit pas perdu.

Nous traversons une crise dramatique. Il est tout à fait exact que l’effondrement du niveau de conscience dans les populations occidentales est sans précédent – et il est également parfaitement exact que l’islam, c’est mieux que le conditionnement débile proposé par notre système aberrant. J’approuve d’ailleurs tout à fait David L’Epée, quand il nous dit que l’islam n’a quasiment aucun rapport avec notre écroulement – j’en tiens pour preuve qu’aux USA, les latinos catholiques et les jeunes Noirs reproduisent à peu près les comportements de nos lascars de banlieue, et à peu près pour les mêmes raisons.

Mais même si la dynamique de nos sociétés exténuées par la vitesse ahurissante de leur propre développement dégénère en catastrophe anthropologique sans précédent, nous devons trouver en nous la force de proposer mieux que l’islam régressif que l’Empire nous a vendu comme seule alternative à son projet destructeur. Il ne faut pas s’y tromper : si le Pouvoir « occidental » affecte de combattre l’islam tout en contribuant à le propager (sous sa forme la plus rétrograde), c’est parce que cette religion, aux yeux des pharisiens qui nous gouverne, fait des populations soumises.

Allons-nous consentir à ce recul de cinq siècles, abandonnant la cause de la Raison pour rallier un vaste troupeau auquel, n’en doutons pas, on prépare un choix pathétique entre faux protestantisme télévisuel et faux islam racaille ?

Non. Refusons de nous plier à une alternative absurde. Il y va de notre responsabilité. La question de David « Préféreriez-vous que votre fille se convertisse à l’Islam ou qu’elle mette sa virginité aux enchères sur Internet ? » n’appelle qu’une réponse : « Je préfèrerais que la question ne se pose pas. »

Michel Drac

Source
 : http://www.scriptoblog.com
 
 
 






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2 Commentaires

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  • #153691
    Le 17 mai 2012 à 01:08 par musliman
    Débat sur l’islam comme arme de résistance au mondialisme

    En termes de résistances pacifiques il faudra revoir l’histoire du résistant à l’occidentalisation feu Hassan El Banna , rhimahou Allah ,comme exemple de résistance historique aux phénomènes de colonisation et de dominations culturelles qui ont perdurés en Egypte ou ont existés et continuent d’exister tous les ingrédients de toutes les formes de résistances , parfois manipulées en extremistes de nos jours , effectivement .
    Et de mon point de vue ; les musulmans n’en sont encore nulle part face au monde contemporain , mais certains musulmans dans différents pays assumment de plus en plus leurs responsabilités d’engagement politique, économique, philosophique,social et culturel .
    Mais pour la majorité des états musulmans, ils tentent de s’accomoder du monde occidental hélas tant en économie, qu’en culture ,...... voir meme en dévotion d’un dieu unique . Mais là on est sur des champs d’oeuvres d’avenir pour donner à l’Islam tout son sens humain , éthique et morale .

     

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  • #153708
    Le 17 mai 2012 à 01:44 par dédé75
    Débat sur l’islam comme arme de résistance au mondialisme

    les pays occidentaux à forte immigration musulmane sont aujourd’hui le théâtre de ce que nous pourrions appeler une substitution progressive de peuplement [...] qu’une certaine droite vitupère au nom des vieilles chimères ethnocentristes et racialistes



    Sans blague...

    Quant aux fameuses conversions soit disant massives à l’islam de jeunes blanc-becs à la recherche de "valeurs viriles", il s’agit surtout de ceux vivant aux milieux des musulmans dans les cités ! ces quelques rescapés des HLM qui ont pu rester comme par miracle...

    Et puis peut-on encore vouloir autre chose pour les peuples européens que le monothéisme sémitique ? Sommes nous vraiment condamnés Ad vitam æternam au Dieu unique judéo-chritiano-islamique ?
    Non seulement j’en doute car tout change tout le temps, mais je ne trouve pas ça souhaitable.

    Et puis vous n’en avez pas marre de ressasser en permanence ce que Soral a déjà dit avant vous et mieux que vous ?



    préféreriez-vous que votre fille se convertisse à l’Islam ou qu’elle mette sa virginité aux enchères sur Internet ? Quant à moi, je n’hésiterais pas une seconde.



    Ni l’un ni l’autre ! Mais c’est quoi ces conneries ?

     

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