Lors d’une conférence de presse donnée mercredi, le diocèse épiscopal de Jérusalem, dont dépend l’hôpital, a confirmé que l’hôpital avait reçu trois avertissements, « samedi, dimanche et lundi » de la part d’Israël pour évacuer l’hôpital, comme d’autres hôpitaux de la bande de Gaza. […]

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé que l’hôpital faisait partie d’un des 20 hôpitaux qui avaient reçu un ordre d’évacuation de la part de l’armée israélienne. « L’ordre d’évacuation n’a pu être exécuté en raison de l’insécurité actuelle, de l’état critique de nombreux patients et du manque d’ambulances, de personnel, de lits dans le système de santé et d’abris alternatifs pour les personnes déplacées », note l’OMS. (20 Minutes)

Derrière le nettoyage ethnique qui frappe la population de Gaza, se cache un autre nettoyage, religieux celui-là. Par deux fois, des édifices chrétiens ont été touchés par des frappes. Après un hôpital chrétien, une des plus vieilles églises chrétienne orthodoxe du monde vient d’être touchée par l’aviation israélienne. À l’intérieur, plusieurs Palestiniens qui y avaient trouvé refuge ont été blessés ou tués.

Dans l’hôpital géré par le diocèse anglican, les sources officielles parlent de 500 personnes qui ont perdu la vie (désormais « quelques dizaines » selon le renseignement européen, pour qui l’hôpital avait déjà été évacué). D’autres sources parlent de 900 morts, car outre des blessés, l’hôpital abritait aussi des réfugiés.

En réalité, le nombre réel de victimes est invérifiable, comme celui des « 1 700 morts » côté israélien, qui sont devenus le leitmotiv de la vengeance disproportionnée des autorités de Tel-Aviv.

Pour répondre à la violence inouïe du pogrom du 7 octobre, Israël a choisi de répondre à la violence par la violence. Œil pour œil, dent pour dent. Une pluie de bombes s’abat sur Gaza.
Une enquête indépendante devra déterminer qui d’Israël et du Jihad islamique est responsable du bombardement de l’hôpital Ahli Arab à Gaza. Quoi qu’il en soit, près de 3 000 Palestiniens sont déjà morts sous les bombes.
Dans l’esprit de beaucoup d’Israéliens rencontrés, résonne cette phrase célèbre prononcée par Golda Meïr : « Nous pouvons pardonner aux Arabes d’avoir tué nos enfants. Nous ne pouvons pas leur pardonner de nous avoir obligés à tuer leurs enfants. »
Mais tous les Israéliens ne pensent pas qu’il faille annihiler Gaza pour épancher cette inextinguible soif de vengeance.

Un journaliste de Paris Match a visité la morgue juive des victimes du 7 octobre. Son long témoignage a été publié sur X. Sur ses rares images (photo et vidéo), il évoque des « centaines de corps » : on aperçoit quelques chambres froides avec des lits superposés de cadavres à l’intérieur.

De chaque côté, on le sait, les belligérants tentent de sensibiliser l’opinion internationale.
À 2’45, la journaliste d’Orient Express sur France 24 présente le bombardement de l’église orthodoxe de Gaza comme une fake news palestinienne (et russe) :

Pourtant, le quotidien Ouest-France, peu réputé pour son anti-israélisme, annonce que l’église Saint-Porphyre a bien été bombardée :

Le ministère de l’Intérieur du gouvernement du Hamas a affirmé jeudi 19 octobre 2023 que de nombreux déplacés s’abritant dans l’enceinte de l’église Saint-Porphyre à Gaza avaient été tués et d’autres blessés dans un raid israélien.

Le média Ici Beyrouth fait état d’au moins cinq morts et de dizaines de blessés, dont des enfants. De nombreuses vidéos montrant des blessés apparaissent sur les réseaux sociaux, ce jeudi soir. L’église grecque-orthodoxe millénaire de Saint-Porphyre de Gaza est la troisième plus ancienne église au monde.

Le compte Gaza News évoque « naturellement » un plus grand nombre de victimes :

La suite de l’article du quotidien breton fait le lien avec la destruction de l’hôpital chrétien, mais en l’attribuant à une roquette du Jihad islamique :

L’agence de presse palestinienne (WAFA) a signalé que les avions israéliens ont bombardé l’église située dans le quartier d’Al-Zaytoun, au sud de Gaza, causant des « dommages matériels importants » à certaines parties de l’édifice, ainsi que la destruction d’un bâtiment voisin. […]

L’église est située non loin de l’hôpital al-Ahli où un tir de roquette a fait 471 morts mardi soir, selon les autorités du Hamas. Le Hamas avait imputé la frappe à Israël, qui a démenti et accusé le Jihad islamique, un autre groupe armé actif dans la bande de Gaza, d’être à l’origine du tir.

Pour Ouest-France, la disparition progressive des 7000 chrétiens de l’enclave palestinienne serait due à la pression du Hamas, sans lien avec les persécutions antichrétiennes des ultrareligieux juifs en Israël.

Israël dément et accuse les Palestiniens

Les deux versions s’opposent sur le massacre de l’hôpital al-Ahli. Pour les uns, c’est une roquette qui aurait explosé et mis le feu à l’édifice ; pour les autres, un bombardement par avion. Nous avons retrouvé une vidéo de l’attaque, qui montre, juste avant une double explosion, une série de leurres dans le ciel, la signature d’un chasseur qui cherche à éviter la DCA.

La théorie de la roquette a du mal à tenir : quand le Hamas arrose Israël de roquettes artisanales, il est rare qu’elles fassent des victimes, leur effet est surtout psychologique. Pourtant, cette (dés)information a la préférence des médias mainstream français, même si le correspondant de la télévision privée israélienne Channel 12 parle bien d’un bombardement de l’aviation israélienne, avec non pas 500, mais 900 victimes !

Enfin, pour le site biblique terresainte.net, le bombardement de l’église grecque-orthodoxe est un dommage collatéral(e) :