Les secousses et les répliques du conflit israélo-palestinien se font ressentir jusque chez nous, ébranlant le monde politique et médiatique. La France compte six-cent mille juifs et six millions de musulmans. Les premiers sont globalement acquis à la cause israélienne, les seconds à la cause palestinienne. Mais les uns et les autres ne se font pas la guerre chez nous, malgré les tentatives des ultras de chaque camp, comme on le voit au Proche-Orient.

L’attaque « stupéfiante » du Hamas le 7 octobre 2023, qui a surpris le monde entier et la surveillance pourtant paranoïaque de l’armée israélienne, a déclenché une réaction en chaîne chez nous.

L’extrême gauche, historiquement soutien de la Palestine, a été clouée au pilori en moins de 3 jours. Mélenchon est attaqué nommément par le Premier ministre Bornstein, tandis que le NPA est sous le coup d’une « enquête pour apologie de terrorisme » lancée par le ministre de l’Intérieur Darmanin, sarkozyste de la première heure. On ne reviendra pas ici sur l’appartenance de son mentor, l’ancien président de la République, au lobby néoconservateur.

Le macrono-lepénisme en marche

Inversement, le RN de Marine Le Pen a été adoubé par les sionistes français, en première ligne pendant leur « 11 Septembre » ou leur « Bataclan », puisque ces expressions fortes – importées d’Israël – sont utilisées par les médias mainstream. Le discours de la finaliste 2022 a été applaudi par la droite libérale et le centre macroniste :

« À la différence de certains, le RN est rentré dans le camp républicain » (Meyer Habib sur CNews)

Le RN fait donc partie de « l’arc républicain », cet euphémisme puisqu’on sait qui décide des entrées dans ce club très select. Il faut montrer patte blanche, et depuis la dédiabolisation, Marine a mis le paquet question farine.

« Il ne faut pas avoir peur d’être traité d’islamophobe »
« Cela ne peut plus se régler dans le pacifisme » (Élisabeth Badinter)

Maintenant que la Macronie a durci son jeu (ce que nous avions prévu) sous la pression israélienne, le RN peut se charger du sale boulot : la ratonnade médiatique.

Ici, la ratonnade, là-bas, les bombardements.

Netanyahisation de la France

Tout est permis, la meute se lâche sur le mode Badinter, on l’a vu avec l’ahurissante sortie d’Enrico Macias et les déclarations haineuses de ses compatriotes ou coreligionnaires. C’est à qui amalgamera le plus les musulmans de France (et les banlieues) aux combattants du Hamas ! C’est énorme, mais ça passe. Du Kepel dans le texte.

La presse peut enfin achever la dernière gauche encore antisioniste. Le Monde se permet d’écrire :

Le refus du leader de La France insoumise de qualifier de « terroriste » l’action du Hamas après son attaque contre Israël montre que la Nupes doit désormais s’affranchir de la tutelle de l’ancien candidat à la présidentielle.

C’est l’alignement total sur la ligne Netanyahou ou la mort médiatico-politique par contumace, sous-entendu, « ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous » (GW Bush en 2003). Cela devient : « si vous n’êtes pas pour Israël, vous êtes pour le Hamas », donc terroriste, donc barbare, donc assassin d’enfants. Même en France ! La phrase stupide de Colombani en une du Monde après le 11 septembre 2001 revient avec Israël : « Nous sommes tous israéliens ». C’est « Je suis Charlie » version maison-mère !

Pour parfaire le piège, l’Union européenne, prisonnière de la mondialiste américanophile Leyen, associe toute information pro-palestinienne à de la désinformation ou à une apologie du terrorisme, sous prétexte de faire respecter le droit européen ! Quand au commissaire politique Thierry Breton, il s’occupe de mettre la pression sur Musk, trop indocile à son goût.

Nous voici devant une formidable opération d’intoxication politique, partie d’un fait de guerre en Palestine et arrivant chez nous comme un ouragan, mettant en évidence de nouvelles frontières politiques sous une dictature médiatique absolue. Le doute ne sera plus permis, par rapport à la version officielle, quel que soit le sujet. Le Monde l’avait bien écrit en parlant du réchauffement : « les climatologues en première ligne face à l’armée du doute ».

Eh bien, nous sommes l’armée du doute.