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XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants

C’est le mercredi 5 janvier 1757 au soir, par un froid polaire, qu’un valet du nom de Robert-François Damiens [1] entra dans l’Histoire en plantant dans le dos du roi Louis XV la petite lame d’un canif. [2]
La stupeur s’abattit sur le royaume. Partout où la nouvelle arriva, à la vitesse d’un cheval au galop, la population en larmes se rassembla dans les églises. A Paris, alertés par leurs valets, Messieurs du Parlement, les démissionnaires comme les autres, se rassemblèrent au palais au milieu de la nuit, abasourdis. Alors qu’on savait que le roi n’avait rien, Messieurs furent pris de panique : ils connaissaient tous Damiens.

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Trouvé dans les archives du prince de Croÿ.
« Couteau pareil à celui avec lequel Damiens a blessé le Roy et pris dans la même boutique et le même paquet. »

Tous l’avaient croisé au temps où ce valet modèle promenait entre la rue des Maçons [3] et le palais de Justice sa belle taille et son insatiable curiosité des choses du temps. Après avoir servi plusieurs conseillers au Parlement de Paris, François Damiens avait été, pendant la guerre contre l’archevêque [4], le valet d’un chef de l’opposition janséniste dont il connaissait tous les partisans.
Messieurs se ressaisirent, et mirent au point une stratégie en plusieurs actes. Il était trois heures du matin quand fut enfin prête la missive qu’ils chargèrent le Premier président de porter au roi. Ils y suppliaient sa majesté de leur accorder de juger le coupable (l’attentat ayant eu lieu à Versailles, le jugement n’était pas de leur ressort) et de rendre leurs démissions.
Le roi se fit un peu prier, refusa de pardonner aux démissionnaires, mais finalement accepta que ceux qui ne l’étaient pas puissent juger Damiens. Fin du premier acte.

Ramené à Paris, le prisonnier fut mis au secret le plus total : même ses gardiens se virent interdire de quitter la tour Montgomery jusqu’à la fin du procès. Puis on fit arrêter et mettre au secret sa femme, sa fille, son père, ses frères et sœur, leurs conjoints et jusqu’à leurs enfants, ses amis enfin : tout le monde fut bouclé avec des précautions particulières pour que personne ne puisse les entendre. Fin du deuxième acte.

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Le couteau

Puis on fit lancer, par l’inévitable Le Paige [5] et quelques autres, une violente campagne diffamatoire contre les jésuites. Rien ne leur fut épargné : après l’imputation habituelle d’avoir prôné le régicide [6], le reproche des relations particulières qu’ils avaient eues avec Damiens (c’est chez eux que François débuta dans le métier, avant d’entrer dans le monde parlementaire), ils furent bientôt mis en cause par un raisonnement imparable : les jésuites étaient tellement vicieux, que moins on trouverait trace de leur implication dans l’attentat, plus ce serait la preuve de leur culpabilité. Qui, à part eux, était à ce point capable de brouiller les pistes ? Application nouvelle de la paranoïa des procès en sorcellerie [7], qui fut efficace : des parents affolés retirèrent leurs garçons du collège Louis-le-Grand. Fin de l’acte trois.

Les pires horreurs circulèrent sur Damiens. Pour commencer, tout le monde le dit fou, et Voltaire le premier. Du fond de son domaine de Ferney [8], le poète se répandit en calomnies contre le malheureux qui fut, bien évidemment, accusé de fanatisme religieux. Tout le monde s’y mit, et chacun y alla de son couplet pour trouver à l’attentat une motivation politico-religieuse et les marques d’un complot ourdi par le camp d’en face, molinistes contre jansénistes, partisans de l’archevêque contre défenseurs du Parlement.
Absolument personne n’accepta d’envisager l’hypothèse que Damiens, dont tous ceux qui l’approchèrent purent voir qu’il était sain d’esprit, ait pu agir pour des raisons personnelles.

Enfin, le samedi 26 mars, ce qui restait du Parlement, augmenté des princes et pairs, se réunit à la Grand’chambre pour le jugement : acte quatre.

Ce que ces barbares en toge décidèrent ce jour-là dépasse l’entendement. Après que Damiens, digne et encore beau malgré deux mois de geôle, leur faisant face et les reconnaissant, eut répondu sans se démonter au feu roulant des questions interronégatives qu’on lui assénait et lui interdisait la moindre spontanéité, Messieurs et la fine fleur de la noblesse et de la franc-maçonnerie à la mode [9] votèrent les détails de son supplice. Pas une voix ne s’éleva pour protester, et c’est à l’unanimité qu’il fut décidé qu’un père de famille de quarante-deux ans, après avoir été soumis à une impitoyable torture destinée à lui faire avouer des complices qu’on savait ne pas exister, serait tenaillé, brûlé à petit feu, et démembré le plus lentement possible.
Le roi tenta vainement d’obtenir qu’on l’étranglât pour lui épargner un calvaire dont l’Histoire de France n’avait pas conservé le souvenir, puisqu’on crut devoir en rajouter sur ce qu’on fit subir à Ravaillac. Louis XV n’avait pas le pouvoir de lui épargner ça.

Au cours de la torture, qui lui fut appliquée le matin de son supplice, des précautions particulières furent prises pour éviter qu’un engourdissement ne vienne alléger une souffrance qu’on voulait à son comble. Puis il fut conduit en Grève.
La place était noire de monde, mais qu’on ne s’imagine pas que le peuple était là pour le plaisir : à part les amateurs qui avaient chèrement payé leur place aux fenêtres ou sur les toits, personne n’était censé rien y voir et la troupe tenait la foule à distance. Il fallut même l’intervention de la force publique pour que les commis du bourreau réussissent à se faire délivrer le souffre et le plomb dont ils avaient besoin pour procéder : soutenus par la foule, les épiciers du quartier refusaient de leur vendre la marchandise.
Incapable de procéder à une telle ignominie, le bourreau se fit porter pâle, et celui qu’il avait soudoyé pour le faire à sa place fut retrouvé ivre-mort sous l’échafaud.
On paya grassement quelques misérables qui acceptèrent, et Messieurs, assis au pied de l’hôtel de ville, soutinrent sans broncher le spectacle. Alors que les princes et pairs n’avaient pas eu le cœur de voir ce que leur lâcheté avait permis, les magistrats instructeurs n’en perdirent pas une miette, et refusèrent même, alors que François hurlait depuis plus de deux heures et que la foule grondait, qu’on en finisse et qu’on l’achève.

On connaît quelques-uns des sauvages qui trouvèrent à leur goût de suivre, comme au spectacle, le dépeçage vivant d’un bel homme nu. Il y eut Casanova, qui se vanta d’avoir profité de la presse pour sodomiser une dame, il y eut l’encyclopédiste La Condamine qui réussit à se frayer un chemin jusqu’au bas de l’échafaud, le poète Robbé de Beauveset qui paya pour être au premier rang…

Le supplice de Damiens, que les pervers amateurs d’atroce se passent et se repassent comme le sommet du genre, fut l’œuvre exclusive de Messieurs du Parlement. Quand on vint lui faire le compte-rendu de la journée, le roi se trouva mal, et éconduisit une garce venue en minaudant se vanter d’avoir tout vu jusqu’à la fin.
Le supplice de Damiens fut le triomphe des barbares. Ils réussirent non seulement à s’offrir un spectacle que le roi en personne ne put empêcher, mais obtinrent que, pour ses contemporains et la postérité, Damiens soit considéré comme fou et irresponsable, et son nom associé à supplice.
Leur victoire fut surtout de réussir à cacher que le roi Louis XV était pédophile, et que le fils du peuple Damiens avait une fille.

Cinq années de recherches acharnées dans les archives m’ont permis de mettre à jour la personnalité et les motivations d’un homme de cœur et de courage qui donna, un soir d’hiver, une leçon d’honneur à un roi dépravé.
François Damiens ne fut pas le « misérable de la lie du peuple » que dénonça le fielleux Voltaire. Fils d’honnêtes paysans artésiens, François fut certainement un être angoissé, un peu menteur, un peu manipulateur. Mais il fut surtout l’époux amoureux d’une douce Elizabeth et le papa d’une jolie Marie dont il était fou. Bon camarade, généreux, irrésistible, il était le premier à rendre service, il respectait et aimait son vieux père, gâtait quand il le pouvait ses neveux et nièces. Ses maîtres, auxquels il voua jusqu’à la mort une loyauté sans faille, furent tous satisfaits de son service précis et sérieux. Personne n’a à rougir de porter ce nom.

Il fut certainement l’être le plus calomnié de son temps, et une chape de plomb générale s’abattit sur son histoire, afin de masquer les sombres manœuvres de magistrats sadiques tenant d’une main ferme un réservoir sans fond d’enfants perdus sans parents pour les défendre, et de l’autre un roi tenu à leur merci par un perpétuel chantage à la révélation de ses mœurs inavouables.

(A suivre)

Pour commander "La Marche rouge, les enfants perdus de l’Hôpital général" de Marion Sigaut sur KontreKulture

Sources :
tout citer ici est impossible.
Une bibliographie complète se trouve à la fin de : Marion Sigaut, Mourir à l’ombre des Lumières, l’énigme Damiens.
Retenons les Pièces originales et procédures du procès fait à Robert-François Damiens tant à la prévôté de l’hôtel qu’en la Cour de Parlement, 1757, disponible sur Gallica.
Mais c’est un tissu de mensonges, de même que :
- Voltaire, Histoire du Parlement de Paris, 1769 et Le Siècle de Louis XV par M. de Voltaire, 1769.
Voltaire, ou tout ce qu’il faut lire pour savoir comment un événement ne s’est pas déroulé.
Seules les archives sont parlantes, mais il faut en comparer les différentes copies successives pour comprendre, en creux, tout ce qu’on en a retiré pour cacher la vérité.
Et bien sûr, encore La Marche rouge, les enfants perdus de l’Hôpital général.

Voir aussi :

Octobre 2012
L’attentat de Damiens : Marion Sigaut invitée d’Au Coeur de l’Histoire sur Europe1
37
Janvier 2012
XVI – Turgot ou l’avènement du libéralisme : la fin de l’Ancien Régime
2ème partie, la dérégulation
40
Janvier 2012
XV – Turgot ou l’avènement du libéralisme : la fin de l’Ancien Régime
1ère partie, le pain du peuple.
33
Janvier 2012
XIV – L’humanisme des Lumières revisité : l’Encyclopédie
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants
12
Décembre 2011
XIII – L’humanisme des Lumières revisité : Voltaire
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants
24
Décembre 2011
XI - La guerre des juges contre l’Eglise
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants
22
Décembre 2011
X - Le nouveau jansénisme
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants
10
Novembre 2011
IX - Le tournant de la régence
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants
35
Novembre 2011
VIII - Le satanisme au cœur de l’Etat : l’affaire des poisons.
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants
29
Novembre 2011
VII – Malheur aux pauvres ! La création de l’Hôpital général.
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants
11
Novembre 2011
VI - La justice du roi : les Grands jours d’Auvergne
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants
22
Novembre 2011
V - La chasse aux sorcières
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise, l’absolutisme royal et ses opposants
41
Octobre 2011
IV - Le jansénisme au Grand siècle
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise L’absolutisme royal et ses opposants
17
Octobre 2011
III - L’anti-humanisme
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise L’absolutisme royal et ses opposants
22
Octobre 2011
II L’humanisme
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise L’absolutisme royal et ses opposants
14
Octobre 2011
I. L’achèvement de la centralisation
De la centralisation monarchique à la Révolution bourgeoise L’absolutisme royal et ses opposants
31

Notes

[1] Robert-François était son nom de baptême, François son prénom d’usage.

[2] (cf. Illustration)

[3] Actuellement rue Champollion, dans le 5e arrondissement, près de la Sorbonne.

[4] Voir l’article XI - La guerre des juges contre l’Eglise

[5] Voir les articles X - Le nouveau jansénisme et XI - La guerre des juges contre l’Eglise.

[6] Voir l’article II L’humanisme

[7] Voir l’article V - La chasse aux sorcières

[8] A un quart d’heure à pied de la frontière suisse.

[9] Il y avait notamment le comte de Clermont, grand-maître et le prince de Conti.

 
 






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45 Commentaires

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  • #77504
    Le 22 décembre 2011 à 18:38 par spirit
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    Excellent texte comme toujours (on l’espère !!)
    Le roi "absolu" qui ne pouvait rien faire ni agir sur le cour de la justice "parlementaire"...(c’est pas sous Sarkozy qu’on verrait ça !!)...et qui,semble t-il était "tenu" par chantage...comme la presse aujourd’hui...un roi pédophile ?...j’aimerai plus de précisions !!!!

    Merci Marion !

     

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    • #77527
      Le Décembre 2011 à 19:39 par Marion
      XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

      Le roi a toujours consommé des filles que ses valets lui fournissaient. C’est de cette manière qu’il a infecté la marquise, auquel son médecin a interdit tout commerce charnel avec le roi.
      La corruption du roi date de ce moment-là : la marquise a fait venir des filles de plus en plus jeunes, de telle sorte que le roi ne s’attache pas.
      Le marquis d’Argenson raconte le cas d’une gamine qui aurait eu 9 ans.
      Pratiquement personne ne conteste sérieusement la pédophilie royale, même si on n’a pas pris l’habitude d’appeler ça par son nom. On a dit "gout pour les tendrons", "pour les petites sultanes" etc.
      L’historien Pierre Gaxotte, qui fut un ardent défenseur de Louis XV, le révèle lui-même tout en voulant le nier, par une formule marrante :
      "Assurément le péché du roi reste entier et tout ce commerce est ignoble. Mais feindre de croire que Louis XV soit le seul homme qui ait eu recours aux services de jeunes personnes trafiquant de leurs charmes est une hypocrisie un peu forte, dont on voudra bien nous dispenser".
      Non seulement il ne faisait rien de mal, mais il n’était pas le seul à le faire...
      En plus, compte tenu de l’âge des gamines, ce n’était pas elles qui trafiquaient de leurs charmes, mais ceux qui les amenaient.
      Pour ce qui concerne ce que le dossier Damiens révèle, il m’a fallu un travail de romain pour comparer quantité de documents desquels on retirait tout ce qui pouvait mener à cette piste.
      Je raconte tout ça dans mon livre "Mourir à l’ombre des Lumières"

       
    • #77559
      Le Décembre 2011 à 21:29 par spirit
      XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

      Remarquons,aussi,que la vie était plus courte,le mariage plus jeune (des fois à 13 ans) et l’enthousiasme religieux intact de ce fait !!!
      Pardonnons au roi qui n’a connu brièvement que son arrière-grand-père (plutôt rare),qui a bien failli y passer au début de son règne (à Metz) et qui avait besoin de femmes comme d’autres de médocs pour aider à surmonter une certaine timidité en socièté !!

       
    • #77641
      Le Décembre 2011 à 09:25 par Marion
      XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

      Je ne sais pas l’âge du mariage à l’époque, mais je connais (par Erica-Marie Benabou, La prostitution et le police des mœurs) que les filles du siècles étaient pubères à 15 ans. Coucher avec des filles de 14 ans, consisterait aujourd’hui à le faire avec des filles de 11.
      Pour ma part, je ne juge pas Louis XV, pris dans des filets divers. Il sut être aussi un grand roi. Il a bel et bien été corrompu, il y eut des corrupteurs. Il faut lire à ce propos un texte magnifique : c’est son oraison funèbre. Quand on a lu ça (ça donne des frissons) on comprend mieux le personnage et la complexité de sa situation.

       
  • #77505
    Le 22 décembre 2011 à 18:38 par OV
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    Encore un peu de patience, l’épilogue de cette histoire approche et nous serons tous réconciliés...

     

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  • #77573
    Le 22 décembre 2011 à 22:14 par Loïc
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    Bonsoir Marion et merci pour cet article.
    .
    En tentant de faire le lien avec l’épisode XI, j’ai du mal à comprendre comment Louis XV a pu à la fois exiler le Parlement, supprimer deux chambres et user plusieurs fois du Lit de Justice, tout en étant "tenu" par ces Messieurs pour cause de moeurs inavouables. Dans le même temps, il aurait subi pendant cinq années une fronde parlementaire sans précédent, y faisant face avec une relative mollesse si j’ai bien suivi.
    J’ai l’impression d’un flux et reflux de pouvoir de part et d’autre. Qu’en est-il exactement ?
    .
    Question subsidiaire : le droit de remontrance accordé par Philippe d’Orléans procède-t-il de semblables manoeuvres ?
    .
    Au plaisir de vous lire.

     

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    • #77642
      Le Décembre 2011 à 09:39 par Marion
      XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

      Je comprends votre perplexité, et ce n’est pas simple, il m’a fallu du temps aussi pour comprendre. Le roi s’est battu contre les parlements avec les moyens dont il disposait et parce que c’était son devoir : il ne pouvait les laisser ainsi diriger le royaume.
      Il n’a pas à proprement parler fait preuve de mollesse, on comprend plutôt qu’il cherchait, et ça prend du temps, une issue qui satisfasse tout le monde.
      Pour ce qui concerne ses mœurs, je ne pense pas que le chantage ait jamais été explicite : c’était son talon d’Achille, il le savait. Ca a dû le ronger pendant des années jusqu’à ce qu’il cède.
      Mais au bout du compte il a bel et bien supprimé le parlement en 1770 et fait la réforme radicale. Louis XV ne fut pas un petit roi.
      Je ne pense pas que Philippe d’Orléans ait cédé à aucun chantage : il assumait sa débauche et je pense qu’il a cru bien faire en lâchant la bride à tout ce que son oncle avait bridé. Il s’en est mordu les doigts.

       
    • #77744
      Le Décembre 2011 à 16:37 par Loïc
      XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

      Merci pour ces réponses.

       
  • #77692
    Le 23 décembre 2011 à 13:17 par aer
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    je pense que de tous temps et particulièrement à notre époque, des hommes et femmes politiques ont été et sont toujours tenus en laisse par un chantage à la divulgation de leurs moeurs pédophiliques. C’est comme çà qu’on peut comprendre tout un train de mesures et de réformes prises dans l’intérêt contraire à l’Etat et à la nation, auxquelles on assiste médusés depuis quelques années

     

    Répondre à ce message

    • #77791
      Le Décembre 2011 à 19:54 par Marion
      XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

      je crois que vous mettez dans le mille. La "libération" des moeurs a consisté à lâcher la bride à des pratiques que le commun des mortels refusera toujours. Ceux qui se seront lâchés seront toujours tenus. La divulgtion de certaines pratiques au sommet ferait éclater la république.
      J’ai l’impression que l’affaire DSK marque la fin de quelque chose.

       
  • #78375
    Le 25 décembre 2011 à 10:16 par Marion
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    Ci-dessous quelques réponses déconnectées des messages auxquels elles s’adressent.

    @Nanabel,
    A propos de Wiki, j’ai sans doute eu tort de ne pas m’y intéresser. J’ai vu de loin en loin l’article me concernant évoluer en ajouts et retraits successifs, je vais aller y faire un tour.
    A moins que vous ne le fassiez vous-même. Je vous ai dit mon diplôme.
    Concernant ma qualification, « experte » ne me plaît pas, non plus que « spécialiste », qualificatifs un peu pédants et toujours sujets à controverse. J’aime mieux me dire historienne ayant étudié tel ou tel sujet, ce que je prouve.
    Ce que vous dites de l’accréditation par les pairs est bien drôle. Quand je passais mes journées aux archives de l’Assistance publique, un archiviste m’a fait un jour un compliment qui m’a fait bien rire : « Ca fait plaisir de voir un historien piocher comme vous le faites dans les archives. Si vous saviez le nombre qu’on voit ne venir piocher que dans le travail des autres ! »
    Je sais bien qu’il exagérait et je n’aurais pas fait grand-chose sans le travail des historiens qui m’ont précédée, et sans celui de mes maîtres ! Le chercheur qui ne sort jamais le nez de ses archives n’a qu’une vision étriquée de ce qu’il lit et ne peut pas y comprendre grand-chose.

    @Alexis,
    Merci de ces quelques remarques.
    Vous comprendrez que mon article sur Damiens est différent des autres quand vous sauvez que c’est celui que j’ai le plus fouillé. Damiens a été le sujet de mes études, l’affaire de l’hôpital général ayant été incidente. Tout le reste est ce qu’il m’a fallu lire pour comprendre, et est venu à ma connaissance par la somme des ouvrages qu’il m’a fallu ingurgiter pour passer mes diplômes.
    J’ai avec l’affaire Damiens un problème. Mon éditrice m’a demandé d’en faire un roman plutôt qu’un essai. Dans l’essai primitivement écrit, il y avait toutes les notes de bas de page. Dans le roman, non.
    Mais vous y trouverez à la fin toutes les sources, et comprendrez rapidement que tout ce que je mets dans la bouche du prince de Croÿ est ce que j’ai dévouvert moi-même dans les archives.
    A propos de la FM, dont je vous avoue ne l’avoir pas étudiée, je ne pense pas qu’on puisse dire qu’elle ait été un soutien de poids à la monarchie absolue. Le prince de Conti, franc-maçon notoire, hébergeait au Temple le venimeux Le Paige, et fut jusqu’à sa mort un ardent partisan du Parlement rebelle.
    Mais je ne me permettrai pas d’en dire plus sur le sujet.

     

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  • #79293
    Le 27 décembre 2011 à 11:21 par Marion
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    @ Arsonist, nouvelle réponse déconnectée du message orignel.
    Je comprends bien ce que vous voulez dire et je ne peux vous donner tort. Mais je vais nuancer.
    Je ne pense pas que ce soient les historiens qui bloquent la diffusion de certaines vérités, je crois qu’il y a dans ce métier des gens de mauvaise foi comme partout, mais j’ai confiance a priori dans la conscience professionnelle.
    Par contre on ne peut en dire autant des médias. Le choix de parler d’un livre plutôt que d’un autre est à la base de la diffusion des idées.
    Sachez que je publie des livres depuis vingt ans, et que la presse en parle de moins en moins. La résolution de l’énigme Damiens (que mes maîtres ont salué comme un excellent ouvrage) a fait l’objet d’un silence assourdissant, à l’exception notable de Historia et Hérodote, enthousiastes.
    Cherchez pour qui roulent les médias (et les attachées de presse).

     

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    • #79479
      Le Décembre 2011 à 22:17 par Arsonist
      XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

      Bien d’accord avec vous sur ce point, c’est encore plus certain d’identifier les artisans de la propagande lorsqu’on regarde de ce côté du traitement de l’information.
      Les “hauts-parleurs”, tels la parole divine, disent ce qui est bien et ce qui ne l’est pas, ce qui est vrai et ne l’est pas... Ce sont de véritables “vendeurs” d’informations et non des “diffuseurs” objectifs de savoir.


      Mais cela dit, il faut avoir conscience que, selon la loi de Pareto, quelques esprits malveillants peuvent parvenir à parasiter tout un domaine intellectuel, surtout en se plaçant dans les lieux de formation professionnelle. Ça fonctionne très bien pour les économistes et les journalistes, de vrais perroquets qui récitent leur leçon sans outrepasser les bornes...


      Je salue tout de même les historiens qui s’insurgent contre les lois scélérates qui permettent aux politicards d’écrire l’Histoire. Il font honneur à leur profession.

       
  • #79416
    Le 27 décembre 2011 à 19:15 par mouloud
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    A Marion ou Mme Sigaut : merci pour vos articles.

    Pour les détracteurs : argumentez sur le fond ! Les histoires de diplôme ne m’intéresse pas : seules les méthodes servant l’intelligence et l’analyse comptent. Je ne crois plus personne mais j’accorde mon temps précieux à ceux et celles qui présentent des références vérifiables et des versions cohérentes : Marion pratique cet exercice.
    Tout est possible : qu’elle dise vrai, qu’elle dise faux, qu’elle dise faux en croyant que c’est vrai et même qu’elle dise vrai en croyant que c’est faux. Mais Marion présente un travail en apparence sérieux, ce qui implique que toute critique à son égard doit avoir la même apparence de sérieux.

    1-les mecs qui ont reçu des diplomes et des médailles du système n’inventent rien de nouveau car ils reproduisent une logique déjà existante : celle du système !
    2-Garder l’esprit critique et essayer de distinguer le vrai du faux ou, au moins, l’improbable du cohérent : c’est une attitude salutaire que réclament les honnêtes gens à ceux qui les lisent. Marion n’a jamais revendiqué le rôle de prophète déclamant la vérité absolue. Elle n’a jamais demandé que ses lecteurs abandonnent leur sens critique !
    3-dénoncer une malhonnêteté intellectuelle ou une usurpation derrière un pseudo sans demander des explications préliminaires et complémentaires : c’est la défaite de l’intelligence, de la considération et de la cohérence.
    4-Ceux qui sont sûrs d’eux sont des amnésiques : ils ont oublié qu’ils se sont trompés tous les jours précédant celui-ci.
    5-En résumé : Grrrrrr !

     

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    • #79562
      Le Décembre 2011 à 04:08 par Arsonist
      XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

      4-Ceux qui sont sûrs d’eux sont des amnésiques : ils ont oublié qu’ils se sont trompés tous les jours précédant celui-ci.




      Je reconnais là, parmi d’autres, de sages paroles !


      Et je rajoute que : Le con a, par défaut, tendance à croire inconsciemment que le monde est tout aussi stupide que lui, sinon plus...

       
    • #79577
      Le Décembre 2011 à 06:47 par Marion
      XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

      Merci Mouloud, bel hommage à mon obstination à faire avancer les choses.
      Pour ce qui regarde les diplômes, j’ai vu tant d’âneries écrites par des diplômés que je pourrais en hausser les épaules.
      Mais le fait est que je les ai obtenus, ça a été le passage obligé pour acquérir les techniques et le savoir, et leur validation.
      Et je n’en fais pas un fromage.
      Merci à vous, à vous tous et meilleurs vœux !
      Marion

       
  • #82734
    Le 6 janvier 2012 à 00:11 par Ulysse
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    Voila une histoire edifiante, un homme Damiens qui a fait preuve du plus grand courage et de la plus authentique droiture, un homme brave qui s’attaque ä un sale pervers qui souilla sa fille encore enfant, mais ce pédophile est le ROI ! Le pauvre Damiens, bel homme on le dit, et il fallait vraiment etre noble et avoir son courage par sa face exprimé pour affronter un tel destin, il endura donc la pire des morts, une mort à coté de laquelle le supplice du Christ semble une grace... merci pour cette article, qui m’ouvre un abime de compassion et de perplexite sur le destin de certains hommes.

     

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  • #89667
    Le 23 janvier 2012 à 16:16 par youssef
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    L’histoire caché de l’ancien régime, c’est l’union sacrée des jansénistes et des philosophes, de "la grâce" et de la "raison" pour faire pièce à l’"absolutisme royal", en fait la loi commune tout simplement..je vois moi l’usage de la "raison" comme une ruse de la Banque judéo-protestante pour prendre le pouvoir en France et, partant, dans le monde catholique...

    Voltaire et ses affidés n’ont fait que mettre en procès la Monarchie et l’Eglise, ne relevant que les erreurs, les débordements et faisant la promotion systématique du parti de l’Etranger- notamment du système parlementaire britannique-, contre tout ce qui est français- comme aujourd’hui Sarkozy s’acharne à détricoter tout ce qui est spécifiquement français, aidé en cela par finkielkraut, bhl, adler, minc...et des pires ! on a les philosophes qu’on peut !!!

     

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  • #90649
    Le 25 janvier 2012 à 01:59 par youssef
    XII – Le supplice de Damiens, ou le triomphe des barbares

    canaille et cie, vous dis-je !
    il paraît que Mao envoyait les étudiants chinois travailler la terre, histoire de leur montrer que leurs études étaient payés par le travail des paysans...

     

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