Décidément, c’est pas l’année Kev Adams. Déjà fiché par les troupes de choc des RS pour avoir laissé trafiquer les notes sur Allociné, puis pour avoir plagié un film US avec Happy Nous Year, dans lequel il joue avec la piètre Camille Lellouche, le faux humoriste lancé par le Système vient encore de trébucher, mais ce coup-ci l’arnaque est beaucoup plus vile. C’est Mediapart qui a levé ce gros lièvre sale...

La scène est surréaliste. Ce 14 mai 2022, Kev Adams organise un live vidéo sur Instagram en compagnie d’un homme déguisé en nounours : « Je suis avec l’un des représentants de Plush NFT qui est ici, vas-y montre ta gueule, c’est tellement flippant. Les gars, reconnaissez que personne n’a jamais fait un live avec un teddy-bear chez lui quoi. C’est quand même fou ! »

L’homme-nounours est le patron anonyme d’un projet que le comédien et humoriste promeut avec ardeur à ses fans. L’alliance inédite du cinéma, du financement participatif et des cryptomonnaies. L’objectif : lever plus de 60 millions d’euros pour réaliser un film d’animation à gros budget baptisé « Plush » (peluche en anglais), avec des stars au casting voix : Kev Adams, Éric Judor, Audrey Lamy, Camille Lellouche, Gérard Darmon, Gims…

L’idée est simple : en vendant 1 250 euros pièce l’image de ce nounours à la con, un NFT (image avec certificat numérique), donc une espèce d’œuvre d’art certifiée, Kev et l’homme-nounours veulent lever une fortune. La carotte, parce qu’il y en a une, et pas encore dans le derche, c’est le nom du donateur crédité dans le générique – ça mange pas de pain azyme – et surtout, 80 % des profits. Garanti sur facture par Kev en personne, qui certifie l’honnêteté de l’homme-nounours.

L’homme déguisé en nounours à côté de Kev : « Bien qu’il n’y ait rien de garanti, en moyenne, vous ferez du six à sept fois ce que vous mettez en 24 mois. Ce qui est énormissime, quand vous pensez, vous allez à la Caisse d’épargne, une banque traditionnelle, et vous faites moins de 1 % dans l’année. »

Les voix pressenties pour le doublage sont celles de la bande à Kev : Éric Judor (malheureux !), Audrey Lamy, Camille Lellouche, Gérard Darmon, Gims... Que du lourd.
Le calcul est simple : si Kev arrive à refourguer 50 000 images à 1 250 euros pièce à ses fans, le budget – faramineux – sera bouclé. Et tout le monde sera riche.

La suite est malheureusement classique : les ventes n’ont pas décollé, et 700 internautes ont perdu plus d’un million, pour se retrouver avec une image de nounours et un tee-shirt. La société qui a encaissé l’argent, Illuminart (rien à voir avec les Illuminatis), est basée à Dubaï, là où les vedettes de télé-réalité engrangent leurs bénéfices, officiellement dans le placement de produits. Officieusement, il y aurait beaucoup de prostitution. Mais c’est un autre sujet, que l’on a traité dans le Financement associatif de la Rédaction. Et Berdah n’est pas dans le coup !
Là où ça se corse, c’est quand Mediapart s’intéresse à la société qui a capté le fric des gogos : elle appartient à un certain Fabien Tref.

En 2016, le parquet de Toulon a ouvert une enquête préliminaire à son égard, suite à un signalement de Tracfin. Le service antiblanchiment de Bercy avait tiqué sur ses gains de plus de 400 000 euros à la Française des jeux, ainsi que les gros montants que Fabien Tref misait en espèces au casino. Interrogé au sujet des suites données à cette procédure, le procureur de Toulon a refusé de répondre. L’un des avocats de Fabien Tref nous a indiqué qu’il n’a jamais été condamné.

On rappelle que Kev se porte garant de Fabien. Là où ça devient drôle, c’est quand Mediapart révèle qu’à seulement 21 ans, Fabien crée plusieurs sociétés aux USA, dont Foune Tale, le conte de la foune.

Il fait du business, et vend des prestations spéciales, comme des femmes de ménage déguisées en lapines, des bunnies. Ensuite, on monte un cran plus haut :

Fabien Tref est proche d’un mystérieux personnage qui se fait appeler Ron Risk, et qui habitait à l’époque sur la Côte d’Azur. Cet ancien bodybuilder israélien a fait fortune dans les cryptomonnaies et possède une hallucinante collection de voitures d’ultraluxe, dont la valeur dépasserait les 20 millions d’euros. (...)

Ron Risk a quitté la Côte d’Azur début 2022 pour s’installer à Dubaï, dans une villa de luxe. Il y invite des influenceurs français, comme Anthony Alcaraz (qui a fait la promotion d’un projet crypto) et le très controversé Marc Blata. Visé par de nombreuses plaintes, cet ancien candidat de télé-réalité est soupçonné d’avoir promu plusieurs escroqueries présumées, ce qu’il dément.

Et là on retombe sur les influvoleurs, que Booba dénonce inlassablement. La boucle est bouclée ! Voilà pour les naïfs qui se demanderaient ce que foutent les stars de télé-réalité à Dubaï, ce triangle des Bermudes du pognon, du cul et du blanchiment, sans oublier les services de renseignement qui doivent s’autofinancer, car leur pays est « pauvre »...

Épilogue

Le forum de Plush ? Fermé. La société Illuminart ? Sa business licence a expiré. Le film ? Abandonné. Et l’argent ? Disparu dans les sables de Dubaï et dans des NFT qui ne valent plus rien. Il fallait bien écouter l’homme-nounours : « Bien qu’il n’y ait rien de garanti ».
C’est la loi du marché. Un peu comme les retraites par capitalisation...