Egalité et Réconciliation
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Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

Par Aymeric Chauprade

Conférence donnée par Aymeric Chauprade à Funglode, St Domingue, le 27 novembre 2012. Texte intégral.

 

Comprendre la géopolitique du Moyen-Orient c’est comprendre la combinaison de multiples forces.

Nous allons voir qu’il faut faut envisager au moins la combinaison de 3 logiques :

- les forces intérieures qui s’affrontent à l’intérieur d’un même État, comme la Syrie, l’Irak ou la Libye – des conflits ethniques (Kurdes et Arabes), ou confessionnels anciens (chiites, sunnites, Alaouites, chrétiens…) ;

- les logiques d’influence des grands acteurs de puissance régionaux (l’Iran, l’Arabie Saoudite, le Qatar, Israël, la Turquie, l’Égypte…) et la façon dont ces acteurs utilisent les logiques communautaires dans les États où ils essaient d’imposer leur influence (Liban, Syrie, Irak) ;

- le jeu des grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, UK…) et en particulier la géopolitique du pétrole et du gaz.

À cette analyse géopolitique, il faut être capable de marier une analyse de science politique, et de comprendre en particulier ce qui se passe sur le plan des nouveaux courants idéologiques du monde arabe ou bien sur le plan de la légitimité des régimes politiques qui tremblent.

Par ailleurs il ne faut surtout pas avoir l’idée que les dynamiques qui secouent le Moyen-Orient sont très récentes. Il n’y a jamais eu de stabilité au Moyen-Orient dans les frontières que nous connaissons aujourd’hui. Si les Anciens parlaient à propos des colonisations et protectorats de pacification ce n’est pas pour rien. Seules les structures impériales, que ce soit l’Empire ottoman ou les empires occidentaux, ou même dans une certaine mesure la Guerre froide entre l’Ouest et l’Est, ont en réalité gelé momentanément les affrontements claniques, tribaux, ethniques et confessionnels du Sahara jusqu’aux déserts d’Arabie en passant par le Croissant fertile.

En réalité, il y a là une constante à peu près universelle. Là où de véritables États-nation homogènes n’ont pu se former, la guerre civile est devenu une sorte d’état instable permanent.

Pour comprendre ce qui se passe en Syrie et les perspectives, je vais commencer par inscrire notre réflexion dans une trame globale.

Les États-Unis et leurs alliés sont sortis vainqueurs de l’affrontement bipolaire en 1990 et l’effondrement de l’URSS a rendu possible, à la fois l’extension de la mondialisation libérale à de nombreux pays du monde, et des transformations géopolitiques majeures comme la réunification de l’Allemagne et l’explosion de la Yougoslavie.

Les États-Unis ont tenté alors, portés par cette dynamique, d’accélérer le plus possible ce phénomène et d’imposer l’unipolarité, c’est-à-dire un monde centré sur leur domination géopolitique, économique, culturelle (soft power).

Ils se sont appuyés sur le droit d’ingérence face aux purifications ethniques ou aux dictatures, comme sur la lutte contre l’islamisme radical (depuis le 11 septembre 2001 en particulier) pour accélérer leur projection géopolitique mondiale.

Mais c’était sans compter sur une logique contradictoire : la logique multipolaire qui a été d’une certaine manière l’effet boomerang de l’expansion capitalistique soutenue par les Américains après la chute de l’URSS. Dopées par la croissance, ce que les Américains voyaient comme des marchés émergents, sont devenues des nations émergentes, soucieuses de compter de nouveau dans l’histoire, de restaurer leur puissance et de reprendre le contrôle de leurs ressources énergétiques ou minières. De la Russie à la Chine, en passant par l’Inde, le Brésil, la Turquie, jusqu’au Qatar, partout des États-nations forts de leur cohésion identitaire et de leurs aspirations géopolitiques, s’emploient à jouer un rôle géopolitique croissant.

Washington a compris très tôt que la Chine marchait vers la place de première puissance mondiale et qu’elle ne se contenterait pas de la puissance économique mais s’emploierait à la devenir aussi la première puissance géopolitique. Perspective incompatible avec la projection géopolitique mondiale des États-Unis, qui dominent encore l’Europe avec l’OTAN, contrôlent l’essentiel des réserves de pétrole du Moyen-Orient et tiennent les océans grâce à leur formidable outil naval.

Dans cette compétition entre les États-Unis et la Chine, qui déjà dans le Pacifique fait penser aux années qui précédèrent l’affrontement entre les Américains et les Japonais dans la première partie du XXème siècle, le Moyen-Orient tient toute sa place.

Le Moyen-Orient représente 48,1 % des réserves prouvées de pétrole en 2012 (contre 64 % en 1991) et 38,4 % des réserves de gaz (2012, BP Statistical Review ; contre 32,4 % en 1991).

Pour les États-Unis, contrôler le Moyen-Orient, c’est contrôler largement la dépendance de l’Asie et en particulier celle de la Chine. L’AIE [Agence internationale de l’énergie, ndlr], dans son dernier rapport, prédit en effet que l’Asie absorbera 90 % des exportations en provenance du Moyen-Orient en 2035.

Comme l’Agence internationale de l’énergie nous l’annonçait début novembre 2012, la production de pétrole brut des États-Unis dépassera celle de l’Arabie Saoudite vers 2020, grâce au pétrole de schiste. Les États-Unis, qui importent aujourd’hui 20 % de leurs besoins énergétiques, deviendraient presque autosuffisants d’ici 2035.

Rappelons qu’en 1911 quand le gouvernement américain morcela la gigantesque Standard Oil (de laquelle naîtront Exxon, Mobil, Chevron, Conoco et d’autres encore), cette compagnie assumait alors 80 % de la production mondiale. Si les États-Unis redeviennent premiers producteurs mondiaux, nous ne ferons que revenir à la situation qui prévalait au début du XXème siècle.

Entre 1945 et maintenant, l’un des grands problème des Américains a été le nationalisme pétrolier, qui du Moyen-Orient à l’Amérique latine n’a cessé de grignoter son contrôle des réserves et de la production.

Il se passe donc exactement ce que j’écrivais il y a déjà presque dix ans (ce qui ne me rajeunit pas !), au moment de la Deuxième Guerre d’Irak. Les États-Unis ne cherchent pas à contrôler le Moyen-Orient pour leur propres approvisionnements puisqu’ils s’approvisionneront de moins en moins au Moyen-Orient (aujourd’hui déjà le continent africain pèse plus dans leurs importations), mais ils chercheront à contrôler ce Moyen-Orient pour contrôler la dépendance de leurs compétiteurs principaux, européens et asiatiques.

Si les Américains contrôlent encore le Moyen-Orient dans 20 ans (et je ne parle même pas de l’Afrique qui ne maîtrisera certainement pas son destin et sera sans doute partagée entre des influences occidentales et chinoise), cela signifie qu’ils auront une emprise énergétique considérable sur le monde et donc que la valeur stratégique de pays comme la Russie, le Venezuela (premier pays du monde devant l’Arabie Saoudite en réserves prouvées de pétrole : 17,9 % contre 16,1 % soit 296,5 milliards de barils de réserves sur le 1,65 trilliard du monde : BP 2012) ou le Brésil (grâce à son offshore profond) aura alors fortement augmenté puisqu’ils seront des réservoirs alternatifs précieux l’un pour l’Europe et l’Asie, l’autre pour l’Amérique latine.

Je fais partie de ceux qui ne croient pas à la raréfaction du pétrole. Non seulement parce que dans les faits, et contrairement à tous ceux qui n’ont cessé d’annoncer un peak oil qui ne s’est jamais produit, les réserves prouvées n’ont jamais cessé d’augmenter et que les perspectives avec le offshore profond et le pétrole de schiste sont gigantesques, mais, au-delà, parce que je suis très convaincu par la thèse dite abiotique de l’origine du pétrole, c’est-à-dire que le pétrole n’a pas pour origine la décomposition des dinosaures dans les fosses sédimentaires mais qu’il est un liquide abondant qui coule sous le manteau de la terre, qu’il est fabriqué à des températures et des pressions gigantesques à des profondeurs incroyables, et que par conséquent ce que nous extrayons est ce qui est remonté des profondeurs de la terre par fracturation du manteau.

Nous n’avons pas le temps d’entrer dans ce débat scientifique mais selon l’explication biotique ou abiotique les conséquences dans le domaine de la géopolitique sont radicalement différentes. Si le pétrole a une origine biotique la question est bien celle de l’épuisement et des conséquences géopolitiques de la raréfaction puis de l’épuisement. Si le pétrole a une origine abiotique, l’enjeu est bien le offshore profond et toutes les techniques de fracturation permettant de faire remonter le liquide précieux des profondeurs du manteau.

Mais revenons au pétrole du Moyen-Orient et souvenons-nous de quelques faits essentiels.

En brisant le régime de Saddam Hussein, les Américains ont tué dans l’œuf deux logiques qu’ils combattaient depuis toujours :

- le nationalisme pétrolier en Irak ; ils visent désormais le nationalisme pétrolier iranien ;

- le risque de sortie du pétro-dollar : le fait d’accepter de se faire payer son pétrole en euro ou dans une autre devise que le dollar : ce que Saddam Hussein avait annoncé vouloir faire en 2002 et que les Iraniens font aujourd’hui et qui explique largement pourquoi les Américains imposent un embargo drastique sur les hydrocarbures iraniens.

Le lien entre pétrole et dollar est l’une des composantes essentielles de la puissance du dollar. Il justifie que les pays disposent de réserves en dollar considérables pour pouvoir payer leur pétrole, et par conséquent que le dollar soit une monnaie de réserve principale. Par voie de conséquence, ce lien pétrole/dollar est bien ce qui permet aux États-Unis de financer leur formidable déficit budgétaire et de se permettre une dette fédérale de plus de 15 000 milliards de dollars.

Aujourd’hui tout le monde parle des dettes et crises européennes, mais les États-Unis sont, sur le plan de l’endettement (endettement fédéral, endettement des États, endettement des ménages) dans une bien pire situation que les Européens. Cependant leur bouclier s’appelle « dollar » et on peut penser qu’ils ont utilisé le talon d’Achille grec des Européens pour affaiblir l’Union européenne et fragiliser l’euro. Imaginez que la crise de la Grèce n’ait pas éclaté, et alors vous aurez ce qui se passait avant son éclatement : les banques centrales des émergents continueraient à accumuler de l’euro et à diminuer leur réserves de dollars… On comprend mieux pourquoi la Grèce a été conseillée par Goldman Sachs et JP Morgan…

En imposant un embargo drastique sur l’Iran (9,1 % des réserves prouvées selon BP 2012, soit le 3e rang mondial ; 15,9 % des réserves prouvées de gaz soit le 2ème rang derrière la Russie avec 21,4 % et devant le Qatar avec 12 %), les Américains tentent aussi de briser l’un des derniers pays à vouloir contrôler son système de production pétrolier et gazier.

Quel est donc le lien avec la Syrie ? On en parle peu, mais la Syrie joue un rôle stratégique dans les logiques pétrolières et gazières au Moyen-Orient.

Or en 2009 et 2010, peu avant que n’éclate la guerre, la Syrie a fait des choix qui ont fortement déplu à l’Occident.

Quelles sont les données du problème ?

Depuis la fin de la Guerre froide, les États-Unis essaient de casser la dépendance de l’Union européenne au gaz et au pétrole russe. Pour cela, ils ont favorisé des oléoducs et gazoducs qui s’alimentent aux réserves d’Asie centrale et du Caucase mais qui évitent soigneusement de traverser l’espace d’influence russe.

Ils ont notamment encouragé le projet Nabucco, lequel part d’Asie centrale, passe par la Turquie (pour les infrastructures de stockage) visant ainsi à rendre l’Union européenne dépendante de la Turquie (rappelons que les Américains soutiennent ardemment l’inclusion de la Turquie dans l’UE tout simplement parce qu’ils ne veulent pas d’une Europe-puissance), puis la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche, la Tchéquie, la Croatie, la Slovénie et l’Italie.

Nabucco a clairement été lancé pour concurrencer deux projets russes qui fonctionnent aujourd’hui :

- Northstream, qui relie directement la Russie à l’Allemagne sans passer par l’Ukraine et la Biélorussie.

- Southstream, qui relie la Russie à l’Europe du Sud (Italie, Grèce) et à l’Europe centrale (Autriche-Hongrie).

Mais Nabucco manque d’approvisionnements et pour concurrencer les projets russes, il lui faudrait pouvoir accéder :

1/ au gaz iranien qui rejoindrait le point de groupage de Erzurum en Turquie ;

2/ au gaz de la Méditerranée orientale : Syrie, Liban, Israël.

À propos du gaz de la Méditerranée orientale, il est essentiel de savoir que depuis 2009 des bouleversements considérables se sont produits dans la région.

Des découvertes spectaculaires de gaz et de pétrole ont eu lieu en Méditerranée orientale, dans le bassin du Levant d’une part, en mer Égée d’autre part.

Ces découvertes exacerbent fortement les contentieux entre Turquie, Grèce, Chypre, Israël, Liban et Syrie.

En 2009, la compagnie américaine Noble Energy, partenaire d’Israël pour la prospection, a découvert le gisement de Tamar à 80 km d’Haïfa. C’était la plus grande découverte mondiale de gaz de 2009 (283 milliards de m3 de gaz naturel) et en 2009 donc, le statut énergétique d’Israël a radicalement changé, passant d’une situation presque critique (plus que 3 ans de réserves et une très forte dépendance vis-à-vis de l’Égypte) à des perspectives excellentes. Puis en octobre 2010, une découverte encore plus considérable a brutalement donné à Israël plus de 100 ans d’autosuffisance en matière gazière ! Israël a trouvé un méga-gisement offshore de gaz naturel qu’il estime être dans sa ZEE [Zone économique exclusive, espace maritime sur lequel un État exerce un droit souverain d’exploration et d’exploitation, ndlr] : le gisement Léviathan.

Léviathan est situé à 135 km à l’ouest du port d’Haïfa, on le fore à 5 000 m de profondeur, avec 3 compagnies israéliennes plus cette fameuse compagnie américaine, Noble Energy. Ses réserves sont estimées à 450 milliards de m3 (pour avoir un ordre de grandeur, les réserves mondiales prouvées de gaz en 2011 sont de 208,4 trilliards de m3, soit 208 400 milliards de m3, et un pays comme la Russie possède 44,6 trilliards). Quoi qu’il en soit, en 2010, Léviathan fut la plus importante découverte de gaz en eau profonde de ces 10 dernières années.

Je ne donne pas de détail ici sur les découvertes faites parallèlement en mer Égée, mais elles sont considérables et je vous demande simplement de garder en tête que la Grèce est désormais un pays extrêmement potentiel sur le plan gazier, ce qui participe peut-être aussi du déclenchement d’une crise européenne qui aboutira bientôt… à la privatisation totale du système énergétique grec…

Voici ce que le US Geological Survey estime à propos de la Méditerranée orientale (formée en l’espère de de 3 bassins : bassin égéen au large des côtes grecques, turques et chypriotes ; bassin du Levant au large des côtes du Liban, d’Israël et de Syrie ; bassin du Nil au large des côtes égyptiennes).

« Les ressources pétrolières et gazières du bassin du Levant sont estimées à 1,68 milliards de barils de pétrole et 3 450 milliards de m3 de gaz [...]. Les ressources non-découvertes de pétrole et gaz de la province du bassin du Nil sont estimées à environ 1,76 milliards de barils de pétrole et 6 850 milliards de m3 de gaz naturel. »

L’USGS estime que le bassin de Sibérie occidentale (le plus grand bassin de gaz connu) recèle 18 200 milliards de m3 de gaz. En clair, s’agissant du seul gaz, le bassin du Levant, c’est plus de la moitié du bassin de Sibérie occidentale.

Bien évidemment ces découvertes ont attisé les rivalités entre États voisins. Israël et le Liban revendiquent chacun la souveraineté sur ces réserves et l’un des différends profonds entre le président Obama et Benjamin Netanyahu est que les États-Unis, en juillet 2011, ont appuyé la position libanaise contre Israël (car Beyrouth estime que le gisement s’étend aussi sous ses eaux territoriales). Il semblerait que la position américaine vise d’une part à entretenir la division pour jouer un rôle de médiation, d’autre part à empêcher Israël de devenir un acteur autosuffisant.

Or notre Syrie se trouve au cœur de ces problématiques !

D’abord concernant Nabucco.

En novembre 2010, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont demandé à Bachar el-Assad de pouvoir ouvrir des oléoducs et gazoducs d’exportation vers la Méditerranée orientale. Ces oléoducs leur permettrait en effet de desserrer la contrainte du transport maritime via le détroit d’Ormuz puis le canal de Suez et d’envoyer plus de gaz vers l’Europe (notamment le Qatar, géant gazier du Moyen-Orient). La Syrie a refusé, avec le soutien marqué de la Russie qui voit dans ces plans la volonté américaine, française, saoudienne et qatarie de diminuer la dépendance européenne au gaz russe.

On comprend donc la compétition qui se joue entre, d’une part les Occidentaux, la Turquie et les monarchies du Golfe, d’autre part, la Russie, l’Iran et la Syrie, auxquels s’est ajouté l’Irak dirigé par le chiite Maliki et qui s’est fortement rapproché de Téhéran et Damas au détriment des Américains.

En février 2011 les premiers troubles éclataient en Syrie, troubles qui n’ont cessé de s’amplifier avec l’ingérence, d’une part de combattants islamistes financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, d’autre part de l’action secrète des Occidentaux (Américains, Britanniques et Français).

Le 25 juillet 2011, l’Iran a signé des accords concernant le transport de son gaz via la Syrie et l’Irak. Cet accord fait de la Syrie le principal centre de stockage et de production, en liaison avec le Liban, et l’idée de Téhéran est de desserrer ainsi la contrainte de l’embargo. Gelé par la guerre, le chantier aurait étrangement repris le 19 novembre 2012, après l’élection d’Obama donc et la reprise de négociations secrètes entre les États-Unis et l’Iran.

Du fait même de sa position centrale entre les gisements de production de l’Est (Irak, monarchies pétrolières) et la Méditerranée orientale, via le port de Tartous, qui ouvre la voie des exportations vers l’Europe, la Syrie est un enjeu stratégique de premier plan.

Ajoutons à cela la question de l’évacuation du pétrole kurde.

Il existe un oléoduc qui aujourd’hui achemine le pétrole de Kirkuk (Kurdistan irakien) à travers l’Irak puis la Jordanie et enfin Israël. Mais Israël pourrait aussi voir réhabilité l’ancien oléoduc Mossoul Haïfa (que les Britanniques utilisèrent de 1935 à 1948).

Ajoutons à cela que la Syrie dispose de réserves dans son sol et probablement en offshore. Le 16 août 2011, le ministère syrien du Pétrole a annoncé la découverte d’un gisement de gaz à Qara, près de Homs, avec une capacité de production de 400 000 m3/j. S’agissant du offshore, nous avons parlé tout à l’heure des estimations de l’USGS concernant le bassin du Levant, il faut ajouter cette prédiction du Washington Institute for Near East Policy qui pense que la Syrie disposerait des réserves de gaz les plus importantes de tout le bassin méditerranéen oriental, bien supérieures encore à celles d’Israël. Vous voyez là encore, mon leitmotiv et ce que j’ai souvent dit ici : l’avenir, c’est le offshore profond, et cela va donner à la mer une dimension géopolitique considérable. Délaisser la mer et son espace maritime est donc, pour n’importe quel pays du monde, une erreur stratégique tragique.

Il est évident donc que si un changement politique favorable aux Occidentaux, aux Turcs, Saoudiens et Qataris intervenait en Syrie, et que celle-ci se coupait de la Russie (les navires de guerre russes mouillent dans le port stratégique de Tartous, un port qui peut bien sûr accueillir des tankers approvisionnés à partir des oléoducs qui y arriveraient), alors toute la géopolitique pétrolière et gazière de la région serait bouleversée à leur avantage. N’oublions pas l’Égypte, exportatrice de gaz naturel, et qui elle aussi aimerait voir son gaz raccordé à la Turquie via la Syrie.

Cette simple donnée pétrolière et gazière doit nous faire comprendre la raison pour laquelle la Syrie est attaquée par les Turcs, les Occidentaux et les monarchies du Golfe, et inversement pourquoi elle n’est lâchée ni par les Russes, ni par les Iraniens, ni par les Irakiens.

Il nous faut maintenant comprendre les dynamiques géopolitiques internes de la Syrie.

La Syrie c’est un peu plus de 20 millions d’habitants : 80 % d’Arabes sunnites, 10 % d’Alaouites (une forme d’islam rattachée au chiisme, mais pas celui d’Iran) et 10 % de chrétiens.

Bachar el-Assad a à ses côtés 2 millions d’Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ne veulent pas d’une mainmise sunnite sur le pouvoir.

Il faut comprendre qui sont ces Alaouites. Il s’agit d’une communauté issue, au Xème siècle, aux frontières de l’Empire arabe et de l’Empire byzantin, d’une lointaine scission du chiisme, et qui pratique un syncrétisme comprenant des éléments de chiisme, de panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et de christianisme byzantin. Il est très important pour notre analyse de savoir que les Alaouites sont considérés par l’islam sunnite comme les pires des hérétiques. Au XIVème siècle, le jurisconsulte salafiste Ibn Taymiyya, ancêtre du wahhabisme actuel et référence de poids pour les islamistes du monde entier, a émis une fatwa demandant leur persécution systématique et leur génocide.

Cette fatwa est toujours d’actualité chez les salafistes, les wahhabites et les Frères musulmans, c’est-à-dire tous ceux que le pouvoir alaouite affronte en ce moment !

Avant le coup d’État d’Hafez el-Assad en 1970, les Alaouites n’ont connu que la persécution de la part de l’islam dominant, le sunnisme.

Il faut quand même savoir que jusqu’en 1970, les bourgeois sunnites achetaient encore, par contrat notarié, de jeunes esclaves alaouites.

Les choses se sont arrangées avec l’installation de l’idéologie nationaliste baathiste en 1963, laquelle fait primer l’arabité sur toute autre considération, et surtout de 1970.

En résumé, la guerre d’aujourd’hui n’est que le nouvel épisode sanglant de la guerre des partisans d’Ibn Taymiyya contre les hérétiques alaouites, une guerre qui dure depuis le XIVème siècle ! Cette fatwa est à mon avis la source d’un nouveau génocide potentiel (semblable à celui du Rwanda) si le régime vient à tomber. Voilà une donnée essentielle que les Occidentaux font mine pourtant d’ignorer.

Pourchassés et persécutés durant des siècles, les Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le Liban et l’actuelle Turquie tout en donnant à leur croyance un côté hermétique et ésotérique, s’autorisant même le mensonge et la dissimulation (la fameuse Taqqiya) pour échapper à leurs tortionnaires.

Mais alors vous vous demandez, comment ces Alaouites ont-ils fait pour arriver au pouvoir ?

Soumise aux occupations militaires étrangères depuis des siècles, la bourgeoisie sunnite de Syrie (un processus similaire s’est produit au Liban) a commis l’erreur habituelle des riches au moment de l’indépendance du pays, en 1943. Le métier des armes à été relégué aux pauvres et non aux fils de « bonne famille ». L’armée a donc été constituée par des minorités : une majorité d’Alaouites mais aussi des chrétiens, Ismaéliens, Druzes, Chiites.

Hafez el-Assad venait de l’une de ces familles modestes de la communauté alaouite. Il est d’abord devenu chef de l’armée de l’air puis ministre de la Défense, avant de s’emparer du pouvoir par la force afin de donner à sa communauté sa revanche sur l’Histoire (avec ses alliés Druzes et chrétiens).

Vous comprenez donc tout de suite que le régime, soutenu par 2 millions d’Alaouites, sans doute 2 à 3 millions d’autres minorités, mais aussi une partie de la bourgeoisie sunnite notamment de Damas, dont les intérêts économiques sont désormais très liés à la dictature, n’a pas d’autre choix que de lutter à mort.

Quand je dis lutter à mort, je parle du régime, que je distingue de Bachar el-Assad. Le régime est plus puissant que Bachar et peut s’en débarrasser s’il estime qu’il en va de sa survie. Mais s’en débarrasser éventuellement ne signifie pas mettre une démocratie qui aboutirait inéluctablement (mathématiquement) au triomphe des islamistes, comme en Tunisie, en Libye, en Égypte, au Yémen…

Les chrétiens de Syrie ont vu ce qui s’est passé pour les chrétiens d’Irak après la chute de Saddam Hussein. Ils voient ce qui se passe en Égypte pour les coptes, après la victoire des islamistes. Les Druzes savent aussi qu’ils sont, comme les Alaouites, considérés comme des hérétiques à détruire par les combattants salafistes et les Frères musulmans.

Il est absolument illusoire de penser, comme on le pense en Occident, que les Alaouites accepteront des réformes démocratiques qui amèneraient mécaniquement les salafistes au pouvoir.

Je le répète : l’erreur consiste à penser que le pays est entré en guerre civile en 2011. Il l’était déjà en 1980 quand un commando de Frères musulmans s’est introduit dans l’école des cadets de l’armée de l’air d’Alep, a mis de côté des élèves officiers sunnites et des alaouites et a massacré 80 cadets alaouites en application de la fatwa d’Ibn Taymiyya. Les Frères musulmans l’ont payé cher en 1982 à Hama, fief de la confrérie, que l’oncle de l’actuel président a rasée en y faisant peut-être 20 000 morts. Les violences intercommunautaires n’ont en réalité jamais cessé mais cela n’intéressait pas l’Occident car il n’y avait à ce moment aucun agenda pétrolier et gazier concernant la Syrie, ni aucun agenda contre l’Iran.

On dit que le régime est brutal et il est évidemment d’une brutalité incroyable, mais ce n’est pas le régime en soi qui est brutal. La Syrie est passée de l’occupation ottomane et ses méthodes d’écorchage vif, au mandat français de 1920 à 1943, aux anciens nazis réfugiés à partir de 1945 qui sont devenus des conseillers techniques, et ensuite aux conseillers du KGB. C’est évident qu’il n’y a rien à attendre de ce régime en matière de droits de l’homme, de réformes démocratiques… Mais il n’y a rien à attendre non plus des rebelles islamistes qui veulent prendre le pouvoir, et qui disposent d’une fatwa fondamentale pour organiser un véritable génocide des Alaouites. Et d’ailleurs attend-on quelque chose de l’Arabie Saoudite en matière de droits de l’Homme ?

Nous avons un vrai problème de traitement de l’information à propos de la Syrie, comme nous l’avions hier s’agissant de l’Irak, de la Yougoslavie, de la Libye. Une fois de plus le manichéisme médiatique occidental est à l’œuvre, la machine à fabriquer les Bons et les Méchants, en réalité en fonction surtout des intérêts occidentaux. La source unique, je dis bien unique, des médias occidentaux est l’OSDH (Observatoire syrien des Droits de l’Homme) lequel donne par exemple à l’Agence France presse l’état de la situation en Syrie, le nombre de morts, de blessés, les exactions etc…

Or qu’est-ce que l’OSDH ? Il s’agit d’une émanation des Frères musulmans qui est dirigée par des militants islamistes et dont le fondateur, Ryadh el-Maleh, a été condamné pour violences. Basé à Londres depuis la fin des années 1980, il est sous la protection des services britanniques et américains et reçoit des fonds du Qatar et de l’Arabie Saoudite.

Outre l’OSDH comme référence médiatique, la référence politique des médias occidentaux c’est le Conseil national syrien, créé en 2011 à Istanbul sur le modèle du CNT libyen et à l’initiative du parti islamiste turc, l’AKP.

Financé par le Qatar, le CNS a été coulé dans sa forme initiale à la conférence de Doha, début novembre 2012 par Washington. Les États-Unis considéraient en effet depuis des mois qu’il n’était pas assez représentatif et ont suscité à la place la Coalition nationale des Forces de l’opposition et de la révolution. La réalité est que les Américains trouvaient que la France avait trop d’influence sur ce Conseil où elle avait placé l’opposant syrien sunnite Burhan Ghalioun, professeur de sociologie à la Sorbonne. On retrouve là une compétition franco-américaine semblable à celle qui s’était produite en Libye, où petit à petit l’influence française sur les rebelles anti-Kadhafi a été annulée par l’action souterraine des Américains. Il faut dire que si la France compte sur des professeurs de sociologie pour défendre ses intérêts au Moyen-Orient, elle s’expose à bien des déconvenues…

À la manœuvre en coulisse, le redoutable et très intelligent ambassadeur américain Robert S. Ford, considéré comme le principal spécialiste du Moyen-Orient au département d’État ; il fut l’assistant de John Negroponte de 2004 à 2006 en Irak, où il appliqua la même méthode qu’au Honduras : l’usage intensif d’escadrons de la mort. Peu avant les évènements de Syrie, il fut nommé par Obama ambassadeur à Damas et prit ses fonctions malgré l’opposition du Sénat.

Cet ambassadeur a fait mettre à la tête de la Coalition nationale des Forces de l’opposition et de la révolution une personne dont la presse ne parle pas : le cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib.

Son parcours est intéressant et vous allez assez vite comprendre pour quelle raison je m’y attarde.

Il est un ingénieur en géophysique qui a travaillé 6 ans pour la al-Furat Petroleum Company (1985-1991), une joint venture entre la compagnie nationale syrienne et des compagnies étrangères, dont l’anglo-hollandaise Shell. En 1992, il hérite de son père la prestigieuse charge de prêcheur de la mosquée des Ommeyyades à Damas. Il est rapidement relevé de ses fonctions par le régime baathiste et interdit de prêche dans toute la Syrie. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque la Syrie soutient l’opération américaine Tempête du désert pour libérer le Koweït et le cheikh, lui y est opposé pour les mêmes motifs religieux qu’Oussama Ben Laden : il ne veut pas de présence occidentale sur la terre d’Arabie. Ce sheikh se fixe ensuite au Qatar puis, en 2003-2004, revient en Syrie comme lobbyiste du groupe Shell. Il revient à nouveau en Syrie début 2012 où il enflamme le quartier de Douma (banlieue de Damas). Arrêté puis amnistié, il quitte le pays en juillet et s’installe au Caire.

Sa famille est bien de tradition soufie, donc normalement modérée, mais contrairement à ce que dit l’AFP, il est membre de la confrérie des Frères musulmans et l’a montré lors de son discours d’investiture à Doha. Bref, comme Hamid Karzai en Afghanistan, les Américains nous ont sorti de leur chapeau un lobbyiste pétrolier !

Maintenant que nous avons donné des éléments d’analyse sur les forces internes à la Syrie, regardons le jeu des forces régionales externes.

Je l’ai dit, la crise syrienne a éclaté à cause de l’ingérence saoudienne et qatarie (soutenue par les ingérences française, britannique et américaine). L’Arabie Saoudite et le Qatar, avec chacun leurs clientèles, défendent un projet islamiste sunnite pour le Moyen-Orient. De la Libye jusqu’à la Tunisie et l’Égypte, ils ont soutenu le printemps arabe, l’ont peut-être même suscité, amenant au pouvoir les Frères musulmans et les salafistes, eux-mêmes en concurrence pour l’établissement d’une société arabe islamique réunifiée dans un seul et même État islamique. On pourrait d’ailleurs s’interroger sur la symétrie étrange entre les révolutions colorées soutenues par les Américains dans la périphérie de la Russie au début des années 2000, et les révolutions arabes soutenues par le Qatar, l’Arabie Saoudite et sans doute aussi discrètement Washington, au début des années 2010.

En revanche, Ryad et Doha ont bloqué l’éclosion d’un printemps chiite à Bahreïn, et sont intervenus militairement pour sauver la monarchie sunnite bahreïnie confrontée au soulèvement chiite (rappelons que les chiites représentent 70% de la population de Bahreïn, et n’ont rien de négligeable au Koweït ou aux Émirats). Ce fut, en 2011, la deuxième fois après la guerre du Koweït que l’accord mutuel de protection du Conseil de coopération du Golfe, dit Bouclier du désert, fut mis en action.

Le printemps arabe, dont certains soulignent, à juste titre, qu’il s’est en fait transformé en hiver islamiste, a profité aussi fortement aux pays sunnites du Golfe sur le plan économique. Après la crise de 2008 qui avait notamment touché les Émirats arabes unis, les monarchies sunnites du Golfe ont vu affluer les fortunes amassées sous les dictatures tunisienne, libyenne, égyptienne. Cet argent amassé sous les régimes effondrés ou en voie d’effondrement ne peut plus aller en Europe, ni même en Suisse, car les règles bancaires (compliance) ne le permettent vraiment plus. Il va donc à Dubaï, essentiellement.

Par ailleurs, la chute des exportations de pétrole et de gaz libyen, due à la guerre de 2011 en Libye, a été compensée par une hausse sensible de la production et des exportations de l’Arabie Saoudite, du Qatar, des Émirats arabes unis, ce qui a dopé l’économie de ces pays en 2011 et 2012.

Face au jeu sunnite des monarchies du Golfe, l’Irak dominé par les chiites, l’Iran bien sûr et la Syrie, ont formé un axe que l’on peut qualifier de chiite puisque les Alaouites sont une branche particulière du chiisme et qui essaie de résister à la terrible alliance Occident/Turquie/monarchies sunnites du Golfe.

Dans ce jeu complexe, se pose alors la question du jeu d’Israël. Paradoxalement, c’est peut-être le moins simple et l’erreur consisterait à vouloir attribuer à Israël, par facilité, « la main cachée qui dirige ».

Israël, en effet, a longtemps eu comme ennemi principal le nationalisme arabe. L’idéologie baathiste a combattu l’existence d’Israël et soutenu le droit des Palestiniens à récupérer leur terre. Le projet d’un monde arabe unifié, développé et modernisé économiquement grâce aux ressources pétrolières, et avançant vers l’arme atomique (Irak) a longtemps été le cauchemar prioritaire de Tel Aviv.

Mais le nassérisme est mort, puis le baathisme irakien après lui. Reste aujourd’hui le baathisme syrien, mais il est affaibli, et le rêve de Grande Syrie nourri par Damas est contradictoire depuis bien longtemps avec le nationalisme palestinien.

Le problème principal d’Israël maintenant, ce sont ces Frères musulmans qui triomphent partout. Ils ont commencé à s’installer via le Hamas à Gaza (en concurrence avec l’OLP, qui tient la Cisjordanie, et cette division chez les Palestiniens est conforme aux intérêts israéliens) ; ils sont au pouvoir en Turquie alors que l’armée turque a longtemps été un allié fiable d’Israël ; maintenant l’AKP constitue un problème pour les Israéliens (souvenez-vous de l’affaire de la flotte de Gaza) ; les Frères musulmans sont aussi au pouvoir en Égypte depuis la chute de Moubarak (Égypte avec laquelle, depuis 1978, les Israéliens ont un accord de paix), ils sont forts en Jordanie (accord de paix depuis 1995), ils sont en Tunisie, en Libye, ils sont majoritaires en Syrie et essaient de prendre le pouvoir… Bref Israël assiste à une marée montante de Frères musulmans et de salafistes qui envahit tout le Moyen-Orient et menace ses portes, et ces gens-là ne sont pas particulièrement favorables à la reconnaissance du droit d’Israël à vivre en paix. Leur projet d’État islamique unifié regarde Israël comme les États latins croisés du Moyen-âge.

Il est donc loin d’être certain que la politique américaine de soutien aux islamistes fasse l’unanimité chez les Israéliens. Ceux-ci se sentent de plus en plus seuls. Cette politique pro-islamique de l’Occident pourrait même pousser Israël à trouver des parrains plus fiables que les Américains, la Russie, la Chine ou l’Inde (qui coopère déjà militairement fortement avec Israël face au Pakistan)…

Israël se prépare sans doute, dans un Moyen-Orient où les États d’aujourd’hui cèderaient de plus en plus la place à des États ou régions autonomes homogènes sur le plan confessionnel (sunnites, chiites, Alaouites…) ou ethniques (Kurdes face aux Arabes), à de nouvelles alliances afin de contrer le danger islamiste sunnite.

On ne peut pas exclure ainsi un retournement de l’histoire où Israël serait à nouveau proche de l’Iran, s’entendrait avec un Irak dominé par les chiites, ce qui lui permettrait d’éteindre le problème du Hezbollah libanais, soutiendrait un petit réduit alaouite en Syrie, un État kurde également… N’oublions pas en effet que le problème principal qui détermine tout pour les Israéliens, c’est le problème palestinien. Si les Palestiniens du Hamas se mettent dans les bras du Qatar et de l’Arabie Saoudite (rappelons la visite historique du l’émir du Qatar début novembre à Gaza), alors l’hypothèse de l’alliance chiite n’est pas à exclure.

Comme je l’ai dit, une donnée essentielle est que sur le plan énergétique Israël dispose de l’autosuffisance pour le gaz, et que sur le plan pétrolier rien n’empêche demain, si retournement stratégique il y avait, que le pétrole vienne du Kurdistan irakien ou des chiites d’Irak ou d’Iran.

Le nucléaire iranien dans tout cela ? La réponse à la perspective du nucléaire iranien est-elle à votre avis dans une guerre suicidaire contre l’Iran ou dans une entente avec un futur Iran nucléaire contre l’islam sunnite ? La réponse me semble être dans la question.

Je crois personnellement que la relation États-Unis/Israël va se distendre tout simplement parce que les Américains sont de moins en moins gouvernés par des WASP (White anglo-saxons protestants), qui pour beaucoup étaient convaincus de la dimension sacrée d’Israël (chrétiens sionistes), et que pour des raisons identitaires (changement ethnique de la population des États-Unis) ce phénomène est quasi-irréversible. Je crois que le même problème se pose en Europe. Le changement de population en Europe de l’Ouest – l’islamisation d’une partie de la population, disons les choses – va contribuer à installer durablement des gouvernements de gauche ou socio-démocrates qui seront de moins en moins favorables à Israël et de plus en plus tenus par des minorités musulmanes agissantes. Un indicateur de cette tendance de fond est que la plupart des extrêmes droites européennes qui avaient une tradition antisémite deviennent au contraire anti-musulmanes et pro-israéliennes.

En conclusion, essayons de tracer quelques perspectives, même s’il est très difficile de prédire l’avenir au Moyen-Orient.

Premièrement, même s’il a en face de lui une majorité de sa population, je pense que le régime syrien peut tenir longtemps car il n’est pas isolé. Deuxièmement, sa cohésion interne est forte pour les raisons que j’évoquais (une guerre de survie pour les minorités confessionnelles au pouvoir) ; troisièmement, le soutien de la Russie est ferme. Et le régime enfin n’est pas enclavé puisqu’il est lié à ses voisins irakien et iranien qui le soutiennent.

Donc la situation actuelle peut perdurer, le conflit pourrir. 37 000 morts selon l’ODSH (source rébellion) au 10 novembre 2012 et 400 000 réfugiés syriens (Turquie, Liban, Jordanie, Irak) ? Certes, c’est énorme, mais nombreuses aussi sont les guerres civiles qui ont dépassé les 100 000 morts et qui se sont traduites par le retour aux équilibres initiaux. Ce n’est pas le nombre de morts ou même la majorité qui déterminent l’issue : ce sont les rapports de force réels, internes, régionaux et mondiaux.

Si le régime venait cependant à s’effondrer, je n’envisage pas une seconde que les minorités puissent accepter de rester dans le cadre national actuel sans l’obtention de garanties occidentales extrêmement fortes quant à leur sécurité physique. Et même avec ces garanties, j’en doute. Elles signeraient leur arrêt de mort d’autant qu’étrangement les Français et les Américains qui soutiennent et arment la rébellion n’ont demandé aucun engagement « anti-génocidaire » après la chute éventuelle de Bachar. On peut imaginer alors l’Iran et l’Irak soit accueillir ces minorités, soit favoriser, avec l’appui de la Russie, la formation d’un réduit alaouite avec notamment un couloir stratégique jusqu’à Tartous. Mais le problème resterait entier car ce que veulent les Occidentaux, c’est l’accès syrien à la Méditerranée et le transit pétrolier et gazier par le territoire de la Syrie.

Mais au risque de vous surprendre, je pense que la baisse de la médiatisation par l’Occident du conflit syrien est le symptôme d’une réalité : l’Occident est en train de perdre la guerre en Syrie. Il peut soutenir le terrorisme à Damas et contre les forces de sécurité, lesquelles opposent une répression cruelle, mais il ne dispose pas de la capacité d’abattre l’appareil sécuritaire syrien. L’armée syrienne dispose de la maîtrise de l’espace aérien et ce n’est pas demain la veille que la France et les États-Unis prendront la responsabilité d’une guerre mondiale avec la Russie. Donc je crois que le régime va tenir. On est arrivé à la situation étrange où la France doit régler le problème d’Al-Qaïda au Mali et soutient indirectement Al-Qaïda en Syrie. Le monde est décidément fou.

Une fois de plus, tout ramène à la question iranienne. L’Iran est la clé du futur Moyen-Orient. Si l’Iran revient à son alliance stratégique avec les États-Unis d’avant la Révolution chiite islamique de 1979, alors on peut penser que les États-Unis et Israël s’appuieront sur le chiisme pour faire contrepoids à un islam sunnite globalement hostile à l’Occident. Mais une autre hypothèse est possible : que les États-Unis, la France (n’oublions pas que les priorités de Paris sont aujourd’hui Doha et Ryad) et la Grande-Bretagne, proches de la Turquie (membre de l’OTAN) restent fortement alliées aux monarchies sunnites et entretiennent de bonnes relations avec les républiques dominées par les Frères musulmans (Tunisie, Égypte, mais quid de l’Algérie demain ?) et alors on ne peut pas exclure qu’Israël se découple de l’Occident pour se rapprocher d’un axe Russie/monde chiite hostile à la Turquie et aux monarchies pétrolières.

Reste en suspens aussi l’éternelle question kurde avec le jeu de la Turquie.

Enfin il ne faudrait pas oublier les inquiétantes évolutions dans certains pays d’Europe de l’Ouest comme la France, le Royaume-Uni, la Belgique, pays ou des minorités musulmanes sunnites de plus en plus structurées sur le plan identitaire, de plus en plus revendicatives sur le plan de l’islam, de plus en plus financées par les monarchies sunnites (voir les investissements du Qatar en France), vont sans doute jouer un rôle croissant dans la définition des politiques étrangères de ces pays. Comme vous le savez, en matière de politique étrangère (on l’a vu longtemps s’agissant du lobby juif aux États-Unis), ce ne sont pas les majorités dormantes qui pèsent sur la décision, ce sont au contraire les minorités agissantes organisées. Or dans l’ouest de l’Europe, ce que l’on a longtemps appelé le lobby juif est de plus en plus faible, concurrencé par le poids du lobby pro-musulman ou pro-arabe dans les partis de gauche notamment.

Une chose finalement est certaine : avant que nous n’aboutissions à de nouveaux équilibres au Moyen-Orient, le chemin sera pavé de nombreuses souffrances…

Aymeric Chauprade

Compléter cette approche géopolitique avec Kontre Kulture :

 
 






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  • #274158
    Le 1er décembre 2012 à 17:05 par Serge63
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    Aymeric Chauprade n’est pas un idéologue, c’est un géopoliticien qui observe la tectonique des plaques des civilisations, les changements, même lents, des rapports entre les nations, les "empires".

    Ainsi, si le poids du lobby juif, pour employer une expression passe partout, était aussi fort actuellement, aux Etats-Unis, que du temps de Wilson ou Truman, le candidat pro-Israël : Romney aurait été élu, pas Obama. Constatons donc une baisse de son influence outre -atlantique, ce que signale d’ailleurs Imran Hosein dans sa dernière interview-video.

    En outre la montée de l’influence des frères musulmans dans les sociétés du proche et moyen Orient est réelle. L’Islam redevient conquérant et influent, y compris chez nous, dans nos sociétés européennes. Or, cette tendance est franchement anti-occidentale.

    Si l’Amérique s’éloigne d’Israël, si les états occidentaux font de même (nos socialistes français sionistes et francs -macs seront les premiers à tourner casaque et à filer doux devant le lobby islamique, d’abord parce qu’ils ont besoin des suffrages musulmans et de l’argent du Qatar pour rester au pouvoir, ensuite parce que ce sont des lâches et des cyniques), Israël devra se trouver d’autres soutiens. Où ? parmi ceux que l’Islam sunnite accable dont l’Iran chiite, la Russie et d’autres ; n’oubliez pas l’adage : les ennemis de mes ennemis sont mes amis.

     

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    • #275042
      Le Décembre 2012 à 00:05 par Samassacre
      Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

      C’est vraiment, mais alors vraiment n’importe quoi. C’est exactement le contraire, en fait. Genre le Qatar (avec les autres pétromonarchies) et ses Frères musulmans seraient anti-Occident... C’est plutôt l’axe atlanto-sioniste qui profite de ses traitres infiltrés dans le monde musulman (Qatar entre autres justement) pour qu’une certaine frange des sunnites aillent se battre les chiites qui sont à la base du seul véritable axe de résistance anti-sioniste crédible aujourd’hui. Tout ceci n’est certainement pas théologique d’ailleurs, beaucoup de sunnites sont conscients de la situation, simplement dans beaucoup de pays sunnites, ce sont des gros vendus au pouvoir (Qatar, Arabie Saoudite, Maroc, Égypte, Libye à présent, Turquie, etc.).

       
  • #274173
    Le 1er décembre 2012 à 17:44 par Sami
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    J’aimerais apporter une précision concernant Ibn Tamiyya.

    Je sais que Mr. Chauprade n’est pas arabophone,et qu’il est bien dommageable qu’il propage l’orientalisme qui a construit une image totalement fausse de l’orient(cf.Edward Said).

    Aujourd’hui même des universitaires français arabophones ont revu leur jugement sur Ibn Tamiyaa qui n’était pas du tout le fanatique qu’on a décrit en occident et dans une partie du monde musulman.
    Il est même enterré dans le cimetière soufi de Damas,alors qu’on le dit farouchement opposé aux soufis.

    Il faut comprendre le contexte dans le quel a vécu Ibn Tamiyya pour comprendre la virulence de certains de ses propos:il a vécu à l’époque où le monde arabe était envahi par les mongols qui avaient mis à sac des capitales aussi prestigieuses que celle de Bagdad(et sa bibliothèque),il reprochait aux dirigeants musulmans de l’époque de s’être endormis et de ne pas défendre leurs terres face aux envahisseurs.

    Il a aussi critiqué une certaine forme d’islam(soufi,confrérie,etc)qui enseignaient aux musulmans l’esprit de défaite,la résignation,et l’humiliation de l’occupation(croisée ou mongole).

    Il faut comprendre son oeuvre à la lumière du contexte très troublé du monde musulman de l’époque.

    Par ailleurs,je ne suis pas au courant de cette fameuse fatwa appelant au génocide des minorités.
    De plus,si cette fatwa existe réellement comment expliquer la présence encore actuelle de nombreuses minorités en terre d’islam(chrétiens,alouites,chiites,et même juifs avant l’invasion sioniste) ?

    A voir les livres d’Henri Laoust sur Ibn Tamiya qui donne une image bien différente de celle construite par les orientalistes ou certains milieux musulmans(marxiste,laics,ou même wahabites).

     

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  • #274313
    Le 1er décembre 2012 à 22:02 par Ouais_bof
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    Si l’islam permettait les génocides ça se saurait...
    Dommage car c’était plutôt convaincant.
    Si après plus de 700ans on parle encore d’ibn taymiya, c’est qu’il devait avoir un "peu" de talent, non ?

     

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  • #274383
    Le 2 décembre 2012 à 00:31 par anonyme
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    en fait, on ne découvre maintenant le vrai mobile de toute cette agression usono-franco-qatarie sur la Syrie ce sont les gisements de GAZ !
    Et en plus les hommes de main djihadistes qu’ils veulent mettre au pouvoir (où il répandront le sans à gogo, mais ça Fabius s’en fout bien sûr) ils les "aident" financièrement, c’est à dire qu’ils veulent s’assurer de leur reconnaissance pour des décennies à venir, par l’endettement .... ;
    http://www.france24.com/fr/20121129-syrie-assad-rebellion-argent-occidentaux-achat-armes-paris-washington-aide-financiere-opposition-cns
    "En effet, la problématique de l’aide est connue depuis des lustres : La malette qui apporte l’argent est la même qui repart avec cet argent via les multiples ONG occidentales dont la plupart sont taillées sur mesure ; et la Syrie remboursera en fait quelque chose dont elle n’aura bénéficiée que du centième dans les cas les plus favorables.
    Il ne faut pas oublier que pour rendre les traîtres du CNS redevables vis-à-vis de leurs ‘bienfaiteurs’, il faut bien les endetter pour des générations à venir !"
    Comme ils ont fait à la Lybie ...
    encore un pays vachement heureux depuis qu’il a été "libéré" dans un flot de sang et de ruines.

     

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  • #274392
    Le 2 décembre 2012 à 01:05 par yt75
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    "Je fais partie de ceux qui ne croient pas à la raréfaction du pétrole. Non seulement parce que dans les faits, et contrairement à tous ceux qui n’ont cessé d’annoncer un peak oil qui ne s’est jamais produit, les réserves prouvées n’ont jamais cessé d’augmenter et que les perspectives avec le offshore profond et le pétrole de schiste sont gigantesques, mais, au-delà, parce que je suis très convaincu par la thèse dite abiotique de l’origine du pétrole, c’est-à-dire que le pétrole n’a pas pour origine la décomposition des dinosaures dans les fosses sédimentaires mais qu’il est un liquide abondant qui coule sous le manteau de la terre, qu’il est fabriqué à des températures et des pressions gigantesques à des profondeurs incroyables, et que par conséquent ce que nous extrayons est ce qui est remonté des profondeurs de la terre par fracturation du manteau."



    lol, j’avais pas lu cette partie. :)

    Pour les personnes sérieuses, vous pouvez regarder ce que pense le directeur du département petroleum engineering de l’Université du Texas des perspectives du pétrole de schiste au US :
    http://www.theoildrum.com/node/9619

    Les Etats Unis ont passé leur pic en 1970, and it is a done deal.
    AUCUN expert sérieux pense qu’il vont remonter au niveau de 1970 (10,5 millions barils jour à l’époque, autour de 6 aujourd’hui)

    Par ailleurs M Chauprade nous ressert le refrain "ceux qui ont annoncé le peak oil se sont toujours trompé".
    C’est tout simplement factuellement FAUX.
    Hubbert en 1958 a estimé le pic pour les US à 1970 : exactement ce qui s’est passé.
    (il s’est un peu planté pour le mondial, pas les données au top)
    Campbell et Laherèrre en 98 ont estimé le pic mondial autour de 2005 pour le conventionnel : exactement ce qui s’est passé.
    Article original :
    http://tribune-pic-petrolier.org/wp...

    Pour votre information la crise actuelle est avant tout un monstrueux choc pétrolier qui ne fait que commencer, d’ailleurs :
    http://upload.wikimedia.org/wikiped...

    Et une des si ce n’est la plus grande entourloupe du XXieme siècle est pour les US d’être arrivé à associer le premier choc à l"embargo arabe", quand la cause première de ce choc était le pic US, d’ailleurs :
    http://upload.wikimedia.org/wikiped...

    Résumé à ce sujet en fin de post :
    http://iiscn.wordpress.com/2011/05/...

     

    Répondre à ce message

  • #274465
    Le 2 décembre 2012 à 08:36 par yt75
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    "Je fais partie de ceux qui ne croient pas à la raréfaction du pétrole. Non seulement parce que dans les faits, et contrairement à tous ceux qui n’ont cessé d’annoncer un peak oil qui ne s’est jamais produit, les réserves prouvées n’ont jamais cessé d’augmenter et que les perspectives avec le offshore profond et le pétrole de schiste sont gigantesques, mais, au-delà, parce que je suis très convaincu par la thèse dite abiotique de l’origine du pétrole, c’est-à-dire que le pétrole n’a pas pour origine la décomposition des dinosaures dans les fosses sédimentaires mais qu’il est un liquide abondant qui coule sous le manteau de la terre, qu’il est fabriqué à des températures et des pressions gigantesques à des profondeurs incroyables, et que par conséquent ce que nous extrayons est ce qui est remonté des profondeurs de la terre par fracturation du manteau."



    Pour les personnes un peu sérieuses, vous pouvez regarder ce que pense le directeur du département petroleum engineering de l’Université du Texas des perspectives du pétrole de schiste au US :
    http://www.theoildrum.com/node/9619

    Les États-Unis ont passé leur pic en 1970, and it is a done deal.
    AUCUN expert sérieux pense qu’il vont remonter au niveau de 1970 (10,5 millions barils jour à l’époque, autour de 6 aujourd’hui)

    Par ailleurs M Chauprade nous ressert le refrain "ceux qui ont annoncé le peak oil se sont toujours trompé".
    C’est tout simplement factuellement FAUX.
    Hubbert en 1958 a estimé le pic pour les US à 1970 : exactement ce qui s’est passé.
    (il s’est un peu planté pour le mondial, n’avait pas les données au top)
    Campbell et Laherèrre en 98 ont estimé le pic mondial autour de 2005 pour le conventionnel : exactement ce qui s’est passé.
    Article original :
    http://tribune-pic-petrolier.org/wp...

    Pour votre information la crise actuelle est avant tout un monstrueux choc pétrolier qui ne fait que commencer, d’ailleurs :
    http://upload.wikimedia.org/wikiped...

    Et une des si ce n’est la plus grande entourloupe du XXieme siècle est pour les US d’être arrivé à associer le premier choc à l"embargo arabe", quand la cause première de ce choc était le pic US. Résumé à ce sujet en fin de post :
    http://iiscn.wordpress.com/2011/05/...

     

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    • #274567
      Le Décembre 2012 à 12:46 par Propaganda
      Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

      Je reste assez partagé sur cette question et il semble qu’il en soit de même pour les intervenants d’E&R.

      http://www.egaliteetreconciliation....
      Sur la deuxième vidéo Alain Soral semble défendre la théorie du pétrole abiotique.

      A l’inverse :
      http://www.egaliteetreconciliation....

      Sur ce lien Thierry Meyssan semble pencher contre même si il laisse la porte ouverte

      http://www.egaliteetreconciliation....

      Sur ce lien Piero San Giorgio penche plutôt contre comme il l’affirme dans son livre.

      Bref c’est un sujet vraiment intéressant qui mériterait de sérieux approfondissement.

       
    • #274591
      Le Décembre 2012 à 13:24 par alamaziri
      Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

      La paix à qui suit la guidee ;
      Vous ne trouverez pas de fatwa d ibnou taymmia qui appelle au massacre des Alaouites.Parce qu aucun savant de l’Islam sunnite n’a jamais appelé au genocide d’un groupe humain dans sa globalité, puisque cela est contraire à l’islam.
      Il existe un grand nombre de fatwa qui appelle au combat et à la mise à mort d’individu particulier, à un moment particulier et pour une raison particulière telle que la guerre, la vengeance du prix du sang, la défense de ce qui est sacrée dans la religion...
      Mais il n’y a pas dans l’islam de source qui légitimerait le massacre de personne sans aucune autre raison que le fait qu’ils appartiennent à un groupe particulier. Je défie quiconque prétendrait le contraire de m’apporter la preuve.
      Il y a bien une fatwa b ibn taymmia contre les Alaouites mais qui n’a d’autre but que de dénoncer leurs mécréances.
      Et d’un point de vue dogmatique, ce que professent les allouite d’un point de vue sunnite est aussi eloigne de l’islam que ne l’était la religion des arabes pre-islamiques.
      D’ailleurs, quelles que soient les alliances de circonstance, les chiites duodécimains les considèrent tout autant mecreants.

       
    • #274707
      Le Décembre 2012 à 15:04 par yt75
      Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

      @propaganda



      Sur la deuxième vidéo Alain Soral semble défendre la théorie du pétrole abiotique.



      Parce que vous considérez l’avis d’un Soral comme intéressant sur cette "question" ?

      Un des drames de notre époque est si vous voulez que les faits scientifiques ne sont pas considérés comme des opinions (quand on préfèrerait qu’ils le soient, et on le peut toujours d’une certaine manière).
      Ils n’en restent pas moins des faits scientifiques.
      (sans en venir aux opinions de Soral sont en général ...)

       
  • #274528
    Le 2 décembre 2012 à 12:20 par pseudo
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    pauvre gars !! qu’est qu’il nous raconte là ? tu veux rebosser te racheter ? y en a marre du chômage ? ok !! on peut comprendre. mais de là à prendre tes fantasmes pour des réalités y a un pas. on est pas complètement stupide Mr chauprade. Mr Soral(personnage public peut être pris comme exemple) est au moins cohérent dans ce qu’il dit et il a le mérite de vivre libre(dans la vérité) et mourir libre(dans la vérité,fraternité,égalité). c’est tellement gros ce que vous avancez Mr Chauprade à tel point de mettre que des avis positifs sur votre article dans votre blog(realpolitik) ce qui n’est pas le cas de Mr Soral. ayez un peu moins d’égo et laissez transparaitre les avis différents pour faire évoluer le débat. on ne vit qu’une fois et la "magie" du raisonnement sincère se reflète dans la réalité des événements.

     

    Répondre à ce message

    • #274657
      Le Décembre 2012 à 14:20 par alamaziri
      Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

      La paix a qui suit la guidee,

      Message a l intention de #pseudo#.

      Au contraire je trouve l analyse de Mr chaupradre d une grande pertinence.
      Ce n est pas de sa part faire preuve d une qualite de visionnaire quand il predit un rapprochement entre la sphere chiite et les juifs.
      Je pense plutot qu en bon analyste de geopolique il a de serieuse connaissance en Histoire et comme on dit celle ci est un eternel recommencement.
      Fideles a leurs Histoire,les chiites se sont toujours rapproches des ennemis des sunnites.
      Je les toujours dit,malgres les disputes affichees en publique,les chiites sont plus proches de la sphere judo-chertienne que de l Islam.
      Pour cela, je n est aucun doute sur le fait que le temps temoignera en faveur des dires de Mr chauprade.
      Desole si j ai mon orthographe laisse a desirer,mais j ecris avec un clavier arabe.

       
  • #274618
    Le 2 décembre 2012 à 13:45 par pseudonyme
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    Le Qatar est bien un exemple de lobbying pro-Islam, des pays comme l’Arabie Saoudite en font de même avec les sommes d’argent monstrueuses qu’ils ont a disposition. Bref si vous n’étiez pas au courant il faut vous réveiller un peu, notons que cela risque d’empirer fortement quand tous les pays aux mains des FM vont se stabiliser et peut être même "s’allier" pour ce genre d’opérations.

     

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  • #274729
    Le 2 décembre 2012 à 15:52 par Mimi
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    Article prolifique, bien organisé et très intéressant surtout la partie mettant en lumière les jeux de pouvoir déguisés en problématique de conflits confessionnels afin de s’accaparer les ressources énergétiques.
    Quand A. Chauprade parle de lobby pro-musulman en france, je crois qu’il "s’egare" comme aime à dire les musulmans. Je n’ai jamais vu ni de près ni de loin de lobby musulman dans ce pays et encore moins de lobby chrétien mais j’ai vu bcp de chrétiens et de musulmans parler dans le vide. J’ai constaté comment notre pres le grand rabbi avait déclaré devant la presse qu’il fallait stopper toute discussion sur la viande halal qui n’était pas soit disant une discussion républicaine et saine et discriminatoire mais ce renoncement à taper une fois de plus sur les musulmans n’était un recul du lobby juif uniquement parce que ceux-ci se sont retouvés pris par le tourbillon et pris dans leur propre piège. Je n’ai vu aucun lobby musulman en action dans cette affaire mais une erreur stratégique des chapeautés. Je pense que Chauprade aurait dû dire non un lobby mais des associations qui essayent d’émerger et de s’organiser en lobby et d’influer sur les décisions politiques comme un lobby. Sur le paradigme Sunnite vs Chiite et les minorité aux moyens-orient j’ai également quelques réserves mais dans l’ensemble je pense qu’il a plus de vision polico-géostratégique et d’informations clé sous le bras pour faire ce genre d’analyse (israel pourrait rejoindre l’iran ?) difficile à entrevoir cependant.

     

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    • #277326
      Le Décembre 2012 à 16:19 par Fumeur
      Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

      Bonjour à tous, je suis assez activement cet excellent site depuis quelques mois, mais c’est la première fois que je poste. Je tiens donc bien sûr à féliciter M. Soral pour son travail et cette association dans son entièreté.



      Quand A. Chauprade parle de lobby pro-musulman en france, [...]



      Chauprade a écrit : "l’occident". La France n’est l’Occident. Je n’ai pas d’information sur la situation du lobby, disons, "islamique sunnite" dans des pays comme l’Angleterre et bien sûr les States. Mais connaissant Chauprade et son souci d’objectivité, il ne dirait pas ça au hasard.

      La réélection d’Obama et les changements quant à la sympathie des US envers Israël se refroidit. Toute la surpuissance du lobby sioniste était dans son caractère occulte, caché. Maintenant beaucoup d’entre vous disent qu’il est plus fort que jamais, mais j’en doute. Il devient simplement plus visible et donc se trahit plus que jamais. Et ce faisant, peut-être, signe là son déclin.

      Concernant un avenir de la diplomatie israélienne se tournant vers la Russie et l’axe iranien-irakien-libanais c’est vrai que ça paraît fou mais ça reste possible.

      Je m’adresse ici à ceux qui connaissent Jérusalem dans le Coran et les conférences d’Imran Hossein. Selon lui le mal viendra d’Israël et une catastrophe qui pourrait advenir dans les années qui suivent serait une grande guerre chiites-sunnites. Pour ceux qui ont lu ou eu vent de Jérusalem dans le Coran, n’oubliez pas que le dernier signe majeur de la Fin des Temps sera le remplacement en tant que leader mondial des US par Israël. Pensez-vous que les US, leurs propres traitres sionistes mis à part, soient ravis de ce changement ?

      Ce qui est perceptible de par les actions récentes des US, encore une fois, est une certaine défiance vis à vis d’Israël et une prise de conscience qu’une guerre contre l’Iran signerait leur arrêt de mort, une ruine économique totale. En dernière instance, ils chercheront peut-être à s’allier aux FM sunnites car leur propre suprématie n’est possible que par un soutien international majeur. Mais l’intérêt des FM sera probablement une période pro-américaine, mais ils kles lâcheront le moment venu. Les US seront peut-être indépendants en 2035 énergétiquement mais ne le sont pas encore.

      Si les pays sunnites les lâchent à un moment critique, peut-être l’effondrement du dollar que Hossein prédit aura enfin lieu. Ce qui bouleversera les rapports de force !

      Reste un élément incertain dans l’équation : Le Pakistan.

       
  • #274733
    Le 2 décembre 2012 à 15:58 par Mimi
    Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?

    Btw, il y a t-il une vidéo disponible pour cette conférence ?
    Ça serait intéressant de la voir si ER l’a ou si quelqu’un peut la mettre en ligne. Merci

     

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