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L'actualité en bref
Février 2010
Dans certaines banlieues, l’armée serait devenue le premier recruteur. Spécialement dans le 9-3, où le taux de chômage des jeunes explose.
Il est aujourd’hui un métier tendance : militaire. A l’heure où l’armée lance sa nouvelle campagne de recrutement pour 2010-2012, avec l’énigmatique slogan “Devenez vous-même”, un constat s’impose : ça marche. En particulier en banlieue parisienne, autre phénomène inattendu. Ainsi, Saint- Denis (93) est le cinquième centre en nombre de recrutements sur les 110 que compte l’Hexagone.
“Nous sommes le premier centre de recrutement d’Ile-de-France”, fanfaronne le capitaine Beduneau, chef du Centre d’information et de recrutement des forces armées (Cirfa) de Saint-Denis. “L’armée est devenue une alternative au chômage chez les jeunes”, explique l’adjudant Rocheblave. Dans le 9-3 plus qu’ailleurs, le taux de chômage chez les 15-24 ans explose : 25 % de nouveaux inscrits au Pôle emploi entre août 2008 et août 2009. “L’armée propose 15000 postes par an, et les spécialités vont de mécanicien à cuisinier en passant par pilote d’hélico”, explique le capitaine Beduneau.
Surtout, l’armée a musclé sa com, elle multiplie les forums emplois, joue la carte du web et n’hésite pas à aller dans les collèges et les lycées. Bingo. Rien que pour l’année passée, ils sont quelque 210 (contre 169 en 2008) à avoir sauté le pas à Saint-Denis, 340 à s’être portés candidats, et plus de 1 500 à avoir franchi la porte du centre. Et la tendance ne se dément pas en 2010 : “On accueille entre 5 et 25 personnes par jour”, indique l’adjudant Rocheblave.
“Bonjour, je voudrais m’engager, non pas pour tirer avec un fusil, mais pour être secrétaire !”, lance cette jeune de fille de 26 ans, titulaire d’un BEP secrétariat. Elle repart avec un rendez-vous pour la semaine suivante. “On étudie le profil, les aptitudes physiques, le casier judiciaire”, explique le capitaine Beduneau. Tarik, 22 ans, a passé toutes les étapes. Il va devenir “motocycliste” pour cinq ans : “Je voulais quitter mon quartier. Avant que certains amis choisissent eux-mêmes l’armée, ça ne m’était jamais venu à l’idée”, avoue-t-il. Le bouche à oreille : la meilleure des com. Une première solde autour de 1300 euros net (pour le soldat de base) ajoutée au fait d’être nourri et logé finissent de convaincre les plus hésitants.
“Ma carrière est toute tracée”, précise Sarah, 19 ans, qui aspire à devenir marin pompier. Mohamed, 22 ans, bac + 5, s’apprête à intégrer Saint-Cyr, la prestigieuse école d’officiers. “L’armée est sans doute l’un des endroits où la discrimination est la moins importante”, explique-t-il. Il admet que sa famille a été surprise par son choix, “par rapport aux clichés sur le militaire raciste”. Il s’est engagé pour vingt ans minimum. “L’ascension professionnelle est claire et plus rapide qu’ailleurs, et ceci quelle que soit son origine sociale” ajoute-t-il. Alors l’armée, entreprise idéale, solution par défaut ? “En tout cas, nous sommes sans doute le premier recruteur de la ville”, conclut fièrement le capitaine Beduneau.