L'actualité en bref
Novembre 2009Source : LeMonde.fr
L’antisocialisme est devenu un élément du paysage politique. C’est sur cette vague que surfe le Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot. L’antienne anti-PS serait même le gage de son succès et le trait qui l’unit à Nicolas Sarkozy. "Olivier Besancenot, candidat de Sarkozy", la thèse que défend Renaud Dély n’est pas nouvelle. Refrain préféré des socialistes, elle est même reprise dans les cercles communistes, qui ne se remettent pas de voir ce petit parti leur disputer l’électorat ouvrier. Les éléments, très documentés, apportés par le journaliste de Marianne ne laissent pas indifférent.
Sa démonstration est en effet troublante. Faisant du facteur révolutionnaire son "meilleur auxiliaire" pour combattre et affaiblir le PS, le président de la République lui donnerait des coups de pouce médiatiques, voire des coups de main, l’instrumentalisant comme son "idiot utile", explique l’auteur. Le chef de l’Etat aurait fait jouer ses "amis" pour faire monter la cote du leader du NPA : Le Figaro, TF1 et l’institut OpinionWay auraient ainsi mis en scène, plus que de raison, l’ascension irrésistible à gauche du jeune Besancenot, dans le seul but d’éliminer le PS au premier tour en 2012. "Besancenot en adversaire numéro un, fustigé par la propagande gouvernementale et choyé par les médias, c’est l’impossibilité d’émerger, et donc la garantie d’un règne sarkozyste de longue durée", écrit ainsi M. Dély.
L’auteur appuie même sa thèse sur des traits qui rapprocheraient les deux hommes : tous deux "bêtes des médias", préférant les journaux et émissions populaires loin du parisianisme bobo ; ayant forgé un instrument politique à leur image et totalement dévoué - le NPA est devenu le "parti d’Olivier" ; amateurs de vélo, de culture populaire, partageant un art consommé de jouer avec les mots et de raconter des histoires... La liste des similitudes est longue et peut parfois faire sourire tant on n’y avait pas pensé.
Pourtant, la démonstration s’égrenant habilement et sur un ton enlevé, le malaise gagne peu à peu le lecteur. Car, outre l’incrédulité, pointe le sentiment qu’il manque un élément essentiel d’analyse politique de l’ascension du jeune révolté : la crise du PS et son incapacité à faire de nouveau rêver le peuple de gauche. L’affaire est juste évoquée en passant...
Reste un ouvrage où les méandres du fonctionnement du NPA, sa genèse et le parcours de son leader ont rarement été si bien croqués.