D’abord, qui est Olivier Kempf, à ne pas confondre avec Hervé Kempf, du site écolo Reporterre ?

Le Cercle K2 nous informe :

Olivier Kempf est stratégiste et géopolitologue. Il a conduit une carrière militaire riche et variée, alternant commandements, opérations (Koweït, ex-Yougoslavie, Côte d’Ivoire, Tchad) et postes en état-major, en France comme à l’étranger (ONU, OTAN, UE).

On se dit que ce haut niveau d’expertise va se retrouver dans des analyses précises, intéressantes, lucides sur la situation militaire en Ukraine : que nenni. Chez Liste Noire Cohen, le 21 novembre 2022, face aux question idiotes de Lemoine, Kempf parlait des Russes ainsi :

« Malheureusement, et c’est ce que nous a montré cette armée russe, qu’elle n’est pas commandée, qu’elle n’est tout simplement pas commandée. Il y a un laisser-aller, et une troupe qui n’est pas commandée et qui laisse aller, fait des horreurs. (...) Vous avez une culture de la violence dans la société russe qu’on ne soupçonne pas. Et qui fait que un jeune Russe laissé à lui-même sera dans une démarche de violence, de façon, je dirais, culturelle ».

Voici le billet de Kempf repris dans La Voix du Nord, à propos des premiers jours de la contre-offensive ukrainienne partielle (il pense que le gros des brigades attend son heure) dans le sud :

Ces déclarations sidérantes – Kempf n’a pas remarqué l’efficacité de l’armée russe depuis le 24 février 2022, qu’on soit pro ou anti-russe – ont fait réagir sur la Toile, notamment Régis de Castelnau :

« Et Kempf bardé de ses préjugés quasi racistes se permet de les insulter. Il n’a même pas lu l’article du patron des marines américains (sous pseudo). »

L’article, traduit par le site Vu du droit, reprend l’analyse d’un haut gradé des Marines, qui fait valser la propagande occidentale pro-ukrainienne. Marinus, le nom de code du gradé, note l’aspect stratégique profond de l’invasion russe, dont découle le changement de paradigme militaire. En d’autres termes, la Russie a une longue d’avance.

Les trois campagnes terrestres menées par les Russes en Ukraine en 2022 devaient beaucoup aux modèles traditionnels. Dans le même temps, le programme de frappes de missiles a exploité une capacité qui n’était rien moins que révolutionnaire. Qu’ils soient nouveaux ou anciens, ces efforts ont été menés d’une manière qui démontre une profonde appréciation des trois domaines dans lesquels les guerres sont menées. En d’autres termes, les Russes ont rarement oublié qu’en plus d’être une lutte physique, la guerre est à la fois un concours mental et un argument moral. L’invasion russe de l’Ukraine pourrait marquer le début d’une nouvelle guerre froide, une « longue lutte crépusculaire » comparable à celle qui s’est achevée avec l’effondrement de l’Empire soviétique il y a plus de trois décennies. Si tel est le cas, nous serons confrontés à un adversaire qui, tout en tirant beaucoup de valeur de la tradition militaire soviétique, s’est libéré à la fois de la brutalité inhérente à l’héritage de Lénine et des œillères imposées par le marxisme. Ce qui serait encore pire, c’est que nous pourrions nous retrouver à combattre des disciples de John R. Boyd.

Être pro-ukrainien quand on a été ou qu’on reste un militaire français de haut rang est une chose : les goûts et les couleurs (de drapeaux) ne se discutent pas. Qu’on tombe dans la propagande grossière de l’OTAN en est une autre.

Le stratège BHL et la « stratégie des coups d’épingle »

BHL  : De petites opérations, dont le but est de reconquérir des territoires, mais aussi de démoraliser l’adversaire.

Rochebin  : Affoler, affoler l’ours russe, le piquer en plusieurs points, on a l’impression qu’il y a là une dimension qui est effectivement de l’ordre de la psychologie autant que de la stratégie.

BHL  : C’est la raison pour laquelle je vous dis que les Ukrainiens, comme on dit en anglais, oversmart les russes, ils sont plus… ils sont plus intelligents qu’eux. (.. ) Le but, c’est certainement de semer l’inquiétude, peut-être le chaos, et peut-être la panique sur les lignes de défense russes, et peut-être jusqu’au Kremlin.

La réalité du terrain : un convoi de Bradley et Leopard détruit