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La clé magique qu’attendaient les juifs

Mars 2010

Grâce à la « clé sabbat », les juifs pratiquants peuvent utiliser des portes électriques sans enfreindre les règles de leur religion. Une innovation technique qui fonctionne déjà dans les Hauts-de-Seine.

Fini le casse-tête du sabbat ! A l’office HLM de Clichy-la-Garenne, on a trouvé la parade pour éviter les tracas liés aux pratiques religieuses de la communauté juive. Du vendredi soir après le coucher du soleil au samedi soir ou les jours de fête, les fidèles peuvent entrer et sortir librement de chez eux sans enfreindre la règle qui interdit tout contact avec l’électricité. Quant aux autres locataires, ils ne sont plus agacés par les cales ou les rubans adhésifs que plaçaient les pratiquants sur les portes le « jour du repos ».

Tout a changé avec l’apparition, il y a un an, des serrures « mécaniques ». Comme à Georges-Boisseau, l’une des cités les plus « animées » de la commune, équipée d’imposantes grilles noires et de portes d’entrée reliées à un système de sécurité ultra-sophistiqué. Pendant le sabbat et les jours de fête, ces serrures, agréées par le grand rabbin de France, sont activées depuis un PC central qui commande le dispositif de protection. Les fidèles peuvent alors aller et venir librement, grâce à leur « clé sabbat » (le nom qu’ils lui donnent) nouée à leur ceinture. Les autres locataires, eux, continuent à utiliser leur badge électronique pour actionner les ventouses des portes, comme les familles juives les autres jours de la semaine.

« Avant, il fallait attendre l’arrivée d’un locataire pour se faire ouvrir la porte »

Le concept technique a été inventé à la demande du directeur des investissements de l’OPHLM, Ahmed Gouffi, par la société Visa 2000, spécialisée dans les systèmes de protection et de contrôle d’accès. « Nous avons réalisé des études pendant deux ou trois ans pour parvenir à intégrer ces serrures mécaniques, plus vulnérables, dans notre système anti-vandalisme et anti-intrusion. La difficulté était de préserver l’efficacité de notre dispositif. La clé shabbat, d’ailleurs, n’est pas reproductible, et nous n’en fournissons qu’une par famille », explique Jean-Claude Rives, le patron de la société.

Dans la communauté juive de Clichy, qui compte environ 250 familles, on se félicite de cette avancée. « Avant, c’était très compliqué, explique Michèle Chuwes, secrétaire générale de l’Acip (Association concistoriale d’Ile-de-France et de Paris), habitante de la cité Georges-Boisseau. On était tributaires d’un voisin qui venait nous ouvrir à une heure fixée à l’avance. Ou bien il fallait attendre l’arrivée d’un locataire pour se faire ouvrir la porte. A 23 heures, à la sortie des offices, il n’y a pas un chat... J’avais fini par ne plus me rendre à la synagogue. »

« Il faut respecter les pratiques religieuses des uns et des autres. D’ailleurs, je suis la première à leur ouvrir la porte quand ils font le pied de grue, par tous les temps. Mais après tout, on vit ensemble et tout le monde devrait être logé à la même enseigne, réagit Marie Pinot, présidente de l’amicale des locataires de la cité. J’estime qu’il ne faut pas afficher ses convictions, ni les imposer aux autres. »

Aujourd’hui, une vingtaine de portes sont équipées, l’objectif étant de couvrir tout le parc HLM d’ici deux ans. Et d’autres offices pourraient bien suivre l’exemple de Clichy.