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La France et les Émirats arabes unis vont aider à renforcer les capacités de l’armée tunisienne

Le 3 mars dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, était invité à faire le tour d’horizon des opérations dans lesquelles les forces françaises sont engagées par la commission « Défense » de l’Assemblée nationale. Le compte-rendu de cette audition vient d’être diffusé, ce qui crée un décalage avec l’actualité immédiate.

En effet, depuis l’intervention du ministre devant les députés, la Tunisie a été endeuillée par l’attentat commis contre le musée du Bardo à Tunis et revendiqué par l’État islamique (EI). Et ce type d’action était à craindre…

Le pays doit composer avec une frontière incontrôlable avec la Libye, où, le chaos politique aidant, les groupes terroristes prolifèrent, dont ceux qui se réclament de l’EI. En outre, il ne parvient pas à réduire les maquis jihadistes, liés à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), implantés dans la région de Kasserine, plus précisément dans le secteur du mont Châambi, frontalier avec l’Algérie.

En outre, entre 3 000 et 4 000 ressortissants tunisiens sont allés s’enrôler dans les rangs des organisations jihadistes actives en Syrie et en Irak. Et au moins 500 seraient revenus dans leur pays d’origine.

« Ces groupes salafistes jihadistes ont fait le choix stratégique d’envoyer des jeunes en Syrie pour les préparer et former ainsi des cadres qui seront prêts pour un éventuel combat en Tunisie », expliquait, à l’AFP, l’analyste tunisien Slaheddine Jourchi.

Visiblement, la France a pris conscience des périls qui menacent la Tunisie. D’où l’annonce faite par M. Le Drian lors de son audition à l’Assemblée.

« En Tunisie, nous sommes en train d’engager une coopération trilatérale avec le nouveau gouvernement et les Émirats arabes unis, sur le modèle de DONAS, mais à moindre échelle, afin d’aider les forces armées tunisiennes à renforcer leur capacité de lutte contre le terrorisme, en particulier pour ce qui est des forces spéciales », a déclaré le ministre de la Défense.

Pour rappel, financé par l’Arabie Saoudite à hauteur de 2,5 milliards d’euros, le contrat DONAS, récemment entré en vigueur, vise à moderniser les Forces armées libanaises (FAL) grâce à des équipements commandés auprès de la France. D’après M. Le Drian, il est donc question d’adopter le même mécanisme au profit de l’armée tunisienne, avec les Émirats comme partenaires.

Pour les autorités françaises, l’un des principaux sujets de préoccupation reste la Libye. Sollicité par un député estimant que « le problème libyen ne pourra être résolu à moyen terme qu’à condition que l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte travaillent de concert avec la France et les États-Unis », le ministre de la Défense a estimé que Tunis a « un rôle essentiel à jouer ».

« Jusqu’à l’élection du président Essebsi à la fin du mois de décembre 2014, le pays se trouvait dans une situation politique complexe. Il est à présent entré dans une logique de coopération plus active », a expliqué le ministre. « L’Algérie soutient la restructuration de l’armée tunisienne et la France est entrée dans un processus collaboratif, conjointement avec les Émirats arabes unis », a-t-il conclu.

Quels seront les capacités militaires tunisiennes appelées à être renforcées via cette coopération ? M. Le Drian n’a pas donné de précisions à ce sujet. Mais les besoins des Forces armées tunisiennes sont importants, étant donné que ces dernières mettent en oeuvre beaucoup de matériels relativement anciens, notamment dans les domaines des blindés (insuffisamment protégés contre la menace des engins explosifs improvisés), de l’aviation (quelques F-5 modernisés) et du renseignement.

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