Non mais moi je veux bien, "ils ont le devoir de rester et de se battre", mais c’est facile à dire aussi. Je veux dire, même si c’est objectivement vrai, le gaillard en costume taillé comme une brindille qui parle d’aller au combat, je voudrais bien l’y voir.
Ce n’est pas le fond du propos qui me dérange, mais un mélange de "qui" le dit et la manière dont c’est dit.
Toutes les régions de la Syrie ne sont pas en guerre, mais l’EI les côtoie. L’exode syrien se justifie par la peur, et cet exode est récupéré par l’Occident qui fait croire soit que l’EI allait tous les exécuter, soit qu’Assad allait s’en charger. Je pense que les Syriens ont bien compris ce petit jeu qui traduit l’indifférence totale des dirigeants occidentaux sur le sort de la Syrie en tant que pays (ce qui comprend son histoire, sa culture, son peuple, etc.).
Depuis des semaines, je vois/lis/entend tout et son contraire. Certains prétendent que les sans-papiers (j’utilise un terme vicié, mais ils sont bien sans papiers quand ils arrivent non ?) sont de joyeux lurons qui ont fait bon voyage, ayant de surcroît quitté des zones où la guerre ne proliférait pas (pas encore ?). D’autres scandent des slogans incitant à accueillir des réfugiés de guerre dont notre accueil serait la dernière chance de survie...
Moi, je vois une chose : la Syrie est au moins à moitié en guerre, et c’est déjà pas mal. Parmi les migrants syriens (je me permets - honteusement - d’élider les autres), il y a des réfugiés de guerre, des fuyards pleutres quittant une région tranquille, des idiots assurés par des passeurs de trouver l’El Dorado, et sans doute des terroristes déguisés également. Quoiqu’il en soit, je les verrais tous bien mieux en Syrie que dans n’importe quel pays d’Europe (et je parie qu’eux aussi, sauf peut-être pour les djihadistes passés en secret). Mais pour ça, il faudrait que ceux qui ont détruit l’Irak, la Lybie, puis la Syrie (j’en passe sans doute et d’autres doivent être à venir) se repentent et décident de réparer les dégâts.
Autant dire qu’au point où l’on en est, et vu les salades qu’on nous sert chaque jour, je rêve éveillé. Et sans vouloir être défaitiste et miner le moral de ceux qui me liront, il faudra certes bien plus, pour faire changer les choses, que quelques commentaires sur E&R, mais, surtout, bien plus qu’un Escada qui crie "au combat !" à distance.
Je crois que le pessimisme me gagne...