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La Chine accroît sa mainmise sur les métaux rares

Septembre 2009Source : lemonde.fr

E n cette fin d’été, la température est montée d’un cran sur le marché des métaux rares. La Chine finalise un plan 2010-2015 de production, qui limiterait très fortement leurs exportations.

Qu’ils s’appellent dysprosium, terbium, indium..., ces métaux sont au coeur d’un nombre important d’alliages nécessaires à des applications de pointe, des écrans plats aux batteries des voitures hybrides et électriques en passant par les turbines de moteurs d’avion. Or la position quasi monopolistique de la Chine sur le segment des "terres rares", un groupe de dix-sept de ces minerais, inquiète les industriels européens, américains et japonais.

Les premières informations qui ont filtré sur le plan élaboré par le ministère chinois de l’industrie et des technologies de l’information (MIIT) - une version de travail qui doit encore être validée au plus haut de l’exécutif - laissent penser que les entreprises occidentales vont de plus en plus dépendre des choix de la Chine. Devant les premières réactions inquiètes face à ce document, une responsable du MIIT a laissé entendre, ces derniers jours, que son pays n’interdirait pas complètement l’exportation de certaines terres rares. Cela dit, ce plan 2010-2015 s’inscrit dans la continuité d’une politique de réduction des quotas d’exportation mise en place depuis des années.

Plusieurs raisons poussent la Chine à durcir sa politique. Jusqu’à maintenant, l’extraction et la purification ont été dispersées entre de nombreux producteurs chinois, de taille et de capacité technique très variables. Or "la métallurgie des terres rares est difficile et peut se révéler très polluante, surtout lorsqu’elle est menée par des acteurs aux moyens limités", note Christian Hocquard, économiste des ressources minérales au sein du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Le plan 2010-2015 rassemblerait les droits d’exploitation des mines dans les mains de quelques entreprises plus solides.

Par ailleurs, les industriels chinois sont de plus en plus présents sur des segments porteurs comme la high-tech, les télécommunications, les composants pour l’automobile ou l’aéronautique. D’où le souci des autorités de garder une bonne partie des terres rares extraites pour leur consommation. Le pays détient environ 95 % de la production mondiale de terres rares, mais en consomme aussi près de 60 %, selon M. Hocquard. "Ce n’est pas la hausse des prix sur les métaux qui intéresse la Chine, précise Georges Pichon, président de la société de négoce de métaux MarsMetal, mais plutôt la maîtrise de la filière et la fabrication sur son sol des produits tirés de ces terres rares." Une approche plus stratégique que mercantile.

Parallèlement à cette pression sur les quotas d’exportation, la Chine investit dans des mines de métaux rares situées hors de ses frontières, en Australie par exemple, verrouillant un peu plus le marché. Face à cette politique, industriels et gouvernements occidentaux réagissent de manière variée. La tension était déjà montée d’un cran en juin, lorsque l’Union européenne (UE) et le Mexique s’étaient joints aux Etats-Unis pour déposer une demande de médiation devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le cadre d’une plainte autour de certains matériaux.

Tandis que le Japon et la Corée du Sud cherchent à gonfler leurs stocks, l’UE, de son côté, est en train d’établir une liste d’une vingtaine de matériaux stratégiques pour son industrie, qui devrait être finalisée avant l’été 2010.

"Le Japon et l’Europe semblent plus avancés que les Etats-Unis dans la réflexion autour de ce problème", affirme Jack Lifton, consultant américain spécialiste de l’industrie des terres rares. Des recherches sont aussi lancées pour trouver de nouveaux alliages qui se passent des métaux rares, tandis que des initiatives de recyclage voient le jour. Mais en attendant, la Chine garde la main.