Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

La Russie, BRIC européen dans un monde asiatique ?

par Alexandre Latsa

Les BRICS sont un groupe de cinq pays (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) considérés comme les grandes puissances émergentes d’aujourd’hui, et les géants de demain. L’acronyme BRICS est apparu en 2011, quand l’Afrique du Sud a rejoint le groupe BRIC. Le terme BRIC était apparu en 2001 dans un rapport tendant à démontrer que l’économie des pays de ce groupe allait rapidement se développer et que le PIB total des BRIC devrait égaler en 2040 celui du G6 (États-Unis, Japon, Royaume-Uni, Allemagne, France et Italie).

Ce rapport de 2001 n’a pas été contredit par les faits. Les BRICS sont respectivement les neuvième, sixième, quatrième, deuxième et vingt-cinquième puissances économiques mondiales et comptent déjà pour 40% de la population mondiale. En 2015, ils assureront sans doute 61% de la croissance mondiale selon le FMI et leur part dans l’économie mondiale ne cesse d’augmenter. Ce groupe de pays représentait 16% du PIB mondial en 2001, 27% en 2011 et d’après des estimations récentes, ce sera près de 40% en 2025. Les BRICS pourraient à eux seuls compter par exemple pour 70% de la croissance du marché automobile mondial pour la prochaine décennie.

Les BRICS ont contribué à plus d’un tiers de la croissance du PIB mondial dans la dernière décennie. Ce siècle devrait être celui des BRICS puisque d’après la Banque mondiale, la Chine pourrait devenir la première puissance économique de la planète en dépassant les États-Unis dès 2020. Pour Goldman Sachs, l’Inde pourrait également dépasser les Etats-Unis au milieu du siècle. Le centre de gravité du monde de 2050 serait donc en Asie, les deux premières puissances économiques mondiales étant aussi les deux pays les plus peuplés de la planète. Par comparaison, les USA représentaient 42% du PIB mondial en 1960, ce chiffre est descendu à 26% en 2012, et encore moins (19%) pour le chiffre "à parité de pouvoir d’achat".

Pour autant, les pays du groupe BRICS apparaissent comme dispersés géographiquement et très différents. Ils n’ont jamais été alliés ni sur le plan économique ni sur le plan politique dans le passé. La Russie parait tirer sa force de ses ressources énergétiques, le Brésil devient le champion agricole de la planète, la Chine est déjà l’atelier du monde et elle est devenue le premier producteur mondial d’or. De plus les organisations politiques de ces pays sont assez différentes. Ces grandes différences économiques et politiques ne doivent cependant pas faire oublier les points communs qui existent : Des taux de croissance élevés, une dynamique d’industrialisation et un important marché intérieur non saturé. De plus, à l’exception de la Russie, ce sont des pays qui ont une réserve de main d’œuvre inemployée importante.

La progression du volume des échanges intra-BRICS montre bien à la fois la complémentarité des pays du groupe et leur croissance économique. Le volume de ces échanges intra-BRICS est passé de 15 milliards à 158 milliards de dollars entre 2000 et 2008, et pourrait atteindre 1.000 milliards de dollars en 2030.

Sur le plan intérieur, à l’exception de l’Afrique du Sud qui connait des difficultés, on assiste dans les pays du groupe BRICS à une extension rapide de la classe moyenne. On estime aujourd’hui qu’en Russie 25% des habitants peuvent être comptabilisés comme appartenant à la classe moyenne soit 35 millions de personnes contre 20% au brésil (40 millions de personnes) ou 13% en Chine (160 million de personnes) et 5% en Inde (65 million de personnes). En Asie toujours, l’Indonésie ne compte plus ses projets d’infrastructures : routes, nouvel aéroport, et surtout chemin de fer bientôt construit par les chinois. Avec sa classe moyenne comptant désormais 30 millions de personnes (sur 240 millions d’habitants), l’Indonésie talonne les BRICS et s’est même payé le luxe d’un relèvement de sa note par les agences de notation. On devrait donc à ce titre très prochainement parler des BRIICS.

Dans le domaine géopolitique, la puissance économique croissante des pays du groupe BRICS renforce leur influence, et favorise la naissance d’un monde multipolaire. Bien que ce groupe de pays ne forme aucune alliance militaire, des positions communes apparaissent, sur divers problèmes internationaux. Réunis en chine en avril 2011 les BRICS ont décidé par exemple de s’orienter vers des échanges bilatéraux sans passer par le dollar américain. On peut donc parler non seulement d’une interdépendance mais aussi d’une coordination entre émergents. Réunis à Moscou en novembre 2011, les vice-ministres des affaires étrangères du groupe BRICS se sont prononcés contre l’ingérence des forces étrangères dans les affaires internes des pays du Moyen-Orient.

Une position semblable était apparue au moment de l’intervention franco-anglaise en Lybie. Pendant la dernière réunion du G20 en France à Cannes enfin, les pays BRICS se sont retrouvés en position de force, avec leurs réserves de change importantes, en position de demander aux pays de l’Union Européenne et aux USA un peu plus de rigueur budgétaire. Par ailleurs, le groupe BRICS exerce déjà des pressions pour que sa représentation dans diverses instances internationales comme le FMI, soit renforcée. L’idée que le patron du FMI ne soit plus forcément un européen est dans l’air. Du côté des investisseurs, ces marchés émergents suscitent toujours l’intérêt. Au terme d’une étude récente effectuée par Accenture, il apparaît que pour 80% des chefs d’entreprises, interrogés dans 85 pays, la priorité en matière de croissance repose sur les économies émergentes.

Enfin il est à noter que les BRICS sont tous éloignés, à des degrés divers, du modèle d’état nation homogène traditionnel tel qu’on le connaît en Europe de l’ouest par exemple. La Russie comprend plus de 100 peuples et nationalités, l’Afrique du sud a 11 langues officielles, la Chine reconnaît 56 nationalités différentes et l’Inde reconnaît 23 langues. La culture brésilienne, lusophone, parait plus homogène, mais la population provient de multiples immigrations, d’Europe, d’Afrique et du moyen orient. Enfin 3 des BRIC (Inde, Chine, Russie) ont une forte composante musulmane de souche. Cet aspect pluriculturel et multiconfessionnel des BRICS ne parait pas gêner leur croissance économique.

Et si ce modèle partagé par les BRICS était le modèle d’avenir des nouveaux regroupements civilisationnels ?

 






Alerter

5 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

  • #107581
    Le 24 février 2012 à 15:41 par seber
    La Russie, BRIC européen dans un monde asiatique ?

    Les chiffres donnent le tournis. Néanmoins, concernant la dernière partie du texte, il faut éviter de tomber dans le panneau gros comme un éléphant du multi-culturalisme. Au contraire, il me semble que la plupart des pays émergents tirent, au moins en partie, leur croissance du phénomène de construction et de solidification de l’Etat-nation. Comme la France tout au long de son histoire. Faisons attention à ne pas inverser causes et conséquences.

     

    Répondre à ce message

    • #107739
      Le Février 2012 à 21:02 par andreas
      La Russie, BRIC européen dans un monde asiatique ?

      En effet, la chute est... désastreuse. Ces pays contiennent certes diverses ethnies et cultures mais leur modèle économique, entre autre, est ultra nationaliste. Ils sont eux-mêmes, pour la plupart, ultra nationalistes et prêt à mourir pour leurs pays.

       
    • #107897
      Le Février 2012 à 10:48 par francky
      La Russie, BRIC européen dans un monde asiatique ?

      Cest beau de mourir pour son pays... C est meme la plus mort qu un humain puisse souhaité.... Vive le nationalisme.

       
    • #115289
      Le Mars 2012 à 14:41 par Rusboy
      La Russie, BRIC européen dans un monde asiatique ?

      Tu a tout a fait raison , je suis Russe et lesrusses en ont ras le bol des immigrés , et donc le gouvernement commence a calmer le jeu et commence a fermer les portes de l’immigration , on a connu l’épisode tadjik , ainsi qu’un sondage qui dit que 3 russes sur 5 sont favorables au slogan : "La Russie aux Russes " et ils montrent les mauvais exemples de multi-culturalisme comme en grande bretage ou en france ainsi qu’aux etats - unis , on vois souvent des reportages passés a la télé qui montrent , comment il ne faut pas faire :) et d’ailleurs ils oublient une chose les journalistes dans cette dernière phrase que la russie est énorme , chine pareille , tout les etats ont une grande superficie et donc ont obligatoirement annéxés d’autres civilisatioons :)

       
  • #108169
    Le 25 février 2012 à 20:29 par Jasmin Indien
    La Russie, BRIC européen dans un monde asiatique ?

    Union de pays nationalistes forts et fiers. Pas mieux.

     

    Répondre à ce message