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"Le patriarcat freine nos choix" : 343 féministes "exigent" l’allongement des délais de recours à l’IVG

À la veille du cinquantième anniversaire du texte qui a marqué l’histoire du droit à l’avortement, les signataires « exigent » une extension des délais légaux au-delà de douze semaines.

 

Vanessa Paradis, Béatrice Dalle, Najat Vallaud-Belkacem... 343 « femmes et personnes pouvant vivre une grossesse », militantes féministes, musiciennes, actrices ou politiques, réclament l’allongement des délais de recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en France, au-delà de douze semaines, dans une tribune publiée dans Le Journal du dimanche.

Ce texte est publié à la veille du 5 avril, cinquantième anniversaire du manifeste des 343, des femmes célèbres ou anonymes affirmant avoir avorté illégalement, qui a marqué l’histoire du droit à l’avortement en France. Cinquante ans plus tard, « nous n’avons pas encore acquis la propriété pleine et entière de nos corps. Le patriarcat freine nos choix », écrivent les signataires.

 

Actrices, chanteuses, réalisatrices, journalistes...

Parmi elles, des actrices (dont Julie Gayet, Corinne Masiero, Laure Calamy, Marina Foïs, Zabou Breitman, Anna Mouglalis, Alexandra Lamy), chanteuses (Juliette Armanet, Yael Naim, Barbara Carlotti), réalisatrices (Catherine Corsini, Andréa Bescond) mais aussi journalistes (Léa Drucker, Maïa Mazaurette), responsables politiques ou militantes (Marie-Noëlle Lienemann, Clémentine Autain, Audrey Pulvar, Assa Traoré, Alice Coffin, Caroline De Haas…).

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Alain Soral sur l’avortement
(extraits des Abécédaires de la bêtise ambiante)

 

Avortement

Il y a deux visions de l’avortement :

1) La vision progressiste, qui permet à une fille d’éviter d’être mère dans de trop mauvaises conditions pour elle et pour l’enfant (viol, accident contraceptif chez la fille trop jeune, trop grande précarité sociale...). Un avortement dont le droit à la récidive devrait être contrôlé, pour qu’une liberté acquise ne tourne pas au droit à l’irresponsabilité remboursée par la Sécurité sociale.

2) La vision réactionnaire, celle du « mon corps m’appartient » de la femme dégradée en jouisseuse consommatrice qui, ne voulant pas voir plus loin que ses désirs individualistes conçus comme des droits (c’est mon choix), a perdu tout sens du devoir ; tout sens du lien de l’enfantement avec le sacré (donner la vie) et le collectif (perpétuer l’espèce).

Déresponsabilisation de l’individu et désacralisation de la vie qui conduisent aujourd’hui le législateur à porter à douze semaines la limite légale de l’avortement, en attendant plus, toujours plus... jusqu’à la banalisation planifiée de l’infanticide.

Inconséquence érigée en style de vie, pour que tourne à plein la société-du-désir-de-consommation, qui permet aujourd’hui à la « jeune fille moderne » d’être à la fois pour l’avortement le plus libre, contre la peine de mort (pour des coupables lointains mais pas pour l’innocent dans son ventre) et écologiste : toujours prête à laisser faire la nature, sauf quand celle-ci s’adresse directement à elle.

 

Alain Soral, Jusqu’où va-t-on descendre ?, Blanche, 2002

 

 

Avortement (1)

Parce que c’est mon choix

 

210 000 avortements par an en France pour 720 000 naissances, soit 30 % des futurs enfants qui passent à la poubelle. Un chiffre en hausse constante malgré trente-cinq ans de contraception remboursée par la Sécurité sociale. Contrairement à ce que les bien-pensants de gauche veulent nous faire croire avec leurs yeux humides, il ne s’agit plus d’une pratique marginale, extrême, désespérée, mais bien d’une pratique de masse désormais banalisée. Là où nous mène, entre autres, l’individualisme consumériste jouisseur et irresponsable à la C’est mon choix.

Avortement (2)

et fin programmée du sous X

 

Avant on cherchait plutôt à se débarrasser du poids de la filiation, à exister par soi-même et le projet, aujourd’hui on s’y complaît.

Parmi les victimes de ce néo-tribalisme de la vérité par l’origine, le plus lointain passé, l’héritage familial, communautaire, génétique... la remise en cause du sous X qui garantissait hier aux femmes l’anonymat à vie après un abandon d’enfant.

Combien d’émissions depuis quelques temps mettent complaisamment en scène de jeunes adultes (souvent des filles) exigeant, de façon geignarde et hystérique, que soit rompue cette promesse faite par l’État à la mère abandonneuse, au nom du droit de l’enfant.

Droit de l’enfant à quoi ?

Outre l’incroyable mépris pour les parents adoptifs, ces parents qui sont les leurs en vertu de l’amour donné et compté pour rien, quand tout l’affectif se réinvestit de façon masochiste sur ceux qui n’en voulaient pas, quelle arrogance stupide et dangereuse de revendiquer comme un droit le fait de pouvoir influer – par une loi rétroactive – sur le hasard de sa naissance, de revenir sur ce qui devient d’autant plus irréversible qu’on le croit à ce point déterminant.

Et pourquoi pas demain, après des enfants attaquant leur mère au tribunal (toujours européen quand il s’agit de foutre la merde) pour les avoir confiés à l’adoption, des enfants d’ouvriers attaquant leurs parents pour avoir osé les faire naître chez des pauvres, ou des gros, ou des ploucs ?

Quelle haute idée faut-il avoir de l’importance de sa lignée et de soi-même pour prétendre bouleverser des vies étrangères, souvent rebâties dans l’oubli difficile et la douleur, sous prétexte de se reconstruire ; surtout quand, en fait de reconstruction, on risque de découvrir, derrière le drame de l’abandon, le drame encore plus noir et autrement traumatisant du viol ou de l’inceste...

À voir de plus en plus se déployer dans les médias cette étrange complaisance pour ce narcissisme pervers fait de surévaluation du passé, de froideur pour les parents adoptifs et de ressentiment pour la mère génétique, on peut se demander effectivement si la femme qui enfanta sous X n’aurait pas mieux fait, comme on l’y incite désormais, de recourir à l’avortement.

 

Alain Soral, Socrate à Saint-Tropez, Blanche, 2003

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