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Le Mémorandum

L’enjeu des élections du 17 juin en Grèce

Au centre de la situation mondiale : la Grèce. Au centre de la situation en Grèce : la question du mémorandum ! Il n’existe pas à l’heure actuelle, de document plus définitivement contraire à la survie d’un peuple, que ce funèbre mémorandum de la Troïka (FMI, BCE UE) .
Rien ne se peut comparer à sa férocité capitaliste si ce n’est notre Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance, le fameux TSCG dit Super-Maastricht, qui intronise la « Règle d’Or » dans la constitution, c’est-à-dire qui grave dans le marbre de la Loi, l’obligation de l’austérité.
Ces programmes du Talon de Fer, mémorandum et traité, ne sont ni négociables, ni amendables.
Ceux qui disent le contraire, comme monsieur Hollande qui prétend vouloir renégocier Super-Maastricht afin d’y ajouter un « volet de croissance » (de croissance des profits sans doute) trompent, sciemment, les travailleurs.

Cette question centrale est à l’ordre du jour des élections législatives du 17 juin. En effet la Grèce toujours sans gouvernement élu, avec une sorte d’administration technique, devra en repasser par les urnes.
Rappelons que l’ancienne majorité parlementaire autour du PASOK a été rejetée massivement (à plus de 80%) par le peuple, ce qui a conduit à la dissolution du parlement le 6 mai dernier.
L’enjeu de ces élections a grandi à proportion de l’âpreté de la crise sociale. Le mémorandum est la clé de cet enjeu.
Entre les mains de qui ?
De la coalition de la gauche radicale SYRISA dont les mots d’ordre sont : « Dehors le mémorandum, respect de la souveraineté de notre pays ! »

La haine de la Sainte-Alliance FMI, BCE, U.E,marchés financiers, et de tous les gouvernements européens à leur solde, s’est déchainée lorsque Syrisa ( devenu deuxième parti parlementaire) a refusé de participer à un gouvernement « d’Union nationale » avec le parti de la droite ( Nouvelle Démocratie), et l’immonde PASOK, qui regroupe les socialistes locaux (tous les Ayrault, Valls, Moscovici, Sapin, Peillon, Fabius de là-bas ) vomis par les travailleurs.
Union sacrée pour mettre à exécution deux exigences non moins sacrées : rester dans la zone euro et respect du mémorandum, d’un mémorandum renégocié.
Le jour même de l’annonce des nouvelles élections, le 15 mai, Merkel a aboyé : « le Mémorandum DOIT être respecté », quels que soient les résultats et la composition de la nouvelle assemblée.
Aussitôt, le Hollandais flambant, « l’ennemi implacable du monde de la Finance », a jappé à ses basques : « je n’aurai pas de réponse différente de celle de la chancelière[sic] ». [1]
Le 21 mai, Fabius, qui se faisait du mauvais sang pour les Grecs, à peine nommé ministre des Affaires Etrangères à la France, s’est précipité ventre à terre sur les micros pour transfuser à ces braves Greeks ses vœux de les voir « respecter le mémorandum » ! Car « on ne peut pas à la fois vouloir rester dans l’euro et ne faire aucun effort  ».

Le dirigeant de Syrisa, Alexis Tsipras, pour l’instant droit dans ses cothurnes, affirme que son parti respectera « le verdict du peuple », qui a refusé les plans d’austérité de la Troïka ; il accuse les dirigeants européens et Mme Merkel « de jouer au poker avec la vie des gens » au profit des banques.
SYRISA s’est fixé trois priorités :
- « annulation des mesures de dérégulation du travail récemment votées »
- « contrôle public du système bancaire »
- « création d’une commission internationale de contrôle de la dette ».
Pour pouvoir mettre en pratique ces résolutions Syrisa cherche des alliances avec les deux autres formations politiques principales de gauche.
- Fin de non recevoir immédiate du parti communiste Grec, fidèle en cela à la plus pure tradition stalinienne, puisque la dirigeante du KKE, la Buffet locale, n’a même pas daigné le rencontrer.
- L’autre parti principal, qui est d’ailleurs un schisme de SYRISA, exige des assurances sur « le maintien de la Grèce dans la zone euro ! »

À gauche donc, les appareils sabotent déjà la volonté populaire !
Cette division se réfracte à l’intérieur même de Syrisa, entre ceux qui mettent le refus du mémorendum au centre de tout et ceux qui parlent de renégocier afin d’humaniser le méchant libéralisme.
Ainsi sous le faix de la nécessité et l’urgence de l’heure, de réduction en réduction, la contradiction historique entre l’Oligarchie financière et le peuple se réduit à la crise de direction des partis du peuple, pour l’instant aux mains des appareils corrompus des partis de gauche et d’extrême-gauche, contradiction qui se traduit par une lutte politique dans Syrisa même.
Car SYRISA n’est au fond qu’ une coalition très hétéroclite : il y là dedans des maoïstes, des écologistes anti-réchauffement, des décroissants chauds et de froids communistes, du bobo antifâchiste à profusion et plusieurs variétés de trotskystes.
Bref, beaucoup de gens gouvernés par l’idéologie et quelques uns par les seuls intérêts matériels de la population.
C’est cette dernière contradiction qu’on peut diagnostiquer à l’intérieur de la cervelle de Sofia Sakorafa, la députée de Syrisa qui a obtenu le plus de suffrages.
Cette ancienne championne du lancer de javelot, fut expulsée du PASOK suite à son vote contre le premier plan d’ajustement. « Je ne pouvais pas rester au sein d’un parti qui a viré à droite et a appliqué une politique néolibérale qui rompt avec sa tradition et son programme  ».

Pourtant cette Hoplite dit tout et son contraire. Elle affirme dans le même temps : « Nous voulons rester dans la zone euro et, en son sein, changer les relations de pouvoir et les politiques néolibérales dures décidées par un cercle réduit de personnalités politiques.  » Air connu, l’humanisation du méchant libéralisme, soit la capitulation mélenchonienne classique.
Mais Juste après , elle déclare :
« Demeurer dans la zone euro ne peut signifier sacrifier un peuple, le laisser mourir de faim. La question qui se pose maintenant n’est pas celle de l’euro. Nous luttons pour notre survie. Et si rester dans la zone euro signifie la destruction de la Grèce, nous devrons en sortir.  »
La dinde journaliste qui l‘interroge insiste : Selon un sondage [ Quel « sondage » ? ] 78% des Grecs estiment que le gouvernement doit tout faire pour rester dans la zone euro.
Sofia Sakorafa : Je ne comprends pas comment on peut rester dans la zone euro si le prix à payer est un salaire de 200 euros par mois. Mais Syriza ne va pas décider pour le peuple. Si la situation devient à ce point difficile et que nous pensons que le mieux pour la Grèce est d’en sortir, nous demanderons à la population qu’elle se prononce par les urnes. 

On voit bien que sa conscience vacille, et son irrésolution personnelle prouve que seule la pression des masses décidera en dernière analyse de la ligne de Syrisa.
Pour le moment, Alexis Tsipras a annoncé qu’un gouvernement mené par son parti « dénoncerait le mémorandum », le protocole d’accord signé avec la Troïka pour la réduction de la dette. «  Le mémorandum doit être soit appliqué, soit abrogé. Nous, nous l’abrogerons  », a-t-il déclaré fermement.
Et d’enfoncer le clou : « la première décision de notre gouvernement sera d’abroger le mémorandum et les lois qui en découlent  ».
Tel est l’enjeu fondamental de ces élections.

Rendez vous donc, le 17 juin : Le peuple Grec confirmera-t-il Syriza pour qu’il soit en mesure de former un gouvernement qui abrogera le mémorandum, premier acte d’insubordination qui sonnera comme un camouflet sur la face bouffie des dirigeants du monde ?
Nous l’espérons, tout en ne perdant pas de vue que sur la balance de la statistique électorale, les voix suraigües de 500 dindes écolos qui veulent « aménager » le mémorandum pour « rester dans l’euro » coûte que coûte, pèsent aussi lourd que celles des 500 ouvriers sidérurgistes de l’usine Hellenic Steel, qui par leur grève implacable de plus de six mois, ont contribué au grand nettoyage du 6 Mai.

Félix Niesche

Notes

[1] Jusqu’à plus ample informé, une chancelière est « un petit meuble de bois garni de fourrure, qui sert à tenir les pieds au chaud. » Littré.

 
 






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11 Commentaires

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  • #164396
    Le 6 juin 2012 à 21:15 par Chrisgeorg
    Le Mémorandum

    Merci Niesche pour cet article très éclairant sur l’enjeu des élections grecques et les partis en lice. Juste une courtoise remarque concernant la ligne neuf du troisième paragraphe, ne conviendrait-il pas d’orthographier ’’quels que soient’’ ?
    Bien cordialement.

     

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  • #164457
    Le 6 juin 2012 à 23:06 par micka
    Le Mémorandum

    SYRISA est donc lâchée par toute la pseudo gauche grecque, et ne peut peser à elle seule sur l’avenir de la Grèce...

    On peut toujours rêver d’une alliance SYRISA - Aube Dorée. Mais ça reste un rêve. Un peu comme l’union des nationalistes en France.

     

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    • #164557
      Le Juin 2012 à 05:59 par Amilkar
      Le Mémorandum

      Le seul espoir , si ténu soit-il au niveau politique en Grèce , résiderait-il dans une alliance national-socialiste (lol) ?

       
  • #164548
    Le 7 juin 2012 à 03:51 par Laurier
    Le Mémorandum

    Programme de Syrisa concernant l’immigration.

    Facilitation du regroupement familial des immigrés.
    Facilitation de la naturalisation des immigrés et notamment de leurs enfants.
    Suppression de toute limitation à l’accès à la santé publique et à l’éducation pour les migrants.
    Suppression de l’expulsion et de la rétention administrative des mineurs.
    Suppression du corps des garde frontières.
    Régularisation et sécurité sociale pour tous les immigrés qui travaillent.
    Enregistrement de “leurs droits politiques et sociaux”, droit de vote et d’éligibilité.
    Nationalité à tous les enfants qui naissent en Grèce ou qui y sont arrivés à un jeune âge.
    Nationalité automatique après 7 ans de présence.
    Expropriation de tous les biens immobiliers de l’église et des monastères et taxation de tous les revenus de l’église.
    Suppression de l’enseignement du catéchisme par une approche scientifique du phénomène de la religion, école a-religieuse.
    Démilitarisation des forces de sécurité et désarmement des unités de la police pendant la durée des mouvements syndicaux et des manifestations politiques.
    Interdiction de l’utilisation des gaz chimiques et de balles plastiques pendant les manifestations, les grèves et toute forme de mobilisation collective.

     

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    • #164612
      Le Juin 2012 à 11:29 par Pouffecal
      Le Mémorandum

      Juste une petite rectification : "expropriation de tous les biens immobiliers de l’église". Non : "Vol de tous les biens immobiliers de l’église".

       
    • #164648
      Le Juin 2012 à 12:55 par ai
      Le Mémorandum

      maintenant ils nuancent ce programme en étant beaucoup plus flous pour ratisser un peu plus large

       
  • #164647
    Le 7 juin 2012 à 12:54 par ai
    Le Mémorandum

    Ne rêvez pas, la plupart des cadres de Syriza ont les mêmes idées sur la mondialisation heureuse et "l’antifascisme" (extensif) que le NPA en France.

    Tsipras est un peu plus fin qu’eux, mais on ne dirige pas seul...

    Et les programmes et contre-programmes et nouveau programmes de Syriza, couplés aux déclarations contradictoires de ses dirigeants sur des sujets essentiels montrent que c’est une vraie cacophonie où règne le flou artistique.

     

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    • #166135
      Le Juin 2012 à 11:18 par X.
      Le Mémorandum

      Je rêve pas, mais je commence à avoir une hantise de tout ce qui est étiqueté à gauche.
      Les gauches Européennes sont aussi débile que l’ extrème droite sioniste Européenne.

      Merci Félix. Je crois bien que je vais me prendre un exemplaire de tes écrits très critiques qui valent leurs pesants d’ OR.

       
  • #165260
    Le 8 juin 2012 à 14:39 par aa
    Le Mémorandum

    Syriza vient d’annoncer que finalement il était pour le maintien de la toute jeune coopération gréco-israélienne actuelle (après avoir raconté le contraire dans son programme où il demandait la fin de la coopération militaire entre les 2 pays ; d’ailleurs dans une pure optique d’état nation à état nation il est possible qu’il soit de l’intérêt de la Grèce de ne pas avoir Israel comme ennemi : la Grèce qui avait voté contre la création d’israel à l’Onu n’a reconnu Israel que sous les colonels et a été pro arabe à 100% pendant 60 ans ce qui a permis à la Turquie qui elle au contraire était pro israélienne d’avoir les faveurs des USA sur la question de Chypre ou d’autres. Aujourd’hui les relations Turquie/Israel se sont dégradées, la Turquie voulant devenir leader du monde musulman et ne pouvant donc plus être pro israélienne

    http://www.newsit.gr/default.php?pn...

    Ne cherchez pas à comprendre, Syriza change d’idées comme de chemise

     

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  • #169359
    Le 14 juin 2012 à 16:57 par Heizen
    Le Mémorandum

    Au premier abord, quand on voit le mot d’ordre de SYRISA on se dit que c’est un bon parti de gauche, qu’il fait pas du Mélenchon FDG... :

    « Dehors le mémorandum, respect de la souveraineté de notre pays ! »

    Mais ton article montre bien que SYRISA c’est un peu comme le FDG, c’est une coalition d’extrême gauche et d’écolo qui bataillent entre eux avec le lot de traîtres au peuple habituels, internationaliste pro-UE, pro-euro, pro-immigration, les trosko et autres social-traitres. Au moins, Tsipras a l’air d’être sur la bonne ligne, à la différence de Mélenchon. Quoi qu’il en soit j’ai l’impression que SYRISA est le meilleur et seul parti capable de prendre en mains la Grèce (et pas les gogos Aube Dorée, pourtant dieu sait si je déteste avant tout l’extreme gauche). Je sais pas s’il y a un parti de droite souverainiste intéressant ? et si oui quel score fait-il ? SYRISA va devenir le parti numéro 1, autant que ce soit eux qui défendent leur souveraineté et la lutte contre les banques (à condition que l’appareil ne soit pas hijacker pour rester dans l’euro..)

    ça me trouera toujours de voir Tsipras et Chavez associé à Mélenchon...

     

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    • #170302
      Le Juin 2012 à 20:50 par citoyenneenlutte
      Le Mémorandum

      Ba ton cul peut se trouer puisque Tsipras fait partie du même groupe que Mélenchon au Parlement européen. D’ailleurs ils ont récemment tenu un meeting et une conférence de presse en commun. Quant à Chavez, Mélenchon l’a déjà rencontré. On ne va pas laisser un mouvement d’extrême-droite tel qu’Egalité et Réconciliation récupérer les grandes figures socialistes (donc de gauche) de notre temps !