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Derrière la "coolitude" des start-up, le totalitarisme en marche ?

Toute analogie avec un président en exercice est purement fortuite

Dans Bienvenue dans le nouveau monde, comment j’ai survécu à la coolitude des start-up, Mathilde Ramadier livre une analyse au vitriol des conditions de travail d’un salarié de jeune pousse. Anglicismes à tout-va, contrôle permanent, culte de la flexibilité... Elle revient pour Challenges sur ces quatre ans de prolétariat nouvelle génération.

 

[...]

Vous avez certes travaillé dans plusieurs start-up, mais seulement à Berlin. Ne faites-vous pas de quelques cas une généralité ?

Certes, mes expériences sont strictement berlinoises mais en quatre ans j’ai eu affaire avec une douzaine de start-up en tant que salariée et freelance. Pour la rédaction de l’ouvrage, j’ai par ailleurs mené mon enquête un peu partout à commencer par la France. Je peux vous affirmer que ce modèle de fonctionnement, qui trouve ses origines aux États-Unis, est complètement globalisé et se moque des frontières. À la différence près bien sûr, que le droit du travail n’offre pas le même niveau de protection aux salariés d’un pays à un autre. Quand j’ai commencé à travailler en Allemagne, le salaire minimum n’existait pas, par exemple. Les choses sont bien différentes en France sur ce point.

 

Dans votre livre, vous critiquez en particulier la quête extrême d’efficacité et de flexibilité demandée aux salariés, sous couvert d’une communication chaleureuse et d’un environnement de travail agréable. En quoi ce fonctionnement s’écarte-t-il vraiment de celui d’entreprises plus traditionnelles ?

Il existe bien sûr des entreprises plus traditionnelles qui reprennent ces codes en version, disons, bêta. Mais il s’agit bien là d’un modèle à part qui se nourrit de l’ère du tout dématérialisé, et d’une espèce d’utopie fondée sur la croyance selon laquelle avoir la bonne idée, la bonne équipe et le bon produit peut révolutionner le monde. Il faut dire que ce type d’idéal tombe à point nommé dans la période actuelle de morosité ambiante.

 

Selon vous, le vrai visage de ce « nouveau monde » incarné par les start-up d’aujourd’hui n’est en réalité que le reflet d’un « capitalisme sauvage ». Vous allez même jusqu’à comparer leur fonctionnement avec celui d’une « dictature totalitaire » et d’un « régime despotique ». C’est-à-dire ?

Tout à fait. C’est une forme d’organisation totalitaire, voire même sectaire. Dans ces structures, il y a la reproduction d’un même schéma avec un leader charismatique, incarné généralement par le fondateur de la société, autour duquel se crée un culte de la personnalité. Vous avez ensuite l’adoption d’un langage commun généralement bourré d’anglicismes, d’euphémismes et de superlatifs décuplés qui se propagent à une vitesse folle. Les titres de postes eux-mêmes [en référence à certains cités dans son livre : « office manager », « assistant talent recruiter », « growth hacker », NDLR] servent la plupart du temps soit à enjoliver un job banal, soit à masquer une précarité. Plusieurs process sont souvent rebaptisés avec des noms qui se veulent savants mais sont au final très creux. Ajoutés à cette novlangue, des rituels communs, des valeurs communes, une culture d’entreprise commune ou encore une surveillance omniprésente des résultats. Ce qui est assez proche selon moi d’un système totalitaire.... et d’autant plus hypocrite de la part d’entrepreneurs prônant la liberté à tous les étages et qui se révèlent dans les faits plus que liberticides.

Lire l’intégralité de l’article sur challenges.fr

Derrière la « coolitude » du libéralisme,
le capitalisme le plus sauvage,
lire chez Kontre Kulture :

Voir aussi, sur E&R :

 






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21 Commentaires

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  • #1740275

    Dans les années 90, chez Mac Do, c’était le top de la coolitude, des gonzesses du bigmac et du Fanta( en quantité limitée, pas fou les mecs !). L’exploitation américaine, les précurseurs de l’uberisation, avec 25 ans d’avance.
    Maintenant, un CDI chez Ronald, c’est presque une chance....et la fonction publique un ultra privilège.
    Les electeurs de Macron vont être servis....

     

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    • #1740664

      Je rajouterai : quant on signe chez Ronald beaucoup s’imagine faire des cheeseburgers mais il y a aussi les chiottes à faire...ah ah !

      Ultra privilège d’être fonctionnaire ? Il y a plusieurs catégories A, B et C, la catégorie C bien que plus accessible par définition et dans le territorial difficile à vivre (salaire minimum, travail le week-end, horaire sup non payés, collègue infâmes et j’en passe). Catégorie B les éternels insatisfaits en guerre entre eux pour remplacer leur chef catégorie A ! mortel !

      Faire avaler la pillule "tu peux progresser via un poste en interne réservé, tu as toutes tes chances de monter...avec des centaines de candidats pour 1 poste..." est décicif pour le recruteur.

      Bilan beaucoup perdent patiences, se syndic pour gagner des jours de congès d’office et compenser les conditions de travail infernales ce qui en générale bloque une carrière au passage...bons esclaves va’ .

       
  • #1740279

    Je travaille a Amazon (qui etait une start-up à l’origine), son témoignage est la parfaite description de cette entreprise : anglicisme, culte de la personalité, anti-frontière... Toutes les nouvelles startmachin n’invente rien. Ici ils ont un siècle d’avance sur la manipulation au travail. C’est un laboratoire notre entrepot...

     

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  • L’entreprise moderne servant exclusivement à la concentration monétaire au bénéfice exclusif de son propriétaire, il est logique que tous les moyens soient mis en oeuvre pour extraire un maximum de jus des salariés-jetables.

    En votant POUR Macron (puisque le vote CONTRE n’existe pas, à moins que les bulletins "CONTRE" aient échappé à ma vigilance), les Français ont donc choisi de voter POUR un tel système, à savoir le système du Loto avec ses 1% de gagnants (pardon, de "winners") pour 99% de losers.

     

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  • #1740281

    Pour avoir travaillé à un poste à haute responsabilité dans 2 start up, je voudrai apporter mon témoignage qui corrobore cet article. L’une était US et l’autre allemande, la première Blue Martini Software dont le siège était à San Mateo (coeur de la Sillicon Valley) et l’autre DocuWare AG. BMS était la N°1 en eCRM/BI pour grands comptes en 2000, pionnière aux USA et en Europe et avait fait 700% de croissance dans ses premières années qui avait dépassé Oracle qui avait dépassée Microsoft au Nasdaq. La seconde est la N°1 en Allemagne en solutions complexes pour entreprises de GEIDE (dématérialisation). Tous les clichés qu’on a pu vous dire en la matière sont vrais : on se parle dans toutes les langues disponibles mais on ne travaille qu’en anglais quelque soit le pays ou l’on se trouve, 80h de travail par semaine, déplacements professionnels les weekends, évaluation trimestrielle sur vos résultats, évaluation quotidienne sur votre comportement friendly, dès le premier symptôme de baisse de rendement dans un de ces domaines ou vous le fait remarquer lourdement et vous devez vous justifier lors des évaluations devant l’ensemble des équipes à coup de PowerPoint ; de toute façon, tous vos actes sont traçés dans Salesforce. Au bout de 2 trimestres de baisse vous êtes dehors. Aucune "ressources humaines", simple culte du chiffre, du résultat, esprit Mamonhique. Et le départ, quelque soit votre degré d’ancienneté, votre apport à l’entreprise, vos liens "amicaux" avec les associés : un petit mot gentil vous attend un matin sur le bureau "Jack, le CEO voudrait te voir 5 minutes à 11h". Vous entrez dans le bureau et à peine vous passez la porte, il vous dit "Jack, pas la peine de t’asseoir j’en ai pour 1 minute ; c’est vrai que tu as fait partie des fondateurs, notre collaboration a été très sympa, mais maintenant tu es viré. La sécurité t’attend dans ton bureau, ils sont entrain de mettre tes affaires dans des cartons et ils te raccompagneront dehors. Les adieux par mail stp, good luck !". C’est du vécu et cela vous en dit long sur l’humanité qui existe dans les vraies start up, et de l’esprit qui y règne. 90% des managers prennent des stupéfiants pour tenir le choc.

     

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  • #1740314

    Vu que le principe de la "Start-up" semble être la ligne de la présidence actuelle ET aux vues de ce qu’en dis cette brave jeune femme : la dictature totalitaire nous pend au nez(même si elle avait déjà bien commencé il y a quelques décennies). Manu "deux-vies" sera comme "la cerise sur le cageot".

     

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  • #1740339

    Quand on réfléchit deux secondes, se dire que notre société vise comme but glorifié, encensé, encouragé, la compétition narcissique de ceux qui inventeront la marchandise la plus vendeuse, c’est assez incroyable...
    Notre but dans la vie c’est d’écraser les autres en inventant l’objet de consommation le plus inutile possible qui se vendra par effet de mode, de marketing... La chosification des personnes et la personnification des choses... les marchandises se mettent à danser d’elles-mêmes...
    Alors ça, comme épanouissement de l’humanité on trouvera pas mieux...

     

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    • faut lire guenon, evola, les neo tradionnalistes sur le sujet de l’unicite, l’integrite et par ooposition la dissolution de l’etre... michea aussi je crois et surtout l’autre philosophe qui etait oppose a seguela sur le plateau tele de bernard pivot, je me rappelle plus son nom (pardon patron)

       
    • #1740479
      Le Juin 2017 à 22:06 par Derrick Roesthel
      Derrière la "coolitude" des start-up, le totalitarisme en marche (...)

      L’homme économique de Christian Laval est une lecture indispensable pour comprendre les conséquences anthropologiques des politiques néolibérales menées depuis 30 ans.

       
  • Ce qui me parait le plus révélateur dans le phénomène "start-up" c’est la sur-médiatisation d’entreprises qui pèsent à peine le million d’Euros de CA... pour celles qui font du CA. Les start-ups sont des villages Potemkin plantés ça et là dans le cimetière industriel que sont devenus nombre de pays occidentaux avec l’avènement du néo-libéralisme. La flamme de la croissance devant être maintenue coûte que coûte même si il ne s’agit plus au final que d’un hologramme. Les start-up sont aussi une réponse (fallacieuse) aux angoisses des diplômés des "business schools" qui ne trouvent plus des postes aussi facilement qu’avant dans les grands groupes. Ces derniers fusionnent à tout va et rationalisent leurs sièges sociaux après avoir externalisé leurs usines. D’où la sur-médiatisation de quelques start-up à succès alors que la plupart vivotent et ferment après les 3 ans fatidiques. Pour paraphraser un slogan bien connu, les start-up : 100% des gagnants ont tenté leur chance.

     

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    • #1740481

      Erreur, les start-up de qualité sont plus prisées et difficiles d’accès que le postes dans les grandes sociétés privées, car autant dans une start up le candidat doit être identifié par le chasseur de tête comme immédiatement bankable avec un fort taux de rendement garanti, autant dans un grand groupe les étudiants d’écoles de commerce entrent en planqués et vivotent des années avant de rentabiliser leur investissement initial en études supérieures. La start up ne tolère pas le nul, les grands groupes sont l’équivalent des grands ministères gonflés de postes médiocres. dans une start up un bon élément gagne 2 fois plus tout de suite qu’un cadre sup d’une entreprise de 1000 personnes

       
    • Je parle bien de l’univers des start-ups et non des icônes médiatiques passées par la case start-up au début de leur développement mais qui après plusieurs années de croissance à deux chiffres ne peuvent plus êtres qualifiées de start-up. Le qualificatif subsiste puisqu’il est dans l’intérêt conjoint des médias et de ce type d’entreprises de continuer à l’utiliser. Les start-ups ne sont qu’un miroir aux alouettes et comme toujours il faut se poser la question de QUI a intérêt à faire la promotion du phénomène start-up au point d’inciter un grand nombre d’incrédule à monter la leur ? Car au final, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus…

       
  • #1740492

    Dans ces entreprises en général le boss est un tiran faussement cool. Un bel exemple sont les société informatique qui ont pris rapidement les codes des startup... On vous enfumes avec une fausse ambiance détendue. On change l intitulé des postes pour faire croire au changement... On a un turnorver énorme. Genre 5 mecs pour le même poste en 1 an. En général les commerciaux se gavent de pognon et le trouffion trime pour une misère. D ailleurs le trouffion de base en startup est jeune car souvent au bout de deux ans il a comprit qu’ il est un agneau dans la bergerie et se casse ailleurs si il peut. L esprit d équipe n existe pas quand il y a un vrai problème. Marron adore ca m ettonne pas

     

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  • Putin que je suis bien dans mon usine !

     

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  • Il y a quelque chose de contradictoire dans la libéralisation à tout va que l’on veut imposer en France façon USA ,car la va y avoir un sacré problème concernant ,l’achat de maison , la location .Quand on voit en France la difficulté pour un étudiant ou même un salarié en CDI pour trouver un logement avec toutes les contraintes concernant les garanties .Là, va y avoir un loup ,va falloir que les propriétaires se mettent au goût du jour ,s’américanisent ou se Cana-disent .C’est bien joli de vouloir faire comme ,mais les mentalités anglo-saxonnes,dans certains domaines, ce n’est pas gagné . Quand on veut libéraliser ,il faut libéraliser à fond .

     

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    • Le projet est tout pensé. Ce seront les entreprises elles-mêmes qui detiendront un parc d’appartement locatifs pour leurs employés. Si tu perds ton boulot, tu perds aussi ton appartement. Si tu decides de quitter il faudra déménager toute la famille. Une solution pour encore plus exploiter les employés. Ca existe deja.

      Le citoyen moyen de gagnera pas assez pour être propriétaire et ne sera plus en contrôle de sa location. Encore plus, il ne pourra plus choisir sa ville et quartier de vie. La société pour laquelle il traviallera lui imposera, comme la secu vous impose un medecin ’de votre choix’.

       
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