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1972-2016 : de L’Aventure c’est l’aventure à Camping 3, vie et mort du cinéma français comique

Prenez un film français comique de la décennie 1970, la dernière avant l’étranglement progressif de la bien-pensance socialo-sioniste, L’Aventure c’est l’aventure (réalisé par Claude Lelouch), puis un film français comique d’aujourd’hui, Camping 3 (de Richard Ontoniente).
Si deux longs métrages ne sont pas comparables (hormis les remakes), on est en droit, dans un genre donné – le comique –, à deux époques données – 1972 et 2016 –, d’observer certaines évolutions, artistiques, politiques, sociologiques.
Ceux qui s’attendent à un énième c’était-mieux-avant seront déçus : il s’agit ici de déterminer pourquoi et comment l’industrie nationale du divertissement, en pointe mondiale il y a un demi-siècle, a-t-elle pu passer de la production d’une pépite farcie d’humour cinglant, de gauloiserie décomplexée, d’intelligence sociale et de cynisme politique, à une indigence à tous points de vue  : réalisation, comédiens, intrigue, scénario.

 

Camping 3 en trois lignes

Troisième et dernier (on l’espère) volet de la série populaire qui se situe dans un camping d’Arcachon, et qui met aux prises des personnages tellement caricaturaux (le Vieux, le Jeune, le Pédé, le Beauf), que les scénaristes devaient être et en vacances et en manque de coke. Le premier volet proposait une satire sociale qui évitait la mièvrerie, avec quelques pointes de cruauté bien senties. Dubosc y incarnait une figure du Français moyen, en retard sur toutes les évolutions, mais au grand cœur et à l’esprit enfantin. Ce qui le sauvait d’un constat douloureux sur le travail (chômeur longue durée) et le couple (célibataire foireux).

 

L’Aventure c’est l’aventure

Cinq malfaisants dans l’âme, pas vraiment passionnés par le travail, et irrécupérables à tous points de vue, se rencontrent par les hasards de la vie et décident, après une étude de faisabilité, de faire dans l’arnaque politico-médiatique. Ils enlèveront donc des personnalités, et commencent par Johnny. Incarnée par Lino Ventura, Charles Denner, Jacques Brel, Aldo Maccione et Charles Gérard, cette sympathique bande de Gaulois traverse une époque riche en rebondissements, de l’Europe à l’Amérique du Sud, et du capitalisme au marxisme. Ou comment faire du fric et berner les gens avec l’idéologie dominante.

Lelouch, c’est peut-être pas Scorsese, mais un réalisateur foutraque qui a pondu, moitié par accident, moitié par talent, au milieu de ses histoires de cul bourgeoises (c’est un fan du Baron et des soirées olé-olé), quelques films regardables, qui sont les éponges d’une époque.

La scène de l’étude de faisabilité :

 

Comme souvent avec les réals paresseux, bride est laissée aux comédiens, ces derniers arrangeant scénario et scènes à leur gré. Ça peut fonctionner avec de grands comédiens, et la France n’en manque pas. Le tournage est bordélique, mais la troupe s’amuse, et le public aussi, donc tout le monde est content à l’arrivée. Maintenant, la question fondamentale : le cinéma français a-t-il été dépolitisé ? Ou, disons, dévitalisé ? Il n’y a plus une once d’interrogation, de critique sociale, dans les films d’aujourd’hui. La subversion politique a été accaparée par la gauche, qui concentre son tir sur un pseudo-fascisme qui n’a jamais existé chez nous, hormis dans le pouvoir profond.
L’exemple parfait, et là on sort une seconde de la comédie, en est donné par Un Français, le film qui retrace la vie d’une bande de skinheads dans les années 80. Le grotesque « danger skin » permettait aux socialistes et à leurs obligés culturels (tous financés par l’État, directement ou indirectement, surtout depuis le passage du CNC sous le giron du ministère de la Culture en 1959) de masquer leur entreprise sournoise de libéralisation du pays, et de désigner un bouc émissaire à la vindicte populaire. Aujourd’hui, le danger skin a été remplacé par le danger FN, un danger qui fait paradoxalement de moins en moins peur.
Les manips politiques, comme les histoires d’amour, finissent mal en général.

Les films véritablement politiques ont donc disparu des écrans, et ce, depuis la sortie du très symbolique Les Dents de la mer, du très symbolique Steven Spielberg : après la vague subversive des années 60 due à une nouvelle génération de réalisateurs, la plupart italo-américains, le film d’intelligence économico-politique a laissé la place au divertissement, qu’il soit comique ou anxiogène. Un danger nébuleux, qui ne remettait plus en cause la hiérarchie sociale, le pouvoir visible ou même l’État profond, à la Scott (Peter Dale, pas Ridley).
Cette parenthèse se refermera aussi chez nous avec quelques temps de retard, les années 70 étant celles de la profusion du film politique critique : on s’attaquait à l’immigration (Les Chinois à Paris, de Jean Yanne en 1973), aux multinationales (Le Sucre, de Jacques Rouffio en 1978, ou L’Imprécateur de Jean-Louis Bertucelli en 1977), aux médias (Le Prix du danger, d’Yves Boisset en 1983), sur le mode sérieux ou le mode léger. Le mode léger passant mieux aux yeux du grand public. On s’instruit en s’amusant. Pour ceux qui n’étaient pas à la pointe de la culture livresque, ces films faisaient prendre conscience de situations sociales bloquées, de pouvoirs plus ou moins secrets, et des expériences pour y mettre un terme ou les dévoiler.

 

 

Basculement vers le précipice

Qui a décidé de ce basculement ? Là, il y a deux écoles, c’est le cas de le dire.
La première, qui veut que le cinéma de divertissement – de diversion ou d’inconscience – rapportant plus que le cinéma de conscience, la logique du marché a forcé les producteurs à se tourner vers les œuvres inoffensives, sachant que tout film contenant une charge subversive est susceptible de générer des ennuis (fiscaux, économiques, relationnels).
La seconde, qui y voit la sanction d’une évolution intellectuelle due à la baisse de niveau général, symbolisée par la destruction quasi-programmée de l’école française. Pour parler brutalement, les esprits ont été formés à la facilité, la niaiserie, et la soumission. On peut en voir les résultats dans l’étrange promotion d’une Najat Vallaud-Belkacem, qui n’aurait même pas servi de femme de ménage stagiaire sous De Gaulle.
Cela peut aussi résulter d’une conjonction de ces deux évolutions, dont nous ne discuterons pas ici du caractère naturel ou artificiel, c’est-à-dire politique.

Il semble donc que le Système, englobant sa facette politique, sa facette éducative, et sa facette culturelle, pour ce qui nous concerne, ait rendu plus difficile la fabrication d’œuvres orientant les esprits vers l’insoumission, et plus facile celle des œuvres orientant ces derniers vers la soumission, ou opposées à ce glissement. Selon Peter Dale Scott, la surpuissance de l’État profond est le résultat d’une dérive à la fois humaine (un noyau paranoïde à la tête du lobby pétro-militaro-bancaire) et systémique, le pouvoir réel, une fois son opposition neutralisée, tendant à devenir de plus en plus absolu, et visible.
Le « choix » du libéralisme en 1982 par le socialisme français, qui comme par hasard avait mis avant cela 10 ans à avoir la peau du communisme français, a accompagné cette tendance à la dé-conscientisation politique. La politique pour tous, sous la houlette de l’immoraliste Jack Lang, la faisait descendre au plus bas des niveaux, et dissoudre dans un discours de plus en plus cynique, mensonger, piégeant des générations entières de jeunes. Pendant ce temps, les frappes culturelles combinées du média de masse Cinéma & Télévision (symbolisé magnifiquement par Canal+) et de l’Éducation nationale achevaient de dissoudre ce qui pouvait rester de dangereux dans la tête des petits Français.

 

Le réveil du peuple jeune

Le film comique de 2016 est donc éminemment politique, puisqu’il entretient ce mur mental destiné à empêcher toute renaissance de l’esprit critique. Quant au film dit sérieux, il se résume aujourd’hui à une mise en avant des minorités et de leur souffrance, réelle ou fantasmée, ce qui permet de hacher à l’avance toute analyse globale du Système. Pas la peine de rappeler ici la puissance d’imprégnation de l’image animée sur la conscience, ou l’inconscient, du public. À partir du moment où le mensonge socialiste (la trahison sociale qui a sonné le glas d’un siècle de luttes) a envahi la sphère médiatique, ce discours devenant culturellement dominant, il a fallu verrouiller les tubes (au sens informationnel) qui formataient les esprits dans le bon sens.
Une victoire à court terme puisque 30 ans plus tard, grâce à la naissance d’un supertube imprévu, et relativement incontrôlable, une majorité de jeunes découvrait avec colère (ce qui explique en partie la violence des propos sur le Net) ce mensonge dont « on » les a(vait) abreuvés. Qu’ils soient racailles ou nationalistes, Français de souche ou d’origine immigrée, le peuple jeune crache désormais sur ce qu’on essaye de faire de lui. Il ne reste plus que les pauvres hères de la Nuit Debout, mêlés au lumpenprolétariat et à la zone, pour incarner le triste spectacle du socialisme vainqueur, cette impasse de l’Histoire.

Avec la montée en puissance de la conscience par l’Internet, la fonction vitale du cinéma de divertissement perd de son efficacité : de moins en moins de Français payent pour « oublier » ce qu’on a fait ou ce qu’on veut faire d’eux. Les générations montantes, qui sont nées dans les années de socialo-sionisme, et qui n’ont pas connu la parenthèse enchantée d’ouverture culturelle et politique des années 60-70, sont en train de recréer logiquement une nouvelle ouverture.
Une respiration.

 

 

Camping 3, ce produit culturel vidé de toutes ses entrailles qui en auraient fait le sel, est donc le résultat d’un processus politique lourd, le politique précédant ici l’économique, puisqu’il ne s’est pas opposé, lors du choix de société factice de 1981, au rouleau compresseur libéral anglo-américain, dont nous voyons l’explosif tableau aujourd’hui. L’américanisation et la dépolitisation de notre cinéma viennent de là. Une soumission qui fait l’objet du dernier roman de Michel Houellebecq : derrière sa critique précise de l’individualisme libéral, le grand public et les médias n’ont préféré retenir que la charge antimusulmane. Tant pis pour les aveugles qui tombent dans ce piège médiatique.
Une fausse peur, un faux rire, une peur aussi préfabriquée que le rire, voilà ce que le Système offre en guise de réorientation mentale à ceux qu’il a volontairement aveuglés.

 

Comprendre le basculement médiatico-politique contemporain
avec Kontre Kulture

Cinéma, Système et sionisme, sur E&R :

 
 






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