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Durant la guerre de 1973, Israël avait voulu recourir à l’arme nucléaire

Des documents déclassifiés remontant à la Guerre de 1973 ont fait la Une des médias en « Israël » cette semaine, éclairant le désarroi de la classe politico-militaire et le rôle joué par des personnalités emblématiques comme Golda Méir ou Moshé Dayan.

Selon le quotidien Haaretz, les documents déclassifiés mais en partie caviardés par la censure militaire laissent entendre que Golda Méir voulait avoir recours à l’arme nucléaire contre la Syrie et l’Egypte.

Réunis en urgence le jour du Kippour, le plus sacré du calendrier juif, le 6 octobre 1973, à huit heures du matin, au bureau de Tel-Aviv du Premier ministre Golda Méir, les principaux dirigeants de l’époque se demandent comment répondre à Zvi Zamir, chef du Mossad, le service extérieur de sécurité, qui annonce l’imminence de la guerre contre la Syrie et l’Egypte.

Ce dernier se trouve à Londres et tient ses informations d’un agent très spécial, Marwan Ashraf, gendre du défunt président égyptien Gamal Abdel Nasser et proche collaborateur de son successeur Anouar Sadate.

Mais les minutes de cette réunion historique, ainsi que huit autres documents établis les trois jours suivants et publiés pour la première fois cette semaine, montrent que les chefs de l’entité sioniste sont guidés par une conception erronée.

Sur la foi des estimations des Renseignements militaires, malgré les signes de plus en plus alarmants sur le terrain, ils espèrent contre toute évidence que la guerre pourra être évitée.

La surprise est donc totale quand six heures plus tard Egyptiens et Syriens lancent simultanément une offensive massive dans le sud, au Canal de Suez, et sur le Golan, au nord.

Sur le front sud, « Israël » voit ses fortins tomber les uns après les autres et les contre-attaques de ses blindés échouer.

Dans le Golan, les colonnes syriennes s’approchent des lignes antérieures à la Guerre des Six jours (juin 1967).

Dayan, ministre de la guerre, pense qu’en rappelant 200.000 réservistes il pourra contenir « l’ennemi ».

Le chef d’état-major, le général David Elazar, exige, lui, la mobilisation générale et veut lancer une attaque préventive afin d’anéantir "en trois heures" l’aviation syrienne.

Golda Méir tranche en faveur d’Elazar. Le lendemain, traumatisée par les revers de ses soldats, la vieille dame propose "une idée folle" : elle veut rencontrer secrètement le président américain Richard Nixon pour l’alerter de la gravité de la situation. Les pertes se multiplient, munitions et pièces de rechange commencent à manquer.

Au quatrième jour de la guerre, le flamboyant général borgne admet avoir "minimisé la force de l’ennemi et surestimé nos propres forces". Il constate que "les Arabes se battent nettement mieux, et disposent de nombreux armements". Très pessimiste, il pense recruter des jeunes volontaires juifs à l’étranger, et juge "intenables" les positions sur le Canal de Suez.

Dayan brise un tabou en recommandant de "laisser les blessés" pris au piège dans le Sinaï. Il conseille aussi en vain de bombarder Damas "pour briser le moral des Syriens".

La commission d’enquête d’Etat du juge Shimon Agranat sur les ratés initiaux de cette guerre qui a coûté 3.000 morts et 8.000 blessés à « Israël », a blanchi Golda Méir et Dayan et fait porter les responsabilités aux chefs militaires, à commencer par Elazar.

"Les documents déclassifiés publiés ces derniers jours ne remettent pas vraiment les pendules à l’heure, mais l’énorme intérêt qu’ils suscitent, 37 ans après, montre que les plaies ne sont pas refermées", a affirmé à l’AFP Ephraïm Imbar, professeur de sciences politiques à l’Université Bar Ilan.